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Il n’y a de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre

Il n’y a de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre
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Soraya Hélou

Chose promise chose due. Le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah avait annoncé une conférence de presse très importante et il a tenu parole. Devant un parterre aussi varié que nombreux, sayed Nasrallah a fait des révélations de la plus haute importance qui éclairent d’un jour nouveau l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri.
Maître dans l’art de la communication, le sayed a maintenu son auditoire en haleine pendant près de deux heures trente, leur offrant une analyse magistrale fondée comme il l’a dit lui-même sur des indices concrets qui pourraient si la piste est creusée devenir des preuves.
Dans une démarche à la fois professionnelle et rationnelle, le sayed a divisé son exposé en deux parties, la première consacrée à réfuter l’accusation portée contre des éléments du Hezbollah et essentiellement basée sur les aveux de l’espion Ahmad Nasrallah qui a révélé avoir convaincu Rafic Hariri que le Hezbollah voulait le tuer en 1993, en se présentant comme un proche de Imad Moghnié et de Ali Dib, alias Abou Hassan Salamé, qui avait été arrêté par les Services de renseignement syriens sur la base des déclarations de l’espion, et la seconde portant sur l’accusation portée par le Hezbollah  contre "Israël".
Avec une logique implacable, sayed Nasrallah a démontré à l’aide de documents enregistrés ou de photos chiffrées qu’"Israël" a l’habitude de créer de fausses accusations pour semer la discorde. Il a aussi les moyens de monter des assassinats de
l’ampleur de celui de l’ancien Premier ministre, grâce à la surveillance des avions espions les fameux MK, grâce aussi à ses réseaux d’espions. Le sayed a ainsi montré à tous les présents et à travers eux à l’opinion publique libanaise, arabe et internationale, les photos satellites prises par les MK à diverses périodes sur les trajets effectués par Rafic Hariri à Saïda, à Beyrouth et même sur la route de Fakra où il possède une résidence. Les photos montrent clairement comment les divers parcours utilisés par l’ancien Premier ministre de son domicile à Koraytem, vers le Parlement et le sérail, via le Saint Georges ou Raouché. Au passage, sayed Nasrallah a révélé un secret militaire, précisant que la résistance a réussi à capter une partie de la transmission des photos prises par les avions MK au Quartier général opérationnel en "Israël" en temps réel, comme elle a réussi à en décoder certaines. C’est d’ailleurs ce qui lui avait permis de prévoir l’opération de commando à Ansariyé le 5 septembre 1997 et de tendre ainsi un piège à l’ennemi, tuant 12 des 15 membres du commando. Choisissant une partie des nombreux espions arrêtés ces deux dernières années par les services libanais, il a montré comment les fonctions attribuées à ces espions par leurs maîtres israéliens sont généralement axées sur la surveillance des chemins empruntés par divers responsables, dont des membres du 14 mars, dans le but de préparer les attentats, avec un intérêt particulier pour la côte, la participation à des assassinats (Mahmoud Rafeh), le transport d’explosifs et le choix des cibles destiné à susciter une discorde interne (Saïd Alam). Il a aussi montré que ces espions on participé à des assassinats contre notamment des chefs de la résistance (Nasser Nader), transporté des explosifs et des armes (Fayçal Mokalled), assuré des cartes téléphoniques et des abris aux espions israéliens arrivés au Liban (Adib Alam), terminant par une révélation de taille étayant ses dires avec la présence de l’espion Ghassan al Jed dans le secteur du Saint Georges, le 13 février 2005 à la veille de l’assassinat de
l’ancien Premier ministre. Sayed Nasrallah a d’ailleurs précisé que le dossier a été remis aux autorités concernées en 2006, mais l’espion qui n’a pas été arrêté s’est enfui en "Israël" en 2009…
Le sayed a bien sûr affirmé qu’il détenait encore d’autres éléments mais pour l’instant, il se contente de révéler ceux-ci assurant que si le gouvernement est prêt à lancer une enquête crédible, grâce à l’instance de son choix, il est prêt à coopérer totalement avec elle. A son habitude, il donne ainsi une chance aux sceptiques et aux partenaires au sein de la patrie de réagir positivement.
Malheureusement, comme d’habitude, l’autre camp n’est pas à la hauteur. Les premières réactions montrent que le refus de tenir compte des révélations de sayed Nasrallah a été décidé avant même d’écouter le contenu de la conférence de presse. Prisonniers de leurs préjugés, les membres du 14 mars n’ont même pas pris la peine de commenter le contenu, se contentant de réactions générales et évitant soigneusement d’évoquer le fond. S’il est vrai qu’il n’y a pas encore eu de réaction de la part du Premier ministre, le 14 mars ne semble pas prêt à tenir compte des révélations du sayed pour donner un nouvel élan à
l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri. Comme si la simple éventualité de privilégier la piste israélienne est une sorte
d’hérésie inacceptable. Pourtant, comme l’a dit sayed Nasrallah, il y a bien plus d’indices contre "Israël" qu’il n’y en a jamais eu contre la Syrie ou des membres du Hezbollah. Tant pis pour ceux qui ne veulent rien entendre et qui restent prisonniers de leurs convictions ou de leurs engagements politiques et autres. Ils confirment une fois de plus l’adage qui dit: il n'y a de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre. Le sayed a voulu ébranler l’opinion publique et c’est un pari réussi puisque depuis lundi soir, tout le monde ne parle que de ses révélations. Un grand pas a été marqué dans la bataille pour l’opinion publique. Le meilleur est encore à venir.

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