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Sayed Nasrallah: Aucune ligne rouge dans la prochaine bataille avec «Israël»

Sayed Nasrallah: Aucune ligne rouge dans la prochaine bataille avec «Israël»
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Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah s'est exprimé ce lundi soir en direct pendant deux heures sur la chaine de télévision Al-Mayadeen. Voici un compte-rendu de cette interview, animée par le grand journaliste Ghassan ben Jeddou.

Sayed Nasrallah: Aucune ligne rouge dans la prochaine bataille avec «Israël»

"Je m'adresse en ce jour à toutes les mamans, notamment les mères des martyrs, des détenus, des combattants et les mères des soldats déployés aux frontières pour défendre le pays. Nous sommes fiers des mères de cette génération qui ont exprimé des positions solides face aux dangers qui guettent le pays. Elles sont le facteur essentiel de nos victoires.

Israël s'apprête-t-il à une offensive contre le Liban?

J'écarte une offensive israélienne contre le Liban, au moins dans l'avenir proche. Les Israéliens ne se lancent pas dans une guerre sans le feu vert américain. L'administration actuelle d'Obama est sur le point de partir. On ne peut confirmer qu'elle rejettera une offensive pareille. Mais compte tenu d'une lecture de la conjoncture actuelle, je ne prévois pas une guerre sioniste.

Israël connait bien qu'une guerre contre le Liban est une aventure. Bon, si certains arabes applaudissent une option pareille, ceci ne veut pas dire qu'Israël sera à leur disposition. Israël tient compte du cout financier et des pertes en vies humaines à payer avant de déclencher une guerre. La résistance au Liban a donné des leçons à l'ennemi sur la cherté d'une guerre contre le Liban.  Par exemple, Israël n'abandonne pas ses soldats enlevés, et leur libération va lui couter très cher pour.

Israël admet les grandes capacités de la résistance en termes des missiles, et fait de longs calculs avant de mener une guerre. Il semble que l'ennemi ait reçu des garanties arabes et internationales pour avoir osé construit des usines pétrochimiques, des réacteurs nucléaires, des dépôts de déchets nucléaires, des dépôts d'ogives nucléaires, des laboratoires bactériologiques. Toutes ces usines se trouvent à proximité des villes ou encore au cœur même des villes.

Si Israël décide de détruire nos villes, il est de notre droit naturel de frapper leurs villes qui contiennent ce type d'usines.

Israël doit tenir compte que le Hezbollah possède une liste complète sur la banque de cibles. Les systèmes de défense ne sauront contrecarrer les capacités balistiques de la résistance. Les Israéliens doivent appeler le gouvernement actuel à éloigner ces usines chimiques de leurs villes. Sachez que dans toute prochaine guerre israélienne, nous allons utiliser toutes nos capacités sans aucune ligne rouge.  

Avez-vous des missiles pouvant couvrir la totalité de la Palestine occupée?

Nous avons la capacité de bombarder toute cible sur toute l'étendue des territoires occupés. Je me demande comment les Israéliens ont-ils construit des usines biologiques et chimiques dans les zones résidentielles. La seule réponse logique est que l'ennemi a obtenu toutes les rassurances arabes selon lesquelles ces usines ne seront jamais bombardées.

Nous disons à l'ennemi: Ne nous attaque pas. Quand l'ennemi ne nous agresse pas, nous n'allons pas l'attaquer. Nous ne fournissons pas de garanties à l'ennemi. L'équation est claire: Toute attaque contre le Liban amènera à une riposte convenable.

Je ne suis pas appelé à dévoiler la nature des armes en notre possession, mais la résistance et l'armée ont le droit de défendre la patrie et d'acquérir toute sorte d'armes pour cet objectif.

Depuis 2006, la bataille des préparatifs et la guerre sécuritaire se poursuivent. Netanyahu s'octroie le droit d'acquérir toute sorte d'armes pour nous attaquer alors qu'il avertit le monde que le Hezbollah possède des armes non conventionnelles qui brisent l'équilibre de la terreur. Quel affront!

Certains dirigeants sionistes prônent l'idée de frappes ponctuelles limitées pour marquer des points. L'ennemi pense que des agressions pareilles entraineront des ripostes limitées. Ils ont tort. Nous refusons une guerre pareille. Pas de solution médiane pour la résistance.

Depuis 2006 à ce jour, le Liban vit en sécurité. L'ennemi a compris que nous riposterons à toute attaque. Les efforts et les sacrifices de nos combattants ont permis d'imposer ces nouveaux équilibres de force. Au Liban, tout peut dégénérer. N'entreprenez pas d'aventure non calculée.

A quel point pouvons-nous nous taire face aux violations aériennes israéliennes de la souveraineté libanaise? C'est une affaire morale liée à la dignité. De plus, cette question possède un volet sécuritaire.

Une autre affaire dangereuse est celle du réseau d'internet illégal au Liban. Pour moi, le survol des drones israéliens jour et nuit est aussi dangereux. Ceci constitue un danger sur la sécurité nationale. L'Etat libanais doit se mobiliser pour se plaindre auprès des instances internationales des agressions quotidiennes. Le Liban n'a pas le droit de posséder des armes pour réagir aux survols sionistes. Ces drones constituent les yeux de l'ennemi. Un jour,  la résistance interviendra pour riposter au survol des drones.

Est-ce que votre axe de la résistance interviendra pour repousser une offensive israélienne d'envergure?

Je n'oblige personne parmi nos alliés à nous défendre, je l'ai toujours répété. Une guerre contre le Liban ne pourra être entreprise que par des imbéciles. Notre ennemi qui n'a pas lancé d'offensive à ce jour, n'est pas imbécile.

Lors de la guerre de 2006, les Israéliens ont dit: certains dirigeants arabes nous ont demandé de ne pas stopper la guerre contre le Hezbollah. Israël ne cherche pas de couverture arabe pour lancer une guerre, il n'attend que le feu vert américain.

Qui fait partie de votre axe?

C'est l'axe qui s'oppose à Israël: la résistance au Liban, en Palestine, la Syrie, l'Irak, l'Iran et les peuples arabo-islamiques ainsi que les gens libres du monde qui n'ont pas changé leurs positions malgré les efforts des adversaires.

En Syrie, on ne peut pas parler d'axe qui regroupe la Russie, la Syrie, l'Iran, et le Hezbollah. On n'a jamais dit que la Russie fait partie de l'axe de la résistance. En fin de compte, la Russie est une superpuissance qui a ses propres intérêts, qui peuvent dans certains cas s'entrecouper avec les intérêts de l'axe de la résistance. En Syrie, nous avons des intérêts communs, nous oeuvrons pour les mêmes objectifs, mais nous ne pouvons pas de conformité sur le plan des projets.

Il est erroné de dire que l'intervention russe en Syrie était rapide ou instantanée. Bien au contraire, la Russie, l'Iran et la Syrie ont longuement étudié l'option de l'intervention russe. Des comités ont débattu pendant des mois de cette idée. Ce n'est pas une décision soudaine, on en débattait avant même la chute de Jisr el-Choughour et d'Idleb.

A la base de ces discussions, des chambres d'opérations ont été mises en place en Irak et en Syrie, et les commandements des quatre pays impliqués opèrent ensemble. Le Hezbollah en Syrie joue un rôle de consultation. Nous ne coordonnons pas directement avec les Russes ni les autres pays.

Le retrait russe est-il grand? Stratégique?

Au début de l'intervention russe, l'objectif fixé était de changer l'équation pendant une période de 4 à 6 mois, durant laquelle les groupes terroristes comme Daech et al-Nosra subissent des dures frappes. En quelques mois, l'infrastructure des groupes terroristes a subi de grands revers.

L'incident de l'avion russe de la part de la Turquie a aiguisé les tensions. L'hypothèse d'une confrontation russo-turque a été fortement évoquée. Ceci a poussé la Russie à déployer un arsenal d'armes qui n'était pas en principe prévu.

Suite à cet incident, l'accalmie entre la Turquie et la Russie a prévalu. Donc, le grand contingent russe n'a plus raison d'être en Syrie. C'est dans ce cadre que s'est inscrite la décision russe. D'ailleurs, le président russe a clairement évoqué la possibilité d'un redéploiement du contingent russe si les choses prennent une tournure différente.

La décision russe est-elle une étape en faveur de la solution politique?

Le retrait du contingent russe aide à instaurer l'accalmie et à faire prévaloir une solution politique en Syrie. La Russie, l'Iran et le pouvoir syrien soutiennent une solution politique, mais l'autre camp la rejette. Les Américains sont désormais convaincus de leur échec militaire pour réaliser leurs objectifs en Syrie. Quelle sera alors l'alternative? Daech et al-Nosra qui se partagent les régions syriennes occupées.

Ceux qui vivent à l'étranger et font partie de l'opposition n'ont aucune influence sur le terrain.

Donc, les Américains vont changer de politique pour obtenir la chute du pouvoir en Syrie, du courant que représente la personne du président Assad. Ils tentent d'arracher en politique ce qu'ils ont échoué à réaliser en guerre.

La solution politique stipule le maintien du président Assad et de son courant, et permet à l'opposition d'être représentée dans le pays.

Les alliés du président Assad ne peuvent tolérer une solution différente. La présidence, le sort et l'avenir de la Syrie relèvent du seul droit du peuple syrien.

Le camp adverse a posé le départ du président Assad comme condition à la solution de la crise au début. Aujourd'hui, les pourparlers ont lieu avec le maintien du président Assad.

Le monde parle actuellement des élections avec le maintien d'Assad pour une période transitoire. L'Arabie Saoudite sabote toute avancée du processus politique pour la Syrie. Riyad refuse que le processus politique avance. Pour cela, je ne m'attends pas à grand-chose de ce processus politique.

Quels sont les dessous de votre incrimination de terrorisme par l'Arabie Saoudite?

L'Arabie Saoudite est derrière cette décision. Les autres pays la suivent. Riyad use de la propagande médiatique, des fatwas takfiristes, et du pouvoir de l'argent pour dominer ces pays. Les relations entre Israël et l'Arabie Saoudite sont de plus en plus dévoilées sous un mutisme arabe flagrant. Certains pays arabes ne soutiennent pas la politique saoudienne mais ils sont obligés d'obtempérer à la volonté saoudienne. La position saoudienne dépend en effet du projet saoudien dans la région. Au Liban, le régime cherche à en finir avec la résistance depuis 2006, et à expulser le camp du 8 mars du pouvoir.

Certains œuvraient pour la poursuite de la guerre de juillet jusqu'à la réalisation des objectifs escomptés.

En Syrie, en Irak, au Yémen, le projet saoudien a échoué. Laissons la Palestine de côté. La guerre des Saoud contre la République Islamique est le plus important projet saoudien ayant connu une défaite cuisante. Depuis la guerre de Saddam contre l'Iran, les Saoudiens ont payé 200 milliards de dollars pour favoriser la chute du pouvoir en Iran. Cette guerre existe depuis longtemps.

Depuis que l'Iran a quitté le giron américain, l'Arabie Saoudite a déclaré la guerre à l'Iran. Riyad a tenté d'entraver la conclusion de l'accord nucléaire entre l'Iran et les 5+1 et continue de le faire à ce jour.

Donc, partout les Saoudiens ont échoué, même à Bahrein où le mouvement pacifique se poursuit.

Face à ces défaites, l'Arabie va imputer à une partie quelconque la responsabilité. Le Hezbollah est un mouvement de résistance qui jouit d'une grande popularité dans le monde arabo-islamique malgré la campagne médiatique. Les positions du Hezbollah sur la guerre au Yémen lui ont valu un grand soutien arabe.

Les Saoudiens ne peuvent tolérer la liberté de l'expression. Ils ont décapité cheikh Nimr Nimr juste pour avoir osé défendre le Vrai.

Et aujourd'hui, ils ont détenu cheikh Hussein Radi. 20 jeeps sont venus l'arrêter dans une tentative d'intimider la population de cette région.

Vous avez été accusés d'ingérence militaire à Bahreïn?

Tout ce qui est dit sur le rôle du Hezbollah à Bahreïn n'est que mensonges. Nous n'avons entrainé personne, nous n'avons pas formé de cellules dormantes, nous avons toujours appelé le peuple bahreïni à la contestation pacifique. Ce n'est pas nous qui enjoignons au peuple bahreïni d'agir de telle ou telle manière. Nous ne nous sommes jamais ingérés sur le plan militaire dans ce pays.

Etes-vous pour un dialogue irano-saoudien?

Dans toute la région, nous optons pour le dialogue, sauf avec Israël: le dialogue saoudo-iranien, le dialogue inter-syrien, nous avons toujours appelé au dialogue politique, mais les Saoudiens ont fermé les portes à tout dialogue. Cheikh Hassan Rohani, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Jawad Zarif ont dès le début invité l'Arabie Saoudite au dialogue. Mais ces appels n'ont pas fait écho en Arabie.

Nous sommes avec l'option du dialogue, mais il existe un pays qui vit dans une grande tension. Ce régime saoudien est tellement tendu qu'il a ouvert une guerre avec un parti, qu'est le Hezbollah.

Les pays du Golfe lancent des rumeurs mensongères tous azimuts contre le Hezbollah. Au Koweït, on prétend le démantèlement d'une cellule qui trafique de la drogue et qui est en lien avec le Hezbollah. Nous allons entendre beaucoup de mensonges.

Le Hezbollah ne doit-il pas réviser ses politiques?

Nos alliances n'ont jamais été bâties sur la religion, mais sur des bases politiques. Notre relation avec les factions palestiniennes découle de la conformité des objectifs dans la lutte contre l'occupation sioniste. Nous entretenons des liaisons avec des forces politiques nationalistes arabes de gauche, et ces forces se sont avérées plus proches que nous que certaines forces religieuses. Donc la question est politique et non pas religieuse.

Le discours de Saad Hariri est-il positif en faveur du dialogue?

Au premier jour du retour du président Saad Hariri, il a mené une campagne sans merci contre le Hezbollah. Les médias et les députés du Futur poursuivent à ce jour cette campagne. En même temps, il dit brandir la main de dialogue. Mais dans quel contexte ce dialogue va-t-il avoir lieu? Il n'y a rien de positif dans son discours que sa déclaration sur sa disposition au dialogue.

Le dialogue se poursuit entre le Hezbollah et le Courant du Futur. Si la rencontre entre moi et Saad Hariri est nécessaire pour débloquer certains litiges, je serai prêt à le faire. Mais le blocage persiste dans toutes les questions politiques dans le pays. Le Liban ne peut se construire que sur un partenariat mutuel réel.

Au sujet des élections présidentielles, nous avons clairement annoncé qui est notre candidat. J'accuse les Forces Libanaises de vouloir créer la division entre le nous et le courant patriotique Libre. Si on participe à la séance parlementaire sur l'élection du général Aoun, ce dernier ne sera pas élu. Tout le monde connait la nature de la relation avec le bloc parlementaire du président Berri. On ne peut pas faire pression sur le mouvement Amal et vice-versa. Nous sommes engagés à faire élire le général  Aoun comme président. Et nous faisons tout ce qui est nécessaire pour cet objectif.

Le président français a-t-il débattu en Iran de l'échéance présidentielle?

Oui c'est vrai, et les Iraniens ont clairement répété que c'est une affaire purement libanaise et qu'ils ne s'ingèrent pas. Notre président unique est le général Michel Aoun. Nous cherchons un président fort, tenace, ferme qui ne se vend pas, qui ne craint rien.

Notre allié Sleimane Frangiyeh est aussi compétent pour occuper le poste de la présidence.

Avez-vous des craintes sur le retour des frappes terroristes au Liban?

C'est une éventualité qui nécessite un suivi permanent sur le plan sécuritaire pour avorter les attaques terroristes. La saisie du navire d'armes récemment est un indice sur la tentative de faire exploser la situation dans le pays.

Le courant représenté par le président Hassan Rohani n'est-il pas opposé à votre orientation politique?

Depuis la victoire de la révolution islamique, plusieurs courants politiques ont émergé en Iran. Chaque courant a une politique propre et diverge des autres sur des questions internes iraniennes. Mais ils convergent tous sur la cause palestinienne, la lutte contre l'occupation israélienne, et le soutien au Hezbollah.

La relation entre le Hezbollah et les dirigeants iraniens est depuis toujours bonne, voire elles s'améliorent de plus en plus. Nous connaissons personnellement le président Rohani avant qu'il ne soit élu chef d'Etat. Je l'ai même rencontré une fois devenu président. Et lors de sa rencontre, il a réaffirmé son attachement à une relation forte avec le Hezbollah.

Qu'en dites-vous de la personne du grand journaliste Mohammad Hassanein Haykal?

Mr. Haykal est connu de toute notre génération via la télévision et les médias. Après le martyre de mon fils Hadi, il a sollicité une rencontre personnelle. Il était très modeste et il a affiché une grande sympathie et un intérêt particulier pour le martyre de mon fils. Depuis cette date, on se rencontrait souvent et on débattait de la conjoncture régionale. Dans la guerre de juillet, il a joué un rôle majeur dans l'explication des faits et de la position du Hezbollah.

Il a toujours défendu le Hezbollah, même dans les conditions les plus difficiles. Il fait partie de la minorité ayant résisté à l'empire de l'argent, du takfirisme et des médias.

Etes-vous entrés en Syrie en coordination avec le président Assad? Et votre retrait de Syrie est-il  imminent?

Nous sommes entrés en coordination complète avec le pouvoir syrien. Tout ce qui est dit sur notre retrait de la Syrie est incorrect.  Nous sommes allés là-bas pour empêcher la chute de la Syrie aux mains des takfiristes terroristes. Notre combat est préventif pour le profit de la Syrie, du Liban, de la Palestine. Notre direction politique libanaise n'ose même pas demander à l'armée libanaise de chasser les terroristes des frontières.

Nous, au Hezbollah, partageons le même sort avec la Syrie. Nous n'allons pas nous retirer avant la défaite des groupes terroristes. Nous sommes pour une solution politique et pour l'arrêt de l'effusion de sang dans le pays. Tant que notre présence en Syrie est nécessaire, nous y resterons.

Source : French.alahednews

 

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