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Loi El Khomri : Outil de déstabilisation massive ou de pure propagande ?

Loi El Khomri : Outil de déstabilisation massive ou de pure propagande ?
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Eline Briant- Paris

70 % des français opposés à la loi El Khomri selon un sondage d’Odoxa, plus de 1,1 millions de pétitionnaires «Loi Travail : non merci !», 8 français sur 10 opposés à la réforme selon une étude Tilder-LCI-OpinionWay. Autant dire qu’il ne s’agit là que d’un petit échantillon du nombre d’actions entreprises ci et là pour sonder le peuple français sur une réforme qui fait débat : La Loi El Khomri, du nom de son ministre du Travail.

Les mesures phares du projet de loi :                                                                                                                

  - Validation des accords d’entreprise par referendum (désormais, c’est avec un minimum de 50% de salariés représentés par les syndicats qu’un accord d’entreprise pourra être validé alors qu’auparavant le quota était de 30%).

En échange :

- Modulation du temps de travail avec des heures supplémentaires qui pourraient être moins rémunérées.

- Plafonnement des indemnités prud’homales : Actuellement, en cas de licenciement abusif, un salarié touche une indemnité équivalente à un mois de salaire par année d’ancienneté. La loi El Khomri bloquera cette indemnisation à 15 mois de salaire maximum.

- Motifs de licenciement économique : La loi El Khomri en ajoute de nouveaux et fait craindre une augmentation de licenciements abusifs.

La gronde populaire 

Comme un véritable tour de chauffe, dont se félicitent les différents syndicats à l’initiative de cet évènement, ce sont entre 220 000 (selon le ministère de l’intérieur) et 500000 (selon les organisateurs) manifestants qui ont investi les rues de France, mercredi. Paris, Bordeaux, Lyon, Rennes, Marseilles, pas moins de 150 marches étaient prévues partout dans l’hexagone. Et cette fois, la jeunesse rafle le score des présents.

Loi El Khomri : Outil de déstabilisation massive ou de pure propagande ?

Une lycéenne : «Moi, je suis là pour protéger mon avenir, parce que j’espère avoir encore des droits quand je serai dans le monde du travail. Les heures supplémentaires quasiment pas payées, les indemnités fixées avant même qu’il y ait un procès… Je trouve cela juste horrible.»

Un lycéen : «C’est ma première manifestation et ça fait du bien. Mais ça renforce aussi ma colère. Moi, je rêve d’un grand mouvement, comme en Turquie en 2013. Tout le monde en rêve d’ailleurs, c’est pour ça qu’on est là aujourd’hui. Pour changer les choses.  Mais je suis confiant. Même si tout le monde n’est pas dehors aujourd’hui, tout le monde est contre cette loi El Khomri. Personne ne la défend, sauf les patrons. Et ils représentent quoi ? 2 % des gens ? Il n’y a aucune raison qu’elle passe.»

Devant le Medef, un étudiant en master d’histoire déplore «Nous, les jeunes, sommes déjà confrontés aux CDD et à l’intérim et ça ne suffit pas, maintenant, le gouvernement cherche aussi à précariser le CDI. Il nous dit que cette loi créera plus de travail, peut-être, mais quel genre de travail ? La vérité, c’est que nous aurons surtout plus de galère».

Quand les décideurs essayent de se donner raison :

Ce qui diffère avec les mouvements jeunes, réputés imprévisibles, c’est qu’ils font peur à l'exécutif ; ils ont déjà réussi à faire basculer, voir annuler des lois.

La mobilisation des jeunes est donc scrutée de près par le président de la République en cette journée de protestation contre le projet de réforme du droit du travail. Celui qui avait fait campagne «pour la jeunesse» leur a lancé un dernier appel pour «éviter la rupture». Imprévisibles, les mouvements jeunes rappellent de mauvais souvenirs à l'exécutif.

Ainsi, mardi soir, à la veille de la journée de mobilisation nationale contre le projet de réforme du travail portée par Myriam EL Khomri, François Hollande s'est adressé directement aux jeunes, depuis Venise où il était en voyage officiel. «Je veux dire aux jeunes qu'ils ont raison de vouloir que leur avenir soit meilleur que le présent», a lancé le chef de l'État. «La responsabilité qui est la mienne, c'est de prendre toutes les décisions qui permettront aux jeunes d'avoir plus de stabilité dans l'emploi. C'est de donner aussi aux entreprises la possibilité de recruter davantage».

Cette mobilisation est «un malentendu» pour le vice-président du Medef Thibault Lanxade. «Je comprends (l'inquiétude) des jeunes qui, avec un taux de chômage aussi élevé, de 25%, le plus haut d'Europe, ont des difficultés à s'insérer dans le monde du travail. Mais ne mettons pas en défaut cette loi qui au contraire va donner plus de flexibilité, plus de souplesse, pour pouvoir s'insérer sur le marché de l'emploi de façon plus pérenne», disait-il vendredi dernier sur «BFM».

Ce qu’en disent les opposants :

«À travers le projet de la loi Travail, le gouvernement vient de déclencher une guerre sans précédent contre les jeunes et les salariés», ont déclaré la semaine dernière une vingtaine d'organisations dans un communiqué commun à l'Unef, le Mouvement des jeunes socialistes, la Jeunesse ouvrière chrétienne ou encore les Jeunes écologistes. Pour les organisations étudiantes, les jeunes, déjà durement confrontés à la précarité, en seraient les principales victimes du projet de loi qui «trahit la jeunesse» selon William Martinet, président de l'Unef, premier syndicat étudiant qui appelle au retrait total de la loi.

Le quotidien Le Figaro rapporte l’analyse de Gaël Brustier, politiste qui fait état de l'effritement historique du bloc néo-libéral. L’onde de choc provoquée par la crise des finances et de l’économie crée, selon lui,  auprès de la population, un épais sentiment d’insécurité face à la globalisation, un sentiment que l’on retrouve d’ailleurs dans l’intégralité des pays développés. Il se félicite des succès de l'usage du 2.0 (internet) en matière de mobilisation politique et sociale est, on le sait, l'articulation online/offline. Le site anti «loi El Khomri» est un succès et c'est déjà beaucoup. Il faut se souvenir qu'un mouvement social réussi est offline autant qu'online: il semble que les jeunes générations et les métropoles se mobilisent sur le 2.0.                                                     

Et Gaël Brustier de poursuivre qu’il existe aussi une gauche qui succombe aux facilités d'une idéologie qui ressemble au néoconservatisme venu des Etats-Unis, l'intelligence en moins. Elle utilise les mots de la République à tout propos mais contre les idéaux de la République.

Loi El Khomri : Outil de déstabilisation massive ou de pure propagande ?

D’autres experts déplorent que cette loi Travail prétend rendre plus facile d'accès le CDI, en lieu et place du CDD. Or, ce qui est proposé est ni plus ni moins que la transformation du CDI en contrat précaire. Il suffira en effet que le carnet de commandes s'allège suite à une évolution de conjoncture ou même simplement à des erreurs de positionnement marketing de la part du management, pour que le CDI puisse prendre fin.                                             

Il y a maintenant bon nombre d’années que les politiques demandent aux français de leur faire confiance, de croire en la nécessité d’accepter toutes ces réformes contraignantes et douloureuses… Aujourd’hui, la bombonne est au bord de l’explosion d’une part, parce qu’au vu des résultats, les français n’ont plus confiance en la bonne foi de leurs interlocuteurs politiques et d’autre part, la situation anxiogène dans laquelle ils sont plongés les empêchent à plus de concessions encore.

On oublie l’Etat d’urgence ?

Cependant, une question majeure se pose…. Pourquoi donc avoir autorisé ces gigantesques rassemblements alors que la France est à l’heure actuelle en situation d’état d’urgence. La Constitution interdit de fait toute forme de manifestations publiques pour «éviter les risques de mise en danger de la vie d’autrui».

Ainsi, pas moins de 300000 personnes de par la France toute entière ont pu librement manifester leur colère, certes légitimes, mais dans la Constitution, rendues totalement illégales.

Le gouvernement Hollande-Valls souffre d’une image en chute libre depuis son ascension au pouvoir en 2012. Sur fond de crise économique mondiale, et après un pouvoir despotique de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, l’actuel président ne remonte pas la cote… Pire, il s’enfonce au fur et à mesure des évènements et des lois qui les succèdent. C’est un fait, Monsieur Hollande est très certainement l’un des présidents français les plus hués de la 5ème république.

Loi El Khomri : Outil de déstabilisation massive ou de pure propagande ?

Et la loi El Khomri est bien une Réforme de tout ce qu’il y a de plus anti social et symbolise non pas un progrès mais bien un recul flagrant des droits envers le monde salarial. Quelques mois auparavant, la loi Macron, du nom de son Ministre (de l’économie et des finances) en était très certainement  le préambule.

Alors, à moins d’un an des élections présidentielles, il est tout à fait probable d’entrevoir… une tentative de … Mea-culpa de la part de la classe gouvernante qui souhaite montrer à son électorat futur, un changement de ton et son «attachement» à la liberté d’expression, à sa liberté de manifester et de dire non…

Le mouvement n’est pas terminé :

Quel succès enregistrera ce mouvement anti-loi El-Khomri. Quelle réponse politique sera donnée ? Il est impossible d’y répondre pour le moment.  Nous savons juste que la gauche française est au plus mal. En précipitant la confrontation sur cette loi, le Premier ministre fait prendre à toutes les forces de gauche, dans leur grande diversité, un danger potentiellement létal.

L'UNEF, l'UNL et la FIDL ont déjà prévu de se mobiliser à nouveau le 31 mars pour faire abandonner ce projet de loi Travail bien trop déséquilibré et injuste pour être adopté.

Source : French.alahednews

                                                                                                                                                      

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