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Les espions des télécoms et l’attitude du gouvernement

Les espions des télécoms et l’attitude du gouvernement
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Par Soraya Hélou

Dans son dernier discours, le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a mis l’accent sur de nombreux points importants, relatifs notamment au dossier des espions pour le compte d’Israël dans le secteur des Télécommunications. On savait déjà que Charbel Kazzi, récemment déféré devant le tribunal militaire après avoir été mis en cause dans un acte d’accusation qui réclame pour lui la peine de mort, était un personnage clé, qui avait réussi à permettre aux Israéliens d’entrer dans l’ensemble du réseau de téléphonie mobile, libanais, via des mots de passe qu’il leur a communiqués, tout comme il a donné aux Israéliens la possibilité de manipuler à leur guise les communications par téléphones mobiles.
Son complice, Tarekl Rabaa a lui, permis aux Israéliens de contrôler l’ensemble du réseau de téléphonie mobile, avec la capacité de le bloquer totalement au besoin. On se souvient ainsi comment à chaque explosion meurtrière au Liban, le réseau de téléphonie mobile se retrouvait totalement paralysé. On disait à l’époque que c’était à cause de l’afflux de communications, les Libanais se précipitant sur leurs portables, à chaque assassinat. Mais aujourd’hui, avec les nouvelles données dues à la découverte des espions du réseau, toutes les anciennes explications sont devenues controversées. Bref, la découverte de ces espions, et la possibilité qu’il y en ait d’autres, puisque les enquêtes se poursuivent, met en évidence les énormes failles dans le dispositif de téléphonie mobile, devenu désormais suspect. Et la question qui se pose est la suivante : lorsqu’au milieu des années 90, le gouvernement en place, présidée par l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a construit le réseau de téléphonie mobile en accordant des licences aux compagnies qui s’appelaient alors Cellis et Liban cell a-t-il réellement fait ce qu’il fallait pour protéger ce secteur ? Quelles sont les garanties qui avaient été exigées par le gouvernement auprès des deux compagnies de téléphonie mobile ? Il semble de plus en plus clair que le gouvernement a agi avec une grande légèreté, pressé de faire de l’argent ou de laisser les deux sociétés en faire, sans aller plus loin, ni se soucier de la sécurité du réseau, alors qu’il s’agissait d’un secteur nouveau facilement « infiltrable » en raison de l’absence de compétences nécessaires. Pendant près de 14 ans, les espions ont donc pu manipuler à leur guise le réseau et donner les informations les plus délicates à leurs patrons israéliens.  Malgré la gravité de l’événement, certaines parties politiques se sont empressées de commencer par défendre les espions, notamment Charbel Kazzi, puis de chercher à minimiser l’importance de la découverte. De son côté, le gouvernement pris par ses multiples activités n’a pas jugé bon de tenir une réunion extraordinaire consacrée à ce sujet. Le ministre des télécommunications Charbel Nahas a eu beau reconnaître qu’effectivement hélas "le réseau de téléphonie mobile est infiltré" mais cela n'a nullement provoqué une réaction de la part du gouvernement où certains ministres continuent à vouloir banaliser la nouvelle. Dans tout autre pays, un gouvernement qui se respecte aurait immédiatement tenu des réunions d’urgence, décrété une sorte d’état d’urgence dans les télécoms pour bien moins que cela. Mais le gouvernement libanais ne pense qu’aux visiteurs attendus et aux mondanités de cet été chaud. Pris dans les problèmes du quotidien, où les services élémentaires ne leur sont pas assurés, et assommés par l’ampleur des révélations au sujet des espions, les Libanais se demandent, de leur côté, à quoi sert véritablement ce gouvernement ?

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