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La coopération sécuritaire selon l’Occident

La coopération sécuritaire selon l’Occident
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Soraya Hélou

Après l’accord de coopération signé entre le directeur général des FSI Achraf Rifi et l’ambassade des Etats-Unis à Beyrouth qui avait suscité une longue et parfois violente polémique au sein de la classe politique et qui est actuellement entre les mains du Conseil Constitutionnel, c’est au tour de l’accord de coopération sécuritaire avec la France qui provoque la méfiance des députés du Hezbollah et de leurs alliés. Deux points en particulier méritent aux yeux de ces députés des précisions: d’abord le titre général de l’accord placé sous le signe de la coopération dans la lutte contre le terrorisme, sans définir ce dernier et le second point de l’accord qui prévoit un échange d’informations entre les deux parties dans le secret le plus total. C’est en particulier le député Nawaf Moussawi qui a soulevé le débat en pleine réunion des commissions parlementaires et aussitôt, tous les valeureux défenseurs de l’Occident se sont précipités pour défendre l’accord et estimer qu’il s’agit d’une attaque contre la France, qui, selon eux, s’est toujours tenue aux côtés du Liban. Comme dans un orchestre bien réglé, lorsque les violons principaux se taisaient, c’était au tour des seconds de prendre la parole pour hausser le ton et accuser le Hezbollah et ses alliés de vouloir isoler le Liban et détruire des relations vieilles de plusieurs décennies avec ses amis traditionnels comme la France.

La riposte du Hezbollah ne s’est pas fait attendre, puisque Moussawi, qui connaît bien le sujet a précisé que la France est liée par des conventions internationales de lutte contre le terrorisme, signées avec des pays comme les Etats-Unis qui ont, eux, leur propre conception du terrorisme, d’autant qu’ils placent le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique parmi les organisations classées terroristes. Dans ces conditions, et en l’absence de la moindre mention spécifique dans le texte de l’accord, la méfiance du Hezbollah est tout-à-fait justifiée. Car même si aujourd’hui, les intentions sont bonnes, il se pourrait demain qu’un groupe malveillant choisisse ce thème pour tenter de s’en prendre à la résistance, qui reste la cible principale de la communauté internationale, puisqu’elle dérange Israël.

Ces arguments n’ont pas convaincu l’autre camp, qui a continué à protester contre ce qu’il a appelé les tentatives du Hezbollah de détruire toutes les relations internationales du pays et d’imposer son point de vue à l’ensemble de l’Etat.  L’ambassadeur de France au Liban, lui, s’est empressé de préciser que la France ne considère pas le Hezbollah comme une organisation terroriste, mais comme un parti politique qui a ses représentants au Parlement et au Conseil des ministres. Cela se voulait sans doute rassurant, mais c’est encore moins que ce qui est demandé, puisque le Hezbollah et ses alliés souhaitent une explication précise dans le texte. Les officiels libanais ont alors cru trouver la parade en rappelant que le Liban, lui, a signé une convention de coopération sécuritaire avec la Ligue arabe qui prévoit une définition du terrorisme conforme à celle du Hezbollah.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’objectif du Hezbollah n’est nullement de détruire les relations du Liban avec la communauté internationale. Il cherche surtout à tirer la sonnette d’alarme et à pousser les responsables libanais à une grande vigilance sur les questions sécuritaires, surtout avec la volonté jamais démentie de la communauté internationale d’aider Israël. Mais ce qui reste le plus étonnant, ce sont les positions des députés du 14 mars, qui, sans la moindre nuance, critiquent toutes les demandes du Hezbollah et défendent la communauté internationale, montrant une fois de plus que leur mouvement est totalement inféodé à cette communauté. Quant on veut servir les intérêts de son pays, on commence d’abord par chercher les moyens de renforcer l’unité interne et de trouver des terrains d’entente avec l’autre bord. Mais, au Liban, il y a une classe politique qui cherche la moindre occasion pour tirer sur le Hezbollah. La France serait ainsi prête à faire des déclarations rassurantes, mais cette classe politique s’y oppose. Une attitude étrange qui ne peut que soulever des questions…

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