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Pour ou contre la peine de mort de l’espion…

Pour ou contre la peine de mort de l’espion…
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Par Soraya Hélou


La découverte d’un espion pour le compte d’"Israël" au sein même de la compagnie de téléphonie mobile " alfa " a suscité de nombreux remous sur la scène libanaise. Selon les informations ayant filtré à la presse, Ch .K., qui avait auparavant travaillé au ministre des PTT (avant qu’il ne devienne le ministère des Télécommunications) aurait été déjà enrôlé par un membre de l’ALS (milice travaillant pour le compte d’"Israël") dès la formation de "Cellis" devenue plus tard " alfa ". Sans vouloir entrer dans les détails de l’enquête et du rôle effectif de cet espion, qui semble être une forte prise pour les services de renseignements de l’armée, ce sont les réactions des différentes parties politiques qui méritent qu’on s’y arrête.
Alors que tous ceux qui appuient la résistance et sa lutte contre "Israël" ont salué cette découverte, réclamant que les espions soient condamnés à la plus lourde peine, d’autres voix, au contraire ont d’abord tenté de minimiser le rôle de CH. K. Leur contre-attaque, puisque malheureusement, il s’agit d’une véritable bataille médiatique, s’est axée sur trois points:
CH.K. n’avait aucun rôle important au sein de la compagnie, cette histoire ne peut en aucun cas mettre en doute les conclusions éventuelles de l’acte d’accusation du "TSL" et enfin, il est interdit de condamner quiconque à la peine de mort après la signature du traité de coopération euro-méditerranéenne.
Les associations des droits de l’homme si soucieuses de la situation des criminels et autres espions se sont aussitôt mobilisées pour militer contre la peine de mort, oubliant naturellement que l’une des grandes démocraties du monde, ou qui se définit comme telle, à savoir les Etats-Unis reconnaissent et appliquent la peine capitale, sans que nul ne songe à les condamner.
D’ailleurs, si un simple criminel de droit commun était condamné à la peine de mort au Liban, ces mêmes associations se seraient-elles mobilisées ?
Le problème, comme on peut le constater, dépasse les questions humanitaires. Il est beaucoup plus profond et porte sur le grand fossé qui divise les Libanais sur le rôle du Liban et sa position face à "Israël". Pour une grande partie des Libanais, "Israël" est l’ennemi et il faut lutter pour la libération du territoire ainsi que pour retrouver les autres droits: eau ; gaz ; réfugiés palestiniens etc. Pour d’autres, il serait préférable de cesser de combattre et de s’appuyer sur la communauté internationale pour le règlement des derniers dossiers litigieux, sous prétexte que le Liban a beaucoup souffert et qu’il ne peut plus se permettre de remettre sa stabilité en question pour un petit bout de terre.
Indépendamment de ce qu’on peut penser de la légèreté de cette position qui dénote un esprit superficiel, peu au fait de la complexité des données régionales et internationales, sans parler des principes fondamentaux qu’elle bafoue, elle séduit des Libanais qui croient que si le Liban choisit la neutralité, il aura la paix.
Par lâcheté, par égoïsme, ils préfèrent se voiler les yeux pour ne pas voir les visées israéliennes sur leur pays. Et forcément, ils ne considèrent plus que le fait d’espionner pour "Israël" est un grand crime qui mérite la peine de mort.
Que l’on s’en souvienne en 2000, après la libération de la plus grande partie du territoire occupé, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer des peines légères pour ceux qui avaient intégré les rangs de l’ALS ou avaient collaboré avec "Israël".
Fort de sa victoire et voulant se montrer magnanime, le Hezbollah a tacitement accepté pour préserver l’unité nationale et surtout pour que la victoire soit celle de tous les Libanais, non celle d’une communauté. Les centaines d’anciens membres de l’Als ont ainsi été rapidement jugés et condamnés à un an ou au grand maximum trois ans de prison.
Cette politique qui avait sans doute des objectifs nobles a visiblement poussé les anciens collaborateurs et leurs proches à ne pas considérer que leur action était un crime et à ne pas faire leur propre autocritique. La collaboration avec "Israël" n’ayant pas été ouvertement condamnée et ayant pris une tournure confessionnelle, "Israël" a pu continuer à recruter ses espions, sans que ceux-ci n’aient le sentiment d’accomplir un crime grave puni par la peine capitale. Lorsque des figures politiques passent leur temps sur les chaînes de télévision à accuser le Hezbollah et à le dénigrer, le présentant comme l’ennemi de l’Etat et des institutions au Liban, comment empêcher les faibles de ne pas considérer qu’espionner pour "Israël" pourrait aider à briser le Hezbollah et aider en quelque sorte l’Etat sioniste? Les années passent et les Libanais restent en désaccord sur les questions fondamentales. Leur horizon confessionnel les empêchent de voir les véritables problèmes clairement. "Israël" a-t-il aidé les chrétiens? Ou les sunnites ou les chiites? Veut-il l’eau du Sud seulement, le gas au large du Sud? Non, il veut détruire le Liban pour qu’il reste le seul maître de la région. Une fois que les Libanais seront convaincus de ce fait, il n’y aura plus de débat sur la peine de mort aux espions.

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