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La Russie en Syrie: Les Causes à effets d’André Michel Chanclu

La Russie en Syrie: Les Causes à effets d’André Michel Chanclu
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   Par Eline Briant


La Russie et la France ont enclenché depuis près d’un mois des frappes aériennes sur le territoire syrien contre les terroristes de «Daech». Cependant, on remarque que les deux antagonistes n’ont ni le même procédé ni le même discours...  Entre propos belliqueux à l’encontre du président Bachar el Assad du côté du quai d’Orsay qui refuse de façon catégorique de l’inclure dans la solution de stabilisation et un soutien affiché au régime syrien chez les russes, quels sont les réels objectifs des deux parties et surtout quel avenir pour cette région du Moyen orient ensanglantée depuis bientôt cinq ans?

Pour tenter d’y répondre, voici l’interview exclusive du responsable du collectif France Russie, André Michel Chanclu:

1- Quels sont, selon vous les objectifs russes  à court, moyen et long terme dans cette intervention?
Les objectifs russes sont toujours très clairs pour ceux qui prennent le temps d’écouter le président Poutine et d’analyser ses interventions, il s’agit dans un premier temps, par cette opération de bombardements massifs sur des cibles sensibles, de permettre à l’armée syrienne de lancer une vaste attaque terrestre afin de désenclaver Damas et de permettre àLa Russie en Syrie: Les Causes à effets d’André Michel Chanclu
l’armée régulière de reprendre des zones qui avaient été abandonnées aux forces terroristes, notamment les puits de pétrole du Nord du pays.
A moyen terme, il s’agira d’éradiquer totalement «l’Etat Islamique» du Moyen-Orient avec l’aide des principaux alliés russes dans cette zone si tant est que cet objectif puisse être atteint sans être contrecarré par les forces occidentales.
Quant au long terme, il est clair que l’objectif de la Russie est d’instaurer une stabilité durable dans ce pays afin de pouvoir le reconstruire et reprendre les activités normales d’un pays normal».

2- Quelle nouvelle donne imaginer? Un monde tourné vers la Russie et l’Iran au détriment de l’Arabie Saoudite et d’«Israël»?
Les ficelles sont grosses, en effet, comment peut-on imaginer pour un esprit sain qu’ «Israël» puisse s’associer au régime saoudien dans cette lutte contre leurs ennemis communs qui sont Bachar Al Assad et l’Iran? Comment peut-on croire qu’ils puissent de cette manière «jouer» aux apprentis-sorciers et favoriser ainsi le développement exponentiel de cette force barbare des temps modernes? La Syrie est dans la «zone proche» sioniste c’est un fait, il était donc impérieux pour la survie de l’entité sioniste qu’une nouvelle donne soit mise en œuvre face à la notoriété grandissante du souverain syrien, les stratèges de Washington leur ont apporté la solution, la CIA a créé Al-Qaïda, créature nauséabonde imaginée par des cerveaux malades, depuis une série de métastases sont sorties de cette force démoniaque et cruelle, il était aisé de l’instrumentaliser, de lui proposer des cibles, le reste nous le connaissons aujourd’hui.
Face à cette réalité cruelle, une autre coalition s’est formée de manière naturelle, ces pays frappés les uns après les autres par les embargos et les sanctions occidentaux se sont rassemblés, c’était logique, d’autant plus logique que l’alliance ne date pas d’hier, mais la Russie est patiente, il a fallu de nombreux mois avant que l’intervention ne soit programmée, désormais, c’est irréversible, l’union entre la Russie, la Syrie de Bachar el-Assad, la République Islamique d’Iran et le Hezbollah libanais fait désormais partie d’une nouvelle coalition dont l’objectif premier est de permettre à cette région du monde de retrouver paix et stabilité.
 
3- Il semble donc logique que les pays où règnent chaos et barbarie  rejoignent  l’allié le plus puissant de la Russie dans la région, l’Iran. Dans le même temps, on peut prédire que l’équilibre des forces au Moyen-Orient sera également modifié au détriment des Etats-Unis, et «Israël», l’Arabie Saoudite et les autres califes féodaux du Golfe auront à craindre sur  les conséquences résultant de leur conduite dans le passé dans la déstabilisation du Moyen-Orient. Rejoignez-vous cette analyse?
Vous savez, ce qui prédomine pour de nombreux peuples c’est une très forte propension à oublier, je ne rejoindrai pas votre optimisme, je pense que les forces occidentales ont encore de belles journées d’influence néfaste dans cette région et dans le monde entier devant elles, nous avons affaire à des experts en manipulation des masses, des spécialistes en coups d’état, il est fort à parier que les scissions qui règnent au Moyen-Orient seront de nouveau avivées par les stratèges du chaos. «Israël» a tout intérêt à susciter de manière permanente un manque de cohésion du monde arabe en général, imaginez si un jour ils avaient face à eux un dirigeant fédérateur, reconnu de tous et résolument décidé à en terminer avec l’entité sioniste? C’est leur hantise permanente.
Un autre acteur fort saura toujours faire prévaloir sa prééminence, il s’agit de l’Arabie Saoudite, les saoudiens sont extrêmement puissants et ne sont pas prêts à abandonner leur leadership local.

4- L’Occident semble être pris de court  par cette intervention. Qu’en pensez-vous?
Il est vrai qu’en apparence l’occident a été pris de court par la décision russe, mais ne nous fions pas aux apparences, elles sont souvent trompeuses en matière de géopolitique, non, je crois réellement que ce qui s’est passé fait partie d’une logique, les forces occidentales ont certainement avoué secrètement à Vladimir Poutine leur désarroi dans cette crise et lui ont confirmé qu’ils avaient échoué, ne pouvant quitter le théâtre des combats ainsi, je pense qu’une demande a été formulée directement au président russe pour intervenir, la menace qui pèse sur la Russie est tellement forte, que le président russe n’a pas hésité. Damas était sur le point de tomber, les bases russes auraient été en extrêmes difficultés aussi la décision a été prise, d’ailleurs le Conseil de Sécurité de l’ONU a donné son aval à cette intervention, le reste, je crois est destiné à, comme on dit chez nous, «amuser la galerie». Il ne faut jamais oublier que nous sommes dirigés mondialement par des personnes qui manient le machiavélisme au quotidien et encore une fois qui sont experts en manipulation des masses.
Ceci dit, ça ne fait pas de la Russie une sorte de complice des forces occidentales, soyons clairs, la Russie, dans cette affaire intervient un peu comme un pompier, les autres en face ne sont que des pyromanes un peu fous.

5- Quel avenir politique pour l’Europe? Devra-t-elle se tourner vers la variante russe de stabilisation en Syrie qui limiterait l’afflux des réfugiés? Si oui, est-elle en mesure de le faire?
Les faits actuels ne plaident pas en faveur d’un rapprochement de l’Europe vers la Russie, malgré l’ancienneté des relations économico-culturels et d’amitié profonde qui résident, les forces atlantistes ont fait un véritable tir de barrage pour détruire ces liens séculaires. Le gouvernement actuel français a été particulièrement en pointe dans ce combat.
Le problème des réfugiés, là aussi est un faux problème pour les dirigeants européens, le patronat, globalement, appelle à un nouvel arrivage de ce prolétariat des temps modernes, une main-d’œuvre à bas coûts constitue, pour les dirigeants des multinationales, une parfaite réponse à la mondialisation imposée par eux, c’est cohérent, les quelques groupes nationalistes qui s’y opposent ne sont pas à la tête des pouvoirs européens et ne constituent donc pas une quelconque gêne dans leurs desseins.

6- A ce sujet,  La France semble miser sur l’Arabie Saoudite, alors que la plupart des pays occidentaux (USA en tête) semblent s’en désintéresser… Pourquoi selon vous? Connaissant les tensions avec les pays voisins, la France semble avoir choisi son camp, mais à quel prix?
Depuis de nombreuses années, la France vit une crise systémique grave qui est cachée par les médias aux ordres, la santé économique du pays est donc sous perfusion, l’Arabie Saoudite riche et puissante constitue un fournisseur privilégié, tout le monde sait que de nombreuses entreprises françaises ont ouvert leur capital aux saoudiens, tout le monde sait aussi que le patrimoine parisiens des beaux quartiers leur a été vendu  également, les liens entretenus entre les deux pays ne datent pas d’hier et sont renforcés par leur politiqueLa Russie en Syrie: Les Causes à effets d’André Michel Chanclu
commune basée sur un atlantisme pur et dur, même si le régime de Ryad a pris un peu de distance avec Washington et sur une volonté conjointes de renforcer les valeurs guerrières du sunnisme.

7- Quelle analyse portez-vous sur l’intervention française dans le ciel syrien?
Le gouvernement français a communiqué effectivement sur le sujet de frappes ciblées (avec quatre avions de chasse) sur des ressortissants français, ceci amène à se faire deux réflexions, la France a-t-elle attendu que la Russie rentre en scène et justifie de cette manière sa lutte contre «Daesh»?
Si on a de tels renseignements sur la position des terroristes, pourquoi ne pas avoir effectué cette opération plus tôt?
Une nouvelle fois, je crois que nous sommes au cœur de la communication élyséenne, qui consiste à faire croire tout en maintenant son allégeance atlantiste totale, pas un seul changement n'est à remarquer.
A l'approche d'élections importantes en France (Régionales) qui verront très certainement une large victoire du FN, le pouvoir nous prépare à d'autres effets d'annonce de ce genre, c'est une certitude. On rassure le bourgeois tout en continuant à alimenter les terroristes.

8- Que pensez-vous de cette annonce du gouvernement français selon laquelle une vingtaine d’extrémistes auraient été tués lors des frappes françaises en Syrie?
Là aussi, ne nous fondons pas sur ce qui peut sauter au yeux, je pense que cet afflux de jeunes des quartiers a été organisé puis promu par les Services spéciaux français, il plus confortable de voir ces personnes faire la guerre ailleurs et «se défouler» de toutes leurs frustrations sur d’autres théâtres moins périlleux pour la stabilité du pays, alors, l’annonce que la France bombarde des camps d’entraînement de «Daesh» et tue une vingtaine de terroristes français fait partie du discours de sécurisation des populations ambiantes, ainsi, on montre la fermeté d’un régime face à une barbarie (qui a été initiée par lui-même), comme je vous l’ai rappelé, n’oublions pas que nous baignons dans un monde dont le moteur principal est le machiavélisme le plus âpre.

9- Et la Chine alors? Peut-on envisager une intervention de Pékin? Si oui à quel niveau?
Elle est en train de s’armer activement en construisant des installations militaires partout en mer de Chine méridionale, donnant des signes d’impatience devant l’accaparement par les Américains du marché de l’Asie du sud-est (60 % de la population mondiale).
L’empire du Milieu est un cas particulier, les liens économiques russo-chinois sont forts c’est une évidence mais le régime chinois ne souhaite pas s’immiscer dans ces conflits qui ne le concernent pas de manière directe, même si, dans un souci d’équilibre les chinois voient d’un mauvais œil l’hégémonie américaine se développer au Moyen-Orient ce qui leur importe le plus est de ne pas voir de navires américains battre pavillon en mer de Chine.
La seule inconnue réside dans la réalisation d’un vieux rêve: la reconstitution de la Route de la Soie, vaste projet qui permettra ainsi à l’Eurasie de créer un poumon économique fort destiné à s’ouvrir vers l’Europe toute entière. Si ce projet venait à être contrarié par les forces atlantistes, je crois que la Chine aurait là une raison pour se joindre à la coalition animée par la Russie.

10- La Russie a d’ores et déjà annoncé de nouvelles frappes et plus d’intensité encore. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère pour la Syrie et les pays voisins? Plus de 30000 extrémistes seraient sur son sol. Est-ce véritablement possible d’éradiquer «Daech»?
Cette question restera sans réponse pour le moment. Un fait est certain, la Russie met les gros moyens pour aider le régime syrien à sortir de ce mauvais pas, l’expérience russe au sein d’un tel conflit n’a pas été franchement glorieuse par le passé, nombreux sont les observateurs qui se souviennent de l’Afghanistan qui a été catastrophique à plus d’un titre pour l’Union Soviétique (ce fut sans doute une des raisons de sa chute, d’après moi), ce qui prédomine dans un tel conflit c’est le moral du peuple qui doit être derrière son dirigeant. Aujourd’hui, c’est le cas, mais, espérons qu’il n’y ait pas une aide souterraine de certains pays qui auraient tout intérêt à voir la Russie vaincue, il existe des systèmes d’armes performants notamment entre les mains des israéliens et des américains qui pourraient permettre aux terroristes de détruire les avions et hélicoptères russes (comme ce fut le cas en Afghanistan lorsque les talibans reçurent en dotation des missiles Sting directement des Etats-Unis), nous verrons donc, assez rapidement si ma thèse reposant sur une demande explicite des occidentaux auprès des russes pour une intervention rapide est fondée, ou non ….
Quant à éradiquer «Daech», je pense que la réponse en revient à ses créateurs, tant que «Daech» sera «utile», je crois que personne ne pourra faire disparaître la structure qui peut rester dormante pendant plusieurs années.

11- Cette décision russe peut-elle engendrer en France, plus de marginalisation de l’influent voisin iranien et du Hezbollah au Liban?
La marginalisation nous la vivons en Europe, le mainstream a dès avant le premier bombardement russe en Syrie inventé des frappes imaginaires sur des civils et plus particulièrement sur des enfants, ils en ont encore plein leur besace des mensonges de ce type et ne s’en priveront pas.
L’Iran est perçu par le français moyen comme un pays très lointain, rétrograde et coupé de tout, il est donc facile de le marginaliser, quant au Hezbollah libanais, pour l’homme de la rue, c’est une nébuleuse qui lui est encore plus lointaine ennemie d’«Israël» donc peu recommandable. vous le voyez, tous les ingrédients sont réunis pour que cette coalition ne soit pas perçue ici, en France, comme recommandable.

12- Vous qui êtes le «Grand Patron» du Collectif France Russie, avez-vous pu sonder l’opinion publique sur le sujet? Si oui, qu’en est-il ressorti? Les français sont de quels bords?
Les français, mis à part quelques exceptions, ne sont pas franchement impliqués dans cette affaire et voient tout ceci de manière très lointaine comme je vous l’ai rappelé, les médias ont joué un rôle important pour développer un climat de peur de manière très ponctuelle, notamment lors de l’affaire de Charlie Hebdo, mais outre la propagande et la désinformation qui plane sur ces faits de terrorisme extrêmement ciblés, les français savent que tout ceci se passe en dehors de leurs frontières et loin de leurs foyers, ils ne se sentent pas concernés. Tant que le terrorisme ne s’abat pas sur leurs familles et leurs petites vies bien réglées, ils continueront à partir en vacances et à consommer.
Le Collectif France Russie, qui existe depuis 2008 a, depuis tout ce temps, été une sorte d’aiguillon ou de veilleur permanent.
Jusqu’à présent notre soutien à la politique de Vladimir Poutine n’a pas été déçu, son action est fidèle à ses engagements et nous souhaiterions avoir un  tel dirigeant pour notre pays, mais comme disent certains «On a les dirigeants qu’on mérite», n’est-ce pas?

Source: french.alahednews

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