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Discours à l’occasion de l’anniversaire de la fête de la Résistance et de libération

Discours à l’occasion de l’anniversaire de la fête de la Résistance et de libération
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Je voudrais au début de ce discours vous souhaiter la bienvenue en cette journée glorieuse. Vous avez pris la peine de venir sur place et d'attendre sous le soleil dans cette ville bénie à Nabatiyé sur la place de Achoura. Nous savons tous ce que représentent cette ville et cette place pour la résistance, dès ses premiers jours. Mais permettez-moi avant d'entrer dans le vif de notre sujet d'aujourd'hui qui concerne la célébration de l'anniversaire de la libération le 25 mai 2000, de présenter mes sincères condoléances aux familles simples et sincères, victimes de l'injustice dans la ville de Kodeih à Katif, à cause de l'explosion barbare qui a visé des fidèles en train de prier à la mosquée de l'imam Ali. Nous voulons donc leur exprimer notre profonde sympathie et prier pour que leurs blessés guérissent et nous demandons à Dieu de les protéger face au danger qui les menace.

Chers frères et sœurs, c'est aujourd'hui la fête de votre victoire. La victoire du sang sur l'épée. Je vous souhaite à tous, ainsi qu'à tous les Libanais, les Arabes, les musulmans et les personnes libres dans le monde, une bonne fête de la victoire qui coïncide cette année avec d'autres fêtes religieuses. Je tiens aussi à fêter en particulier ceux que Dieu a préférés, les martyrs, les blessés et leurs familles, ainsi que les otages et leurs familles, les résistants et leurs familles et tous nos proches et partisans, tout notre peuple qui a résisté, subi l'exode, les destructions et les bombardements pendant de longues années. Je voudrais aussi fêter ceux qui ont mené ce parcours victorieux, depuis l'imam disparu et chéri Moussa Sadr - que Dieu le ramène avec ses compagnons- au chef martyr sayed Abbas Moussawi, au chef martyr Imad Moghnié, à notre cheikh Ragheb Harb et à tous ceux qui ont porté les armes et qui ont aidé ceux qui ont porté les armes, aux amis fidèles la République islamique d'Iran, commandement et peuple et la République arabe syrienne, commandement et peuple.

Je voudrais, pour commencer revenir sur cette période d'abord pour profiter de cette expérience - d'autant que ce que nous vivons aujourd'hui montre que l'Histoire se répète, mais sous des titres et des noms différents et ensuite pour la faire connaître aux jeunes générations nées dans les années 80 et 90, et qui ne savent donc pas ce qui s'est passé, même si aujourd'hui, ils assument avec nous les responsabilités. Ils doivent donc profiter eux aussi de cette expérience face aux défis actuels.

Premièrement, lorsque l'invasion israélienne a eu lieu en 1982, les Libanais étaient divisés sur la compréhension et le diagnostic de l'événement.

Je vais dire les choses comme elles sont sans toutefois citer des noms, juste pour tirer les leçons. Dès le début, une partie des Libanais avait donc une compréhension réelle et un diagnostic juste sur le danger israélien et le projet sioniste. Ils n'ont donc pas cru les objectifs et les justifications avancées. Malheureusement, d'autres Libanais étaient sur une longueur d'onde différente. Certains Libanais misaient même sur l'invasion israélienne, ils coopéraient avec elle sur le plan sécuritaire et politique. Ils entraient avec les soldats israéliens dans les zones qu'ils occupaient, dressaient des barrages et participaient aux rafles. En réalité, ceux-là étaient partie prenante d'un même projet. Certains d'entre eux ont même poursuivi cette collaboration dans la bande frontalière occupée jusqu'au 25 mai 2000. Une autre partie des Libanais ne voyait pas que l'invasion israélienne était un problème, mais elle n'a pas collaboré avec elle. Encore une autre partie était totalement indifférente à ce qui se passait. Elle ne se sentait pas concernée ni par l'existence de dangers ni par leur disparition. Cette partie ne voyait que ses propres problèmes et ne s'occupait de rien d'autre.

Mais l'autre moitié des Libanais est celle qui était consciente et qui a pris une option claire. Elle avait compris l'ensemble du projet et le danger que représentaient l'invasion israélienne et le projet sioniste. C'est sur la base de cette conscience, elle a adopté une décision qui repose sur la volonté et cette attitude s'est traduite par une résistance sur tous les plans. Il y avait encore une partie des Libanais qui partageait le point de vue de cette résistance, sans toutefois agir, car elle croyait que rien ne pouvait être fait, en tout cas qu'elle ne pouvait rien faire et que le jeu était terminé. Quant à ceux qui ont cru dans la résistance et qui ont adopté cette voie, ils croyaient aussi dans la victoire et que rien n'était encore joué. Ils étaient convaincus que la volonté des gens pouvait changer les choses. C'est donc de là qu'a été lancée la résistance, de Beyrouth, la capitale, de la banlieue, du Mont-Liban, de Saïda jusqu'à tout le Sud, la Békaa ouest et Rachaya et elle a continué.

Deuxièmement, depuis le début de la résistance, les Libanais ont été aussi divisés politiquement et médiatiquement, autrement dit dans les positions politiques et dans les médias qui rapportaient ces positions.

Je voudrais à ce stade que vous évoquiez ce qui se passe aujourd'hui. Certains considéraient les Israéliens comme des amis ou des alliés et même allaient jusqu'à les considérer comme les sauveteurs. Ceux-là cherchaient toujours à trouver des justifications aux agressions israéliennes contre le Liban et contre les camps palestiniens. Ils disaient ainsi que ce que faisaient «les Israéliens injustement traités» s'inscrivait dans le cadre de la riposte et de la réaction. Certaines positions avaient depuis le début douté de la résistance et de l'efficacité de son action et cherchaient à minimiser ses réalisations, tout en amplifiant ses pertes et ses martyrs.

Certains mettaient encore en doute le nationalisme de la résistance et l'accusait d'être à la solde de la Syrie et de l'Iran. Ils assuraient même une couverture à l'armée d'Antoine Lahad et son groupe de collabos, avaient des sympathies pour eux et les défendait. Mais en face, il y avait aussi des gens qui appuyaient la résistance, politiquement, médiatiquement et populairement. Ils la défendaient et misaient sur elle. C'était donc cela le paysage politique qui a commencé en juin 1982 et a duré jusqu'à la victoire de 2000.

Sur la base de son diagnostic et grâce à une décision volontaire, la résistance a été lancée dans toutes ses factions. Il y avait ainsi Amal, le Hezbollah et d'autres forces islamiques, des forces et des partis nationaux réunis dans le cadre du front de la résistance nationale. Il y avait aussi à leurs côtés, les factions de la résistance palestinienne présentes au Liban. Toutes ces forces ont réussi en trois ans à faire subir à l'ennemi une défaite, en dépit de ses cent mille soldats engagés au Liban, aidés par les forces multinationales et par les milliers- hélas il faut le dire- de collabos libanais. L'ennemi a donc été contraint à se retirer de Beyrouth, de sa banlieue, de la montagne, de la ligne côtière jusqu'à Saïda, Tyr et Nabatiyé et une partie de la Békaa ouest, jusqu'à ce qui a été appelé la bande frontalière à partir de 1985. A travers cette première victoire, la résistance a montré sa capacité à remporter des victoires et à libérer le territoire.

Malgré cela, l'autre partie des Libanais a continué à douter, à hésiter, à frapper dans le dos la résistance jusqu'à la libération en 2000. Au cours des 15 ans entre 1985 et 2000, la résistance a eu beaucoup de martyrs. Il y a eu beaucoup de sang, de massacres, des confrontations importantes comme en juillet 1993 et en avril 1996... jusqu'à arriver à mai 2000, lorsque les Israéliens se sont retirés sans la moindre contrepartie, tête basse. Il s'agissait d'une victoire claire, éclatante et pure. Elle a été réalisée par une partie des Libanais, avec la bénédiction divine. Je voudrais souligner l'expression «une partie des Libanais». Ce groupe de Libanais qui bénéficiait de l'appui de l'Iran et de la Syrie seulement et qui a beaucoup souffert pour atteindre la libération, qui a eu des otages, des malheurs, essuyé des massacres, eu des blessés, supporté la torture, la perte des biens et des maisons, souhaitait depuis le début offrir sa victoire à tous les Libanais. Depuis le début, en 1982, la résistance considérait qu'elle se battait pour tout le Liban, pour tous les Libanais et pour toutes les régions. Elle voulait défendre la dignité de tout le Liban, des Libanais, des Arabes, des musulmans et de tous les hommes libres dans le monde. Au final, ceux qui ont profité de la victoire de 2000, ce sont justement tous les Libanais. Je ne veux pas faire de la théorie et de l'analyse. Les terres, les maisons, les biens ne sont-ils pas revenus à leurs propriétaires en 2000, exceptées les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba, ainsi qu'une partie du village de Ghajar ? Les fils ne sont-ils pas revenus dans leurs familles et ne s'y sentent-ils pas en sécurité, protégés par la fameuse équation : armée-peuple-résistance ? Cette équation a établi une force de dissuasion qui empêche l'ennemi de lancer de nouvelles offensives. Et cette équation a commencé en 1993, s'est développée en 1996 et 2000 et s'est consolidée en juillet 2006. Cette équation a modifié le regard porté sur le Liban dans la région. L'ennemi a compris a claquant la porte de Fatima qu'il n'avait pas de place dans ce pays, même si ses visées existent encore, ainsi que des menaces. Mais n'a-t-on pas entendu ces derniers jours, Ehud Barak défendre son choix en 2000 de retirer sans conditions ses troupes du Liban ? Il a donc déclaré : «rester dans la bande frontalière était devenu inutile car trop coûteux. Nous n'avions plus d'autre choix que le retrait».

Je voudrais aussi rappeler que la résistance après sa victoire s'est comportée avec les anciens collabos dans l'ex bande frontalière avec une morale rarement égalée. Elle a donné ainsi un exemple civilisé, croyant, musulman, national et moral. Malgré cela, certains cherchent aujourd'hui à comparer cette résistance à «Daech».

Aujourd'hui la question qui se pose est la suivante : si en 1982, ce groupe de jeunes n'avaient pas vu juste et eu la détermination nécessaire pour agir, où serions-nous aujourd'hui ? Que serait devenu le Sud, la Békaa etc ? Les Israéliens se seraient étendus dans tout le Liban, sans la résistance et quel aurait été le sort de la région qui nous entoure ? Où seraient aujourd'hui de nombreux Libanais ? Il faut imaginer cette situation pour comprendre l'importance de ce bienfait divin pour notre peuple et pour notre pays qu'a été la résistance qui leur a donné la dignité et la libération.

Lorsque nous regardons les yeux des Libanais, même ceux qui habitent le long de la frontière, nous lisons en eux la tranquillité, la sécurité et la sérénité. Lorsque nous regardons leurs cœurs, nous y voyons une grande confiance dans leur capacité à freiner les ardeurs de l'ennemi, à couper les mains de l'agresseur et mettre en échec ses ambitions. Il faut donc se rappeler que le bien être dans lequel nous vivons aujourd'hui n'aurait pas pu être si ce groupe de Libanais n'avait pas en 1982 eu une justesse dans la vision et une grande détermination à lutter. Nous devons préserver cette justesse de la vision et cette détermination si nous voulons continuer à bénéficier de cette tranquillité et mettre en échec les ambitions et les visées de l'ennemi. Depuis le début, ce choix était donc le bon.

Ce groupe qui a pris cette option n'avait pas attendu la Ligue arabe, ni l'Organisation islamique, ni le Conseil de sécurité, ni l'Onu, ni l'Amérique, ni l'Europe, ni l'Occident. Il a compté sur sa propre foi, sa force, sa détermination, ses héros, ses femmes et l'aide de ses amis, l'Iran et la Syrie. Ce groupe a lancé ses premières opérations de résistance qui ont frappé l'ennemi et ont détruit sa confiance dans ses capacités et dans sa propre armée.

Chers frères et sœurs, l'Histoire se répète aujourd'hui, sous d'autres noms et avec de nouveaux titres. Le projet qui menace la région, ses peuples, ses armées et ses Etats, c'est le projet takfiriste égorgeur et barbare que nous voyons actuellement.

Regardez le chemin accompli en ces quatre dernières années. Si nous avions dit il y a quatre ans, faites attention à ces groupes et à leur projet barbare, on nous aurait dit : vous faites des procès d'intention.

Jugeons désormais les faits. Voyons ce qui se passe en Syrie, en Irak, au Sinaï, au Yémen et même en Arabie à Katif.

Prenons le principal exemple de cette pensée, Daech et bien sûr, Nosra lui ressemble, car ces deux groupes sont affiliés à Al Qaëda. Voyons donc Daech. Nous sommes face à un projet qui se développe sur le terrain. Il ne s'agit plus de procès d'intention, mais de faits. Il tue, égorge, viole. On parle de 400 martyrs et victimes à Palmyre, tués dans les pires des conditions simplement parce qu'ils étaient accusés de coopérer avec les institutions de l'Etat. Ce projet détruit tout ce qui raconte une civilisation et il n'a pas la moindre parcelle d'humanité. Daech n'est plus aujourd'hui un petit groupe isolé dans un coin précis. Il s'étend et si on ne parle que de ceux qui lui ont prêté officiellement allégeance, il occupe une grande superficie en Syrie et en Irak. Il est présent au Sinaï, à la frontière de la Palestine occupée où il combat les Egyptiens. Il se trouve aussi au Yémen, en Afghanistan, au Pakistan, dans le Nord de l'Afrique en Libye et au Nigéria (Boko Haram lui a prêté allégeance). Hier, il a même montré son existence à Katif en Arabie et il peut se trouver partout ailleurs, ayant des adeptes cachés.

Al Nosra par exemple, partage son idéologie, mais la différence est qu'elle a une identité syrienne. Il s'agit en fait de la branche syrienne d'Al Qaëda, même si on cherche aujourd'hui à redorer son blason, en lui donnant le nom de « l'armée du Fateh ». Or, une telle armée n'existe pas. C'est l'autre nom d'Al Nosra qui est la branche syrienne d'Al Qaëda pour que personne ne soit dupe.

Après cet exposé, que devons-nous faire ? Quelles sont nos responsabilités, nous Libanais, car à la fin du discours je reviendrai à la scène libanaise.

Premièrement, en nous basant sur l'expérience du passé, nous devons prendre conscience du danger et bien le comprendre. Malheureusement, il y a encore au Liban, en Syrie, en Irak et dans la région, des gens qui enfouissent leurs têtes dans le sable et qui vivent dans le déni, affirmant qu'il n'y a pas de danger et que la région est tranquille. Certains continuent de rester neutres dans cette confrontation, alors que d'autres hélas, continuent de miser sur les groupes takfiristes, considérant qu'ils pourraient être des alliés et des sauveteurs, exactement comme c'était le cas par rapport à Israël en 1982.

Nous sommes aujourd'hui face à un grave danger. Dans le passé, les armées venaient, occupaient les territoires, contrôlaient les gens, le pouvoir, l'argent, les ressources, les décisions politiques, les marchés. Mais ces armées occupantes n'avaient pas de problème à ce que les gens continuent de vivre dans les espaces occupés. Elles les gardaient en vie, dans leur diversité confessionnelle. Mais aujourd'hui, nous sommes devant un modèle qui n'a pas son pareil dans l'Histoire. Croyez- moi. Ce modèle menace tous les autres existants. Il ne tolère pas la différence, ni les autres modèles humains. Pour ne pas faire de la théorie, parlons des faits. Qu'a donc fait Daech des sunnites qui ne partagent pas sa vision ou qui ne coopèrent pas avec elle ? Même ceux qui ont collaboré avec elle mais ont refusé de prêter allégeance au Calife n'ont pas été épargnés. Qu'a-t-elle fait à Mossoul, à Anbar et à Ramadi ? Nous savons tous ce que cette organisation a fait. Qu'a-t-elle fait aux chiites, aux Yazidites et aux chrétiens ? Ces barbares ne font aucune distinction entre les ethnies, arabes, kurdes, turkmènes, tous y passent. Les massacres sont des faits et les égorgements se poursuivent, même au moment où je vous parle.

Même chose en Syrie, sunnites, chrétiens, alaouites, ismaélites, druzes, tous sont tués. Ce sont celles-là les dernières informations en provenance de Palmyre, des tueries et encore des tueries. Même entre eux, ils s'entretuent. Ce fut le cas d'Al Nosra et de Daech au Qalamoun, bien qu'ayant la même idéologie, ils ne se sont pas supportés et ils ont entrepris de s'éliminer l'un l'autre. Ils n'ont pas de logique, ni de raison. Au lieu de s'unir contre l'armée syrienne et la résistance, ils se battent entre eux. Certes, je ne leur conseille pas de s'unir, mais je me contente de décrire les faits. Lorsqu'ils se battent entre eux, ils ne font pas de prisonniers. Ils ne font pas de procès. J eme base sur leurs propres communiqués pour dire cela. Plus même, ils ne tuent pas par balles. Ils égorgent. C'est leur slogan et leur mode de conduite.

Nous faisons aujourd'hui face à un projet, à des groupes et à une menace qui ne tolère pas la présence des autres. Je l'ai déjà dit dans de précédents discours et je le répète : il est faux de prétendre qu'il s'agit d'une situation sunnite face à une situation chiite ou d'une situation sunnite face aux chrétiens, ou encore d'une situation sunnite face aux autres confessions et orientations religieuses. Pas du tout. Il s'agit d'une situation barbare, takfiriste qui fait face à tous les peuples de la région. Ce groupe ne tolère que ceux qui acceptent d'adopter son mode de vie et prête allégeance à son calife par la force des armes. C'est naturellement possible uniquement pour les sunnites et c'est là leur seul avantage par rapport aux autres. Le sunnite qui accepte ces conditions peut rester vivant mais ce n'est même pas sûr. Car de nombreux sunnites n'en sont pas sortis indemnes. Quant aux autres, il est clair qu'ils n'ont aucune place chez ces groupes.

Après cet exposé, il y a encore des gens qui disent : Daech et Nosra veulent le changement. Ils constituent une réaction aux régimes et aux dictatures. On peut donc analyser les causes de ce phénomène. Mais une fois que l'on en arrive à ses objectifs, ses agissements et aux résultats de son action, il faut alors prendre position. Tout le monde doit se sentir en danger. Il ne s'agit pas d'une menace contre la résistance au Liban ou contre une confession précise. Il ne s'agit pas d'une menace contre le régime syrien ou contre le gouvernement irakien, ou encore contre un groupe au Yémen. Non, il s'agit d'une menace contre tout le monde. Que nul n'en fouisse sa tête dans le sable. Voilà les réalités, les données et les chiffres.

Nous en arrivons aux options qui s'offrent à nous. La première option doit être écartée car elle est illusoire. Il s'agit de dire on va fermer les yeux sur Daech et Nosra et si un jour, à Dieu ne plaise, ils remportent la victoire dans un lieu, ils fermeront à leur tour leurs yeux sur nous. Les faits montrent le contraire.

De même, certains groupes croient que s'ils qualifient Daech et Nosra de révolutionnaires, de moujahidins et de militants, de combattants pour la liberté et s'ils les appuient médiatiquement et politiquement, cela les protégeraient si Daceh et Nosra devaient remporter des victoires quelque part. Là aussi, les faits disent le contraire : en Irak, à Mossoul, à Anbar et à Salaheddine, certains groupes ont combattu aux côtés de Daech. Mais lorsque ce groupe a pris le contrôle de la région, il leur a demandé de lui prêter allégeance. Ceux qui ont refusé ont été égorgés, qu'ils soient des chefs de tribus, des ulémas ou de simples citoyens. Leurs biens ont été confisqués ainsi que leurs femmes et pourtant ils avaient combattu aux côtés de Daech contre l'armée irakienne. Ceux qui, au MLiban, croient donc qu'en ménageant Daech et en faisant son éloge, ils protègent leurs groupes et leurs partisans se font des illusions.

D'ailleurs, il faut lire les communiqués de Daech et Nosra comment ils se qualifient les uns les autres. Ils se lancent des accusations de traîtrise et appellent à s'entretuer, sans procès. Mais même s'il y avait des procès, les juges chez eux sont ignorants. Ils ne connaissent ni la charia ni la jurisprudence.

C'est pourquoi je conseille à ceux qui misent sur ces groupes, qui se taisent ou qui les appuient, de revoir leurs calculs. Je leur dis même plus : ils seront les premières victimes de Daech et Nosra. Je le dis en toute amitié et fraternité. Pour que les choses soient claires. Les premières victimes de Daech et Nosra au Liban, ce seront les membres du Courant du Futur. Je ne le dis pas pour effrayer les gens. Mais il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Je voudrais demander aux chrétiens du Liban : les positions de telle ou telle autre personnalité du 14 Mars constituent-elles une garantie sérieuse et vous protègeront-elles de l'égorgement ? Protègeront-elles vos biens et vos femmes ? Ces personnalités constituent-elles réellement une garantie avec ces groupes barbares ? Qui peut fournir une garantie avec ceux-là ? La question s'adresse aux Libanais, aux Syriens, aux Irakiens, aux peuples de la région et à tous nos frères et nos amis, alaouites, druzes, ismaélites, yazidites et à ceux qui appartiennent à toutes les confessions et même aux laïcs...Qui peut prétendre avoir une garantie ? Ces groupes ont-ils une parole ? C'est une question qui vient du cœur et qui s'adresse au cœur. Elle vient aussi de la raison et s'adresse à la raison. Il faut sortir des polémiques, des rodomontades et du parler pour parler. Il faut être responsable.

Il ne faut donc pas rester les bras croisés et se contenter d'attendre la suite des événements. Il faut examiner les possibilités offertes. Dans ce cas, le silence ne protège pas.

Dans les choix possibles, certains cherchent la protection américaine. Je ne vais pas faire ici de l'analyse, ni revenir sur l'histoire des Etats-Unis et sur leur projet, comment ils manipulent tous les pays de la région, notamment ceux du Golfe, pour vendre leurs armes et faire tourner leurs usines, comment ils pillent nos ressources, nous déchirent et nous divisent. Mettons tout cela de côté.

Prenons l'exemple de l'Irak. Dans quelques jours, cela fera un an que Daech a pris Mossoul, une grande province, bien plus grande que le Liban. Daech a aussi pris la province de Salaheddine, de Diala et des parties des provinces de Kirkouk, d'Erbil et de Anbar. Daech menace aussi Bagdad. Les Etats-Unis ont formé une coalition qu'ils président pour la combattre. Qu'ont-ils fait en un an ?

Nous ne voulons pas parler politique ou mener une discussion théorique ou idéologique, ni faire des procès d'intentions. Restons-en aux faits. Qu'a donc fait la coalition en un an ? A-t-elle chassé Daech ? A-t-elle brisé cette organisation ? Tout le monde sait, les Irakiens savent que Daech se déplace avec ses véhicules, ses armes et ses effectifs, d'une ville à l'autre, d'une province à l'autre, de l'Irak à la Syrie, sous les yeux des Américains. A ceux qui misent sur les Américains, je dis qu'en un an, non seulement Mossoul n'a pas été reconquise, mais Ramadi a été perdue. Mais les Irakiens qui n'ont pas attendu les Américains ont réussi, par leurs efforts, leur volonté, leurs forces populaires et grâce aux appels de leurs autorités religieuses, à reconquérir Diala et une grande partie de la province de Salaheddine. Ils ont aussi réussi à stopper l'avancée de Daech. Autrement dit ceux qui misent sur les Américains n'obtiennent pas de résultats.

Il y a ensuite ceux qui misent sur la Ligue arabe. Ils disent : pourquoi vous fatiguer ? il y a maintenant une Force arabe commune. Nous sommes à l'ère de la Tempête de la fermeté, qui va protéger le Liban et les peuples de la région. Etrange approche !

Qui appuie Daech et Nosra sur le plan médiatique et au niveau de la pensée ? Sur les chaînes satellitaires de la « tempête de la fermeté », il y a un appui clair de Daech, dont les victoires sont applaudies. Qui fournit d'ailleurs à Daech et Nosra de l'argent et des armes officiellement et officieusement ? Qui achète leur pétrole ? Ceux-là-même sur qui nous comptons pour nous protéger !

La troisième option est que les peuples de la région, les Irakiens, les Syriens, les Libanais, les Yéménites et les autres comptent sur eux-mêmes. Ils doivent croire en eux-mêmes, d'aider et collaborer entre eux, tout en essayant de trouver des alliés et des amis réels et sincères pour les aider. A la tête des amis et alliés sincères, il y a la République islamique d'Iran. Ils doivent aussi savoir qu'avec la détermination et la volonté, ils peuvent vaincre le projet takfiriste et barbare. Ces groupes ne sont pas plus forts qu'Israël. Ils ne sont pas plus forts que les Etats-Unis. Pourtant les mouvements de résistance dans la région ont réussi à vaincre le projet israélien et le projet américain dans la région. Ce qui joue négativement dans le cas précis, ce sont les hésitations, les doutes, le vide et la désinformation. Nous devons dépasser cette étape, compter sur nos forces nationales, sur nos jeunes et nos armées. Nous devons surmonter nos conflits entre nous et entre nos pays, car il s'agit d'une bataille existentielle, pour l'Irak et son peuple, pour la Syrie et son peuple, pour le Liban et son peuple etc.

Quand il y a des batailles existentielles, les autres doivent être reportées, ainsi que les intérêts, les privilèges, les réformes et la démocratie. Dans tous les pays du monde, lorsqu'il y a une bataille existentielle, l'opposition fait taire ses revendications et coopère avec le gouvernement et l'appuie dans ses choix. N'est-ce pas ?

Aujourd'hui, notre région, nos Etats et nos peuples affrontent une véritable bataille existentielle. Sur la base de tout ce développement, je dis donc ceci :

Il faut que cela se traduise par des prises de position.

1-Nous appelons tout le monde, au Liban et dans la région, à assumer leurs responsabilités face à cette menace. Il faut en finir avec les hésitations, le doute et la neutralité, sans parler de l'appui.
Je sais que certains ont des calculs différents. Au Liban, par exemple, le 14 Mars a un problème avec le régime syrien. Mais aujourd'hui en Syrie, il y a d'un côté le régime et le président Bachar et l'armée et de l'autre, Daech et Nosra. Vos amis de la coalition nationale de l'opposition peuvent-ils venir s'installer dans les régions contrôlées par Daech et Nosra ? Peuvent-ils fournir des garanties auprès de ces groupes ? Ils misent sur la chute du régime de Bachar Assad parce qu'ils craignent sa victoire et ils placent leurs espoirs en Daech et Nosra, mais c'est de ceux-là qu'ils devraient avoir peur. Pendant la guerre de 2006, certaines voix s'étaient élevées pour exprimer leurs craintes si le Hezbollah devait gagner. Ils avaient senti que le Hezbollah pouvait remporter cette guerre et ils en avaient peur. Je leur avais répondu par le biais de la télévision, car nous étions en guerre : ne craignez pas la victoire du Hezbollah. Aujourd'hui, je dis : vous devez craindre la victoire des groupes takfiristes. Ne craignez pas la victoire des autres.
Je parle avec réalisme. Si le régime syrien et ceux qui l'appuient gagnent en Syrie, nous serons la garantie pour les Libanais, la résistance et des leaders politiques et autres sont suffisamment considérés par le commandement syrien pour constituer une garantie pour le Liban. Mais si je pose la question inverse, c'est-à-dire si à Dieu ne plaise, les groupes takfiristes venaient à gagner en Syrie avez-vous des garanties pour vous-mêmes avant de fournir des garanties aux Libanais ? J'espère obtenir un jour une réponse à cette question.

2-Il est faux de présenter la bataille qui se déroule le long de la frontière libano-syrienne et dans le jurd de Ersal comme la bataille du Hezbollah dans laquelle il veut entraîner l'Etat et l'armée. C'est la bataille du Liban. Sur cette base, l'Etat doit assumer ses responsabilités. Nous ne voulons pas l'entraîner dans une bataille. Nous voulons simplement qu'il assume ses responsabilités dans la défense de sa terre, de sa souveraineté, de son pays et de son pays. Il ne doit pas éviter d'assumer cette responsabilité.

3-La bataille du jurd du Qalamoun se poursuit et si Dieu le veut, l'armée syrienne, les forces populaires et la résistance parviendront à les sécuriser totalement.

4-Il restera le problème du jurd de Ersal, car pratiquement, tout le jurd libanais est désormais hors du contrôle des groupes armés, sauf celui de Ersal. Au sujet de la bourgade de Ersal, je voudrais dire, comme je l'avais dit dans le passé, lorsque les voitures piégées venaient de Ersal conduites par des habitants et des habitantes de Ersal ( qui sont maintenant en prison et qui sont jugés par la justice libanaise) : vous êtes nos frères, nos familles et une partie chère de notre peuple.

Sur ce sujet donc, il n'y a pas de surenchère possible. Nous n'accepterons pas qu'il leur arrive quoique que ce soit de mal, ni qu'ils soient victimes d'un acte irresponsable. A cet égard, je voudrais aussi saluer les habitants de Baalbeck et Hermel pour leur retenue et leur sens des responsabilités sachant que des certains groupes takfiristes, dont des habitants de Ersal, avaient tués des jeunes appartenant aux tribus de Baalbeck et Hermel. Et il n'y a pas eu de réaction contre les habitants de Ersal. Les habitants de Baalbeck et Hermel ont ainsi eu un comportement responsable et moral à l'égard de ceux qui envoyaient des voitures piégées et voulaient tuer les femmes et les enfants. On dit aujourd'hui Ersal est la responsabilité de l'Etat. Nous disons aussi la même chose. Que l'Etat assume donc ses responsabilités. Le ministre de l'Intérieur dit : Ersal est occupée par les groupes armés. Le ministre membre du Courant du Futur dit cela. Sauf si vous n'êtes pas de son avis et si vous considérez qu'il avance une opinion personnelle, il faut donc que l'Etat reprenne le contrôle de cette bourgade occupée par les groupes armés, qui enlèvent, volent, tuent et ont même installé des tribunaux pour Daech et Nosra. Ils jugent et tuent sur une nourriture ou une parole. Tout le monde le sait. Venez donc assumer vos responsabilités et prouvez que vous êtes réellement un Etat responsable, soucieux de son peuple, de sa terre, de sa décision et de sa souveraineté. N'évitez pas de discuter le sujet. Il y a un Conseil des ministres. Certains blocs ministériels insistent pour qu'il y ait un débat sur ce sujet au Conseil des ministres. Le plus simple est donc d'accepter ce débat. Si vous estimez que le sujet ne mérite pas un débat, alors prenez la décision, sachant - et mes informations sont sûres- que la majorité absolue des habitants de Ersal a revu ses positions à l'égard des groupes armés et les perçoit désormais comme un poids. Ces habitants ont besoin d'aide mais c'est l'Etat qui doit assumer ses responsabilités. Je conseille donc à tout le monde de laisser le sort de Ersal et de ses habitants en dehors des surenchères confessionnelles. Nul n'a intérêt à cela. En ce qui nous concerne, cela ne change rien à la situation. Dites ce que vous voulez. (Ils nous lancent des accusations, mais ils le font depuis longtemps). Mais il serait préférable d'arrêter les surenchères.

Au sujet du jurd de Ersal, je dois dire en toute franchise que nos proches nobles et courageux à Baalbeck et Hermel n'accepteront pas qu'il reste un seul terroriste dans le jurd de Ersal et dans le jurd de la Békaa. J'avais dit la même chose il y a deux ans, à partir de Machghara au sujet de la bataille de Qousseyr. Faites les interprétations que vous voulez, cela ne changera rien aux faits. C'est une première décision qui protège les habitants de Ersal pour qu'ils puissent aller dans leur jurd, leurs champs, leurs fermes et leurs carrières devenues inaccessibles à cause des éléments armés.

4-En cette fête de la libération et de la résistance, nous déclarions notre attachement à l'équation en or : armée-peuple-résistance. Cette équation qui a donné les victoires de 2000 et de 2006 protège aujourd'hui le Liban, face à Israël et face à la menace takfiriste. Ceux qui ont été tués dans la confrontation avec Israël, ce sont des soldats et officiers de l'armée, des combattants de la résistance et des citoyens libanais. Aujourd'hui, ceux qui meurent dans le jurd de la Békaa sont aussi des soldats et officiers de l'armée, des combattants de la résistance et les fils du peuple libanais.

C'est l'équation de la victoire, l'équation de la dissuasion. Au lieu de l'éliminer, cherchons à l'élargir et à l'offrir comme modèle à la Syrie et à l'irak. Cela a d'ailleurs commencé depuis quelques années en Syrie et depuis un an en Irak et désormais au Yémen depuis 60 jours. Nous l'offrons comme modèle à tous les Etats et les peuples qui affrontent aujourd'hui des dangers. Aujourd'hui, en Irak, l'armée ne suffit pas. Elle a besoin des forces populaires et du peuple. Elle a besoin de l'appui de toute la population, les tribus sunnites et chiites, à tous les fils de l'Irak, les kurdes et les turkmènes etc. C'est cette équation qui a réussi à chasser Daech de Salaheddine et Diala et elle peut continuer à enregistrer des victoires à Anbar et à Mossoul. Même chose en Syrie. C'est l'armée, la résistance populaire et l'appui de la population qui a permis à ce pays d'affronter la guerre universelle menée contre lui. Au Liban, on a vu la victoire. Au Yémen, l'agression américano-saoudienne n'a pas atteint ses objectifs, deux mois après son lancement, à cause de l'armée, de la défense populaire et de la population.

5-Au sujet de l'expérience avec Israël, il faut dire malheureusement que depuis 76 ans, depuis la première Nakba en 1948, les Israéliens ont essayé à travers les décades à diviser les batailles et à les isoler les unes des autres : donner le Sinaï à l'Egypte, régler les problèmes de frontière avec la Jordanie, prendre le Golan à la Syrie, créer une bande frontalière au Liban, détacher le problème des réfugiés des autres... Mais la guerre se poursuit. Nous en sommes aujourd'hui au stade où moi, Libanais, si je veux aider le Palestinien, je dois présenter une justification juridique, légale et morale. Car les Libanais diront : en quoi cela nous concerne-t-il ? Si je veux aider le Syrien, on me posera la même question. Même chose avec l'Irak ou si un Irakien veut aider un palestinien. C'est la culture qui prévaut aujourd'hui. Qui a instauré cette culture ? Les Etats-Unis et Israël ainsi que les élites médiatiques, politiques et culturelles dans notre monde arabe. C'est la raison pour laquelle la Palestine continue à vivre la Nakba depuis 1948. Le peuple palestinien a été isolé et même au sein du peuple palestinien, Gaza a été séparée de la Cisjordanie, Jérusalem a été divisée et les réfugiés sont pris séparément. Lorsque la bataille a été divisée, les Israéliens ont gagné.

Aujourd'hui, face à cette menace tout aussi dangereuse que la menace israélienne, la première illusion est d'accepter la division de la bataille. On ne peut pas dire : qu'avons-nous à faire avec les Irakiens ? Laissons-les régler eux-mêmes leurs problèmes. Même chose pour les Libanais, les Syriens, les Egyptiens, les Yéménites etc. Tout comme c'était le cas avec les Palestiniens qu'il fallait laisser livrés à eux-mêmes. C'est une erreur stratégique, historique et fatale. Nous appelons aujourd'hui à unifier le front. Oui, nous ne pouvons pas nous battre séparément.

Je vais donner un petit exemple. Si Daech avait été combattue il y a plus d'un an, elle n'aurait pas pu contrôler Mossoul, Salaheddine, Diala, une partie de Kirkouk et de Anbar, ni avoir de l'influence dans certaines villes et bourgades. Mais lorsque le monde s'est tu sur l'expansion de Daech en Syrie, voilà où elle est arrivée...Car Daech a un projet. Si elle a été à Raqqa, ce n'est pas parce qu'elle voulait épargner Damas. Elle a été à Raqqa, à Deir el Zor, à la frontière avec l'Irak, à une partie de Hassaké et une partie du rif nord d'Alep parce qu'elle veut le pétrole et le gaz. Le monde entier l'a regardé faire, les Etats-Unis, la Turquie, la Jordanie. On lui a donné une chance de vendre le pétrole, d'importer les armes. Elle a maintenant des camps d'entraînement, des recrues par milliers, des blindés et d'un seul coup, elle a pris Mossoul, Salaheddine, Diala et a menacé Erbil et Bagdad tout en prenant une partie importante de Anbar. Si Daech avait été empêchée de s‘étendre en Syrie, tout cela ne serait pas arrivé en Irak. Il y avait quelques jours, nous avons vu des images qui font mal au cœur, ces milliers d'Irakiens, des dizaines de milliers fuyant Ramadi, des familles, avec des femmes, des enfants, des sacs et la terreur dans leurs yeux.

Qui assume la responsabilité de tout cela ? Seulement les forces et les habitants de Ramadi ? Non. Ceux qui assument cette responsabilité sont tous ceux qui se sont tus depuis un ou deux ans sur la progression de Daech. Tout comme ils assument la responsabilité de ce qui se passe aujourd'hui à Palmyre.

C'est pourquoi nous appelons à une vision unifiée de cette guerre. C'est sur cette base que nous nous sommes rendus en Syrie pour y combattre. Notre participation a été progressive. Au début, nous parlions de protéger les lieux saints, comme celui de Sitt Zeinab. Ensuite, nous nous sommes rendus à Qousseyr et après cela, au Qalamoun, car c'est de là bas que venaient les voitures piégées envoyées au Liban.

Depuis quelque temps, cette situation a été dépassée. Depuis près de deux ans, nous nous battons aux côtés de nos frères syriens, de l'armée syrienne et des forces populaires syriennes à damas, à Alep, à Deir el Zor, à Idlib, à Qousseyr, au Qalamoun, à Homs. Nous nous battons en nous basant sur cette vision unifiée et nous considérons qu'en nous battant de la sorte, nous protégeons le Liban, la Syrie, l'Irak, le Yémen, la Palestine. Nous nous battons pour protéger Ersal, Ramadi, Baalbeck, Karbala, Damas, Lattaquié, toute la région. Et notre présence augmentera selon les besoins et le sens des responsabilités.

En ce jour de célébration de la victoire de la résistance, j'affirme que notre présence en Syrie est basée sur cette vision stratégique et politique, sur cette compréhension profonde de la situation, sur ce diagnostic précis et sur cette position saine.

C'est pourquoi je le dis sans la moindre réserve, notre présence en Syrie n'est plus limitée à un lieu précis. Nous sommes présents dans plusieurs endroits et je vous le dis : nous serons partout où l'exigera cette bataille. Nous sommes prêts et capables de contribuer aux côtés de l'armée syrienne et de la résistance populaire à repousser cette agression et à remporter la victoire.

6-Parce que Daech est désormais à nos portes à tous, je demande à l'Arabie saoudite d'arrêter son agression contre le Yémen et de favoriser un dialogue politique que l'on nous promet à Genève dans quelques jours. Il faut ouvrir la voie sérieusement devant la solution politique qui mettra fin à cette guerre et à cette tragédie.

7-De même, j'appelle le gouvernement de Bahrein à cesser de miser sur le désespoir et le découragement de son peuple pour qu'il renonce à son mouvement de revendication. J'invite ce gouvernement à libérer les prisonniers et notamment les figures symboliques et à renoncer aux procès de pure forme comme celui que nous avons récemment mettant en cause cheikh Ali Selmane. Ce gouvernement devrait se réconcilier avec son peuple car Daech attend les moindres failles pour s'infiltrer. Cette menace ne peut être écartée que par le dialogue national, la réconciliation nationale et des traitements nationaux.

8-Malgré tout ce qui se passe dans la région, nous continuons, au Sud Liban et tout le long de la frontière avec l'ennemi, à avoir l'œil sur notre ennemi principal, sur la bataille principale et sur ce front. Certains pourraient dire : si vous avez tous ces moyens, pourquoi ne les utilisez-vous pas tous en Syrie ? Je réponds que nous sommes obligés de nous trouver sur deux fronts. Nous ne pouvons pas abandonner celui-ci, ni l'oublier. Ce sont deux fronts complémentaires, en fait, il s'agit d'un même front, avec les mêmes objectifs.

Nous continuons à être vigilants sur ce front, nous surveillons tous les agissements de l'ennemi, nous étudions ses plans et nous maintenons notre état d'alerte. Les autres soucis ne nous détournent pas de ce front. Sachez donc, frères et sœurs du sud, de la Békaa Ouest, de Hasbaya, de Rachaya et de tout le Liban que cette résistance est à son plus haut niveau de vigilance et au meilleur de sa forme et de ses moyens. L'ennemi sait ce que je dis beaucoup plus que les Libanais. C'est pourquoi il craint cette résistance et tient compte de ses agissements, poursuivant sa guerre psychologique et ses menaces. Mais il ne nous fait pas peur et il ne changera pas notre détermination et nos plans.

Au sujet de la résistance, nous savons que nous avons à proximité de nous, un ennemi qui nous veut du mal et qui mise sur l'hémorragie de la résistance au Liban et chez tous les peuples de la région. Il mise sur l'hémorragie et l'affaiblissement de toutes les armées, de toutes les populations et de tous les mouvements de résistance dans la région. Il faut toujours avoir cela en tête. Mais je vous affirme que nous sommes vigilants et que nous ne perdons pas un seul instant de vue cet ennemi.

9-Dans la bataille de la résistance pour libérer le Liban et son peuple et pour lui ramener sa dignité, nous avons consenti de grands sacrifices. Nous avons eu des martyrs, des blessés, des exodes et des otages. Dans la bataille actuelle, où il s'agit de protéger notre existence même, nous devons aussi consentir de grands sacrifices. C'est une bataille plus grande, plus dure et plus dangereuse, car elle se déroule d'une façon ou d'une autre, à l'intérieur de la maison. Celui qui veut défendre son existence, sa dignité, son honneur et sa patrie doit consentir de grands sacrifices. C'est pourquoi je dis à certains Libanais : c'est honteux de compter les martyrs qui tombent dans cette bataille. Vous devriez en avoir honte. Chaque jour vous en comptez 30, 40, 50 et même 100. Comme si nous avions honte de nos martyrs et comme si nous les cachions ! Nous disons qu'il s'agit d'une bataille féroce, d'une colline à l'autre, d'une vallée à l'autre, d'une maison à l'autre. C'est une bataille dure qui exige des sacrifices et des martyrs. Ayez honte de vous-mêmes et cessez de compter nos martyrs. C'est grâce à ces martyrs et à ces blessés que vous vivez aujourd'hui en sécurité dans ce pays. Cessez donc de les dénigrer et de les compter. De toute façon, vos agissements ne changent rien à la situation, ni à notre détermination, ni à notre décision. Nous savons qu'il s'agit d'une guerre psychologique financée par l'ambassade des Etats-Unis et par d'autres pays. Des pays sont en train de payer de l'argent pour que certains disent : le Hezbollah est dans une impasse. Ils le disent d'ailleurs depuis 2005 et nous allons de victoire en victoire.

Ils disent aussi : Le Hezbollah a un problème interne. Pourtant, il n'existe pas dans le monde, un seul parti où le commandement, les cadres et la base sont tous d'accord sur la justesse de cette bataille. Ils disent encore que le Hezbollah a un problème avec les jeunes. C'est pourquoi, il enrôle les plus jeunes dans la bataille. Ils profitent ainsi d'un incident, lorsqu'un jeune à peine sorti de l'adolescence est tombé en martyr. Il faisait partie des groupes préparatoires. Nous avons un programme pour les jeunes de 15 et 16 ans. Nous les emmenons dans des camps pour qu'ils prennent des sessions de formation avec la nature. Ce jeune a eu un accident et nous le considérons comme un martyr. Depuis, on utilise sa mort pour dire que le Hezbollah ne peut plus enrôler que les tous jeunes. Et on nous attaque sur cette base.

Hier, certains ont laissé filtrer une information selon laquelle « le sayed est en train d'appeler à la mobilisation générale ». Moi je dis, c'est encore tôt pour cela. La situation est bonne et il n'est nul besoin de le faire. Cela pourrait venir mais ce n'est pas le cas pour l'instant. Je voudrais juste préciser que si le commandement du Hezbollah décide d'être présent sur les champs de bataille, vous verrez immédiatement des dizaines de milliers d'hommes se précipiter vers ces lieux !

A peuple du Liban, de Syrie, de Palestine, à tous les peuples de la région, aux frères et aux sœurs qui comptent sur plusieurs forces, dont la nôtre, je vous dit, en cette célébration de la victoire que depuis sa naissance en 1982, cette résistance n'a jamais été aussi forte, aussi puissante, aussi dynamique et déterminée. Je vous en fais le serment, moi qui n'aime pas utiliser ce genre de procédé. Je sais que l'ennemi me croit et me prend au sérieux, mais certains ennemis, sous couvert d'amitié se laissent aller au scepticisme. Nos places sont pleines comme vous le voyez en ce 24 mai 2015 et nous croyons en la victoire. Nos moujahidins sont plus enthousiastes que jamais et la victoire se poursuit depuis 198, à 2000, jusqu'à 2006 et jusqu'à aujourd'hui en Syrie, où on avait annoncé la chute du régime depuis quatre ans. La résistance se poursuit. Elle compte sur Dieu et sur les peuples et les armées résistantes, ainsi que sur les mouvements de résistance dans la région. Elle compte sur ses véritables amis, sur ses hommes, sur ses cerveaux, sur sa volonté, sur ses héros et ses jeunes et grâce à eux tous, le projet takfiriste sera vaincu et il n'en restera aucune trace.

Je vous félicite une fois de plus pour la victoire que nous célébrons aujourd'hui et nous poursuivons le chemin sur la voie de la résistance, et celle des martyrs, dont le sang a nourri la victoire. Allez en paix...

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