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Discours à l’occasion du rassemblement de solidarité avec le Yémen

Discours à l’occasion du rassemblement de solidarité avec le Yémen
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Chers frères et sœurs que Dieu vous bénisse tous. Je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie pour votre présence. Permettez-moi de parler à ma manière, avec le cœur et la raison, la position et l'émotion, de ce sujet ( je dis cela pour que personne ne demande après qu'a donc le sayed aujourd'hui ?). Aujourd'hui, il ne s'agit donc pas des cœurs sourds, muets et durs. Je voudrais aussi parler rapidement pour profiter au maximum du temps qui m'est imparti et exposer les revendications dont je vais parler. En premier lieu, je voudrais dire que dans le cadre de ce rassemblement, notre premier objectif est d'exprimer notre refus, notre condamnation violente et totale de l'agression saoudo-américaine contre le Yémen et son peuple, mais aussi d'exprimer notre solidarité et notre sympathie totales envers ce peuple noble et opprimé. Voilà donc le but de cette rencontre.

En tant que groupe et que parcours militant, nous estimons qu'il est de notre devoir humain, moral, jihadiste et religieux d'adopter cette position. C'est notre vision et notre diagnostic. A notre avis, tous les fils de cette oumma devraient revoir leur mission et leurs responsabilités et adopter la position en conséquence. En ce qui nous concerne, rien ne nous empêchera de continuer à exprimer notre position, ni les menaces, ni les tentatives de nous faire peur. Nous continuerons à dénoncer l'agression saoudo-américaine contre le Yémen et à appuyer ce peuple opprimé, résistant, courageux et au final vainqueur, inchallah.

Nous avons annoncé cette position dès le premier jour de l'agression et nous continuerons à le faire jusqu'au Jour Dernier. Nous ne le faisons ni pour l'Histoire, ni pour la géographie. Ceux-là peuvent écrire ce qu'ils veulent. Nous sommes un peuple qui se sent responsable devant Dieu et c'est à Lui que nous rendrons compte de notre position, de notre responsabilité dans cette étape historique dangereuse qui ne met pas seulement en cause le Yémen, mais aussi toute la région et la oumma dans son ensemble.

Avant de commencer à développer les titres relatifs à cette agression, je souhaite m'arrêter sur les sacrifices et les souffrances de notre peuple au Liban, et en particulier au Sud, à Jabel Amel, puisque nous sommes en avril. En ce mois, en 1996, l'ennemi israélien a lancé une agression contre le Liban, comme d'habitude avec la bénédiction des Américains, des Occidentaux et des pays arabes. Cette opération avait été appelée «Les Raisins de la Colère». Notre peuple a tenu bon, avec la résistance et l'armée. Des martyrs sont tombés et nous les saluons avec respect. Nous nous inclinons en particulier devant les martyrs du massacre de Qana qui constituent un témoignage éternel de la barbarie de l'ennemi sioniste et de ceux qui le protègent et l'appuient. Nous nous inclinons aussi devant l'héroïsme des moujahidins d'Amal et du Hezbollah, dans le cadre de la résistance, et celui de l'armée libanaise. Cet héroïsme a pavé la voie à la victoire du Liban en 2000 qui a transposé pour la première fois les Arabes de l'ère des défaites à celle des victoires.

Concernant l'agression contre le Yémen, je compte développer plusieurs points. J'ai fixé un plan. A certains moments, je parlerai calmement et à d'autres le ton sera plus violent. C'est normal. Chaque point a ses exigences.

Le premier titre porte sur les objectifs de la guerre et ses nouveaux slogans.

Le second titre porte sur les résultats de l'agression, jusqu'à présent. Dans le troisième point j'essaierai de répondre à la question courante au Liban : et après, où allons-nous ? Dans le quatrième titre je parlerai de la raison qui pousse le Hezbollah à adopter cette position claire contre l'Arabie saoudite. C'est une question légitime à laquelle nous devons répondre aujourd'hui. S'il reste du temps, je donnerai un petit conseil sur le plan libanais.

Premièrement : A propos des objectifs de la guerre et de ses nouveaux slogans :

Dans mon premier discours, deux jours après le début de l'agression, j'ai évoqué les motifs peu convaincants avancés par le régime saoudien pour justifier sa guerre contre le Yémen. Il a été ainsi question de restaurer la légalité d'un président démissionnaire et au mandat terminé. Il a été aussi question de la menace que représenterait le Yémen pour l'Arabie. En d'autres termes, le régime saoudien mènerait une guerre préventive. Il a été encore question de la nécessité d'affronter l'occupation et l'hégémonie iraniennes. Nous avions donc expliqué cette question. Il n'est pas besoin d'y revenir. J'avais donc dit, après avoir exposé mes arguments et montré la faiblesse des allégations saoudiennes que le véritable objectif de cette guerre est de remettre le Yémen sous l'hégémonie saoudo-américaine, après la réussite du peuple à se libérer et à retrouver sa souveraineté, en rejetant toute hégémonie étrangère. C'est cela le véritable objectif. Mais au cours des dernières semaines, le porte-parole de la «Tempête de la fermeté», ainsi que des analystes et des politiciens qui appuient cette agression ont avancé des slogans et de nouveaux objectifs que je souhaite évoquer rapidement.

Ils ont dit que cette guerre est celle de l'arabité. Leur problème avec nous, que nous et vous sommes aussi arabes ? Ils nous accusent de suivre d'autres. Qui ? Tout est ouvert. Mais nous sommes des arabes. Ils ont dit que l'objectif de cette guerre est de préserver l'arabité du Yémen. Mais est-ce que les peuples arabes ont mandaté l'Arabie saoudite pour qu'elle mène une guerre en leur nom au Yémen? Contre qui est dirigée cette guerre des arabes ? Contre un peuple arabe.

Regardez leur langage, leur dialecte, leurs cheveux, leur éloquence, leur courage, leur enthousiasme, leur fierté, leur noblesse de cœur, leur générosité, le peuple du Yémen n'est-il pas arabe ?

Ce peuple était la civilisation des Arabes avant l'islam. A cette époque, les habitants de la péninsule arabique ne savaient pas lire et écrire correctement et se livraient des batailles pour de l'eau ou une mariée enlevée. Mais au Yémen, il y avait déjà une civilisation et une société laïque. Alors que dans la péninsule arabique le plus haut niveau de commandement était le chef de la tribu, au Yémen, il y avait déjà des rois pour les Arabes. Après l'islam, la contribution des Yéménites à cette religion, par le jihad est écrite dans les livres d'Histoire. Tous les pays musulmans la reconnaissent. Qui a introduit l'Islam dans le plus grand pays musulman actuel, l'Indonésie ? Les ulémas du Yémen, ses commerçants et ses prédicateurs.

Les tribus yéménites sont connues. Elles ont des origines et des descendances connues. Elles ont un passé de courage dans l'Histoire. Les Yéménites n'ont pas besoin d'un certificat d'arabité ni de musulmans. Je dis au contraire que ceux qui agressent le peuple yéménite aujourd'hui devraient se procurer des certificats de musulmans et d'arabes.

Certains vont dire qu'a donc le sayed aujourd'hui ? Je n'ai rien. C'est juste que les propos auxquels je réponds exigent un tel ton. Il est honteux de voir que des gens aux origines floues veulent débattre sur le fait de savoir si les Yéménites sont des Arabes ou non et prétendent vouloir préserver leur arabité.

L'autre slogan avancé récemment est la volonté de donner à la guerre un caractère confessionnel. C'est le plus facile et des ulémas saoudiens ont dit qu'il s'agit d'une guerre entre les sunnites et les chiites. Il est inutile de s'attarder sur ce point car personne, à part ceux qui fonctionnent avec l'argent, n'est convaincu que la guerre au Yémen est un conflit entre sunnites et chiites. Tout le monde sait qu'il s'agit d'une agression saoudienne contre le Yémen pour des objectifs politiques.

Le slogan le plus ridicule avancé au cours des dernières semaines est la volonté de défendre les lieux saints de l'islam, à la Mecque et à la Médine. Mais voyons un peu qui menace ces Lieux Saints ? Le peuple yéménite vraiment ? Qui au Yémen ? Ansarullah ? L'armée ? Les Yéménites sont connus pour leur amour du Prophète. Ils aiment faire le pèlerinage et ils sont connus pour leur religiosité.

Aujourd'hui, c'est le jour de la franchise et je vous le dis en toute sincérité. Il y a effectivement une menace qui pèse sur les Lieux Saints. Mais d'où provient-elle ?
De «Daech». Nous avons entendu il y a quelques mois, après la prise par «Daech» de Mossoul, son intention de se diriger vers la péninsule arabique pour détruire Al Qaaba et les autres Lieux Saints. Tout le monde connaît désormais les croyances de «Daech».
Oui, les Lieux saints sont menacés mais vous savez par qui ? La menace vient de l'intérieur de l'Arabie, de la pensée wahhabite et de la culture wahhabite.
Certains vont dire : Sayed, vous lancez des accusations injustes. Mais c'est l'Histoire. Tous les livres d'Histoire montrent cela. Ces livres existent en Syrie, au Yémen et en Arabie. Ils sont même sur internet. Tout le monde peut les consulter.

Après la prise de contrôle par Abdel Aziz Al Saoud ( le roi fondateur) sur les pays du Hijaz, en avril 1926, ses partisans wahhabites ont commencé à détruire les vestiges religieux historiques laissés par le Prophète. Ils ont juste gardé sa tombe, j'y reviendrai par la suite. Mais la destruction des sites religieux fait partie de leur culture, de leur pensée et de leur doctrine. Tout cela existe dans les livres et cela s'est passé avant ma naissance... Ils ont tout détruit et souhaitaient continuer avec le tombeau du Prophète. Mais il y a eu alors un vaste tollé dans le monde musulman, en Egypte, au Pakistan qui était alors une partie de l'Inde, la Turquie, l'Iran, l'Irak, Bilad al Cham, les pays d'Afrique. Bref, l'ensemble du monde musulman. Mais le plus significatif c'est que les principaux pays qui ont réussi à peser sur le roi Abdel Aziz pour qu'il empêche les wahhabites de détruire la tombe du Prophète sont l'Egypte et le Pakistan actuel. Gardez cela dans vos esprits. J'y reviendrai par la suite.

La position historique d'Al Azhar au Caire et de son grand imam, ainsi que celle des ulémas chiites et sunnites dans toute leur diversité ont empêché la destruction de la tombe du Prophète que les wahhabites et avec eux la famille Saoud souhaitaient accomplir, en avril 1926. Ceux qui pensent que je lance de fausses accusations, qu'ils entament une discussion des faits historiques.

Naturellement, cette attitude est conforme à leur culture et à leur pensée. Le roi a été obligé de céder et les wahhabites lui ont fait payer un prix pour accepter de ne pas détruire cette tombe. Il a été contraint à organiser un congrès pour le monde musulman. Les ulémas y ont participé et ont exposé leur point de vue. La tombe du prophète est restée, mais comme vous le savez, il est interdit de s'en approcher. On ne peut la voir que de loin, cette tombe du Prophète de la compassion, le sauveur de cette oumma.

Si cette oumma, celle des Arabes a de l'honneur, des victoires, de la noblesse et de la dignité, c'est grâce à ce Prophète, le dernier selon la religion. Malgré cela, voilà comment ils l'ont traité et ont traité sa tombe.

La mosquée du Prophète est donc menacée. On ne sait pas quand un groupe de jeunes, de ceux qui étudient dans les écoles wahhabites pourrait se précipiter pour le détruire ainsi que la tombe. Mais, comme je l'ai dit, la menace ne vient pas du Yémen.

Un autre objectif avancé par les agresseurs saoudiens et ceux qui les appuient, c'est la protection du peuple yéménite. Evidemment qu'ils protègent le peuple yéménite : en lui imposant un blocus maritime, terrestre et aérien. Le blocus n'encercle pas seulement les Houthis ou les combattants, mais il est imposé aux 24 millions de Yéménites, privés de toutes les denrées alimentaires et de médicaments. Les associations humanitaires disent d'ailleurs qu'il y a, au Yémen, de nombreux blessés qui meurent faute de soins et de médicaments de base.

Il y a donc un blocus imposé à l'ensemble du peuple yéménite que l'on cherche à affamer et à priver des soins médicaux. Mais le pire c'est encore les massacres des civils, les femmes et les enfants, exactement comme l'a fait «Israël» contre les enfants du Liban et de Palestine, à Gaza notamment. Pourquoi les combattants placent les armes parmi les civils, ainsi que les blindés ? Une seule raison : pouvoir massacrer les civils. C'est une fausse information ? Pour vous en convaincre, il suffit de regarder les chaînes de télévision. Certes, les chaînes satellitaires de la «Tempête de la Fermeté» ne montrent pas ces images. Elles ont peur pour leurs fonds et craignent de ne plus avoir de place sur Arabsat. Mais bien d'autres chaînes dans le monde montrent ces images intolérables : des centaines de martyrs, des maisons détruites, les écoles, les hôpitaux, les stations d'essence bombardées, même si certains dépôts appartiennent aux wahhabites eux-mêmes, ils sont aussi bombardés pour que le peuple ait faim. Est-cela la protection du peuple yéménite ? Le tuer ?

L'objectif suivant qui est lié à celui-ci est de protéger l'Etat yéménite pour empêcher la mainmise d'Ansarullah sur ses institutions. Mais comment protègent-ils les institutions yéménites, en détruisant les casernes de l'armée ? En détruisant les blindés et les dépôts d'armes de l'armée ? En bombardant les sièges des administrations publiques, les aéroports et les ports ? Est-ce comme cela que l'on préserve l'Etat yéménite ?

Après toutes ces destructions, et ces morts, quelqu'un peut-il encore croire que l'objectif de cette guerre est de ramener Abed Rabbo Mansour Hadi au pouvoir ? Toute cette guerre, ces morts et ces destructions seraient donc justifiées par la volonté de ramener Hadi à la présidence ? Après tout ce qui s'est passé et une agression qui entre dans sa quatrième semaine, c'est évidemment incroyable.

Je conclus cette partie en demandant aux Libanais en particulier de se souvenir de la guerre de juillet 2006. Ils verront les similitudes avec ce qui se passe aujourd'hui au Yémen : blocus maritime et aérien, bombardements intensifs partout, des massacres, des conditions élevées, une volonté de détruire, de briser et d'éliminer l'adversaire, avec une guerre médiatique féroce. Au début, nous étions qualifiés d'aventuriers, mais c'est nous qui avons remporté la victoire. Faites vos comparaisons et vous verrez que la guerre est la même, le cerveau qui la mène est le même, les objectifs aussi et l'issue finale le sera aussi sûrement.

Dans le second titre qui porte sur les résultats de cette agression et ce qu'elle a réussi à faire jusqu'à présent, je développerai les points suivants :

En principe, nous sommes aujourd'hui au 22 ième jour de l'agression. Voyons les résultats atteints jusqu'à présent : 22 jours de blocus, de bombardements aériens et par missiles, avec une aide américaine logistique et au niveau des renseignements, ainsi que l'aide fournie par l'Arabie à «Daech» et à «Al Qaëda», ainsi qu'à leurs alliés de l'intérieur, Mansour Hadi n'est toujours pas revenu au pouvoir. Il est toujours à Riyad et il n'est revenu ni Aden ni à Sanaa, ce que les Saoudiens avaient présenté comme un résultat minimal.

Il pourrait revenir à Mkalla ( nous connaissons maintenant les provinces yéménites) s'il souhaite se battre aux côtés d'«Al Qaëda». Il y a une possibilité là-bas si «Al Qaëda» souhaite son retour. Mais il semble que les portes de Aden et Sanaa soient encore fermées pour lui.

Je dirais même plus : regardez à quel point l'échec est grand. Avant l'agression, il y avait peut-être un espoir de dialogue et de retour de Mansour Hadi au pouvoir. Aujourd'hui, cet espoir est fini. Pour le peuple yéménite, aucun accord, aucun compromis politique ne ramènera Mansour Hadi ) la présidence. Je crois que ceux qui mènent l'agression en Arabie ont compris cela. Ils commencent petit à petit à réduire leurs exigences. C'est sans doute la raison pour laquelle AlBahhah a été nommé vice-président du Yémen et dès le premier jour, il commence à parler d'un compromis. Il supplie aussi - écoutez-bien- l'armée saoudienne de ne pas lancer une offensive terrestre.

Donc, en premier, vous n'avez pas réussi à ramener au pouvoir le président pour lequel vous avez lancé l'offensive. Ensuite, il a été dit que l'objectif de la campagne c'est d'empêcher l'armée et Ansarullah d'arriver jusqu'à Aden en raison du symbole que représente cette ville. Là aussi c'est un échec. Ne regardez pas les chaînes satellitaires de la «Tempête de la Fermeté». Aden est entre les mains de l'armée et des comités populaires, même s'il y a encore des affrontements dans quelques quartiers. Le troisième objectif annoncé de cette agression, même si l'on commence à entrer dans les détails, mais le porte-parole de l'agression n'a cessé d'en parler, est d'empêcher l'armée yéménite et les comités populaires de s'étendre dans d'autres provinces du pays. Mais il a aussi échoué. Certes il y a encore une partie de certaines provinces et la province de Hadramout, mais la plupart des provinces sont désormais entre les mains de l'armée et des comités populaires. Leur avancée se poursuit d'ailleurs alors que les forces d'«Al Qaëda» et de ses alliées reculent.

Un autre objectif secondaire de l'agression est la volonté de briser le peuple yéménite. Dès le premier jour, les agresseurs ont posé des conditions en élargissant leurs épaules. D'abord, ils ont voulu imposer le retrait de l'armée et des comités populaires de telle région, puis la reddition de telle autre région et ainsi de suite. Il était clair qu'il fallait briser le peuple yéménite pour qu'il accepte ces conditions, pour qu'il se rende et que sa volonté soit totalement annihilée. C'est l'un des objectifs secondaires de cette agression et de toute agression. Mais quel est le résultat ?

Le résultat est une grande résistance du peuple yéménite, peuple, armée et volonté politique. Le résultat est aussi un surplus d'enthousiasme, de détermination et de patience pour supporter l'agression et refuser de céder. La capacité du peuple yéménite à résister est extraordinaire, ainsi que sa mobilisation sur les fronts et dans des manifestations condamnant l'agression, énormes en dépit des bombardements aériens. Les préparatifs se sont pour une longue guerre et jusqu'à présent, aucun signe de lassitude, de peur, de défaite n'est visible sur les visages des Yéménites, ni sur le plan des commandements militaires ni au niveau des politiques ou du simple peuple, femmes et enfants compris.

Sur le plan du moral des Yéménites, il n'existe aucun signe de fatigue, de déprime ou de découragement. Même chose sur le plan politique ou sur le terrain. Nous percevons le mood du peuple yéménite car nous avons vécu une situation similaire pendant la guerre de juillet 2006. Il y a donc un moral élevé et un refus clair de céder. Les revendications des Yéménites sont claires et leur commandement politique ne cesse de les proclamer. Elles n'ont pas changé depuis le début de l'agression.

Un autre objectif de la guerre, c'est de susciter un conflit interne au Yémen, entre les Zaydites et les Chaféites, ou, dans un sens plus large, entre les sunnites et les chiites. Il s'agissait aussi de créer des conflits entre les régions, le Nord et le Sud par exemple. Mais là aussi c'est un échec, puisque le peuple yéménite est en train de vivre un sursaut national face à l'agression dont il fait l'objet. Même ceux qui se taisaient au début de cette «tempête» commencent à parler aujourd'hui et une partie de la base populaire de forces politiques qui appuyaient l'agression commence à changer d'avis et à s'éloigner de ces figures politiques.

Il reste encore un objectif supposé, qui est très important et que j'ai évoqué dans mon précédent discours, mais j'y reviens aujourd'hui : il s'agit d'éloigner la menace potentielle que représente le Yémen en menant une guerre préventive. Qu'est donc devenue cette menace ? Si elle n'existait pas auparavant, elle est aujourd'hui réelle. C'est le premier résultat de cette offensive et si la menace était potentielle, elle est désormais réelle.

A supposer qu'un groupe particulier au Yémen songeait effectivement à menacer l'Arabie et même que les dirigeants saoudiens avaient des informations sûres sur la réalité de cette menace, qu'a donc fait l'agression contre le Yémen ? Elle a transformé la menace de risque potentiel en certitude. Aujourd'hui, ceux que les Saoudiens considéraient comme une menace pour eux, sont encore patients. Le commandement d'Ansarullah, ce chef sage et courageux en dépit de son jeune âge, sayed Abdel Malak Badreddine al Houthi, que Dieu le garde, ont maintenant une occasion pour bombarder l'Arabie et lui envoyer des missiles. Le peuple yéménite fait pression en ce sens et lui demande d'entrer dans les provinces saoudiennes de Najrane, Jizane et Assir. Le peuple yéménite et les tribus du pays poussent vers une riposte. Mais le commandement fait preuve de patience, cette fameuse patience stratégique comme on dit aujourd'hui. Qu'ont fait donc les Saoudiens ? Ils ont transformé une menace qui n'existait pas en une menace réelle.

Je vais donner un exemple : j'ai lu, il y a quelques jours dans la presse saoudienne qu'il faut continuer l'agression car le peuple yéménite est formé de tribus qui respectent la force. Nous devons donc jouer le rôle du fort et imposer notre volonté. Mais moi je dis aux Saoudiens que la société tribale est aussi une société en révolte, rebelle qui n'oublie pas ses morts et cherche à prendre sa revanche. Vous avez donc augmenté la menace et c'est le résultat contraire de celui que vous espériez.
Il y a donc un échec moral de cette campagne et une crainte chez l'agresseur de la suite des événements.
Aujourd'hui, les Saoudiens se retrouvent dans la situation des Israéliens pendant la guerre de juillet : ceux-ci avaient des cibles et ils les ont bombardées. Une fois la liste des cibles terminées, ils ont recommencé à les frapper. Ils peuvent continuer encore comme cela, mais cela ne changera rien sur le terrain. De plus, le Yémen est un pays à la grande superficie, contrairement au Sud Liban ou à Gaza. Les avions remplissent l'espace aérien et les informations pleuvent, malgré cela, ils n'ont pas réussi à frapper les rampes de lancement de missiles, ni les convois d'armes et de munitions...

Bon, maintenant, il s'agit de voir ce qui va se passer après la phase des bombardements aériens. Ce peuple ne pliera pas l'échine. Que feront alors les Saoudiens ? Ils n'ont pas d'autre choix que de recourir à l'offensive terrestre. Ils vont devoir lancer leur armée dans la bataille, cette armée pour laquelle ils ont dépensé des milliards de dollars, entre 60 et 70 selon les médias. Ils vont donc se battre contre le Yémen dont on connaît l'armée et les moyens. Ils savent d'ailleurs tout en ce qui concerne le Yémen. Malgré cela, ils ont peur. Le mufti a été obligé de déclarer la mobilisation générale pour défendre les Lieux Saints de l'Islam. Malgré cela, ils font appel aux armées voisines et si l'une d'elle refuse, elle est couverte d'insultes du genre : «misérables, vous nous lâchez !». C'est ce que l'on appelle l'achat des consciences et des volontés. Une personne convaincue d'une cause n'a pas besoin de recevoir de l'argent pour se battre. Sinon, cela devient l'achat des consciences. C'est aujourd'hui le cas du régime saoudien et de son armée. En face, les Yéménites n'ont pas encore épuisé leurs possibilités. Ils n'ont encore rien fait. Je dis cela sur la base de mes informations, de mon analyse et de ma compréhension des faits. Les Yéménites en sont encore à arranger leur situation interne, mais dans la confrontation avec l'Arabie, il n'a pas encore agi. Les Saoudiens eux, sont coincés. Au 22 ième jour de l'agression, ils ont épuisé toutes leurs possibilités des bombardements aériens et n'ont plus qu'une possibilité : l'offensive terrestre. Je n'encourage certes pas une telle opération, je dresse simplement un tableau de la situation.

Voilà ce qu'avais à dire sur les résultats de l'opération. Certes, certaines voix s'étaient empressées de déclarer la victoire de la «Tempête de la Fermeté», tout comme aux premiers jours de la guerre de juillet 2006, certains avaient estimé qu'«Israël» avait gagné et qu'il va falloir nous chercher dans les hôpitaux psychiatriques de Paris... On a vu le résultat. Pour vous en convaincre, je vous suggère de suivre les conférences de presse hebdomadaire du porte-parole de la coalition contre le Yémen. Le pauvre, il roule les yeux dans tous les sens, essayant désespérément de trouver un résultat positif à offrir aux médias. Mais il ne trouve rien.

Nous en arrivons à la troisième partie : où allons-nous ? J'espère que nos pronostics se vérifieront, mais nous sommes convaincus qu'au final le régime saoudien finira par comprendre que l'horizon est bouché. Cela devrait prendre un peu de temps. Mais il finira par comprendre que ce peuple ne pliera pas et qu'il n'a aucun intérêt à poursuivre cette offensive. Nous lui demandons de descendre de l'arbre sur lequel il s'est perché. Beaucoup dans le monde sont prêts à l'aider à descendre et à lui trouver des mises en scène qui lui sauveraient la face. Mais jusqu'à présent, il n'est pas encore convaincu qu'il est dans une impasse. Les choses ont donc besoin d'un peu de temps. Les Saoudiens ont encore de l'espoir et croient pouvoir faire pression sur les Pakistanais et les Egyptiens. Jusqu'à présent, il ne veut pas entendre les voix de la raison qui réclament une solution politique et l'arrêt de la guerre. Pourtant, ces voix sont nombreuses dans le monde. Il ne faut pas croire que le monde est avec l'Arabie. Non, ceux qui sont avec ce pays lui disent de poursuivre la guerre. Mais la plupart des voix dans le monde demandent l'arrêt de cette guerre et la recherche d'une solution politique. Mais il semble que les saoudiens ont besoin de temps pour devenir plus raisonnables et pour revenir sur terre et rechercher une porte de sortie.

Le Conseil de sécurité qui aurait dû parrainer la fin de la guerre et l'arrêt de l'agression a pris malheureusement la résolution que vous connaissez il y a quelques jours. Je dis aux Yéménites, ne soyez ni surpris ni tristes. C'est cela le Conseil de sécurité. Il ne faut rien attendre de plus de lui. Le Conseil de sécurité de l'ONU accepte le projet de l'agresseur dans le conflit arabo-israélien et il ignore la victime. N'est ce pas ce qui s'est passé au Liban et en Palestine ? Nous sommes maintenant à égalité avec les Yéménites. C'est pourquoi la résolution du Conseil de sécurité ne mérite pas qu'on l'examine attentivement et qu'on le discute. Elle n'a pas de valeur, comme les autres résolutions. Lorsqu'elle aura de la valeur pour «Israël», c'est à ce moment qu'on pourra en discuter.

En tout cas, il est clair que les bombardements aériens ne parviendront pas à aboutir à une victoire pour la coalition. L'offensive terrestre est coûteuse et ses résultats ne sont pas garantis. A mon avis, au contraire, elle se terminera par une défaite cuisante. C'est pourquoi les Yéménites n'ont d'autre choix que de résister et de patienter. L'agression se terminera par un échec et n'atteindra aucun de ses objectifs. Les Yéménites doivent toutefois rester prêts à toute solution politique. Ils le déclarent d'ailleurs chaque jour. Ils sont prêts pour une solution politique mais avec l'arrêt de la guerre.

A la fin de cette partie, je dois lancer un appel. D'abord, je dois remercier le Parlement pakistanais, le peuple pakistanais et le gouvernement pakistanais pour leur position. C'est une réalité et une constante. Comme en 1926 ( A l'époque le Pakistan faisait partie de l'Inde), le Pakistan et l'Egypte, Al Azhar et le commandement égyptien ont empêché la destruction de la tombe du Prophète, nous vous demandons aujourd'hui d'empêcher la destruction d'un des pays du Prophète. Nous vous demandons de ne pas participer à cette destruction et vous serez en train d'ajouter un honneur de plus à votre registre déjà riche dans ce domaine. L'horizon consiste aujourd'hui à une intervention du monde musulman, des Etats islamiques pour faire arrêter cette guerre et parrainer une solution politique.

Aucun de nous, ni au Yémen, ni dans la région n'appelle à la chute du régime saoudien. Personne ne soutient une telle logique. Nous ne voulons que le bien pour l'Arabie et la sécurité et la prospérité pour son peuple. Tout ce que nous demandons c'est l'arrêt de cette agression contre le Yémen et le sauvetage de ce pays de cette catastrophe systématique.
J'en arrive à la dernière partie qui est un conseil à la scène interne libanaise.

La question est la suivante : pourquoi le Hezbollah lève autant la voix ? Que se passe-t-il ? En 31 ans, il n'a jamais utilisé un tel langage à l'égard de l'Arabie. Pourquoi maintenant, alors que jusqu'à présent il mettait des gants pour parler de l'Arabie et cherchait à arrondir les angles, à travers des mots recherchés ( il est vrai que la langue arabe est bien riche dans ce domaine). Pourquoi cette fois le Hezbollah parle aussi clairement ? Je voudrais préciser à ce sujet que nous avons un peu de retard car de nombreuses parties dans le monde arabe nous ont devancés...

Il faut qu'on se calme. Nous ne faisons que critiquer, non insulter. Même si eux considèrent la critique comme une insulte. Lorsque je rappelle qu'en 1926, les Wahhabites ont détruit les tombes et les vestiges religieux, ce sont des réalités. Certains m'accuseront d'insulter le royaume, alors que je ne fais qu'avancer des réalités historiques. Je n'insulte donc personne. Je dis la vérité et celui qui en a une autre qu'il la présente et nous en discuterons. En tout cas la question «pourquoi maintenant ?» est légitime et je vais y répondre par ce titre :
Je ne cherche pas à ouvrir des dossiers anciens, même concernant le Liban, même si le mois d'avril est celui de la quarantième commémoration du début de la guerre civile libanaise.
Qu'a donc offert de bon le royaume saoudien pendant la guerre libanaise ? De l'argent et des armes... il n'est pas nécessaire de rouvrir les vieux dossiers. Tout le monde se souvient de 1975, 1982, 1983 ; 1984 et jusqu'à 2006.

Oui, nous étions soucieux de ne pas parler en toute franchise, en dépit des informations que nous possédions, notamment au sujet des quatre dernières années en Syrie. Nous savions que ce n'est pas seulement le régime syrien qui était visé mais l'ensemble de la région, la Syrie, le Liban, la Palestine et la résistance dans son ensemble étaient visés. Entre parenthèses, je voudrais rappeler aux Libanais, chrétiens et musulmans, que si le régime syrien appuyé par une grande partie de la population ( car on ignore délibérément ce fait) était tombé et si la Syrie était tombée entre les mains d'Al Qaëda ( qui est devenue par la suite Daech) comme Mossoul, où serait le Liban, avec ses chrétiens et ses musulmans, ses églises et ses mosquées, ses femmes ? Où serait le Liban pays de tourisme ? La citadelle de Baalbeck et d'ailleurs auraient-elles été préservées ? ... C'est pourquoi je le dis sans la moindre honte. Tout comme j'avais remercié la Syrie le 8 mars 2005, je la remercie aujourd'hui parce qu'elle a résisté et parce qu'elle n'a pas cédé à cette pensée takfiriste noire.

Nous savons tout cela, mais nous le disions pas clairement. Tout ce qui s'est passé en Irak depuis 2003, nous le savions et nous n'en parlions pas clairement. J'y ai fait allusion dans mon précédent discours. Bien entendu tout se faisait par le biais d'intermédiaire. Sauf à Bahreïn où ils sont directement entrés.

Par intermédiaires donc, en Irak, en Syrie et je ne sais pas où encore. Le financement, l'incitation et la gestion sont saoudiennes. Certains vont encore dire : vous lancez des accusations injustes. Le royaume du bien ne distribue que des plumes et construit des écoles et des hôpitaux... A Bahreïn, ils sont donc entrés directement et ils ont étouffé un mouvement populaire pacifiste qui avait des revendications légitimes. Les ulémas, les chefs et les symboles ont été emprisonnés. Le dernier en date est cheikh Ali Selmane, secrétaire général de l'association Al Wifak. Des milliers d'autres prisonniers survivent dans les pires conditions. Mais ils ont empêché toute solution politique et tout dialogue. Malgré cela, nous cherchions à arrondir les angles. Pourquoi ? Parce que nous pensions qu'il y avait peut-être encore une place pour la réconciliation, pour le dialogue. Nous avons toujours été au Liban pour le dialogue irano-saoudien. Cela aide certainement. Mais je voudrais vous dire - et je possède des informations précises à ce sujet sur des rencontres et des débats- que depuis des années, l'Iran souhaite le dialogue avec l'Arabie et cherche à rencontrer ses dirigeants, tout en lui tendant la main, mais c'est l'Arabie qui refusait. Elle refusait parfois de façon déplaisante et nuisible.

J'ai eu cette conversation avec un grand responsable iranien que j'ai rencontré ici au Liban. Je lui ai dit : à chaque fois vous sollicitez mes rencontres avec les dirigeants saoudiens et vous demandez à dialoguer avec eux. Et à chaque fois, ils refusent. Cela suffit. Les gens ont de la dignité. Celle-ci ne peut pas être tout le temps bafouée. L'Iran est toujours prête, mais l'Arabie refuse. Pourquoi ? Parce qu'elle considère qu'elle a échoué au Liban, en Irak et en Syrie et je ne sais pas où encore. Elle cherche donc à enregistrer une victoire avant d'aller à la table du dialogue. Mais de quelle victoire s'agit-il ? Celle qui tue les femmes et les enfants à Bahrein et maintenant au Yémen ? Je ne crois donc pas à leur volonté de dialoguer. En tout cas pas maintenant. C'est pourquoi il est temps de dire les choses comme elles sont.

Aujourd'hui, il n'y a plus de guerre par le biais d'intermédiaire. Les dirigeants saoudiens ont déclaré la guerre. L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis a déclaré la guerre à partir de Washington. Le porte-parole de la coalition s'exprime à partir de Riyad. L'armée saoudienne bombarde à partir de la frontière, l'aviation saoudienne effectue des raids qui tuent. Avons-nous besoin de preuves pour dire cela ? C'est cela le royaume du bien !

Y a-t-il encore une place pour la réconciliation ? et où est la place de la réconciliation ? Bien que nous appelons à la solution politique et au compromis, je pense qu'il est temps que les musulmans, les arabes et l'ensemble du monde musulman disent à l'Arabie saoudite : cela suffit ! Bien entendu cette position n'est nullement contraignante pour qui que ce soit, ni pour les amis ni pour ceux que l'on aime. Mais nous avons le droit aussi de donner notre opinion.

Je pose donc aujourd'hui une question à toutes les sociétés arabes, d'où vient cette pensée destructrice portée par les groupes takfiristes, (notamment ce qui s'est passé avec les chrétiens, les yazidites, les chiites et même les sunnites, les arabes, les kurdes et les turkmènes en Irak), cette pensée qui détruit les sociétés, les Etats et les armées, d'où vient-elle ? De quelle école s'inspire-t-elle ? Quelle est la culture qui l'a produite et qui la répand dans le monde ? Qui enseigne cette pensée dans ses programmes éducatifs ? Dans les classes primaires, complémentaires et secondaires et même dans les universités ? Qui construit des écoles dans tous les coins du monde pour enseigner aux jeunes cet esprit takfiriste et destructeur ?

En toute clarté, c'est le royaume arabe saoudien, avec l'argent des musulmans et celui des pèlerins qui vont à la Mecque. Pour la Syrie, pour le Liban, pour l'Irak, pour le Bahrein, pour le Yémen, pour les pays du Golfe, pour l'Egypte et la Libye, pour le Soudan, pour le Kénya et tous les pays où se trouvent des groupes takfiristes, le monde doit dire à l'Arabie saoudite : cela suffit !

C'est cela la raison. Si je tiens un discours irrationnel qui n'est pas basé sur la raison, rejetez-le. Mais je donne des faits. Le monde a été choqué de voir Daech en Irak détruire les villes historiques, les vestiges et les statues ? Ce sont pourtant les fils de cette école qui remonte à 1926 qui ont fait cela. Ne vous étonnez pas, à cette époque il n'y avait pas de chaînes satellitaires. J'ai d'ailleurs vu des présentateurs et des présentatrices plus émus de voir les statues détruites qu'en voyant certains groupes d'humains mourir. ..Mais pour revenir à l'essentiel : d'où vient cette pensée et l'argent qui contribue à la diffuser ? D'où viennent les armes ? D'où vient l'incitation religieuse et confessionnelle ? Nous sommes arrivés, après la guerre du Yémen, à cette conclusion. Bien entendu, cette position du Hezbollah n'engage pas nos amis et nos alliés. Mais nous sommes une partie de cette oumma et en tant que tels, nous estimons que l'intérêt de la oumma est de dire cela. Nous avons déjà consenti de nombreux sacrifices pour l'intérêt de la oumma et du Liban, dans la lutte contre l'ennemi israélien, avec nos frères d'Amal et des forces nationales ainsi qu'avec l'armée libanaise. Et toujours pour servir les intérêts supérieurs du Liban, nous sommes prêts à consentir de nouveaux sacrifices.

L'intérêt des peuples de la oumma et de la région exige que le monde entier, gouvernements, peuples et Etats en finisse avec les formules de politesse. Ils doivent mettre de côté leur goût pour l'argent saoudien et dire aux dirigeants de ce royaume : cela suffit. Vous avez détruit la planète, vous avez poussé les peuples les uns contre les autres. Où nous menez-vous avec ces agissements ?

Je vous le dis aujourd'hui : le plus grand perdant de tout ce qui se passe depuis des années, ce sont la Palestine et la cause palestinienne et les plus grands gagnants sont «Israël» et Netanyahu. C'est pour tous ceux-là que nous devons élever la voix contre ceux qui aboutissent à ce résultat. Je le dis en toute clarté : ne croyez pas que quelque chose, quel qu'il soit, pourrait nous pousser à baisser la voix. Appelez-le un cri, pas de problème ? C'est un donc un cri pour Dieu, pour ceux qui croient en Lui et dont le sang est versé dans tous les pays musulmans aujourd'hui.

D'où viennent Al Qaëda et ses semblables ? Daech, Al Nosra, Boko Haram au Nigéria, le Mouvement des Chababs en Somalie ? Ceux-là vont dans les hôpitaux pour tuer les gens, ils vont dans les marchés et tuent des gens juste parce qu'ils sont chrétiens. Ils vont dans les universités et les écoles pour tuer et enlever. Revoyez tout cela et examinez leur culture et leur doctrine...

Ca suffit ! Les guerres, les incitations confessionnelles et religieuses, cela suffit. Cela suffit de dévier l'Islam et de commettre les pires choses en son nom. Les gouvernements, les rois, les présidents, les peuples et les ulémas doivent assumer leurs responsabilités ;

Il me reste un conseil pour les Libanais. Nous sommes en désaccord, c'est vrai, au sujet du Yémen et avant cela au sujet de la Syrie et encore avant cela au sujet du Liban. Mon conseil à une partie des Libanais est donc de se calmer un peu et de ne pas célébrer trop vite la victoire de la Tempête de la Fermeté. Ne faites pas de faux calculs, gardez en tête d'autres possibilités. Il y a quatre ans, vous aviez bâti toute votre stratégie, vos discours et vos tactiques sur la chute rapide du régime syrien. Nous en sommes aujourd'hui à la cinquième année... Vrai ou non ? Vous vous êtes placés dans une mauvaise situation et vous êtes obligés de reconnaître les faits. C'est pourquoi je vous dis calmez-vous. Vous avez votre lecture, nous avons la nôtre et chacun peut critiquer l'autre. Mais cela ne signifie pas que nous devons nous lancer des insultes. Nous autres, nous ne considérons pas la critique comme des insultes. Et nous ne pensons pas que si on nous critique ou si nous critiquons une partie, cela signifie que ce sont des insultes. Au sujet du Yémen que chacun garde ses positions, que chacun développe son point de vue et expose ses arguments en évitant toutefois les insultes et en respectant la morale. Je prétends m'y conformer et au final, au Liban, nous souhaitons vivre ensemble et poursuivre ensemble le chemin. Tout comme nous avons voulu mettre le Liban à l'écart du conflit syrien, en dépit de tous les dangers qu'il représente, nous ne voulons pas transposer dans notre pays la guerre du Yémen. Je souhaite aux autres de ne pas le faire non plus.

Les Yéménites résisteront, affronteront et resteront sur leurs positions. Ils sont capables de le faire. Ils ont le commandement pour cela et les capacités. Ils ont l'armée et le peuple qu'il faut pour cela. Ces hommes, ces femmes et ces enfants dont nous voyons les images montrent que ce peuple peut tenir et mérite la victoire. Ceux qui possèdent de telles qualités ne peuvent que remporter la victoire. C'est ce que nous croyons. Je vous remercie encore pour votre présence.

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