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Discours du 10e anniversaire de la libération

Discours du 10e anniversaire de la libération
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A l’occasion du dixième anniversaire de la libération, le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours dans lequel il a développé une nouvelle équation, affirmant qu’en cas de blocus israélien des côtes libanaises, la résistance bombardera les navires se rendant dans les ports de Palestine occupée, le long de la côte méditerranéenne. Voici le texte du discours.
Bismillah al rahmane al Rahim (…)Je voudrais au début avoir une pensée pour les âmes des martyrs de la résistance, de la libération et de la victoire, ainsi qu’aux âmes de tous les martyrs qui ont sacrifié leur sang pour que la victoire soit possible et qu’il y ait toute cette fierté et tout cet honneur, notamment le sayed des martyrs de la résistance islamique sayed Abbas Moussawi, le cheikh de nos martyrs Ragheb Harb et le chef hajj Radouane, Imad Moghnié…
Je voudrais aussi vous bénir et vous féliciter tous, Libanais, arabes, musulmans et hommes libres dans le monde en ce dixième anniversaire de la victoire de la résistance, de la patrie, de l’armée, du peuple et de la volonté. C’est aussi la victoire du sang sur l’épée, du droit sur le faux et de la détermination et de la foi sur les tentatives de destruction de la volonté libre. En tout premier lieu et avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais remercier tous les habitants du sud, notamment dans les villages frontaliers, n’ont eu peur de personne, dimanche et certainement pas des manœuvres israéliennes. Ils ont organisé au Sud, le 23 mai des noces et des fêtes pour la démocratie, la liberté d’expression et l’unité à l’occasion des élections municipales. Je voudrais aussi remercier tous les Libanais qui ont permis d’accomplir les deux premières parties du scrutin électoral, au Mont-Liban, à Beyrouth et dans la Békaa. Je remercie en particulier ceux qui ont renouvelé leur confiance et leur appui à notre alliance dans le cadre électoral et je prie Dieu de nous permettre d’achever de la meilleure façon possible la dernière partie du scrutin au Nord pour que nous puissions nous occuper des échéances internes et régionales à venir.
Je vais commencer par évoquer la libération de 2000 avant d’aborder la situation actuelle sur le plan du conflit avec Israël. Je parlerai ensuite du futur et de la nouvelle équation qui vient s’ajouter aux précédentes.
Tout le monde sait que l’invasion israélienne de 1982 faisait partie d’un plan américano-israélien pour la région. Le Liban, la Palestine et la Syrie étaient des cibles essentielles de ce plan qui visait à préparer le terrain face aux développements importants et dangereux qui s’étaient produits en Iran.
En 2000, ce projet a échoué. Mais il y avait bien sûr, des formules de rechange. Ils ont élaboré un second plan qui lui a aussi a échoué, comme le fera aussi le troisième je l’espère, brisant ainsi leurs rêves…
En 2000, le projet israélo-américain est tombé et un de ses éléments tel qu’il a été divulgué par certains responsables israéliens présents en 1982, consistait à commencer à bâtir des colonies israéliennes dans le Sud du Liban. Vous savez comme cette région est belle et vaste, avec beaucoup d’eau grâce à Dieu.  Le plan était donc de commencer la construction un an après l’occupation, le temps de voir comment va évoluer la situation au Sud et si la situation va se stabiliser au Liban, avec malheureusement l’aide d’une partie de l’intérieur libanais. Mais ce projet de construire des colonies israéliennes au Sud, dans la Békaa ouest et à Rachaya a échoué dès les premiers mois suivant l’occupation à cause du sang des martyrs, surtout les kamikazes. Vous vous souvenez tous du fait qu’au cours de la première année de l’occupation, les opérations de toutes sortes et dans toutes les régions ainsi que de la part de nombreux partis se sont multipliées. Au point que les sionistes ont abouti à la conclusion qu’il est impossible de voir la situation se stabiliser au Liban et ils ont renoncé à ce projet de construction de colonies. J’ai voulu évoquer cette question, car elle a été développée récemment dans les médias.
En 2000, ce fut la moisson.  Entre 1982 et 2000, il y a eu une détermination, une action, une patience, des souffrances, du jihad, du sang, des martyrs, des blessés, des exodes, de la résistance, des maisons détruites, des champs brûlés, des écoliers tués et d’autres qui malgré tout se rendaient en classe. Nous parlions dès le début de la victoire à venir, alors que certains au Liban et dans le monde arabe, se moquaient de nous et nous taxaient de cheikhs séniles qui voient des songes et les prennent pour des réalités. Lorsque le cheikh de la résistance a déclaré dans les années 90 et 91, qu’Israël et qu’il sortira, humilié, tôt ou tard du Liban, certains ont tourné ces propos en dérision. Je parle de tout cela pour en arriver au présent et aborder le futur.
Ce fut donc la victoire historique de 2000. Je vous demande à tous, ainsi qu’au monde arabe et au monde en général : qui s’attendait à une telle victoire ? Qui s’attendait à ce qu’Israël quitte le Liban de cette sorte, suivant un scénario aussi humiliant, au point que certains grands commandants israéliens ont déclaré : « nous sommes partis la queue entre les jambes », pour exprimer leur grande humiliation ?
Pour beaucoup, un tel scénario relevait de la fiction pure et pourtant, il s’est déroulé devant vos yeux et devant les caméras du monde entier.
En résumé, je voudrais dire que plusieurs facteurs essentiels ont permis cette victoire :
D’abord, la volonté des gens et leur soutien à la résistance, en particulier les habitants du Sud, ceux qui résident dans les villages en première ligne, et ceux de la Békaa qui ont subi les bombardements israéliens sur leurs villes et localités. Jusqu’en 2000, la banlieue sud et Beyrouth avaient été relativement épargnées. Mais ce ne fut pas le cas en 2006. En parlant des gens, je cible une grande partie des Libanais. Je ne parle naturellement pas de tous les Libanais. Car il n’y a jamais eu d’unanimité autour de la résistance et de ses choix.
En second lieu, il y a la stabilité politique et sécuritaire du pays, surtout dans les années 90. Si à partir des années 90, la résistance a pu améliorer ses performances et agir crescendo, c’est en grande partie à cause de la stabilité interne, dont l’armée libanaise reste un des principaux facteurs.
Troisièmement, la coordination entre l’armée et la résistance et la distribution des rôles. En définitive, la résistance ne s’est pas mêlée des questions internes, surtout sécuritaires. L’armée veillait sur l’intérieur, sur les rues et les artères et sur les côtes et la résistance avait un caractère clandestin et travaillait à sa manière dans la zone occupée et sur les lignes de front.
Quatrièmement : la résistance du pouvoir politique libanais qui a tenu bon face aux pressions américaines et autres. Vous vous souvenez comment Barak avait annoncé le retrait de ses troupes en 2000 et lui ets es alliés ont commencé à supplier la Syrie et le Liban pour obtenir des acquis lui permettant de couvrir sa honteuse retraite. Le pouvoir politique de cette époque, à savoir le président de la République, le gouvernement et le parlement, bref toutes les instances officielles libanaises, a refusé de faire les moindres concessions ou de récompenser l’ennemi israélien qui a été contraint à un retrait unilatéral, sans conditions.
Cinquièmement :L’appui de la Syrie et de la République islamique d’Iran qui a revêtu des formes diverses et dont nous sommes fiers.
Tous ces éléments sont des facteurs qui ont facilité la victoire, mais l’élément le plus important reste l’existence d’une résistance armée jihadiste, prête à tous les sacrifices. Nous aurions pu continuer à résister mais nous n’aurions pas pu remporter une telle victoire sans elle, sans son héroïsme, ses opérations et ses martyrs. Sans aussi ses actions contre les commandants de l’ennemi, les poursuivant sans relâche et entraînant chez eux des défaites psychologiques et militaires, aussi bien chez l’ennemi israélien que chez ses agents au Liban. Israël a été ainsi contraint à se retirer sans condition et c’est nous qui avons réussi à imposer le timing, le scénario et les conditions de sa fuite du Liban.
C’est l’équation et c’est la cause de la victoire. Aujourd’hui, dix ans après, nous rappelons que c’est l’équation du peuple, de l’armée et la résistance qui a construit la victoire.
Elle figure d’ailleurs dans la déclaration ministérielle et elle a été rappelée hier, à juste titre, par le Président de la République. Ce dernier exprime la position officielle libanaise adoptée dans la déclaration ministérielle, non les parties qui s’y opposent ou émettent des réserves. Celles-ci ont le droit de s’exprimer, mais elles ne représentent pas la position officielle. C’est le président qui le fait et qui exprime aussi ses convictions basées sur sa propre expérience. Cette position est aussi celle de la majorité des Libanais. Certes, il n’y a pas d’unanimité autour de cette position, mais il n’y en a pas non plus contre elle. Contrairement à ce que veulent montrer certains, la position de la majorité des Libanais a toujours été en faveur de l’équation du peuple, de l’armée et de la résistance. C’est d’ailleurs là le point fort. Pour cette raison, je ne ferai pas de commentaire sur les critiques émises çà et là car cette occasion est bien trop noble et ne mérite pas de tels commentaires.
La victoire de 2000 a jeté les fondements d’une nouvelle phase dans le conflit, basée sur de nouvelles équations et de nouvelles méthodes.
Le 26 mai 2000, tout le monde savait que la région s’ouvrait sur une nouvelle étape. Les sionistes le savaient mais ils n’avaient pas d’autre choix. Certains dirigeants arabes le savaient aussi malheureusement et, selon ce qui a été révélé par les responsables sionistes eux-mêmes, ces dirigeants les ont contactés avant mai 2000 pour les supplier de ne pas se retirer du Liban sans conditions.
Est-ce surprenant ? Non, car nous savons aussi qu’en juillet 2006, que des parties arabes ont demandé aux Israéliens de ne pas arrêter la guerre pour que le Hezbollah et le Liban ne puissent pas en sortir vainqueurs et forts. Les Israéliens l’ont raconté. Devons-nous les croire ? Le problème est qu’une telle information peut être crédible. Elle repose sur une certaine logique. Selon les Israéliens, cette logique consiste à leur dire que s’ils se retirent sans conditions, cela affaiblira la position des gouvernements arabes engagés dans un processus de négociations avec eux et leurs populations respectives réclameront l’arrêt des concessions arabes, selon l’exemple libanais. C’est sur la base de cette logique que certains dirigeants arabes ont pu réclamer le report du retrait israélien du Liban, ou le refus d’un retrait inconditionnel.
Entre 2000 et 2010, d’importants développements se sont produits dans la région, de grands projets ont échoué et d’autres sont sur le point de le faire. Le processus de compromis, surtout dans son volet palestinien, est dans l’impasse, alors que le Liban et la Syrie sont au cœur d’un intérêt régional et international. Tout le monde se pose la question sur la possibilité d’une guerre dans la région.
Dans la situation actuelle, nul ne peut nier le fait qu’Israël une situation de confusion et d’inquiétude grandissantes. Les dirigeants israéliens, mais aussi les médias et la population s’en font l’écho et expriment la crainte de défis sérieux et réels à relever. Nous les voyons organiser une manœuvre après l’autre et tout cela a un prix financier, économique et psychologique et influe sur l’activité touristique, l’émigration et la confiance dans les capacités et dans le pays.
L’ennemi se voit contraint de tenter de tirer les leçons de la guerre de 2006 et il organise toutes ces manoeuvres pour combler les failles énormes apparues dans son système pendant cette guerre.  C’est ce que les Israéliens ont appelé « transformation 4 », les trois premières manœuvres ont aussi eu lieu après 2006 et elles visent le front interne à l’intérieur de l’entité israélienne. L’ennemi a donc organisé quatre séries de manœuvres dans les villes et les localités du pays, alors qu’au Liban rien de tel n’a été entrepris. Il a organisé ces exercices pour montrer ce qu’il faut faire en cas d’attaque, mais chaque jour il se voit obligé d’ajouter de nouveaux exercices aux précédents et de répondre à de nouvelles questions. Chaque bombardement ciblé ou contre les civils, contre les installations militaires ou industrielles et touristiques exigent de nouveaux plans.
La question reste la suivante : pourquoi Israël se voit contraint, pour la première fois depuis son apparition maudite en terre palestinienne, à tenir de telles manœuvres ? Pourquoi les organise-t-il depuis 2006 presque une fois l’an, alors que le commandant du front interne affirme qu’il faut continuer à entreprendre de tels entraînements jusqu’à nouvel ordre ? Jusqu’à la guerre de 2006, Israël avait toujours été l’agresseur, alors que son front interne était sûr. En 1982, nos habitants étaient les déplacés, nos villages et nos villes bombardés alors que dans les villages au nord de la Palestine, les habitants vivaient en toute quiétude. Ce spectacle a été irréversiblement modifié en 2006. Désormais, nous avons notre front interne et ils ont le leur. Une nouvelle étape a commencé : ils bombardent et nous ripostons, ils nous tuent et nous tuons, ils déplacent nos habitants et nous déplaçons les leurs. Ils ont désormais un problème stratégique réel et c’est là leur principal point faible. Au point que le ministre de l’infrastructure qui est aussi un ancien chef d’Etat major et se considère comme un grand stratège, a déclaré il y a quelques jours : « Oui, nous sommes une importante force militaire, mais nous avons aussi un peuple ». En d’autres termes, l’étape pendant laquelle le front interne de l’ennemi était protégé alors qu’il menait ces guerres est définitivement révolue. Aujourd’hui, à travers toutes ces manœuvres, les Israéliens visent à rassurer leur front interne. Ils disent à ce front : non seulement nous sommes forts, mais nous sommes aussi en mesure de faire face à tous les dangers en cas de nouvelle guerre. Naturellement, il y a une grande part de duperie dans ces manœuvres. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent pour l’instant. Mais nous verrons lorsque les missiles commenceront à pleuvoir sur un lieu quelconque de Palestine, à quoi serviront toutes ces manoeuvres.
Ils veulent rassurer l’intérieur et en même temps, ils se moquent de lui. Les propos sur le bouclier anti-missiles et sur leur capacité à intercepter les roquettes restent des paroles en l’air dont ils ne peuvent pas prouver l’efficacité. Tout comme ils n’ont pas pu prouver la possession de missiles scuds par le Hezbollah. Personnellement, je ne compte ni confirmer ni démentir l’information. Mais les Israéliens l’ont utilisée pour obtenir 200 à 250 millions de dollars supplémentaires du congrès américain. Et les Etats-Unis qui traversent une crise financière et économique sans précédent au point que le secrétaire d’Etat au trésor a lancé qu’il ne serait pas étonnant que les Etats-Unis connaissent une crise similaire à celle de la Grèce, trouvent suffisamment d’argent pour aider Israël. Je dis tout cela pour montrer qu’Israël traverse une crise de doute aigüe. Ils ont peur de mener une guerre et ils ont peur des résultats d’une telle guerre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces derniers jours tous les responsables israéliens déclarent qu’ils veulent le calme au Nord. Malheureusement, au Liban, on parle parfois plus de l’imminence de la guerre qu’en Israël. Le but est clair : faire peur aux Libanais. Par contre, en même temps qu’il mène les manoeuvres, Israël adresse des messages de calme, pour rassurer sa propre population et son front interne. Mais si Israël n’a pas l’intention de lancer une guerre, d’où vient cette peur interne ?
En résumé, elle vient de l’existence de la volonté de résister, elle vient aussi de la crédibilité de la résistance et de sa détermination à la fois politique, culturelle, populaire, militaire, sécuritaire et sur le terrain. Elle vient aussi de la volonté de résister au Liban, en Palestine, en Syrie et jusqu’à l’Iran. Les Israéliens savent que des gens se préparent, s’entraînent et s’équipent… Ce qui leur fait aussi peur c’est l’existence des missiles dont je parlerai plus longuement en me référant aux propos de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. C’est pourquoi, alors qu’ils font des exercices militaires, les Israéliens envoient des émissaires partout dans le monde pour supplier tous les Etats susceptibles de le faire de ne pas vendre des armes qui finiraient entre les mains des résistants. De plus, les Israéliens utilisent toutes leurs amitiés internationales pour envoyer des émissaires dans la région, exercer des pressions, sur nous, sur la Syrie et sur les Palestiniens, pour nous empêcher d’avoir plus d’armes et surtout pour nous empêcher d’avoir la volonté de résister. C’est d’ailleurs cette situation qui a placé le Liban dans la situation de l’accusé. Le président Bachar Assad a tenu des propos très édifiants sur le sujet. J’aurais d’ailleurs souhaité qu’il y ait autant de clarté et de précision dans les propos des autres dirigeants arabes. Assad a dit : pourquoi le monde respecte la Syrie et s’intéresse à elle ? Parce qu’elle appuie la résistance. C’est bien d’être franc avec son peuple et d’exprimer ses convictions comme le fait le président syrien. Je le répète, la Syrie appuie la résistance et cette résistance qui existe sur le terrain au Liban a placé le Liban dans le cercle de l’accusation, aujourd’hui plus que jamais, car elle est plus forte qu’avant. Certes, je ne m’oppose pas aux visites des délégations étrangères, le Liban est un pays accueillant et nous en sommes fiers, d’autant qu’il n’a ni mines d’or ni mines de diamant, il a réussi grâce à la créativité de ses fils et à leur humanité, ainsi qu’à leur attachement à la liberté, à la dignité et à la souveraineté- que défendent les résistants- à attirer chez lui tous ces visiteurs.
Certaines délégations arabes viennent au Liban pour aider, par solidarité et pour exprimer les relations fraternelles. Mais en ce qui concerne la plupart des délégations étrangères et certaines délégations arabes, c’est différent. Ils viennent ici à cause de la résistance. Comment le savons-nous ? En apprenant ce qu’ils proposent et les sujets qu’ils évoquent dans leurs entretiens et qui est souvent rapporté dans les médias. Les visiteurs étrangers parlent donc des scuds, des frontières libano-syriennes, du trafic d’armes, de la situation à la frontière sud et de la résolution 1701. Ils cherchent à avoir quelle sera l’attitude du Hezbollah en cas de guerre à Gaza, d’attaque contre l’Iran etc. Ils ne veulent pas rassurer les Libanais, mais les Israéliens. Ils cherchent à protéger ceux-ci. Le ministre français des AE Bernard Kouchner est toujours survolté quand il vient au Liban et provoque des polémiques. Cette fois, heureusement, il était calme, car il avait reçu des assurances sur le fait que le Hezbollah ne possède pas de scuds. Reste à savoir si ces assurances sont fondées. Ce que je voudrais rappeler c’est que la force du Liban est dans cette équation : celle du peuple, de l’armée et de la résistance. Il faut la préserver et la renforcer pour affronter les défis à venir. Permettez-moi de dire aussi que ceux qui cherchent à brader cette équation, cherche consciemment à faire du Liban un pays découvert face à l’ennemi israélien.
Avant d’aborder le futur, je voudrais dire que nous pensons que l’ennemi ne lancera pas une nouvelle agression contre le Liban à l’heure actuelle pour les raisons déjà expliquées.
Concernant le futur, je voudrais lire un texte, car, dans notre région, certains ne croient malheureusement pas en leurs propres capacités. Leurs cerveaux sont programmés à l’occidentale et lorsque des chefs de la résistance parlent, ils mettent en doute leurs propos. Ils sont toujours prêts à croire ce que disent les Américains et mettent en doute les voix qui affirment qu’Israël est dans une impasse et que la fin de cet Etat est proche…
Récemment, au cours du congrès de l’Aipac, qui réunit aux Etats-Unis, les membres du lobby sioniste et qui a un caractère stratégique, Hillary Clinton a pris la parole. En général, les discours des officiels américains devant ce congrès sont très bien étudiés car ils revêtent un caractère officiel Mme Clinton a donc déclaré : « Certains croient que la situation actuelle peut durer. Mais la dynamique démographique idéologique et la technologie rendent le maintien de ce statu quo difficile ». Mme Clinton s’est adressée aux juifs pour leur dire qu’Israël ne peut pas continuer à judaïser Jérusalem, tout en maintenant le blocus autour de Gaza et en menaçant le Liban et la Syrie. En évoquant la question démographique, Clinton a montré qu’elle empêche l’émergence d’un Etat juif pur et que les Israéliens sont donc contraints à trouver une solution à ce problème. Au sujet de l’idéologie, Clinton a expliqué qu’un jour, même les Arabes dits modérés ne pourront plus se lancer dans des négociations avec les Israéliens. Rappelez-vous à ce sujet ce que j’ai dit au début sur certains arabes qui avaient demandé aux Israéliens de ne pas se retirer du Liban en 2000 et de ne pas cesser la guerre en 2006.
Clinton reconnaît l’existence de deux axes dans la région : l’un modéré et l’autre qu’elle qualifie d’extrémiste. Elle poursuit en affirmant que si nous continuons dans cette voie, le camp modéré sera affaibli et incapable d’offrir le moindre acquis à la population, alors que l’autre camp se renforce et devient plus convaincant pour les gens. Le camp modéré n’apporte rien, alors que celui dit extrémiste parvient à libérer les détenus et à restituer la terre. Il offre aussi la force et la dignité et il inverse les rôles, l’Israélien devenant le mendiant alors que l’Arabe est celui que l’on supplie et qui impose ses conditions. Une nouvelle idéologie est donc en train de se renforcer dans la région, basée sur la victoire de 2000 et celle de 2006 et sur la résistance de Gaza, alors que l’axe dit modéré se voit de plus en plus isolé et se retrouvera un jour au bord du gouffre.
Au sujet de la technologie, je vais lire le texte. Clinton dit : Le développement technologique dû à la poursuite de la guerre rend difficile la garantie de la sécurité d’Israël. Pendant six décennies, les Israéliens ont surveillé leurs frontières, mais le développement de la technologie des missiles rend les familles israéliennes éloignées des frontières vulnérables ». La fabrication des missiles n’est ni difficile ni coûteuse. Elle peut être faite localement. Nous avons dans le monde arabe les cerveaux nécessaires pour cela. Il nous manque seulement la décision politique. En termes plus simples, nous pouvons avoir un bouclier de missiles pour le prix de dix avions Migs. Tout ce que vous entendez sur les missiles Patriots et sur le bouclier anti-missiles ne peut rien contre nos roquettes. Le développement technologique a placé chaque ville ou installation, chaque aéroport, chaque port israélien à la portée de nos missiles.
En développant ces points, Clinton a voulu convaincre le lobby israélien de pousser vers un compromis, avant qu’il ne soit trop tard. D’ailleurs, aujourd’hui, lorsque les Israéliens passent en revue l’étape passée, ils se mordent les doigts pour n’avoir pas conclu un accord avec la Syrie, en lui restituant le Golan avant 2000, car ils se seraient ainsi débarrassés du Liban, du Hamas et du Jihad, bref de toute la résistance et même de l’Iran. Ils n’ont pas su saisir l’occasion  par arrogance et ils continuent à le faire aujourd’hui et bientôt, ils seront dans le gouffre si Dieu le veut.
A tous ceux qui veulent douter de ces propos, je rappelle que c’est Hillary Clinton et le département d’Etat américain qui les tient. Ils disent aux Israéliens si vous ne faites pas preuve de réalisme et si vous n’aidez pas le président Barak Obama à trouver un compromis, l’Etat juif pur n’existera pas et sera menacé. Si aujourd’hui, vous trouvez encore des partenaires arabes, bientôt, vous n’en trouverez plus. Nous partageons la vision de Clinton.
Sur cette base, que devons-nous faire ?
A notre avis, il faut nous convaincre tous que c’est nous qui défendons notre pays, naturellement après avoir sollicité l’aide de Dieu Tout Puissant. Nous, Libanais, nous défendons notre pays, par nos bras, notre volonté et notre libre décision nationale. Certes, les contacts internationaux sont bons, l’Etat et le gouvernement font de leur mieux pour écarter les dangers. Nous ne critiquons pas cette démarche Mais l’entreprendre est une chose, miser sur elle est une autre. Nous devons entreprendre les contacts nécessaires, mais ne pas miser sur eux. Notre objectif est de protéger notre pays et notre peuple. Si nous sommes forts, le monde nous respecte. Le monde est plein de morts et d’injustices, et nul ne bouge le petit doigt pour les défendre. Par exemple, j’ignore le contenu des entretiens entre le président russe et Khaled Mechaal, mais je suis convaincu que le sort du soldat israélien Gelaad Chalit a été évoqué. Je le sais car lorsque les émissaires étrangers venaient au Liban, leur principale question tournait autour du sort des soldats israéliens. Mais les milliers de détenus palestiniens en Israël, nul n’en parle. Par contre le monde entier se soucie de la dépouille d’un soldat israélien et la recherche…
En réalité, nous détenons cette force. Elle existe à travers l’équation que nous avons évoquée et qu’il faut consacrer sur le plan national. Ecoutons ce que disent plusieurs commandants en chefs qui se sont succédé à  la tête de l’armée. Michel Aoun, Emile Lahoud, Michel Sleiman et aujourd’hui Jean Kahwaji, tous expliquent comment il faut protéger le pays, sans surenchère.
Nous autres, nous poursuivons nos préparatifs qui n’ont aucune limite ni aucun plafond. Il existe un équilibre de la terreur, qui ne repose pas uniquement sur la foi et la détermination. Il y a aussi les conditions matérielles. Il faut dire certaines choses aux Israéliens et en taire d’autres. Soyez sûrs que je ne dirais pas tout et nul ne le fera car nous réservons certaines surprises pour les temps de guerre. Lorsque nous parlons, ce n’est pas pour faire les grands titres des journaux. C’est simplement une partie de la guerre entre nous et les Israéliens. Aujourd’hui, nous nous menons une guerre psychologique. L’ennemi organise des manœuvres et les filme pour faire peur aux Libanais et nous voulons aussi dire aux Israéliens : ayez peur. Aujourd’hui, je ne parlerai pas de nouvelles armes en notre possession, mais je veux révéler une volonté nouvelle si la guerre que nous ne voulons pas mais que nous ne craignons pas éclate et elle changera la face de la région, Hillary Clinton partage notre opinion sur ce sujet.
Nous avons déjà dit que le front interne israélien est à découvert. Nous en connaissons les moindres détails et les cibles que nous devons viser. Nous en connaissons les points forts et les faiblesses. Nous avons déjà dit que nous bombarderons les aéroports, les ports et les immeubles, si les nôtres sont bombardés. L’élément nouveau aujourd’hui est le suivant : en 2000 et avant cette date, l’ennemi israélien encerclait les ports libanais et empêchait les navires de s’en approcher en imposant un blocus même dans les eaux internationales. Désormais, je voudrais dire que dans toute prochaine guerre qu’Israël lancera contre le Liban, nous bombarderons tout navire qui tente de s’approcher de vos ports, si vous imposez un blocus à nos ports. Tous les navires dans vos ports sur la côte méditerranéenne seront visés. Naturellement, il ne s’agit pas de nouvelles armes, car nous avons déjà bombardé en 2006, le navire de guerre Saër 5 et même les Israéliens ont reconnu qu’il a été sérieusement endommagé et il a dû être retiré du service pendant une longue période, bien qu’il s’agisse d’un navire d’une grande performance et très bien équipé. Nous sommes donc en mesure d’atteindre tous les bateaux civils et de guerre qui veulent accoster sur les ports de l’ennemi. Je parle bien sûr de la côte méditerranéenne, non de la mer rouge, pour l’instant…Nous sommes prêts à entrer dans cette nouvelle étape de la bataille et nous verrons comment plus aucun bateau n’osera se rendre dans les eaux territoriales palestiniennes si un blocus est imposé à notre côte. Par contre, si un navire civil transportant des passagers souhaite quitter un port de l’ennemi, nous le laisserons passer…
Mais avant les armes, c’est vous notre principale force. Vous la population, ces cœurs fiers et courageux, ces âmes croyantes et ces esprits pleins de détermination. C’est sur vous et sur votre confiance que nous misons. Si toutes nos armes étaient dans un autre lieu du monde, je ne sais ce qui leur serait arrivé. Mais ici, vous les protégez de tout votre cœur et vous en gardez le secret, ces armes sont protégées par votre confiance et par les pas sûrs que nous effectuons et qui font que n’avons peur de rien, ni surtout de l’aviation israélienne que nous avons affrontée pendant 33 jours en 2006.
Ils ont amené Ashkénazy croyant ainsi nous impressionner, mais en 2000, c’est lui qui avait dirigé la fuite, tout comme Barak qui avait pris la décision du retrait honteux. Et même Netanyahu qui avait été Premier ministre pendant les trois années au cours desquelles la résistance avait intensifié son action. Il n’avait pas osé prendre la décision du retrait car il craignait les militaires. Voilà les chefs de l’ennemi. Peut-on les comparer avec les nôtres ? La comparaison est impossible. Dès qu’il voit un résistant, l’ennemi se met à pleurer comme un enfant. Ils ont des armes, certes, mais celles-ci ne nous effraient plus car nos cœurs ne connaissent plus la peur.
Je voudrais conclure en disant : renversons l’équation. Cessons d’être sur la défensive. Je parle bien sûr sur le plan psychologique. Cessons de dire que le Liban a peur et a besoin d’être rassuré. C’est Israël qui vit désormais dans la crainte et a besoin de garanties. Il ne faut pas les lui donner. Car lorsqu’il se sent protégé, Israël attaque, alors que s’il a peur, il se replie. Il doit donc avoir peur et nous voulons le laisser dans ses craintes. Au Liban, par contre, il faut cesser d’avoir peur de la guerre et de la brandir comme une menace en évoquant les armes de la résistance. La résistance et sa présence stratégique au cœur de l’équation fait peur aux Israéliens. Il faut que cela continue.
A vous mes frères, je voudrais dire que vous pouvez être tranquilles et confiants. L’équation a changé et c’est l’ennemi qui a peur et qui doit continuer à vivre dans la crainte. Mais, avec la confiance, nous devons aussi rester prêts et convaincus de la victoire. Nous affronterons la prochaine guerre et nous la remporterons et nous changerons ainsi la face de la région si Dieu le veut.
Bénie soit cette fête de la victoire, de la libération et de l’avenir prometteur et paix à nos martyrs. Que Dieu panse vos blessures et vous donne la victoire sur vos ennemis…

         

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