Par Samer R. Zoughaib
Dans une allocution par vidéoconférence à l'école al-Mahdi de Hadath, à l'occasion de la commémoration de la naissance du prophète, retransmise par plusieurs chaînes de télévision libanaises et panarabes, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a lancé une série de messages à portée locale, régionale et internationale.
Sayyed Hassan Nasrallah a rendu un vibrant hommage "aux officiers et soldats de l'Armée libanaise et aux Moujahidines de la Résistance déployés aux frontières dans la neige et le froid sur les hautes montagnes, parfois à 2500 mètres d'altitude". "Ces hommes sont les véritables défenseurs du peuple libanais et de l'humanité dans ce pays et sans eux, le Liban et la région se trouveraient dans une situation différente".
Après un vibrant hommage à la mémoire de l'ancien Premier ministre disparu Omar Karamé, il a indirectement évoqué les incidents qui secouent la France depuis deux jours. Selon lui, "le tort fait à l'image du prophète par les groupes takfiristes n'a pas de précédent dans toute l'histoire. Ces groupes représentent la plus grande menace pour l'islam en tant que religion et au message délivré par le prophète".
Le leader de la Résistance a ajouté que "la confrontation avec ces groupes n'a plus comme seul objectif de défendre des régions, des pays, des gouvernements et des minorités, mais de protéger l'islam". "Nous devons tous assumer cette responsabilité et toute la Oumma doit conjuguer ses efforts pour faire face à ces takfiristes".
Sayyed Nasrallah a encore dit sur le même sujet: "La nation musulmane, dans toutes ses communautés, doit unir ses efforts, affirmer qu'elle n'a aucun lien avec les takfiristes, et œuvrer à leur disparition. La menace dépasse la politique, la sécurité et la dignité. Lorsqu'il s'agit de défendre l'islam en tant que religion, beaucoup d'obstacles tombent. Les musulmans sont face à un défi. En ce jour de commémoration, nous avons choisi le thème 'Mohammad, prophète de la miséricorde'. Le prophète nous a appris à dire: 'au nom de Dieu le Miséricordieux', en implorant sa miséricorde. Cette notion n'est pas juste un slogan, elle doit guider nos comportements et nos personnalités. Aujourd'hui, nous en avons besoin, à la lumière des agissements des groupes takfirisites qui se revendiquent de l'islam, par leurs paroles et leurs actions horribles, violentes et barbares. Lorsque les têtes sont coupées, des personnes éventrées et massacrées, que des gens sont tués au Yémen car ils commémorent la naissance du prophète, comment ces groupes peuvent-ils se revendiquer de l'islam? Aujourd'hui, notre nation et notre religion font face à cette menace dangereuse."
Dialogue et présidentielle
Evoquant ensuite le dossier libanais, sayyed Nasrallah a assuré que le dialogue en cours entre le Hezbollah et le Courant du Futur, "progresse avec beaucoup de sérieux de la part des deux parties, preuve que le pays est soulagé. Certes, il existe encore une tension mais elle a baissé".
Le leader de la Résistance a déclaré que "d'aucuns sont sceptiques quant aux résultats des discussions mais les deux séances qui ont déjà eu lieu nous laissent croire qu'il est possible d'atteindre des résultats positifs."
"Nous sommes pragmatiques, c'est pour cela que nous n'avons pas placé la barre trop haut. Dès le départ, nous savions que ce dialogue ne peut pas régler la question de la stratégie défensive. Toutefois, nous pouvons nous entendre pour empêcher l'effondrement du pays dans lequel nous vivons tous", a-t-il dit avant de poursuivre: "Certaines personnes n'ont pas intérêt à ce que les Libanais se parlent, à ce que les sunnites et les chiites s'entendent entre eux, ou à ce que les chrétiens et les musulmans discutent. Car quelque part dans ce monde, certains souhaitent une guerre islamo-chrétienne et ces idiots des groupes terroristes sont en train de les aider à réaliser leur objectif."
Et le leader du Hezbollah d'ajouter: " Ce dialogue ne remplace pas le dialogue national auquel participeraient toutes les parties, de même qu'il n'empêche pas des discussions bilatérales entre deux autres forces politiques. Lors du dialogue entre le CPL et le Courant du futur, certains ont prétendu et écrit que le Hezbollah était gêné par cette prise de contact. Mais nous avions dit à nos alliés que nous appuyons cette démarche."
Evoquant le dossier de la présidentielle, sayyed Nasrallah a précisé "que tout dialogue, surtout interchrétien, peut aboutir à l'élection d'un président. Seuls les Libanais peuvent élire un chef de l'Etat. Les puissances étrangères, ou les interventions régionales ou internationales n'y peuvent rien".
La faiblesse des takfiristes
Concernant le dossier de la sécurité, sayyed Nasrallah a regretté que "certains médias amplifient les faits et exagèrent les dangers". "Nous avons intérêt à ce que les gens vivent normalement, a-t-il dit. L'armée et les Moujahidines assument la responsabilité de défendre les frontières. Ce sont eux qui supportent le froid, la neige qui sont blessés et tombent en martyr. Les takfiristes n'ont pas les moyens de lancer de vastes attaques. Ils essaieront mais ils seront incapables de prendre ne serait-ce qu'un seul village. Face au danger takfiriste, les Libanais ne sont pas incapables et n'ont besoin de l'aide de personne. De même que nous avons vaincu l'agresseur israélien, nous vaincrons cette menace. Nos combattants sont prêts à aller jusqu'au bout. Que personne ne sème la panique. Concernant la possibilité d'une opération militaire d'envergure, nous affirmons n'avoir aucun problème à ce niveau, car nous avons résisté par le passé. Ces groupes, nous n'aurons aucun mal à les affronter".
Le caractère pacifique de la contestation à Bahreïn
Sayyed Nasrallah s'est étendu sur la situation à Bahreïn, après l'arrestation du chef de l'Association Al-Wifaq, cheikh Ali Salman. Il a notamment déclaré dans ce cadre: "Le soulèvement à Bahreïn est pacifique depuis le premier jour. Bien que confronté à la violence du pouvoir, le peuple bahreïni est resté pacifique. L'opposition a toujours prôné le dialogue. Cela fait quatre ans que les bahreinis manifestent et ils ne sont pas fatigués. S'ils ont choisi la voie pacifique, ce n'est pas parce qu'ils manquent d'hommes ou d'armes, c'est parce que les leaders de ce peuple ont fait le choix pacifique. L'arrestation de cheikh Salman est d'une extrême dangerosité. Ceux qui ont soutenu les printemps arabes, ont considéré que la question bahreïnie était confessionnelle. Il y a un projet similaire au projet sioniste, il est question d'invasion, de naturalisation d'individus des quatre coins du monde, tandis que les natifs du pays se voient spoliés de leurs droits élémentaires, ainsi que de leur nationalité. Un jour, un autre peuple que les Bahreïnis s'installera à Bahreïn."
La dernière allocution du chef du Hezbollah remonte au 4 novembre 2014, lors des commémorations de Achoura.
Source : French.alahednews
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