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Entre deux juillets, le chef de la résistance se rappelle (deuxième partie)

Entre deux juillets, le chef de la résistance se rappelle (deuxième partie)
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L'interview de sayed Hassan Nasrallah à Al Akhbar 14 août 2014. En présence de sayed Nasrallah, jusqu'à l'aube :

Sayed Nasrallah: Daech (EIIL) se dirigera vers l'Arabie, la Jordanie et la Turquie, après le Kurdistan

Q- Certains disent que le Hezbollah a commencé comme mouvement islamique ne reconnaissant pas de frontières, puis s'est transformé plus tard en mouvement de résistance nationale, à cachet islamique, avant de devenir un mouvement de résistance transfrontalière, suite à son intervention en Syrie et des dires sur sa présence en Irak et au Yémen. Ces propos sont-ils vrais ? Dans quelle mesure vous les approuvez ?

R- Indépendamment du débat intellectuel et politique, je voudrais exposer les faits. La décision de combattre en Syrie, a été prise, en premier lieu, afin de défendre le Liban, la résistance et tous les Libanais. Sans exception aucune. D'ailleurs, les derniers évènements survenus à Ersal ont confirmé notre vision, même si notre adversaire entêté a voulu les interpréter de son propre angle de vue. Certains ont dit que nous avons mené une guerre préventive en Syrie. Je neEntre deux juillets, le chef de la résistance se rappelle (deuxième partie) trouve pas ce terme exact, puisque la guerre était près de notre frontière. Aujourd'hui, certaines forces du 14 Mars, qui ne cessent de louer la souveraineté et le refus de l'intervention en Syrie, ne savent pas, par exemple, que les jurds de Ersal, s'étendant sur des dizaines de Km, ainsi que d'autres périphéries de la Békaa, sont occupés par les groupes syriens armés depuis le début des évènements syriens. Ces groupes y ont installé des casernes pour l'entrainement, des chambres d'opérations, des hôpitaux de campagne, et des lieux de rassemblement, sur le territoire libanais. Et même avant l'intervention du Hezbollah en Syrie. Ils nous disent : vous y êtes allés, ils sont venus. Mais voyons, ils sont venus depuis longtemps.
Ce qui est prouvé, jour après jour, que ce ne fut pas une guerre préventive. Qosseir est situé à la frontière. Certainement et sans aucun doute, si cette bataille n'avait pas eu lieu, les groupes armés auraient pénétré dans le Hermel, et la Békaa du nord. Notre combat en Syrie ne porte point atteinte à la dimension nationale de la résistance, puisque nous sommes en train de défendre notre patrie, aux frontières. Bien que nous ayons participé aux combats dans certains lieux en Syrie, mais la bataille essentielle s'est déroulée dans les zones frontalières avec le Liban.
Il est important de rappeler, que les périls nous menacent tous. Ce que nous évoquions il y a trois années, fait désormais partie du discours de tous. Même nos adversaires reconnaissent que ce qui se déroule dans la région menace les entités, les pays, les sociétés, les populations, et la région toute entière, voire menace les intérêts des puissances dans le monde. Je crois que le devoir incombe à tous ceux en mesure de participer à cette bataille, pour défendre le Liban, la Syrie, l'Irak, la Palestine, la région, la cause palestinienne, ainsi que les Musulmans, les chrétiens et les minorités religieuses. Laissons de côté toute discussion intellectuelle, stratégique, tactique, et politique. Un grand danger envahit la région, des massacres énormes, alarmant, sont commis, sans contraintes ni garde-fous sur le plan intellectuel, moral, éthique, religieux et humain. Un monstre débridé dans la région, ses pays et ses entités. Doit-il être loué ou condamné ? Ou bien c'est celui qui a créé ce monstre qui doit être condamné. Nous discuterons de cette question plus tard. Je parie toujours sur un fait : un jour, nos adversaires ainsi que les têtus nous dirons que vous aviez raison.

Q- Etes-vous confiants que ce fait aura lieu ?

R- Le climat politique a changé. Les politiciens seront les derniers à changer de position, vu leurs intérêts. Prenons Ersal comme exemple. L'humeur de ses habitants est-il à l'heure actuelle, comme il a été avant les derniers évènements ? Nous écoutons leurs propos dans les médias, ainsi que ceux des chefs du courant du Futur, qui interrogent : est-ce de cette manière qu'on récompense Ersal ayant accueilli et hébergé les réfugiés ? Evidemment, certains à Ersal ont assuré plus que l'hébergement. Ils ont transformé la localité en base militaire avancée des groupes armés. L'épreuve ? Le communiqué publié par le front Al-Nosra, évoquant une erreur commise à Ersal, vu l'importance du site géographique de cette localité pour les rebelles. Comment ces derniers ont-ils récompensé les habitants de Ersal ?
Mme avant la dernière bataille, des groupes armés entraient dans le village, pour piller, tuer et enlever les gens. Les habitants de Ersal, n'ont même pas demandé la protection avant cette période, puisque Daech et Al-Nosra contrôlaient la localité.
Prenez comme autre exemple l'humeur des chrétiens : n'a-t-elle pas changé ? Dans la Békaa du nord, il n'y a plus de chrétien pro 8 ou 14 Mars. Celui qui veut préserver sa demeure, son village et ses propriétés, était prêt à porter les armes aux côtés de l'armée libanaise dans la confrontation avec les rebelles syriens armés. Ces faits sont indiscutables. Les données en provenance du front et des villages les confirment. Ce climat prévaut aujourd'hui partout au Liban. Mais des personnalités politiques ont intérêt à s'obstiner. A l'heure actuelle, certains disent vouloir mener la bataille contre l'extrémisme et le terrorisme. Bon. Expliquez-nous à qui vous faites allusion ? Si le gouvernement libanais n'a pas encore établi une liste des organisations terroristes, d'autres l'ont déjà fait et précisé qui sont les terroristes.

Q- La position du député Walid Joumblat s'inscrit-elle dans ce contexte ?

R- Sûrement. Ça fait partie des considérations propres à Joumblat. Ce monstre nommé «Daech» ne classe pas les gens comme amis, adversaires, alliés, ou ennemis. Pas de contraintes chez lui. La lutte contre ceux-là n'est pas une question d'armes ou d'affrontements sur le terrain. Le front est bâti sur la base de la pensée, des croyances, de la culture et des émotions. Il n'est pas simple que ceux-là fassent preuve de tellement de haine, d'animosité et de disposition au meurtre. Où ça s'est passé dans l'histoire ? Selon les Nations Unies, Daech aurait enterré-vifs les enfants et les femmes yazidis. Nous voyons comment ils s'emploient à la décapitation des hommes.
Comment ont-ils atteint ce stade ? Cette pensée a été cultivée pendant des ans pour atteindreEntre deux juillets, le chef de la résistance se rappelle (deuxième partie) ce niveau.
Bref, ce péril imminent menace qui aujourd'hui ? Regardez l'expérience de Daech en Syrie. Ils ont tué tout autre. En Irak, certains disent que la guerre se déroulent entre sunnites et chiites. Combien y-a-t-il de chiites à Ninive et Salaheddine ? Ceux-là ont tué des imams sunnites de mosquées, des cheikhs de clans sunnites pour avoir refusé de prêter allégeance au califat. Ils ont expulsé une grande partie de la population sunnite, détruit leurs mosquées, leurs sanctuaires et mausolées, en plus de ce qu'ils ont infligé aux autres minorités religieuses, comme les chrétiens et les Yazidis. Quelle logique dans le monde permet d'expulser des dizaines de milliers de personnes vers les montagnes, où ils seront assiégés pour y mourir de soif ou de faim, au su et au vu du monde entier !
En effet, le monstre est en train de grandir. En Irak et en Syrie, la lutte continue sur plusieurs fronts. Dans d'autres fronts, on enregistre des avancées limitées dans une ville, des villages ou des localités. Mais il est évident que les capacités, les effectifs et le potentiel assurés à Daech sont énormes. C'est ce qui suscite l'inquiétude de tous. D'ailleurs, tous doivent être inquiets.
Les Kurdes, par exemple, avaient fait de faux calculs, lorsque les évènements de Mossoul ont eu lieu. Les Kurdes sont entrés dans des zones contestées entre Irakiens, et se sont considérés à l'écart de toute intervention auprès du reste des Irakiens, sunnites, chiites, yazidis et chrétiens. Les responsables kurdes ont cru que le Kurdistan sera épargné. Peut-être, cette conviction était née de l'analyse ou de promesses et garantis fournis par Daech ou ses parrains régionaux. Mais en fait, Daech est arrivé à une distance de 30 à 40 km d'Erbil, ce qui a contraint les autorités kurdes à tirer l'alarme et à réclamer une aide américaine, occidentale, iranienne, irakienne et autre. Donc, pas de frontière pour Daech. Un véritable danger est ressenti par maints pays et parties. En fait, une des caractéristiques de cette organisation, réside dans sa capacité à attirer les partisans de la pensée d'Al-Qaïda et wahhabite. Où est le problème de passer du front Al-Nosra, dans les rangs de Daech ? Nul problème, puisque ces deux organisations possèdent la même doctrine, pensée, discours, ligne de conduite et comportements. Leur différend est d'ordre organisationnel, relatif notamment à l'émirat entre Abou Mohammad Joulani et Abou Bakr Baghdadi. Et par la suite, le partisan d'Al-Nosra, s'il voit que Daech réalise ses objectifs, il le rejoindra. En effet, Daech a la capacité de contenir Al-Nosra, non nécessairement sur le plan militaire, mais en attirant les partisans de l'autre.
Les partisans de cette pensée wahhabite takfirie, ont été formés tout au long de dizaines d'années. Des milliards de dollars ont été dépensés dans ce contexte. Ces types d'hommes trouvent leurs aspirations, leurs projets, et leurs souhaits dans Daech. Certains pays savent parfaitement ce qu'ils ont créé. Pour cette raison, leur évaluation et jugement des périls de Daech sont plus exactes que les nôtres. A l'heure actuelle, indépendamment de toute exagération, une véritable terreur prévaut sur les pays du Golfe et l'Arabie, puisque la pensée en question était enseignée depuis des décennies, dans les écoles et les programmes scolaires. Sur ce, nous confirmons le grand danger qui doit susciter l'inquiétude. Un vrai danger qui menace les entités, les sociétés, les pays et les populations, en plus, toutes les minorités religieuses sont absolument en danger. Au sein de la communauté islamique, toutes les minorités sectaires sont en danger, ainsi que les sunnites «Achaaris», donc la majorité des sunnites, est exposée au péril. Ce dernier cerne la vie de tous ceux-là, leur honneur, leurs propriétés, leurs enfants, leurs femmes et leurs lieux sacrés. Nous ne voulons pas susciter la terreur des gens. Ce danger peut sûrement être affronté et battu. Mais une telle lutte doit être sérieuse. Le Hezbollah n'a pas combattu l'Armée Syrienne libre et ceux qui prônent la pensée laïque ou libérale, à Qosseir, Qalamoun et ailleurs. C'est plutôt la pensée takfirie que nous y avons combattue et battue. Les gens doivent prendre de positions et être vigilants.

Q- Le retour de Saad Hariri, est-il un début d'une décision saoudienne de rétablir la situation et de lui donner le commandement du courant modéré face au terrorisme ?

R- C'est possible.

Q- Dans vos derniers entretiens avec des personnalités politiques, vous avez prévu l'offensive de Daech contre le Kurdistan, avant même qu'elle n'ait lieu. D'après votre avis, pourquoi ils se sont dirigés vers le Nord, et pourquoi ont-ils neutralisé l'Arabie, la Jordanie et la Turquie ?

R- Le rôle de ces derniers viendra. Tous. Là où les partisans de la pensée takfirie se trouvent, le terrain est propice pour Daech. Ceci existe en Jordanie, en Arabie, au Koweït, et dans les pays du Golfe. Si un pays estimait possible de soutenir cette organisation et de l'exploiter, il doit savoir que lorsque son tour viendra, il ne sera pas épargné par Daech. Mais ces faits sont tributaires des données géographiques. Même les Turcs commettent une erreur de jugement. En tout cas, Daech est-il descendu par parachute ? Il est connu comment les combattants en provenance des quatre coins du monde sont entrés, par quelles frontières, qui leur a facilité le passage et qui leur a fourni les fonds, les armes et le potentiel. D'après notre point de vue, dès le début de la crise, celui qui prépare le poison l'avalera. Ils ont créé ce serpent. Il a grandi dans leur giron, puis s'est retourné contre eux. Quels qu'ils soient, Américains, Turcs ou pays du Golfe. Celui qui croit pouvoir diriger ce jeu, contrôler ses instruments ou ses parcours, il se fait des illusions et commet une erreur.

Q- Les deux armées, syrienne et irakienne, n'assument-elles pas une responsabilité quant à la croissance de Daech, pour ne pas l'avoir affronté plus tôt ?

R- On ne peut blâmer la Syrie, puisqu'elle a affronté ces groupes dès le début, indépendamment de leurs noms.

Q- L'armée syrienne n'a-t-elle-pas neutralisé Daech dans une certaine période ?

R- Il n'y avait pas de ligne de démarcation entre l'armée syrienne et Daech. Quant à l'Irak, un débat se pose. Ce qui a eu lieu à Mossoul, est un évènement périlleux, mais ne fut pas l'exploit de Daech. Sinon, pourquoi l'invasion s'est arrêtée dans plusieurs lieux, une fois des forces officielles et populaires irakiennes ont déployé des efforts ?

Q- D'après vous, a-t-on freiné l'avancée de Daech vers Bagdad ?

R- Selon les informations à ma disposition, j'affirme que oui, à une grande échelle.

Q- Comment commentez-vous l'apparition dans les médias d'Abou Bakr Bagdadi ?

R- Sa politique ne consiste pas à faire des apparitions publiques. Mais je crois qu'il l'a fait, afin de régler un problème de jurisprudence religieuse. En effet, lorsque Daech l'a proclamé califat, un débat s'est déroulé dans le monde islamique entre les oulémas sunnites, selon lequel, comment prêter allégeance à une personne dont on méconnait le nom, sa personne, n'ayant pas d'informations et données la concernant, puisque prêter allégeance à un inconnu est banni. «Il faut que nous soutenions un califat bien connu», ont-ils argumenté. Ce fait a contraint cet homme à apparaitre en publique, pour paver la voie à l'allégeance.
Entre deux juillets, le chef de la résistance se rappelle (deuxième partie)A mon avis, le fait qu'il annonce ses origines comme étant descendant de Qoreich, est dû au Hadith selon lequel les Imams y sont originaires. Se basant sur la jurisprudence religieuse, le califat doit avoir ces origines, alors que l'émir du pays, comme le roi, ou le président, ne sont pas considérés comme califat des musulmans. Ce dernier doit être d'origine Qorachie. Et puisque le projet d'Abi Bakr Bagdadi est celui du Califat, il se devait d'annoncer cette origine. Il a voulu dire «je suis Qorachi, et descendant d'Ahl el-Beit (famille du prophète), parce que cette question a des effets essentiels sur les chiites et les sunnites ; ces derniers aiment et respectent la famille du prophète. C'est un fait indiscutable. Parfois, par paralogisme, on utilise le terme «Nassibi» (Attaquants). Ce n'est pas une expression propre aux chiites. C'est plutôt une expression islamique, utilisée par les oulemas sunnites et chiites à la fois, pour désigner ceux qui sont hostiles à Ahl-Beit, motivés par la haine. Donc ces derniers représentent un cas particulier. La majorité des sunnites aiment et respectent la famille du prophète. Ce respect varie d'un pays à l'autre. C'est pour cette raison, que Baghdadi a dit être d'origine Qorachie, descendant du prophète. Personnellement, je ne sais pas si ce qu'il prétend est vrai. Est-il Hassani, Husseini ou Qorachi ? Dieu le sait.

Si nous n'avions pas combattu à Qosseir et Qalamoum, la bataille aurait eu lieu à Beyrouth et sur la côte libanaise

Q- Le Hezbollah se sent-il responsable des chiites arabes (duodécimains, ismaéliens, alaouites etc... ?)

R- Certains tenaient toujours de nous qualifier de tel. Cependant, le parti se présente sur le plan national et régional comme étant une résistance contre «Israël». Il a réalisé des exploits glorieux et de grandes victoires dans cette bataille. Les gouvernements arabes, ainsi que toutes les forces politiques ont perçu que ce parti est une force sérieuse, s'il n'était la plus sérieuse et qui a assumé la responsabilité d'affronter le projet sioniste. Par la suite, on ne discute pas du rôle du Hezbollah dans le conflit avec l'ennemi israélien et dans le front dans la Palestine. Sur ce, lorsque les derniers développements sont survenus dans la région, des tentatives d'instrumentalisation ont eu lieu sur toutes les scènes. En Egypte, où pas de sunnites et chiites, la bataille fut qualifiée de conflit entre opposition et régime. De même en Lybie et Tunisie. Mais en Irak, ils ont recouru à la provocation confessionnelle et sectaire. D'ailleurs, les pays et les médias qui ont entrainé l'Irak vers cette provocation, sont connus, même à l'ombre de l'occupation américaine et à la suite du retrait américain. Lorsque les évènements de la Syrie ont éclaté, ils ont aussi transformé le conflit en confessionnel et sectaire, par la provocation, l'incitation, et le discours de mobilisation des combattants des quatre coins du monde. Quant au Hezbollah, lorsqu'il fournit une aide ou assistance sur une scène quelconque, ses calculs ne sont guère confessionnels, mais émanent plutôt de ce que nous désignons de bataille, du projet de la Nation et de l'intérêt de nos patries et populations. Par exemple, lorsque les Américains ont occupé l'Irak, une grande partie de la population de ce pays n'était pas favorable à la résistance, en raison de la tyrannie de Saddam Hussein, des guerres successives et de l'embargo. C'est normal, puisque la population était épuisée. Mais, qui a consacré son discours politique et tout son potentiel, en matière de médias, relations et contacts, arrivant même à la relation sur le front avec la résistance irakienne, notamment dans le cadre chiite ? C'est déjà connu. Le Hezbollah n'a pas agi selon l'humeur des milieux chiites. Il a plutôt agi afin de modifier cette humeur et en faveur de toute marge possible de lutte contre l'occupation américaine de l'Irak. La résistance fut lancée en Irak. Une grande partie de cette lutte, était menée par les chiites, en d'autres termes, les factions qui menaient les opérations de la résistance, étaient issues des chiites irakiens. Un certain nombre de ces opérations fut filmé. Mais des chaines satellitaires arabes, comme Al-Jazeera et Al-Arabia et autres, ont refusé de les diffuser. N'est pas étrange ? Pourquoi ? Parce qu'ils ne veulent pas-non les sunnites mais certains régimes-reconnaitre l'existence d'une résistance chiite en relation avec la résistance irakienne. Donc, depuis le début, ils ont recouru à la provocation sectaire dans le contexte irakien, syrien et libanais. Ils insistent de dire que la résistance au Liban est chiite. Nous leur répondons que c'est une résistance libanaise, nationale, en faveur de tous les Libanais. C'est par hasard que les chiites se trouvent à la frontière de l'entité ennemie. Pour cette raison ils luttent. Mais les autres insistent à nous qualifier de résistance chiite, iranienne et autre. Pour notre part, nous étions toujours soucieux, dès le début, d'affirmer que notre intervention en Syrie n'est point sur des bases confessionnelles. Ainsi que notre aide portée à la résistance en Irak. Nous avons soutenu le Hamas, le Jihad islamique et les factions palestiniennes. Ce sont tous des sunnites. Ils exercent le blackout sur notre contribution en Palestine, pour nous imprégner du cachet confessionnel et sectaire. Nous disons : là où la défense de la Palestine, de l'axe de la résistance, des gens, est en question, et que nous sommes en mesure d'intervenir et d'aider, nous le ferons. Si le Hezbollah est armé de la volonté de défendre les siens, sa cause et sa Nation, ce n'est pas un crime. La question doit être adressée aux autres : pourquoi n'assumez-vous pas la responsabilité de la défense ?
Si le Hezbollah n'avait pas combattu à Qosseir et àQalamoun, la dernière bataille n'aurait pas eu lieu seulement à Ersal. La Békaa aurait été envahie, ainsi que le Mont-Liban, le Akkar, et la côte. La bataille aurait eu lieu à Beyrouth et dans le Liban sud. C'est certain. Le sacrifice dans le but de préserver la sécurité des gens, leur dignité, et leurs propriétés est un devoir religieux, moral, national et humain.

Q- On dit que le Hezbollah est une attitude, non un parti. De ce fait, il représente tous les chiites, notamment dans le climat actuel. Ceux-là, dans les moments de prospérité, pourraient être aux côtes de la résistance, mais ils s'y opposeraient dans l'action développementale, ou municipale ou parlementaire. Et par la suite le Hezbollah est accusé de tyrannie dans les milieux chiites ?

R- Je ne peux pas convenir cette approche. En tout cas, c'est un résultat normal. Le Hezbollah est groupe d'humains. Au sein du parti, des hommes consentent le sacrifice. Les gens pourraient le soutenir en tant que résistance. Alors que lorsqu'on aborde d'autres domaines, ces mêmes gens n'adopteraient la même attitude (...). Bref, il est difficile de trouver un groupe humain, parti ou courant, actif dans tous les domaines, qui satisfasse tous, exprime leurs aspirations, leurs espoirs et leurs attentes.
Le Hezbollah est doté de plusieurs caractéristiques, au niveau moral, de l'engagement, de la fidélité et du travail sérieux. Mais ses membres sont aussi des humains, ayant leurs capacités et potentiel, sachant que nous tenons dans plusieurs domaines, à ne pas accaparer les responsabilités et à les partager avec d'autres. Parmi ces domaines, les municipalités. Le Hezbollah n'assume pas les répercussions de leurs expériences, même si elles sont positives. Ce serait peut-être des raisons individuelles dernière cette réussite, non le programme du travail. Dans le contexte de travail municipal, même le Hezbollah n'a pas pu sortir de coutumes et traditions, dont l'habitude de la représentation des familles. Les conseils municipaux, même proches du Hezbollah, ne peuvent être considérés comme institutions du parti. En fin de compte, une personne pourrait vous dire : en ce qui concerne la résistance, je soutiens le Hezbollah, mais dans d'autres cas, comme les municipalités, les syndicats, ou telle ou autre loi, je m'y oppose. Je trouve cette attitude normale. Une fois, j'ai appelé à séparer entre la résistance comme droit, et la position à l'égard du Hezbollah, était-ce à propos de l'appui d'un maire, d'un rassemblement estudiantin dans quelconque faculté arrivant à l'appui d'un président de la République. On pourrait être en désaccord autour de plusieurs dossier, mais ce qui compte c'est comment nous pouvons œuvrer sans que ce désaccord avec certains ou avec des forces politiques, ne se répercute la résistance.

Q- Il y a un sentiment chez les gens qu'en dépit des martyrs qui tombent, ce sacrifice n'est pas apprécié à sa juste valeur. Alors pourquoi le faire ? 

R- Même en Irak, comme au Liban, certains se demandaient : mais qu'est ce qui a pu entraîner le Hezbollah à se battre en Syrie ? Ils voulaient discuter avec nous de nos motivations. Mais après ce qui s'est passé en Irak, ils ont adhéré à notre vision, en Irak et même en Syrie. Bien sûr, nous nous sentons concernés par la sensibilité populaire. Mais elle est en train de changer. Nous commençons à recevoir beaucoup de remerciements pour notre intervention en Syrie.

Q- De la part des politiciens ou de simples citoyens ?

R- Les politiciens n'ont rien à voir. Dans notre environnement, les gens sont convaincus de la justesse de cette bataille. Dans les autres milieux, ce sentiment est en train de se développer et la sensation du danger est en train de grandir. Je reçois des messages très importants en ce sens. Certains préfèrent toutefois ne pas en parler dans les médias. Quant aux politiciens, vous pouvez être sûrs que quoique nous fassions pour eux, ils ne seront pas satisfaits et ne reconnaîtront pas ce que nous faisons. Cela n'a rien à voir avec le fait de savoir si ce que nous faisons est juste ou non. Il fut un temps où des parties internationales et régionales poussaient des groupes qui dépendent d'eux à nous déclarer leur hostilité. Mais cette hostilité a atteint un tel stade que même les parties qui les avaient encouragés à la déclarer s'empressent désormais de leur dire que les priorités sont différentes. Pour ces groupes, il n'y a rien à faire. 

Q- La Syrie peut-elle aider sérieusement à régler le problème des réfugiés en autorisant leur retour sur son territoire ? 

R- La question est la suivante : les réfugiés veulent-ils vraiment rentrer chez eux ? Nous sommes tous prêts à les aider. Certains peuvent rentrer et vivre en sécurité. De larges portions de territoires sont calmes et pacifiées, à Damas, dans le Qalamoun à Homs et ailleurs. Dans ces lieux, les éléments armés se sont battus contre l'Etat pendant trois ans et ils ont ensuite conclu des compromis avec lui. Et aujourd'hui, ils ne sont pas inquiétés. Si les combattants ne sont pas inquiétés, que serait-ce donc pour ceux qui avaient fui ? Nous devons examiner les raisons qui poussent certains à vouloir rester des réfugiés au Liban en particulier. Cela exige une volonté réelle chez les réfugiés d'abord et ensuite une décision de la part de certaines parties politiques de cesser d'utiliser les réfugiés contre le régime, humainement, moralement, sur le plan de la sécurité et politiquement. Ces parties encouragent les éléments armés à envoyer leurs familles au Liban pour qu'ils puissent se consacrer à la bataille. A cet égard, j'affirme que l'aide et le parrainage de certains groupes armés dans certaines régions syriennes, de la part de certaines parties libanaises continuent. Cette aide est à la fois financière et en matière d'armement, mais aussi sur le plan de l'orientation et de l'appui. Mais cela se fait loin des médias. Je peux donc dire que sur ce plan, rien n'a changé. Ce qu'il faut donc, c'est une décision politique de cesser d'utiliser les réfugiés et par conséquent, ouvrir la porte à une coopération avec le gouvernement syrien pour voir comment les ramener dans leur pays. Ce que je sais c'est que la Syrie est disposée à coopérer sur ce plan.

Q- Votre participation aux combats en Syrie a-t-elle provoqué une hémorragie humaine et financière pour le Hezbollah ? et Jusqu'où ce dernier peut-il continuer à supporter une telle situation ? 

R- Dire qu'elle a provoqué une hémorragie est exagéré. En tout état de cause, les sacrifices consentis par le Hezbollah depuis sa participation aux combats en Syrie restent de loin inférieurs à ce qu'il aurait, lui et tous les Libanais, perdu s'il n'était pas intervenu en Syrie.

Q- La participation en Syrie a-t-telle dévoilé des tactiques que le Hezbollah voulaient garder secrètes pour surprendre les Israéliens ? 

R- Ce que nous avons préparé pour les israéliens est différent de la bataille que nous menons contre les groupes armés en Syrie. Par conséquent, je ne vois pas que ce que nous avons préparé pour «Israël» a été dévoilé en Syrie. Au contraire, cette bataille nous donne une expérience, de la connaissance et ouvre pour nous de nouveaux horizons qui pourront être utilisés de façon encore plus efficace dans un nouvel affrontement avec l'ennemi, sur le plan de l'attaque ou de la défense. Mais ce n'est certes pas la raison de notre intervention en Syrie. C'est seulement une de ses conséquences collatérales. D'ailleurs, les yeux d'Israël sont fixés sur la participation du Hezbollah aux combats en Syrie. Beaucoup d'avis et d'analyses ont été exprimés dans les débats israéliens et tournaient autour de la possibilité d'utiliser ses expériences à Qousseir et au Qalamoun dans la bataille de la Galilée. La bataille en Syrie nous donne donc des plus quantitatifs dans tout nouvel affrontement avec l'ennemi israélien. Elle ne nous a donc rien fait perdre. Au contraire. 

Q- Avez-vous affronté les Israéliens en Syrie ?

R- Directement, non. 

Q- La présence du Hezbollah en Syrie aide-t-elle les habitants du Golan à lancer une résistance populaire ?

R- Cela revient à la volonté des habitants eux-mêmes. Lorsque vous parlez d'une résistance dans n'importe quelle région, la volonté des habitants, d'origine et résidents contribue largement à sa naissance. C'est ce qui s'est passé au Liban en 1982. Les Iraniens et les Syriens ne sont pas venus se battre au Liban. C'est le Libanais qui avait la volonté de se battre. C'est ainsi que l'aide fournie a pu être utile. 

Q- Avant et après la charge explosive de Chebaa, il y a eu plus d'une opération menée à partir du Golan. Le Hezbollah a-til quelque chose à y voir ?

R- Ce que je sais c'est qu'il existe là-bas une véritable structure populaire qui exprime une certaine volonté. Ce sont eux qui agissent, pas nous. 

Q- Est-il vrai que vous avez rencontré des opposants syriens récemment et que certains d'entre eux ont changé leur position ?

R- Il n'est pas nécessaire que ceux que je rencontre changent d'avis. Je peux dire qu'ils ont compris notre position.

Q- Faites-vous une distinction entre les différentes oppositions syriennes ?

R- En pratique, dans la situation actuelle, l'opposition de l'extérieur n'a plus de présence effective à l'intérieur de la Syrie. D'ailleurs, elle n'en avait pas dès le début, à mon avis. Elle n'avait pas d'influence sur l'intérieur syrien. Elle consiste en des personnalités politiques ou intellectuelles qui ont été regroupées dans le cadre d'un projet politique précis. La plupart de ces personnalités ont vécu aux portes des ambassades et dans les hôtels et elles continuent à le faire. Ce n'est même pas mon évaluation, mais la leur. De grandes figures de ce qu'on appelle la Coalition nationale d'opposition disent cela dans leurs salons avec leurs amis libanais. Elles disent que ces personnalités parlent, discutent, publient des communiqués et les ambassades et les Etats ont augmenté leur effritement, notamment ce qu'on a appelé le Groupe des amis de la Syrie. C'est la réalité de l'opposition de l'extérieur. C'est pourquoi il faut se demander où est cette opposition dans l'équation politique et sur le terrain aujourd'hui ? Elle n'a plus aucune valeur, ni la moindre influence sur le terrain qui est tenu par les groupes armés. Même l'Armée Libre de Syrie n'en était pas une mais un rassemblement de groupes armés séparés les uns des autres, qui coordonnent des fois leur action et se battent de temps en temps au sujet d'un butin, d'un barrage ou d'un poste frontière. En pratique, la plus grande partie du terrain est désormais aux mains de Daech et une partie moins importante est entre les mains du Front Al Nosra. Le reste est entre les mains de ce qui reste du dernier regroupement appelé « Le Front islamique ».
Quant aux groupes nationalistes, laïcs ou civils, ils n'ont plus de présence. Je ne souhaite pas me baser sur les propos du président américain Obama, bien qu'il soit un spécialiste qualifié, puisque l'ambassadeur des Etats-Unis dirigeait une grande partie de cette opposition... La réalité de l'opposition sur le terrain est qu'elle est désormais formée de groupes armés extrémistes qui se battent entre eux. C'est aujourd'hui la réalité. C'est pourquoi si nous voulons chercher des forces politiques précises dans l'opposition pour discuter avec elles, nous ne les trouverons pas.

Q- Aimez-vous prononcer des discours ?

R- Je ne peux pas dire que je n'aime pas prononcer des discours. Nous sommes des cheikhs et cela fait partie de notre mission. Dans les années 80, je prononçais un discours tous les soirs et je me déplaçais de Hay el Sellom, à Ouzaï, à Beyrouth et à Chiyah... Oui, j'aime prononcer des discours surtout quand j'ai quelque chose à dire. 

Q- Mais il semble que ces derniers temps vous êtes en train de réduire vous apparitions ?

R- Après 2006, chaque mot et chaque lettre, chaque position ont des conséquences. Mes discours sont surveillés et chaque mot en est interprété. Ils sont suivis par les amis et par les ennemis. Ma responsabilité est donc devenue plus grande et plus grave. Il ne s'agit donc plus d'une question d'envie pour moi, si j'aime prononcer un discours ou non. Il ne s'agit plus d'une question personnelle. Je dois désormais songer à réduire mes erreurs, car nul n'est parfait.

Q- Qui décide les dates de vos apparitions et de vos discours ?

R- Il n'y a pas de décision en ce sens de la part du Hezbollah. Untel prononce un discours tous les quelque temps ou non. Pour le secrétaire général, cela lui revient à lui de voir s'il est utile de parler ou non. Parfois, des frères font des propositions estimant qu'il serait bon de prononcer un discours, mais la décision me revient, elle est liée à ma volonté et mon envie. 

Q- On a l'impression que vous ne préparez pas vos discours et que vous dites directement ce que vous voulez dire ?

R- Non, cela ne se passe pas comme cela. Je n'apparais pas et je dis ce que je veux, sans le moindre frein et sans auparavant avoir mené une discussion avec mes frères. Surtout lorsqu'il s'agit de discours délicats où il s'agit de prendre des positions. Au final, cela est lié à la nature de la structure du Hezbollah. Le secrétaire général n'est pas le chef du Hezbollah. Ce n'est pas lui qui décide. Les décisions politiques sont prises essentiellement par le Conseil Consultatif. Ce sont les décisions de ce Conseil qui dessinent les orientations et définissent les positions politiques. Certes le secrétaire général a un poids important dans la décision, mais ce n'est pas lui qui la prend.
Par exemple, si je dois donner une conférence de presse sur les questions politiques, ce n'est pas moi qui décide si nous voulons des élections législatives ou si nous acceptons la prorogation du mandat du Parlement. Autre exemple, la décision d'aller se battre à Qousseir. Est-elle prise par le secrétaire général ? Non c'est le Conseil Consultatif du Hezbollah qui la prend. Même le fait de décider de révéler cette décision relève de la responsabilité du Conseil Consultatif. Il me reste à décider comment la révéler et l'exprimer avec de la logique et des arguments, quels mots et quels tons utiliser...Il en est de même pour les questions jihadistes. Autre exemple, dans le passé, lorsque des menaces israéliennes sont proférées, je soumettais au Conseil le sujet pour voir comment y répondre. Aujourd'hui c'est moi qui décide de soulever ce sujet ou de le laisser à une étape ultérieure...

Q- Comme par exemple, l'équation qui disait : pour tout immeuble détruit dans la banlieue sud, un immeuble sera détruit à "Tel Aviv" ?

R- Par exemple. Ou encore celle de l'aéroport Ben Gourion ou celle encore celle de la mer. J'en discute avec les frères, nous étudions l'origine de l'équation que nous avons tacitement.

Q- Que voulez-vous dire par là?

R- C'est-à-dire que nous ne parlons d'une chose que nous n'avons pas. Ici, je voudrais insister sur le fait que la guerre psychologique, dans l'école du Hezbollah, repose sur la crédibilité. Vous pouvez exagérer certaines choses, créer une atmosphère particulière, mais il faut préserver la crédibilité. Je ne peux pas dire : si vous bombardez Beyrouth, je riposte à Tel Aviv, si le Hezbollah n'en a pas les moyens. D'abord parce que cette guerre psychologique échouera et ensuite par souci de préserver la résistance au Liban son sérieux et sa crédibilité. Celle-ci a été construite au fil du temps par un cumul d'expériences. Au point que de nombreux Israéliens, dans l'armée, le gouvernement ou dans la population disent : nous croyons telle personne dans le camp adverse plus que nous croyons de nombreux autres dirigeants dans le monde arabe.

Q- Préparez-vous vos discours à l'avance et en discutez-vous le contenu avec vos frères ?

R- Cela arrive. Des frères des sections politiques proposent des idées qui selon eux, devraient figurer dans les discours.

Q- L'impression des gens est différente, au point que certains font une distinction entre vous personnellement et le Hezbollah

R- Les gens sont habitués au leader, au chef et au symbole. Même au sein du Hezbollah, certains ne croient pas au fait que c'est un travail collectif, qu'il y a des équipes qui planifient et font des programmes, et que le secrétaire général n'est que membre de ces groupes. Dans le monde arabe et en Orient, on est habitué à l'idée du zaïm, au chef et au héros. Il faut le préciser. Au sein du Hezbollah, les mécanismes sont connus, notamment pour la prise des décisions. Lorsque je parle d'une décision, cela veut dire qu'elle a été prise à plusieurs niveaux. En dehors, du Hezbollah, sachant que nous avons beaucoup de sympathisants, nous avons adopté des tournures précises et un langage particulier qui nous permettent de communiquer avec eux. Les mots ont leur rôle. A ce sujet, le Hezbollah a offert des modèles nouveaux dans l'action des résistances. La guerre de juillet 2006 a contribué à les confirmer et aujourd'hui, ces tournures et cette façon de s'exprimer sont utilisées en grande partie à Gaza. Même si chaque expérience a sa particularité, elles peuvent se ressembler en général.

Q- Lorsque vous préparez un discours, vous exercez-vous sur comment le prononcer, quand élever la voix ou brandit votre doigt, ou bien cela vient-il spontanément ?

R- Lever le ton ou le baisser, c'est naturellement voulu. Cela dépend de la nature de l'occasion et du public. Certaines choses ne peuvent pas être dites à voix basse. Chaque moment exige un ton particulier et un geste qui va avec.

Q- Levez-vous intentionnellement votre doigt ?

R- Avant, c'était naturel. Mais lorsque les autres ont commencé à en parler, je me suis mis à étudier le moment où lever le doigt et celui où je le baisse.

Q- Regardez-vous vos discours après ?

R- Non. Je regarde si des extraits du discours sont diffusés dans les bulletins d'information. Mais je ne demande pas l'enregistrement pour le regarder. Des frères me font des remarques positives ou négatives sur le fond et la forme et en général, j'en tiens compte.

Q- Avez-vous subi des formations sur la façon de prononcer des discours ou de devenir un chef ?

R- J'ai lu certains rapports israéliens qui disaient que j'avais suivi de nombreuses formations sur la manière de mener les guerres psychologiques. D'autres se demandaient si cela été inné. En réalité, je n'ai pas suivi de formations sur aucun de ces sujets. Ce sens s'est développé chez moi et chez mes frères au fil des expériences. 

Q- Y compris les informations que vous donnez dans vos discours ?

R- Oui, tout cela est le fruit des expériences, d'un cumul et des discussions. Lorsqu'une personne est au cœur de l'action et qu'elle dispose d'une grande quantité d'informations, elle discute avec ses frères pour savoir ce qu'il faut dire ou non, ce qu'il est bon de révéler et ce qu'il faut cacher. C'est comme cela que l'on décide ce qu'il faut dire ou non.

Q- Préparez-vous le contenu de vos discours à l'avance ?

R- Oui, en général. J'écris les idées sur les papiers que je pose devant moi sur la tribune au moment de prononcer le discours. Dans un discours, le respect de l'auditoire exige que l'on prépare ce que l'on va dire. De même, je me soucie de faire les transitions et j'essaie autant que possible que les idées soient liées entre elles ou relatives à un même sujet. Si ce n'est pas le cas, je divise le discours en différents axes. J'essaie de rester dans le cadre fixé et quand j'y suis contraint, je me contente d'un seul sujet politique ou religieux. Je peux parler trois quarts d'heure d'un même sujet. Mais il est certain que dans le cadre des propos, je peux me laisser entraîner vers certaines digressions. Il faut dire aussi que les idées s'enchaînent et l'auditoire dicte la façon de prononcer le discours. 

Q- Comment cela ?

R- J'ai fait l'expérience de trois situations : soit je parle devant les gens, soit je parle aux gens à travers un écran, soit je parle à travers l'écran mais sans la présence d'auditoire. Lorsque je m'adresse à travers la télévision, les gens sont supposés être assis derrière leurs écrans pour m'écouter. Cette situation diffère de celle où les gens sont tous présents dans une même salle pour m'écouter. Même si je ne suis pas physiquement avec eux, je les vois et je sens leurs réactions qui ont un impact sur moi. 

Q- Dans votre discours de la victoire du 22 septembre 2006, l'atmosphère était ainsi très émotionnelle

R- C'est vrai. J'ai vu cela, et j'ai vu des personnalités politiques les larmes aux yeux. J'ai réussi à me retenir, même si j'étais très ému.

Q- La fameuse expression : «O gens les plus nobles» était-elle préparée ou spontanée ?

R- Ce jour-là, elle n'était pas écrite dans le texte. Souvent, les idées se bousculent dans la tête de l'orateur au moment où il parle. C'est d'ailleurs cela l'importance de s'exprimer devant un auditoire. Mais si ma mémoire est bonne, je crois que dans mon message aux moujahidins, il y avait un paragraphe adressé aux gens et qui comportait cette expression, mais à ce moment-là, elle n'a pas été mise en relief.

Q- On dit que vous avez décidé à la dernière minute d'apparaître en personne le 22 septembre 2006 ?

R- C'est vrai qu'il y avait eu un débat sur ma présence en personne ou à travers un écran géant. Finalement, on nous a laissé à moi et à hajj Imad la décision. Nous étions ensemble dans le bâtiment qui jouxtait le lieu du rassemblement. Et c'est dans la demi- heure qui a précédé le début du meeting que nous avons pris la décision. Hajj Imad donnait la priorité à la question sécuritaire et la discussion s'est prolongée entre nous. En vérité, c'est moi qui ai décidé de participer en personne à ce rassemblement. Si quelque chose s'était produit, ce jour-là, j'en aurais été le seul responsable.
J'avais même dit à Hajj Imad : ne t'en fais, tu n'es pas responsable et nous nous en sommes remis à Dieu. C'est comme cela que j'ai participé personnellement à cette célébration.

Q- Sur quoi vous êtes-vous basé pour prendre cette décision ?

R- J'étais convaincu que le fait d'apparaître à travers un écran dans une telle cérémonie aurait un effet négatif sur le public. Il pourrait causer une déception surtout que les gens étaient venus en masse pour participer à cet événement. J'en suivais les préparatifs à la télévision. J'ai vu ainsi ceux qui sont venus de la Békaa et du Sud, certains à pied. De plus, l'apparition en personne est un élément important dans la guerre psychologique, tout le monde est d'accord sur ce point. Autrement dit, mes calculs étaient politiques, psychologiques, moraux, émotionnels et populaires. Mais sur le plan sécuritaire, j'étais conscient au moment de monter vers la tribune qu'il y avait un risque qu'elle soit bombardée par l'aviation. Il n'y avait pas 70 ou 80% de risques, mais ce risque existait quand même. Je me souviens d'ailleurs m'être entendu avec hajj Imad de parler pendant 15 ou 20 minutes. Mais j'ai dépassé ce temps et il n'a cessé de m'envoyer des papiers me disant : c'est fini, descendez de la tribune !

Q- L'aviation israélienne a donc besoin de 20 minutes pour arriver dans notre espace aérien?

R- Non, il s'agissait simplement de réduire au maximum la parole en public. Mais dire que cette aviation a besoin de 15 minutes n'est pas précis. 

Traduit par Al-Ahednews

 

 

 

 

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