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Discours du secrétaire général sayed Hassan Nasrallah

Discours du secrétaire général sayed Hassan Nasrallah
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Je voudrais au début de ce discours présenter mes sincères condoléances à cette famille honorable et chère, la famille Kassir, qui est celle des ulémas, des martyrs, des résistants, qui a consenti beaucoup de sacrifices, ainsi qu'à la chère famille des Amine qui a elle aussi offert des ulémas et des jihadistes et continue de le faire ; Je présente aussi mes condoléances à tous mes frères et sœurs au sein du Hezbollah et en particulier à l'institution islamique pour l'éducation et l'enseignement qui ont accompagné notre cheikh (Moustafa Kassir), l'ont fréquenté de près et ont travaillé avec lui jusqu'au moment de son départ.

Je compte développer trois parties. La première concerne l'occasion qui nous réunit, la seconde porte sur la situation interne libanaise et la troisième porte sur la situation syrienne et la communauté de destin entre le Liban et la Syrie.

Concernant la première partie, nous considérons que cette occasion est importante etDiscours du secrétaire général sayed Hassan Nasrallah douloureuse pour nous. Tous ceux qui ont connu le cheikh et tous nos frères et sœurs au Hezbollah considèrent qu'il s'agit d'une grande perte. Nous avons l'habitude au sein du Hezbollah de ne pas parler de nos frères de leur vivant. Ils travaillent dur, font des sacrifices et enregistrent des succès, mais nous préférons ne pas attribuer ces derniers à des particuliers. Pourquoi ? C'est un sujet qui doit être développé à part. Lorsque nous évoquons les sacrifices, les efforts, les victoires, nous parlons au pluriel et en groupe. Dans ce sens, ils ont un droit sur nous et nous avons un devoir de témoigner de leur parcours noble, même si parfois, nous ne disons pas toute la vérité pour des questions qui concernent la poursuite de notre combat.

Tout ce que les frères ont dit sur notre cher frère l'uléma cheikh Moustafa Kassir est en dessous de la réalité. Je voudrais aujourd'hui évoquer le cher cheikh sous un angle particulier. Le cheikh était un modèle et un exemple et nous avons besoin d'hommes comme lui et j'invite tous nos frères à faire comme lui et à s'inspirer de son parcours. Nous ne parlons pas ici de qualités, mais d'un homme qui concrétise les qualités, qui les vit et qui les a incarnées tout au long de sa vie. Le cheikh a jusqu'à son dernier souffle recherché le savoir. Il voulait constamment apprendre, écrire, réfléchir et faire profiter les autres de son savoir. Il a toute sa vie essayé de mieux comprendre, tout en restant ancré dans la vie quotidienne, sans s'éloigner du monde. Il a accompagné ce parcours depuis ses débuts. Il était d'abord étudiant à l'école théologique et lorsqu'il est arrivé au Liban il était encore étudiant et avide de savoir. Il était aussi moujahed et résistant. Il n'a jamais failli. Même aux derniers mois de sa maladie, lorsque je me rendais à certaines réunions internes, j'étais surpris par sa présence. De même, en suivant certaines cérémonies, je le voyais aussi, soit simple présent, soit tribun et j'étais médusé devant cette énergie. C'est d'ailleurs ce dont nous avons besoin aujourd'hui, des gens infatigables en cette période de problèmes et de défis. Nous avons besoin de modèles de détermination et de persévérance, d'énergie, de sérieux et d'efficacité. Cheikh Moustafa était ainsi. Des fois je lui disais : cheikh Vous vous fatiguez, pensez à votre santé ! Mais lui pensait que tout instant de sa vie devait être consacré à Dieu et à Son service. Il était loyal et dévoué et nous avons besoin de cette loyauté et de ce dévouement. Ses yeux étaient constamment tournés vers l'Autre monde et il ne cherchait rien dans celui-ci. Il ne cherchait rien pour lui et pour sa personne. A aucun moment, il n'a pensé qu'il avait des droits sur le Hezbollah, sur la résistance et son parcours et même sur l'Islam et la religion. Il avait aussi une foi immense qui est un don de Dieu, qui Lui aussi nous indique le chemin du Jihad et nous inclut dans ce parcours. Nous devons toujours Le remercier pour cela et lui demander pardon si des fois, nous n'avons pas été à la hauteur. Cheikh Moustafa était donc ainsi, chaleureux, aimable, tendre, aimant... J'ai d'ailleurs vu tout cela dans le film documentaire diffusé sur lui. Tout groupe, tout parcours et tout peuple, surtout ceux qui sont appelés à assumer de lourdes responsabilités et à consentir des sacrifices ont besoin de cette tendresse, de cet amour et de ce caractère aimable, car cela fait partie des éléments de la force et de la continuité. Ckeikh Moustafa était aussi calme. Il ne s'emportait que rarement et toujours pour des questions de droit. Il était posé et pondéré avec de grandes qualités pédagogiques, à l'école, dans l'institution et à la mosquée. C'était un imam de mosquée et un uléma de mosquée.

Je pourrais parler encore longuement de lui. En réalité, c'était un croyant qui avait une opinion et une pensée. Il réfléchissait, planifiait, présentait des idées, discutait, dialoguait et il tenait à poursuivre le parcours sans s'arrêter à d'autres considérations. Nous avons besoin de tels modèles et ce sont des qualités comme celles du cheikh qui ont permis à notre parcours de se poursuivre, de rester solide, forte et unie. Nous pensons à lui et à nos leaders martyrs, sayed Abbas, cheikh Ragheb et hajj Imad, ainsi que tous les autres martyrs.

Je voudrais encore signaler une chose. Cheikh Moustafa a choisi depuis le début le domaine de l'éducation et de l'enseignement et dans la mobilisation. Lorsqu'il était encore étudiant dans les écoles de Najaf et de Qom, il voulait former les autres et s'occupait des étudiants pour former les futurs cadres. Lorsqu'il est rentré au Liban, l'éducation est restée sa priorité. Il avait pourtant devant lui un grand choix et il a préféré ce domaine. Il y a consacré sa jeunesse et toute sa vie, ses nuits et ses jours. Et il a largement réussi puisque grâce à ses efforts continus nous nous trouvons aujourd'hui face à une véritable institution sur le plan de l'éducation et de la culture. Ici, je voudrais attirer l'attention de ceux qui se demandent comment au Hezbollah, nous arrivons à être des combattants, des jihadistes, des croyants et à avoir toutes ces institutions. C'est justement parce qu'il y a des hommes comme cheikh Moustafa à la tête des institutions éducatives et de l'enseignement qui produisent des cadres compétents, engagés, sincères et dévoués. Même sur le plan religieux, cheikh Moustafa était porteur de la culture de la résistance, de sa pensée, de son discours et de son esprit. Il était d'ailleurs toujours prêt à être un soldat qui combat dans les premières lignes de cette résistance. Mais en raison de sa pensée, de sa culture et de cet esprit, il était préférable de ne pas laisser un homme comme lui sur les premières lignes... Voilà ce qu'était cheikh Moustafa, un titre important et essentiel dans notre parcours et dans sa continuité. En général au Liban, ce qui apparaît le plus, ce sont les discours politiques et les développements politiques. Mais sous ces discours, il y a un effort énorme sur le plan culturel, éducatif et spirituel. Il y a un effort structurel et au niveau des contacts avec les gens, des relations de confiance pour former une société résistante, croyante, fidèle, cultivée et éveillée. En général, tout cet effort n'apparaît pas au grand jour et ceux qui le déploient restent dans l'ombre. Ils produisent en silence. Les efforts de cheikh Moustafa et d'autres se sont accumulés et ont produit ces victoires offertes au Liban et à la oumma. Nous nous trouvons aujourd'hui face à une résistance qui dure depuis des décennies, depuis 1982 et même avant, qui veille aux frontières, qui dispose d'une force de dissuasion contre l'ennemi, qui est présente aux côtés de l'amie, la Syrie, pour mettre en échec les projets ennemis qui visent la région, en protégeant notamment les lieux sacrés. Or, cette résistance n'aurait pas pu continuer et se développer dans tous les domaines, sans une base populaire solide, forte, solide et bien implantée, à laquelle cheikh Moustafa et ses semblables ont largement contribué.

Il ne s'agit donc pas d'un enthousiasme et d'une mobilisation provisoires, ni d'une réaction momentanée. Elle est solidement ancrée dans la terre, dans l'éducation, dans la culture et les convictions de ce peuple et cheikh Moustafa en est un des artisans. Ses écrits, sa pensée et ses sacrifices resteront et continueront à avoir leur effet, jour et nuit et jusqu'au Jour du Jugement. Je demande à Dieu de l'accueillir dans son royaume, lui qui a offert tout ce qu'il avait au service de ses convictions, sans jamais faillir, sans avoir le moindre doute, même dans les moments les plus difficiles.

J'en arrive à la partie libanaise de mon discours.


Nous sommes aujourd'hui face à des échéances importantes. Dont ce que nous appelons la nouvelle échelle des salaires à laquelle il faut ajouter les examens officiels. Cette échéance concerne tous les Libanais soit parce qu'ils ont quelqu'un dans le service public soit parce que leurs enfants ont des examens officiels à passer. L'histoire de cette échéance dure depuis longtemps et tous les Libanais la connaissent désormais. Je pense que ce serait une erreur- et il me semble qu'une partie de la classe politique cherche systématiquement à faire cette erreur- de placer les fonctionnaires et les enseignants face à face avec les élèves, les étudiants et leurs parents, tout en plaçant l'Etat dans le rôle du spectateur. Car, dans ce cas, qui va faire des concessions à l'autre ? Faut-il sacrifier les élèves et les étudiants ou les droits légitimes des enseignants et des fonctionnaires ? Laisser les choses en arriver là est une attitude irresponsable et inacceptable. Que devons-nous dire aux gens ? C'est une situation moralement et humainement difficile. Mais qui a laissé les choses atteindre ce stade ? C'est la classe politique. Qui doit régler ce problème dans les plus brefs délais, d'autant que nous sommes à la veille de séances parlementaires consacrées à ce dossier ? C'est aussi la classe politique. C'est elle à laquelle il faut demander des comptes et non chercher des boucs émissaires. Le traitement de ce dossier est possible et n'exige pas beaucoup de philosophie, ni beaucoup de discours, ni de longs programmes. Les blocs parlementaires sont appelés à se rendre au Parlement et à trancher cette question, en une seule séance si possible, sinon en plusieurs. C'est un devoir moral, humain et national, en dépit de notre conscience de l'importance de la vacance au niveau de la présidence. La responsabilité des députés est de régler ce dossier de façon juste avec les fonctionnaires tout en sauvant les élèves et les étudiants, ainsi que l'année scolaire et universitaire. Aujourd'hui, ce dossier représente une grande échéance nationale. Si les députés et les blocs parlementaires ne sentent pas avec les fonctionnaires, les élèves, les étudiants et leurs parents comment devrons-nous qualifier cela ? Je ne veux pas seulement évoquer ce dossier, je lance un appel pour qu'il soit réglé et cela n'est pas impossible. Concernant le dossier de l'Université libanaise, nous pensons qu'au cours des derniers jours, certains ont voulu mettre les étudiants et les professeurs en situation de conflit. Mais ce n'est pas possible, car les deux camps sont des victimes. L'Etat doit assumer ses responsabilités. Dans le cas précis, cela relève de la responsabilité du Conseil des ministres et n'a pas besoin du Parlement. Pourquoi dans ce cas ne le règle-t-il pas ? Quels sont les empêchements ? Confessionnels, partisans, ou sont-ils liés au partage des parts ? Quoiqu'il en soit cette question doit être réglée et chacun doit faire des concessions, car c'est un dossier vital et dangereux.

Un autre sujet interne, les accusations portées récemment contre « le duo chiite » de vouloir le partage en trois tiers. Certes, cette accusation n'est pas nouvelle. Mais au cours des dernières semaines, elle a atteint le point de dire que nous voulons le vide et la paralysie de toutes les institutions pour en arriver là. Ils en sont arrivés à lier l'échéance présidentielle à cette accusation en disant : si vous ne faites pas ce que nous voulons et vous élisez celui que nous voulons, c'est que vous vous voulez paralyser toutes les institutions pour imposer le partage en tiers. Bien entendu cette accusation n'a aucun fondement. Nous l'avions déjà rejetée par le passé. Mais aujourd'hui, je dirais : c'est vous qui accusez, c'est donc à vous d'apporter les preuves. Où sont-elles ? Trouvez-moi une seule personne appartenant au duo chiite, ou même un chiite en général qui réclame le partage par tiers ? Si vous en trouvez nous vous dirons qu'il est dans l'erreur et nous vous présenterons nos excuses. Mais il n'y en a pas. Je dirais même plus, avant que vous en parliez, cette idée ne nous avait pas effleurés à mes compagnons, mes amis et moi. Les premiers à avoir évoqué cette formule ce sont vos amis les Français. Une délégation française s'était rendue à Téhéran et a lancé l'idée, il y a quelque temps déjà en disant que l'accord de Taëf est devenu obsolète et il faut trouver une autre formule. Cette délégation a demandé aux Iraniens ce qu'ils pensaient des trois tiers. Les Iraniens ont immédiatement rejeté l'offre car ils n'y avaient pas pensé mais ils nous ont aussi demandé notre avis. Demandez donc aux Français. De toute façon, cela existe dans les procès verbaux des entretiens.

Malgré cela, si certains veulent continuer à nous accuser, ils sont libres de le faire. Nous ne cédons pas aux pressions que constituent ces accusations. Prenez votre temps pour vous convaincre que nous ne sommes pas concernés par cette formule. Si au Liban certains veulent créer des projets pour ensuite les combattre, cela les regarde...En ce qui nous concerne, nous n'avons rien à voir avec l'idée des tiers. Point à la ligne.

Maintenant, si vous êtes convaincus que nous voulons bloquer les institutions et le vide pour imposer la formule des tiers, coupez court à ce plan, en élisant la personnalité forte, dotée d'une assise chrétienne et nationale et nous demanderons au président de la Chambre de fixer immédiatement une séance parlementaire pour cela. Ce soir même, si vous le voulez. Nous sommes prêts. Mais celui qui empêche la personne qualifiée d'avoir ses droits est connu dans le pays.

Concernant l'élection présidentielle, nous appelons à un effort sérieux et à une dynamique interne pour y arriver. Certes le 25 mai, j'avais parlé d'un dialogue entre le CPL et le Courant du Futur. Nous attendons encore les résultats de ce dialogue, mais aujourd'hui, nous réclamons des efforts multipliés de la part de toutes les parties pour aboutir à la fin heureuse. Je parle d'efforts internes. Vous dites que certains attendent l'extérieur. Pas nous bien sûr, car nous ne sommes pas comme cela. Mais je vous le dis, l'extérieur n'as de temps pour nous, ni pour la présidence ni pour autre chose. De plus, cet extérieur nous dit chaque jour qu'il ne compte pas intervenir. Alors, pourquoi l'attendre ?

Permettez-moi de vous dire, à cause du fait que nous sommes en relations avec la République islamique d'Iran, qu'il ne faut pas miser sur un dialogue irano-saoudien, ni sur un dialogue entre eux. Certains restent tranquilles et attendent l'issue de ces négociations, mais je vous le dis, cessez de le faire. Jusqu'à présent, il n'y a pas encore de rendez vous fixé. On ne sait même pas s'il y a aura prochainement un rendez vous. Et s'il devait être fixé, on ne sait pas sur quoi portera l'ordre du jour des discussions. De même, si l'ordre du jour est fixé, qui dit que la présidentielle libanaise y figurera ? Enfin, l'Iran n'impose rien à ses alliés, en Irak, en Syrie et au Liban. Cela est connu. Par conséquent, en tant que Libanais soucieux de combler cette vacance le plus vite possible, je demande à toutes les parties de s'entendre. Nous avons des responsables capables de lancer des initiatives, allons-y. Même ceux qui attendent l'Arabie devraient s'y mettre d'autant que les saoudiens disent aussi qu'ils ne veulent pas intervenir. Même les forces qui intervenaient avant son aujourd'hui occupées, en commençant par la Syrie. C'est pourquoi j'appelle à déployer des efforts internes pour aboutir à l'élection d'un président.
Le dernier point que je voudrais développer sur le plan interne est l'appel répété des leaders libanais en réponse au souhait du peuple au calme et à la stabilité. L'élément nouveau est qu'il semble y avoir une unanimité internationale et régionale pour maintenir la stabilité au Liban. C'est une aubaine qu'en cette période précise, le monde entier et nous autres, au Liban, voulons la même chose, la stabilité dans notre pays.

Mais cela exige aussi une coopération entre les Libanais, car la volonté internationale et régionale ne suffit pas, même si elle a son importance. Car toutes ces parties peuvent activer leurs services de renseignements au Liban, ou des groupes avec lesquels elles sont en contact ou qu'elles financent et elles peuvent les inciter à déstabiliser le pays. C'est donc possible. Mais tout cela reste tributaire en premier lieu de la volonté des Libanais eux-mêmes. C'est donc à ce sujet que je lance un appel aujourd'hui. En ce qui nous concerne, et en dépit de tout ce qui se passe dans la région et autour de nous, nous sommes très soucieux de la stabilité au Liban. Nous souhaitons que les jours, les mois, et si nous le pouvons les années prochaines se passent dans le calme, la sécurité et la paix, tant ceux-ci sont bénéfiques sur le plan social, économique et psychologique. Mais c'est notre responsabilité à tous. Nous devons sans cesse consolider cette stabilité, coopérer entre nous à tous les niveaux et faire en sorte que les plans de sécurité réussissent. La sécurité et la stabilité n'exigent pas une solution politique radicale. Certes, si nous y parvenons, c'est mieux. Mais la sécurité et la stabilité exigent avant tout, une volonté de les préserver de la part des Libanais.

Un des principaux facteurs est celui que nous voyons depuis quelque temps, à savoir l'apaisement des discours politiques. Lorsque l'incitation, en particulier confessionnelle, s'arrête, cela contribue largement à consolider la stabilité et la sécurité au Liban. Certes, certains médias continuent à ignorer cet élément et à lancer des accusations et à tenir des propos provocateurs, mais la réalité est que les discours incitateurs ont largement diminué et c'est bénéfique pour la stabilité et l'apaisement. Nous devons tous être soucieux de préserver cet apaisement.

J'en arrive au dossier syrien. En deux mots : le principal développement ces derniers temps est la tenue de l'élection présidentielle et l'afflux exceptionnel des électeurs qui constitue une grande victoire pour la Syrie, commandement et peuple. L'Occident et certains Etats régionaux ont fait tout ce qui leur était possible pour empêcher le déroulement de cette élection. Ils ont commencé par lancer des menaces au cas où une date était fixée pour cette élection. Bien entendu, ces pays ne peuvent plus prétendre parler au nom de la communauté internationale, avec l'existence de la Russie, de la Chine, du Brésil, de l'Afrique du Sud et de ce qu'on appelle les pays du Brics qui sont hors du projet occidental. L'Occident et certains pays régionaux ont donc multiplié les menaces et les pressions (nous connaissons l'ampleur des pressions exercées) pour que cette élection ne se déroule pas. Mais la position officielle syrienne était très ferme pour organiser l'élection au rendez-vous prévu. Ensuite, des pressions psychologiques ont été exercées sur le peuple syrien lui-même en qualifiant à l'avance l'élection de mascarade sans valeur, poussant ainsi les Syriens à ne pas y participer car cela n'en vaut pas la peine, puisqu'elle ne sera pas reconnue. Mais aujourd'hui, tous ceux qui ont lancé ces qualificatifs et ses menaces montrent que ce qu'ils veulent c'est confisquer la volonté du peuple syrien, déformer les faits et se baser sur des faits inexistants. Ils ont donc exercé des pressions directement sur le peuple syrien, à l'intérieur de la Syrie et hors d'elle. On sait qu'à l'extérieur, de nombreux pays ont interdit le déroulement de cette élection, alors que ces pays affirment vouloir la démocratie et permettre aux gens de s'exprimer. Si ces pays avaient permis l'organisation de l'élection sur leur territoire, les Syriens présents chez eux auraient-ils boycotté le scrutin ? C'est à ce moment-là qu'on aurait pu dire que le régime syrien est impopulaire. Cette élection était donc une occasion pour l'opposition. Sur le plan politique, cette élection était une occasion. Le scrutin aurait pu se dérouler dans toutes les ambassades syriennes dans le monde et on aurait vu si les Syriens dans le monde l'auraient boycotté. Mais les informations de tous les services de renseignements étaient que si le scrutin était organisé même dans les pays étrangers, les électeurs se seraient rendus massivement aux urnes. C'est pourquoi l'Occident et certains pays régionaux voulaient à tout prix empêcher la tenue de l'élection. S'ils ne craignaient pas que cette élection montre la popularité du régime, ils n'auraient pas utilisé tous les moyens possibles pour empêcher sa tenue. Ils ont même jusqu'à utiliser les menaces et certains ont lancé des fatwas contre ceux qui se rendent aux urnes. Enfin, il y a même eu les menaces sanglantes et le plus ridicule est encore la déclaration de la dite « Coalition nationale syrienne », la veille de l'élection au peuple syrien dans laquelle elle lui conseillait de ne pas se rendre aux urnes et de rester chez lui car le régime allait envoyer des voitures piégées dans les bureaux de vote ! Y a-t-il plus ridicule que cela ? Cette coalition n'a pas dit : n'allez pas aux urnes parce que cette élection ne vaut rien etc. Mais elle lui a dit : ne votez pas parce que voter est un risque pour votre vie à cause du régime qui veut envoyer des voitures piégées. Il n'y a pas plus idiot que cette déclaration ni dans la guerre politique ni dans la guerre psychologique. Il était en effet dans l'intérêt du régime que la population aille massivement aux urnes et participe à l'élection. Comment dans ce cas pouvait-on l'accuser de vouloir poser des bombes et envoyer des voitures piégées dans les bureaux de vote?

Finalement, l'élection a eu lieu et on a vu ce qui s'est passé, l'afflux des électeurs, en dépit des menaces, des pressions et des fatwas. Les choses se sont déroulées au vu et au su de tous, non dans une salle close. Ceux qui veulent encore affirmer qu'il s'agit d'une mascarade sont libres de le faire. Déformer la réalité dans les qualifications ne la change pas. Tout le monde a pu voir ce qui s'est passé devant et autour de l'ambassade de Syrie au Liban le premier jour et le jour suivant. Cela a surpris tout le monde. Oui, je le répète, cela n'a pas seulement surpris le 14 Mars, mais aussi les amis de la Syrie au Liban. Nous avons tous été surpris. Bien entendu, vouloir réduire l'importance de l'événement en disant que le Hezbollah a obligé les gens à se rendre aux urnes etc n'a aucune valeur, car c'est totalement faux. Les Syriens se sont rendus seuls à l'ambassade pour voter. Ils sont venus de toutes les régions du Liban, sans que nul ne leur ait dit quelque chose et sans aide logistique, sans l'appui d'une machine électorale...D'ailleurs voir les mensonges proférés par l'autre camp ne peut que nous conforter dans nos choix. Ce camp en est même arrivé à dire que ceux qui ont voté étaient des membres du Hezbollah...Pourtant, le ministère de l'Intérieur est actuellement entre leurs mains. Les films existent. Qu'ils nous montrent où sont les éléments du Hezbollah...

En tout cas, le plus important s'est déroulé en Syrie-même. Nul ne peut nier l'afflux massif des électeurs. On peut discuter le chiffre de pourcentage, mais nul ne peut ignorer le fait que des millions se sont rendus aux urnes dans toutes les villes syriennes (sauf celles qui échappent au contrôle de l'Etat), et nul ne peut ignorer les longues files des électeurs. L'élection a donc eu lieu. Nous avons entendu quelqu'un qui disait qu'elle vaut zéro. Mais c'est en fait c'est lui le zéro. C'est une élection qui a mobilisé des millions de Syriens. Certains ont publié des communiqués. Mais à mon avis, il ne s'agit pas de communiqués politiques. C'est comme si quelqu'un avait ouvert le dictionnaire et pris toutes les insultes pour les faire figurer dans sa déclaration. En réalité, cela montre l'ampleur de la déception et de la désillusion. Ceux-là espéraient que l'élection soit un véritable désaveu du régime, mais le sort s'est retourné contre le sorcier.

Aujourd'hui, quels sont les résultats politiques de cette élection enregistrés par le peuple syrien ? Je vais essayer de les résumer ainsi :
1-La Syrie restera unie. Ceux qui ont planifié la partition de la Syrie sur une base confessionnelle ou ethnique ont échoué.
2-L'Etat syrien a montré qu'il est encore fort et capable d'organiser un scrutin électoral sur le territoire et à l'étranger alors que nombreux étaient ce qui le croyaient affaibli, voire inexistant.
3-Ce scrutin a montré la résistance des Syriens leur refus du désespoir et de la fatalité face à un avenir qu'ils ne se sont pas construits et que ceux qui se font appeler « les Amis de la Syrie » ont voulu pour eux. A travers cette élection, les Syriens ont dit : C'est nous qui décidons de l'avenir de la Syrie, ni les Etats-Unis, ni Genève 1 ou 2, ni aucune autre capitale du monde, qu'elle soit internationale ou régionale.
4-Les millions d'électeurs ont aussi montré que le conflit n'est pas entre le peuple et le régime, comme certains médias le présentaient au cours des dernières années. Si cela avait été le cas, quelques milliers d'électeurs se seraient rendus aux urnes. Mais le taux de participation élevé a montré que le régime et son commandement bénéficient d'une large assise populaire. A cause de cette donnée, nul ne peut plus accuser ceux qui ont pris position aux côtés du régime, comme nous, de tuer le peuple syrien pour protéger celui-ci. Au contraire, cette position est donc en faveur des millions de personnes qui se sont rendues aux urnes et ceux qui combattent aux côtés du régime le font aussi aux côtés de ces millions. Au Liban, on peut retirer le statut de réfugié au Syrien qui a voté mais on ne peut pas lui retirer son statut de citoyen syrien qui a le droit d'élire son président. Cela ni les Libanais, ni les Etats-Unis ni aucun pays au monde ne peut le faire. C'est le message qu'ont donné les Syriens qui se sont rendus aux urnes.
5-La guerre militaire destructrice contre la Syrie a échoué. L'élection présidentielle est une déclaration politique de l'échec de cette guerre.
6- C'est la conséquence la plus importante de cette élection : désormais ceux qui veulent parler d'une solution politique ou contribuer à y parvenir doivent comprendre qu'ils ne peuvent plus ignorer l'élection présidentielle. En politique, l'élection du président Bachar Assad pour un troisième mandat signifie que toute solution passe désormais par lui et il faudra négocier avec lui pour y parvenir. L'époque où on posait des conditions basées sur sa démission pour faire aboutir le processus de Genève 1 ou 2 est révolue. Après son élection par des millions de Syriens nul ne peut plus poser comme condition aux négociations sa démission, même ceux qui se considèrent comme une opposition modérée et qui exigeaient cela. Cette élection a adressé un message clair au monde entier et à l'opposition syrienne (bien entendu les groupes takfiristes ne comptent pas dans cette opposition) qui se résume ainsi : la solution politique en Syrie commence et finit avec le président Bachar Assad. Ceux qui veulent une solution politique en Syrie doivent donc parler avec lui. Quelle forme de pouvoir veulent les Syriens ? C'est leur affaire.

tant qu'amis qui se considèrent comme une partie au conflit, nous pouvons donner des idées, faire des propositions loin des médias, comme le font tous les amis. Mais l'affaire concerne les Syriens. C'est leur décision et leur volonté qui feront le choix.

Ces considérations amènent à deux conditions : il faut donc prendre en considération le résultat de l'élection et traiter avec la solution politique comme étant basée sur la participation du président Assad. La seconde condition est de cesser d'aider les groupes takfiristes pour aider à arrêter la guerre en Syrie.

A ce sujet, permettez-moi de dire qu'il ne suffit pas que certains Etats notamment régionaux placent ces groupes sur la liste des organisations terroristes. Car certains Etats dans la région ont placé Daech et Nosra sur leur liste des organisations terroristes et continuent à leur fournir en douce des armes, de l'argent et une aide logistique. Ceux qui veulent une solution politique doivent cesser d'appuyer ces groupes pour que la guerre prenne fin. Nous autres, nous avons dès le début, appelé à une solution politique. Nous y croyons et nous appelons toutes les parties à travailler dans ce sens, un peu comme cela s'est passé à Homs et ailleurs. Je vous le dis en toute franchise et en me basant sur toutes les données en ma possession, celles du terrain et les autres, ce combat en Syrie n'a pas d'horizon. Il n'aboutira qu'à un surplus de destructions et de sang mais il ne changera rien à la réalité. Désormais, il est clair que le combat en Syrie n'aboutira pas à l'occupation de ce pays ni à placer ce pays sous le contrôle du camp adverse. La Syrie restera avec ses citoyens bons et simples avec son peuple résistant qui refuse la reddition et le désespoir. Elle retrouvera la santé la prospérité et reconstruira ce qui a été détruit. Mais la solution passe par une réconciliation générale, passe par le dialogue et les compromis politiques. La poursuite du combat ne sert plus du tout les intérêts internes nationaux syriens. Pas du tout. A cet égard, nous souhaitons féliciter le peuple syrien pour la réussite de cette échéance électorale. Je sais que les Libanais sont divisés sur cette question, mais pour nous, cette élection montre que le peuple syrien est attaché à son commandement. Il lui a renouvelé sa confiance et il a ainsi réussi une échéance cruciale. Nous demandons à Dieu de permettre aux Syriens de se réconcilier, de se retrouver et de s'entendre sur un Etat national fort qui redonne à la Syrie sa place régionale, tout en donnant une impulsion à des réformes véritables qui renforcent l'entente et favorisent la reconstruction du pays. La Syrie doit reprendre sa place dans la région et rester indépendante.

Aux Libanais je dis que nous nous trouvions devant une nouvelle victoire qui est le fruit des victoires militaires, du sang et des martyrs. Je leur dis aussi : n'ayez pas peur d'une victoire de la Syrie, n'ayez pas peur si la Syrie n'est pas vaincue et divisée. Au contraire si elle est partagée, c'est là que vous devriez avoir peur. Si les groupes takfiristes la contrôlent, c'est là que vous devriez avoir peur. Mais si elle est victorieuse, cela aura des conséquences positives pour le Liban et l'ensemble de la région.

Je reviens à notre frère cheikh Moustafa pour lui dire que nous poursuivrons son combat et le chemin qu'il a tracé et nous resterons fidèles à son œuvre et à sa mémoire. Nous continuerons à lutter pour les objectifs qu'il a fixés et nous poursuivrons le chemin quels que soient les sacrifices et les difficultés. Que Dieu bénisse les morts.

Traduit par Al-Ahednews

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