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Interview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2)

Interview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2)
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Le 8 mars 2014

              Le plan sécuritaire jouit de la couverture de la plupart des forces politiques


-Commençons par le volet local à propos du plan sécuritaire adopté par le gouvernement et dont la mise en œuvre a commencé à Tripoli et ensuite dans la Békaa. Fallait-il que la capitale du nord connaisse 20 rounds de combats et que des centaines de martyrs et de blessés tombent ? qu'est-ce qui garantit que l'approche cette fois sera différente de celle du passé ?

Sayed : Je pense que cette fois elle sera différente des autres. Le problème était toujours laInterview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) décision politique. L'un des facteurs essentiels dans la prise de la grande décision est le retour de l'autre camp au pouvoir. Je pense que si l'autre camp était hors du pouvoir, il n'aurait accepté aucun plan sécuritaire, voire il aurait saboté l'exécution de ces plans. C'est ce qui passait auparavant. Sans doute, le changement du gouvernement était utile, parce que dès le début, même lors du mandat du président Najib Mikati, nous étions très soucieux sur la participation de l'autre camp. Mais ils ont pris un autre choix.
Aujourd'hui, le gouvernement auquel ont participé la plupart des forces politiques, peut certes réaliser des exploits plus grands. On pourra avancer lentement tout en réalisant des exploits grandioses.

-Est-ce que l'ordre royal saoudien d'interdire un groupe d'organisations terroristes ayant des ramifications au Liban est un facteur adjoint ?

Sayed : Certes, cette affaire aide énormément et elle a encouragé l'autre camp politique à participer sérieusement pour faire face à cette question. L'activation du travail de certains services sécuritaires officiels dans ce sens ou l'approbation de certains plans sécuritaires, ou encore la présentation de la couverture convenable à l'armée libanaise. Je pense que ces mesures ont été affectées de façon ou d'une autre par la décision saoudienne.

-Quelle est votre évaluation préliminaire des mesures prises par le gouvernement du président Tammam Salam, que ce soit au sujet des nominations ou dans d'autres dossiers ?

Sayed : Certes, nous sommes partenaires dans ces décisions et nous avons fourni toute l'aide et les facilitations nécessaires.

                                     Les mandats judiciaires ne sont pas équilibrées

-Au sujet de Tripoli, on accuse des fois le Hezbollah d'assurer certaines couvertures politiques pour des cas sécuritaires. Ce qui a été fait pour le moment est-il utile ? A quel point ?


Sayed : Ceci est utile pour la ville de Tripoli et le nord en général, parce que ce qui a eu lieu à Tripoli accentuait la tension dans le climat politique, médiatique, populaire et psychologique sur toute l'étendue de la patrie. Toute mesure censée empêcher l'effusion du sang et préparer la situation pour des réconciliations peut représenter des introductions à des mesures plus larges sur le plan politique, social, économique ou vital. Ces mesures sont certes très importantes.
Concernant le Nord ou Tripoli, nous assurons que l'approche sécuritaire et judiciaire ne suffit pas. Nous appelons à une approche globale, politique, sociale, économique et vitale et nous appelons à mener des réconciliations réelles entre les courants et les différentes orientations. Et nous appelons à la plus grande coopération possible.

-Quelle est votre évaluation des mandats judiciaires décrétés à ce jour ? nous remarquons que les mandats judiciaires n'étaient pas équilibrés comme nous le prévoyons. Ces abstentions n'ont-elles pas provoqué de problème ?

Sayed : Pratiquement, tout le monde coopère afin de faciliter le plan dans toutes ses dimensions. S'il existe de remarques ou de réserves, elles pourront être réglées avec le temps.

-Pour que l'approche ne reste pas sécuritaire, l'ouverture de dialogues politiques et surtout entre le Hezbollah et le Futur ne mène-t-elle pas à protéger le plan sécuritaire ?

Sayed : Nous étions toujours prêts au dialogue. Pratiquement au gouvernement, et à travers laInterview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) plupart des forces politiques, ces dialogues se font sur la table du conseil des ministres. Le gouvernement actuel tente de traiter de grands dossiers essentiels. Le même cas s'applique sur la reprise du travail du Parlement et de l'action parlementaire.
De plus, l'ouverture de la porte devant les différents blocs parlementaires pour qu'ils communiquent ensemble et discutent dans des affaires importantes et grandes aident sans aucun doute. Plusieurs d'autres sujets reportés ne supportent aucun report et touchent directement à la vie des civils, dont le sujet des salaires.
Pratiquement, vous avez pris la décision de mener un dialogue au niveau parlementaire et ministériel. Vous n'avez pas décidé de lever le niveau du dialogue avec le courant du Futur au niveau politique.
Nous n'avons aucun problème avec le dialogue politique ou avec l'ouverture de canaux de dialogue avec le courant du Futur, à quelque niveau qu'il soit.

-Qui assume la responsabilité de la rupture du dialogue dans la période passée ?

Sayed : Disons que la rupture du dialogue est due au désaccord survenu sur le gouvernement du président Saad Hariri. Les conditions et le climat qui ont suivi cette période ont provoqué la rupture du dialogue d'une façon naturelle. Nous ne voulons pas imputer exclusivement à aucune partie la responsabilité de la rupture du dialogue.

               Les facteurs locaux sont influents dans la présidentielle plus que jamais


Pour ces raisons nous avons boycotté le dialogue

-Ces propos ne contredisent pas le boycott par le Hezbollah de la dernière séance du dialogue national ?


Sayed : Ceci est différent. Le boycott de la table du dialogue national avait ses propres raisons. Aujourd'hui, nous participons normalement aux séances du gouvernement, qu'elles soient présidées par le président de la République ou par le Premier ministre.
L'affaire de la table du dialogue est différente, parce que le sujet principal voire l'unique du dialogue national est le sujet de la stratégie défensive. Les positions lancées par le chef d'Etat dans les derniers mois, surtout dans les dernières semaines... je pense qu'il lui a fait perdre la position de diriger un dialogue national qui évoque une affaire aussi dangereuse et aussi importante, celle de la stratégie défensive. Notre absence du dialogue ne découle pas de notre position du principe du dialogue. Nous sommes toujours soucieux pour le principe du dialogue et des participants et des participants à la table du dialogue. Nous n'avons pas boycotté par le passé le dialogue alors que d'autres forces politiques l'ont fait pendant plusieurs mois.
Ce qui nous a poussés à cette mesure est les dures positions prises par le chef de la République de la question de l'équation tripartite et qui ont été annoncées d'une façon inadéquate selon notre point de vue.

-Comment expliquer les positions prises par le président de la République ? avez-vous été surpris ?

Sayed :
Le changement de position a eu lieu surtout dans les derniers mois. Je n'ai pas d'explication claire. Il existe de nombreuses analyses. Mais je ne vais pas entrer dans ces analyses. A mon avis, le résultat n'est pas convenable. Si nous comparons les derniers discours avec le discours d'investiture, nous remarquerons une grande distinction entre les deux discours. En fin de compte, nous devons voir les résultats. Quant aux motivations, nous n'allons pas les évoquer.

                               Nous critiquons le président... pas la présidence

-D'aucuns vous ont accusés de viser le poste de la présidence

Sayed : Au début, nous n'avons pas commenté les discours, notamment celui prononcé au ministère de la défense. Nous avons surmonté l'affaire et nous sommes restés en contact. Il s'est avéré qu'il s'agissait d'une nouvelle voie politique. Le premier commentaire lancé par le Hezbollah était clair et précis : Tout en respectant le poste de la présidence, nous critiquons le président sans porter atteinte au poste de la présidence. Ceci est notre droit naturel, et la plupart des camps politiques au Liban le critiquait dans des positions différentes. Si nous révisons les six dernières années, nous trouverons que certains dirigeants du camp du 14 mars étaient parmi les critiques les plus virulents du président.

-N'existe-t-il pas maintenant un dialogue bilatéral avec le chef de l'Etat ?

Sayed : Non, il n'existe qu'un contact ordinaire à la table du conseil des ministres, mais pas de contact bilatéral direct.

-A votre avis, la position du président est-elle liée à des signes affichés par le Hezbollah rejetant la prolongation du mandat présidentiel ?

Interview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2)Sayed : Ceci figure parmi les éventualités posées. J'ai souligné qu'il existe plusieurs analyses. Certes, nous n'affichions pas de position politique ouverte ni médiatique de la question de la prolongation du mandat. Mais dans le cadre de la recherche au sujet de la formation du gouvernement. Depuis des mois, nous avons affiché notre position avec transparence et crédibilité devant ceux qui nous ont demandé notre avis, dont des amis du président. Pour nous, il est hors question de prolonger le mandat du président. Cette position prise tôt serait la raison des problèmes qui ont eu lieu, ou des changements survenus dans la position du président. Mais je ne possède pas d'informations personnelles. Ceci reste des hypothèses. Je ne veux pas juger.
 
                  Pas de position de principe sur l'idée de la prolongation du mandat


-Pourquoi votre position était positive sur la prolongation du mandat d'Elias Hrawi et d'Emile Lahoud, alors qu'elle est négative cette fois?


Sayed : Nous ne parlons pas d'une position de principe. J'ai dit à ceux qui nous ont visités, que ce soit au sujet du chef de l'Etat ou dans d'autres sujets, ou encore lors des rencontres avec nos amis au Courant patriotique libre au sujet de la prolongation du mandat du Parlement, je leur avais dit : Nous n'avons pas de position de principe sur la prolongation, et pour cette raison nous avons accepté au passé de prolonger le mandat des chefs de la République Elias Hrawi et Emile Lahoud.
Donc, pas de problème de principe avec cette question. Même lorsque nous sommes arrivés au sujet du Parlement, et compte tenu de notre évaluation et de notre vision de la situation politique et sécuritaire au Liban et dans la région, nous avons soutenu l'idée de la prolongation du mandat du Parlement l'an dernier.
Donc, nous ne sommes pas opposés au principe de la prolongation, que ce soit pour une institution, ou une personne ou un poste et ceci est clair. Je ne fais pas l'amalgame des choses.
Oui, nous disons que la prolongation du mandat du président de la République, même par le passé, était soumise à des conditions exceptionnelles qui nécessitaient de prolonger le mandat de tel ou tel président.
Je pense que ni les conditions actuelles poussent vers le prolongement du mandat de son Excellence le président Souleimane, ni l'action du président nous pousse à accepter une telle prolongation.

                   Pour la présidentielle... nous avons tranché notre position

-Ce que vous venez de le dire montre que le Hezbollah a choisi d'une façon ou d'une autre sa position des élections présidentielles? 

Sayed : Ma réponse est de deux volets : la première est liée à la tenue des élections présidentielles. Je pense que ceci n'est pas la position du Hezbollah seul. Bkerké est la première à avoir annoncé la nécessité patriotique, avec une grande insistance, de tenir les élections, tout en assurant que ces élections doivent avoir lieu.
Le vocabulaire utilisé a insisté sur l'importance d'élire un nouveau président. Les propos étaient clairs sur l'élection d'un nouveau président. Ceci signifie l'exclusion de toute proposition de prolongation ou de renouvellement du président Souleimane. D'après ce que je vois, le climat général dans le pays nécessite la tenue d'élections présidentielles et l'élection d'un nouveau président.
Le deuxième volet est lié à la personne du nouveau président. Oui, au niveau du commandement du Hezbollah, nous avons discuté de cette affaire entre nous. La personne dont nous soutenons la candidature et à laquelle nous allons voter est désormais déterminée. Toutefois, l'annonce de cette affaire dépendra du moment propice, surtout dans le cadre des débats avec notre camp politique, et avec la personne concernée. Mais, en ce qui concerne le Hezbollah, le choix est décisif.

-Pouvons-nous parler de ses caractéristiques, si vous ne voulez pas la nommer ?

Sayed : Depuis des semaines, on évoque les caractéristiques du Président dans les médias. On parle d'un président fort, ayant une influence réelle et accepté sur le plan national et populaire. Je pense que tout le monde est d'accord sur ces caractéristiques. Nous les soutenons aussi.
 
                        Le facteur interne sur le plan présidentiel est plus fort

-Ces caractéristiques s'appliquent-elles sur des candidats tels que Samir Geagea après s'être porté candidat officiellement ?

Sayed : A part notre évaluation du docteur Samir Geagea, de ses positions, de sa biographie,Interview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) de ses objectifs politiques, et à part notre évaluation de tout candidat des forces du 14 mars, ou de tout candidat soutenu par les forces du 14 mars, il est normal et logique de soutenir notre candidat auquel nous croyons et dont nous estimons que son arrivée au pouvoir réalisera l'intérêt national suprême auquel nous aspirons.

-Des candidats présidentiels affluent-ils vers le Hezbollah au-dessous de la table ?

Sayed : Il est normal dans un pays comme le Liban que les candidats supposés à la présidentielle communiquent avec les différentes forces politiques, et le Hezbollah est une force politique essentielle dans le pays. Ceci se fait d'une façon ou d'une autre.

-A votre avis, les éléments de l'échéance présidentielle pour 2014 diffèrent-ils des échéances passées ? l'élément international et régional ? cette fois, l'élément local aura-t-il une présence plus forte ?

Sayed : Je pense que cette échéance sera affectée plus que jamais par les facteurs internes. Sur le plan international, les grandes puissances qui s'ingèrent d'habitude dans les élections présidentielles n'affichent pas de soutien à un quelconque candidat. Pour le moment, on ne voit pas que ces pays œuvrent pour faire parvenir une personnalité quelconque à la présidentielle.
Ce qui a été rapporté sur ces pays dans les coulisses : la stabilité et la réalisation de l'échéance présidentielle nous importent le plus au Liban. Quant à la personne du président, vous, Libanais, traitez seuls cette affaire. Ces pays pourraient ne pas intervenir ultérieurement dans la personne du président parce que ceci n'est pas leur priorité maintenant. Ces pays sont préoccupés par d'autres soucis dans d'autres pays.
Sur le plan régional, les pays qui contribuaient ou qui jouaient un rôle dans l'élection présidentiel sont actuellement préoccupés de nous. A titre d'exemple l'Egypte. Je ne pense pas que les Egyptiens réfléchissent d'intervenir.
Concernant la Syrie, le président Bachar el-Assad a dit : Ce qui nous importe est la ligne politique du président et c'est vrai. La Syrie mène actuellement une guerre décisive, donc ses priorités dans la bataille lui imposent une position sur cette question. Je pense que l'Arabie allait soutenir un président défini.

                                       L'intervention internationale aura lieu si...


-Qu'en est-il de l'Iran ?


Sayed : La république islamique n'est jamais intervenue dans l'élection présidentielle libanaise. L'Iran n'allait pas s'immiscer dans la personne du président à ma connaissance. Certes elle est intéressée par un président ayant des caractéristiques convaincantes et essentielles, comme tous les amis qui aiment le Liban.

-Comme si tu privilégies les facteurs locaux ?

Sayed : Oui, je pense que les facteurs locaux et internes sont plus que jamais déterminants. c'est-à-dire si une personnalité quelconque requiert la majorité parlementaire, et si le climat interne soutient une personnalité quelconque, les choses iront dans cette direction.
Le désaccord des forces politiques libanaises sur la personne du président ouvrira certes la porte à l'ingérence internationale ou régionale. La fin de la date butoir, l'entrée dans le vide le feront aussi. Mais si les forces politiques parviennent à une entente quelconque, certes leurs choix seront décisifs.
En d'autres termes, nous sommes face à une véritable opportunité pour élire un président par une décision interne nationale.

                                       La possibilité du vide

-Cette échéance restera-t-elle en vigueur jusqu'au 25 mai 2014?


Sayed : Elle le restera même après le 25 mai, mais suite à cette date, la porte s'ouvrira devant les ingérences internationales et régionales.

-A votre avis, la formation de ce gouvernement par les pressions internationales et arabes ne montre-t-elle pas que la possibilité du vide est sérieuse chez ces pays ?


Sayed : Si, elle pourrait être un indice, mais dans tous les cas la formation d gouvernement était inéluctable. Parce que sans gouvernement, l'échéance présidentielle sera plus difficile. La non formation du gouvernement confirme l'éloignement des parties et des forces politiques, si celles-ci se montrent incapables de former un gouvernement, elles seront plus incapables encore d'élire un président.
Pousser vers la formation du gouvernement est le prélude à l'élection d'un président, ou un prélude au vide. Autrement dit, la formation du gouvernement, et le dialogue sur le traitement de dossiers, d'exploits et de décisions, et le début d'une rencontre entre les forces politiques renforcent l'opportunité de l'entente sur un président. Je ne dis pas un président consensuel ou centriste. Il se peut qu'il y ait de fortes personnalités ayant une véritable représentativité dans le pays, et jouissent d'une véritable chance pour s'entendre sur elles.

                               Nous sommes d'accord pour un président fort

-Pourquoi les maronites n'ont-ils pas le même droit des chiites et sunnites de choisir un chef d'Etat représentatif, comme ces derniers le font pour le chef du parlement ou du gouvernement ?

Sayed : Nous sommes d'accord sur ceci, pas de problème. Notre position était connue dans les élections passées, mais l'entente internationale, régionale et interne ont mené les choses ailleurs.

-Selon un sondage effectué par Bkerké et le journal assafir, le général Michel Aoun a occupé la première position.

Sayed : Si nous respectons le principe précité, ce résultat devra tenir bon. Mais il est vrai que certains chrétiens entravent l'élection d'un président représentatif.

                              Tout le monde capable de faire obstacle

-Les deux camps politiques libanais ont le tiers du blocage mais aucun n'est capable de trancher. Comment sortir de cette impasse ?


Sayed : L'arrivée d'un président représentatif et fort nécessite l'accord de forces principales dans le pays, un camp tout seul ne peut élire son propre président sans prendre en compte l'autre camp politique.

-Comme si vous appelez l'autre camp à adopter votre candidat et vice-versa ?

Sayed : Oui c'est vrai.

-Ceci mène le pays au vide ?

Sayed : Nous sommes dans la phase de débats, surtout des débats bilatéraux. Attendons pour voir où iront-ils pour juger ensuite.

-Et si on place le Hezbollah devant le vide ou la prolongation du mandat à la dernière minute ?

Sayed : Notre position de la prolongation du mandat est décisive. La menace du vide ne doit pas effrayer les Libanais. Après le 25 mai, chaque minute et chaque heure seront une pression supplémentaire pour faire élire un président. Toutes les forces politiques ne veulent pas le vide.

                                  Un président garant de la stabilité

-Certains vous accusent de pousser vers le vide ?

Sayed : C'est facile pour certains de lancer les accusations. Personnellement je dis que personne au Liban ne cherche le vide présidentiel. Ceci est clair pour moi. La fin du délai légal fera pression sur tout le monde pour remplir le vide présidentiel. D'aucuns suivent et font pression pour respecter cette échéance. Pour nous il n'est ni effrayant ni inquiétant de dépasser le délai légal, celui du 25 mai.

-Les caractéristiques réclamées par les grandes puissances internationales voire régionales insistent sur un président garant de la stabilité. Cette caractéristique s'applique-t-elle sur votre candidat ?

Sayed : Evidemment.

                                  Le gouvernement est une opportunité sérieuse

-Le gouvernement peut constituer une opportunité ou provoquer un problème dans le pays selon son action. Quelle est votre évaluation des décisions prises à ce jour par le gouvernement ?

Sayed : Je pense que l'opportunité est plus grande que le problème.

Interview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2)-Pouvons-nous mener de nouvelles nominations différentes de celles qui ont été réalisées à ce jour ?

Sayed : Telle est l'orientation actuelle. Le climat est positif au gouvernement, les choses vont vers un niveau élevé de consensus, d'entente, et de compréhension mutuelle. De plus, il existe un accord implicite pour remplir les postes vacants dans la prochaine période, certes selon la procédure adoptée par la loi. Je pense que le climat général est positif et que la probabilité de l'opportunité est plus grande que celle de problèmes.

-A votre avis, allons-nous vers la tenue d'élections parlementaires, ou bien nous assisterons au renouvellement du mandat ?


Sayed : La logique stipule la tenue d'élections parlementaires dans la prochaine période. Le gouvernement - qu'il y ait un président de la République ou pas - peut tenir des élections parlementaires. Certaines parties au Liban pourraient avoir des réserves sur la tenue d'élections parlementaires de la part du gouvernement en l'absence du chef d'Etat.

-Il existe une polémique à propos de la loi électorale, soit la loi de l'année 1960 ?


Sayed : Cette polémique existait au passé, dans le présent et dans l'avenir. Je ne sais pas à quel point pourrons-nous conclure un accord sur une nouvelle loi électorale.

-Avez-vous de contacts avec le président Tamam Salam ?

Sayed : Oui, la communication a lieu et est normale.

-Comment évaluez-vous son action ?

Sayed : Dès le début, nous avons estimé que le président Tamam Salam est une personne raisonnable, ouverte et acceptable, et qu'il va agir sur cette base. C'est ce que nous voyons évidemment. La relation est positive et bonne avec son Excellence.

             Nous ne couvrons personne pour nous demander de lever notre couverture

-Le plan sécuritaire sera poursuivi en direction de la Békaa. On a demandé du Hezbollah de lever la couverture des phénomènes intrus, tels que les bandes d'enlèvements et de vol. Le Hezbollah soutiendra-t-il le gouvernement de la même force que lors du cas de Tripoli ?

Sayed : Certains médias ont évoqué avoir demandé du Hezbollah et du mouvement Amal de lever la couverture. En principe, nous n'avons couvert les actes de personne pour nous demander de lever cette couverture. Plus encore, lors des dernières années, le Hezbollah, le mouvement Amal, les notables de la Békaa, les chefs de municipalités, les unions municipales, les conseils municipaux, les maires, tout le monde demandait de l'Etat d'exécuter un plan sécuritaire dans la Békaa du Nord et d'arrêter les personnes impliquées dans les enlèvements, le vol, les embuscades et autre. L'Etat n'assumait pas ses responsabilités. Premièrement, personne ne l'a empêché. Personne n'a couvert qui que ce soit pendant les dernières années. Au contraire, on revendiquait de l'Etat d'assumer ses responsabilités, mais il menait certaines opérations limitées puis s'arrêtait. Nous assurions toujours une couverture politique et populaire pour que les forces de sécurité officielle mènent leur mission sur le plan de la région. Ceci était une grande revendication populaire.
De plus, nous soutenons actuellement cette question et nous sommes prêts à fournir toute aide, toute couverture, et toute facilité nécessaire. Nous souhaitons que ce plan réussisse. Même si l'évocation de cette question dans les médias ces derniers jours avaient poussé les personnes visées par les recherches à fuir les mesures sécuritaires dans la région.
Mais en tout cas, le fait que l'Etat entame des mesures sérieuses sur ce plan est quelque chose de bon et important, l'important est que cette affaire se poursuive et qu'elle ne s'arrête pas dans une période déterminée.
 
                             Nomination de gouverneurs au Hermel-Baalbeck et Akkar


-Assumez-vous la responsabilité de la mauvaise situation vitale dans la Békaa, pourtant vous faisiez partie de gouvernements et de conseils parlementaires, parce que le résultat dans la Békaa sera nul ?


Sayed : Non, la situation n'est pas nulle. Lors des dernières années, plusieurs choses très bonnes se sont réalisées sur le plan de la région, au niveau des routes, de la téléphonie, des réseaux électriques, des réseaux hydrauliques, des réseaux d'égouts. Celui qui va à la Békaa, surtout à Baalbeck-Hermel pourra observer la différence de la situation actuelle de la région et de celle d'il y a 15 ou 20 ans. Mais le véritable problème dans la Békaa n'est pas un problème de routes, ni d'électricité, ni d'eau, ni de téléphonie ni...
Le véritable problème est celui des opportunités du travail, soit la source de revenus pour les habitants de région. Cette question pose un grand problème sur le plan national et on ne peut pas la résoudre par étapes mais elle a besoin d'un traitement général.
Le Hezbollah, ses députés, ses ministres, ses alliés, œuvrent pour régler les problèmes vitaux, et ceci figure parmi nos priorités.
Nous avons œuvré auparavant pour mettre en place une circonscription dans la région, parce que ceci a des résultats vitaux et économiques. Cette affaire a été réalisée à grande échelle. La mesure essentielle prévue est la nomination d'un gouverneur dans la circonscription de Baalbeck-Hermel, et je pense que ce gouvernement allait réaliser ce fait. Il existe actuellement un effort pour que l'affaire des nominations prochaines soit parmi les priorités. La nomination d'un gouverneur pour Baalbeck-Hermel et un autre pour la province d'Akkar.

-Le Hezbollah a-t-il tranché sa position de la modification de la clause 49 de la Constitution ?


Sayed : Nous n'avons pas encore débattu de cette affaire.

              Favorable à tout appui à l'armée, la doctrine de cette dernière constante

-Comment commentez-vous le don saoudien à l'armée par la voie française ?

Sayed : En principe, indépendamment de la partie qui assure le soutien, nous sommes favorables à tout appui, inconditionné, fourni à l'armée libanaise. Nous avions toujours appelé les pays et les gouvernements à fournir cette aide.
Dans le passé, nous avons tenté auprès de nos amis, de servir cet objectif. Même après leInterview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) retrait syrien du Liban, la Syrie a offert des aides à l'armée libanaise. La République islamique d'Iran avait toujours déclaré sa disposition à le faire. Mais le problème résidait dans la décision politique libanaise. En d'autres termes, certains refusent, d'autres émettent des réserves. Je peux comprendre les raisons de telles réserves, dont, la crainte des Américains et de certains pays arabes.
En tout cas, en principe, nous approuvons, soutenons et appuyons toute aide assurée à l'armée libanaise, ou toute contribution dans le renforcement de la troupe. Je n'utilise pas le terme «réserves» ou un terme non convenable. Nous ne commenterons pas la question du don saoudien à l'armée dans les médias, puisque nous ignorons encore les détails : y-a-t-il des conditions ou non, quelles sont les circonstances de cette démarche ou initiative ?
Je ne veux pas affirmer qu'il y a des conditions, peut-être qu'il n'y a pas. Mais je précise que nous n'avons pas encore les informations suffisantes pour émettre un jugement. En dépit de ce fait, nous sommes passés outre l'affaire. Par exemple, dans la déclaration ministérielle, ce don a été évoqué. Nous n'avons pas objecté. Les détails de ce don et ses résultats se préciseront dans l'avenir.
Certains pourraient rendre hommage à ces résultats avant qu'ils ne s'éclaircissent. D'autres pourraient être sceptiques. Moi je ne veux ni glorifier, ni être sceptique. Je dis que nous devons attendre les résultats de cette démarche. Plus tard, nous verrons quel est le type des armes et des équipements avancés à l'armée libanaise. C'est alors que nous pourrions juger la nature de cette démarche. Toutefois, je reconfirme le principe selon lequel, tout pays, à l'exception d'«Israël» bien sûr, voudrait aider au renforcement de l'armée, serait bon.

                                             La doctrine de l'armée est constante

-Craignez-vous des tentatives de modifier la doctrine de l'armée ?

Sayed : Pas d'inquiétude à ce niveau. A notre avis, certains propos prononcés dans des médias, ou des coulisses, n'ont aucune valeur. En effet, ce ne sont pas les armes, les munitions et les types des armes qui dirigent l'armée, mais plutôt sa doctrine nationale et la décision politique.
L'institution militaire est dotée d'une doctrine nationale claire. Elle l'a prouvé par sa ligne de conduite, sa performance et ses sacrifices durant les dernières années. En plus, la décision politique libanaise, notamment dans le cadre du gouvernement actuel ou tout gouvernement formé dans le futur sur une base consensuelle et regroupant différentes forces, représente une garantie contre l'utilisation de toute institution sécuritaire ou militaire par une partie. C'est aussi une occasion pour saluer les efforts et les sacrifices consentis par l'armée libanaise ainsi que la sagesse et le courage de cette institution dans le suivi des évènements sur la scène libanaise.

-Qu'en est-il de la performance de la résistance et de sa relation avec l'armée dans le sud de Litani ?

Sayed : Dans la région du Sud de Litani, il y a un engagement complet dans la résolution internationale 1701, par les forces officielles et par la résistance. Cette dernière ne permet aucune présence d'armes visibles dans la région. Elle y est engagée et convaincue. La relation avec l'armée libanaise y est excellente. Aucun problème n'existe.

-Et la relation avec la Finul ?

Interview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2)Sayed : Cette relation est aussi bonne. Parfois des différends éclatent entre les habitants et la Finul dans des villages. Ces problèmes sont rapidement réglés par les contacts directs entre la force onusienne et les présidents des municipalités et les parties présentes sur le terrain, ou par l'intervention de l'armée libanaise. Parfois, ces problèmes ne sont pas d'ordre politique, mais provoqués par le comportement de certains individus, comme l'entrée dans des quartiers, la prise de photos de quelques domiciles ou de centres civils. Les gens réagissent d'une certaine manière. D'autres fois, des transgressions des mœurs et coutumes ou des traditions ont lieu, puis la question est réglée. Le commandement de la Finul s'excuse parfois des erreurs commises. Mais en général, la relation avec la Finul est normale et bonne, je n'estime pas que ce genre de problèmes pourrait affecter la situation dans le sud de Litani.

-Le député Walid Joumblatt s'était plaint lors de la dernière conférence de dialogue du retrait des soldats libanais de la région du Sud de Litani vers d'autres régions. Y-a-t-il des craintes à ce propos ?

Sayed :
Non, pas du tout. Si le besoin se ressent d'augmenter les effectifs de l'armée dans d'autres régions, aucun problème ne se pose au Liban sud. En effet, dans tout le Liban sud, non seulement dans le sud de Litani, le calme prévaut en raison de la détente politique, de la communication permanente et de la mise à l'écart de cette région de tous les antagonismes et susceptibilités. D'autre part, la présence de la résistance et l'équilibre de force établi dans la région, sont suffisants. L'important est de maintenir l'armée au Liban sud, alors que le nombre, n'est pas décisif dans cette période. Les facteurs du calme y sont importants.

                                            L'enrôlement dans l'armée

-L'enrôlement dans l'armée, pourrait-il être la solution à ce problème ?

Sayed : Nous tenons à permettre à l'armée d'accomplir ses missions. L'institution militaire jouit d'un large soutien. Elle rassure les citoyens libanais. Sur ce nous l'appuyons si elle décide de transporter des brigades ou des effectifs d'une région à l'autre, ou si elle ouvre la porte du recrutement. L'enrôlement dans l'armée est un besoin national afin d'augmenter les effectifs de l'armée pour qu'elle accomplisse ses missions dans le Liban sud, nord, dans la Békaa et dans le reste des régions libanaises, sans que l'une ne soit affectée par les besoins de l'autre.

                                         Il faut imposer le prestige de l'Etat

-Le phénomène des armes déployées dans les villages et villes libanaises, sert-il le concept de la résistance et ses armes ou non ?

Sayed : Le problème des armes dans les localités et villages libanais est ancien, même avant laInterview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) naissance du Hezbollah, de la résistance, notamment de la résistance islamique. Ce phénomène est aussi plus ancien que l'arrivée de la résistance palestinienne au Liban, puisque certains tentent d'attribuer à cette résistance la responsabilité du déploiement des armes.
Les armes se trouvent dans les villes et villages libanais depuis des décennies. Le contrôle de ces armes est très important. Il sert le concept de la résistance, la sécurité sociale et nationale et limite les pertes des Libanais à tous les niveaux.
Je crois que le moyen pour prendre le contrôle de ces armes, n'est certainement pas de démilitariser les Libanais. Cet objectif est utopique. Même les forces politiques qui évoquent sans cesse les armes, n'ont pu répondre à une question concernant la possession des armes par leurs partisans, dans leurs maisons. La réponse à cette question est connue à l'avance.
Donc, la solution ne réside pas dans la démilitarisation, par l'Etat, des Libanais possédant des armes. La solution réside dans l'imposition du prestige de l'état. Lorsque ce prestige est ancré et que l'armée et les forces de sécurité sont présentes sur le terrain pour combler toute lacune sécuritaire, arrêter les prévenus, les cambrioleurs et ceux qui agressent les gens, en ce moment les armes seront dûment contrôlées. Alors que si ces contraventions sont couvertes et l'Etat renonce à ses responsabilités, les armes constitueront un danger. Bref, si l'Etat assume ses responsabilités, je ne crois pas que les armes provoqueraient un problème majeur. Les plans de sécurité mis en exécution en ce moment, les décisions du Conseil des ministres et la couverture politique assurée par les forces politiques à ces plans, seraient de bons pas sur la bonne voie.

-Les accusations contre le Hezbollah de bloquer les institutions et d'avoir intérêt dans le vide, servent-ils la résistance ?


Sayed : Cela nuit à la résistance. Cette dernière est une force de défense, de protection et de libération. Par la suite, lorsque l'Etat, le gouvernement et les institutions dirigent les affaires de la patrie et des Libanais, sur le plan politique, judiciaire, juridique, sécuritaire, social, économique et financier, tout cela servira énormément la résistance.
Le concept de la résistance n'est pas limité à la force militaire. Pour qu'elle réussisse à poursuivre sa mission, la résistance éprouve le besoin d'une société consistante. Le chômage, la pauvreté, les conflits et les polémiques intestines, les accrochages dans cette rue, cette ville ou ce quartier, les animosités, tous ces faits nuisent au projet de la résistance.

                    Nous serons de retour à nos établissements religieux et écoles...Si

-En 2006, votre éminence avez dit que l'Etat injuste est mieux que l'absence de l'état ?

Sayed : Je répète ce que j'avais dit en 2006. Nous sommes sérieux quant à l'édification d'un Etat fort, au renforcement de cet Etat qui doit assumer toutes les responsabilités. Nous ne sommes point le substitut de l'Etat. Même en ce qui concerne la question de la résistance, je rappelle ce que j'avais affirmé le 22 septembre 2006, lors de la célébration de la victoire divine dans la Banlieue sud : lorsque nous aurons un Etat fort, capable de défendre le Liban, nous, les résistants, seront de retour à nos écoles, à nos établissements d'enseignement religieux, à nos universités et nos champs. C'est la stratégie de défense de l'avenir.
Par contre, toutes les accusations lancées à notre encontre sont dépourvues de preuves. Au Liban, nous sommes la partie qui fait le plus de concessions, afin de faciliter les ententes et les compromis, la formation des gouvernements...C'était et ce sera notre ligne de conduite.

-Est-il vrai que la situation actuelle de l'Etat vous convient plus que celle d'un Etat fort, non confessionnel ?


Sayed :
Un Etat fort, capable et juste nous convient, dans la mesure où il traiterait tous les citoyens à pieds d'égalité, indépendamment de leurs appartenances confessionnelles. Quant à la question de l'Etat non confessionnel, ou confessionnel, de citoyenneté ou de l'homme, plusieurs débats ont eu lieu au Liban.
Dans une période passée, nous avons soutenu l'abrogation du confessionnalisme politique. Nous avons appelé à un régime non confessionnel. Mais plus tard, suite à l'ouverture, aux dialogues et discussions, nous avons trouvé que cette question était inquiétante pour une large tranche de Libanais, notamment pour une majorité de chrétiens. Je ne veux pas dire pour tous les chrétiens, dont une partie soutient l'annulation du confessionnalisme politique, indépendamment des craintes. Nous avons donc trouvé que la majorité des chrétiens refuse cette abolition. Sur ce, nous affirmons que ces craintes doivent être prises en compte et toute mesure empressée, doit être évitée. Les réalités dans le pays ne facilitent pas de telles mesures à moyen ou au proche terme. Pour ces raisons, la priorité est actuellement à la reconstruction de l'Etat et des institutions, à la rencontre et à l'entente entre les Libanais, même si c'était à la base du système confessionnel, en attendant une période de calme et de stabilité au Liban. C'est alors que nous pourrons recourir à des réformes radicales.
Deux années auparavant, j'ai parlé dans un discours d'un congrès constitutif. Jusqu'à l'heure actuelle, en dépit de notre renoncement à l'idée, certains y répondent encore. La semaine dernière, un responsable a fait une allocution dans laquelle il a évoqué et débattu de l'idée du congrès constitutif. Ce fait illustre la profondeur des craintes et des inquiétudes chez certaines composantes libanaises.
  
                                L'affaire des refugiés, périlleuse par excellence

-La question des réfugiés syriens est un facteur d'inquiétude pour le Hezbollah qui n'a jamais encore annoncé avoir une approche précise à ce propos

Sayed : L'affaire des refugiés syriens au Liban est un problème national, qui ne concerne pas un parti précis, comme le Hezbollah. Cette question doit être discutée au niveau national.
Dans l'ancien gouvernement, des discussions ont eu lieu. Ces jours-ci, cette question compte parmi les grands défis que confronte le gouvernement. Nous verrons si les discussions vont être objectives et réalistes. Mais à l'ombre de l'ancien gouvernement et de la présence du 14 Mars hors du cabinet, l'affaire a été l'objet de surenchères, en raison des différends politiques.

En ce moment, ce dossier est énorme. Des indices émergent au niveau financier, économique, social et sécuritaire. Des indices dangereux, dont l'aspect sécuritaire est encore moins périlleux que celui social, financier et économique.
La question sécuritaire peut être contrôlée d'une manière ou d'une autre par l'armée, les forces sécuritaires et la contribution des forces politiques, mais les autres répercussions sont majeures et périlleuses.

Dans les discussions menées entre les parties, certains faisaient pression en faveur de la mise enInterview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) place de camps pour les réfugiés. Des forces politiques pesantes au Liban avaient des réserves à cet égard, même s'il y avait des camps sur le territoire, mais non officiellement reconnus. La mise en place de camps reconnus officiellement, pourrait provoquer plusieurs dangers, dont la transformation de ces lieux en postes militaires pour l'opposition syrienne, comme il a eu lieu en Turquie, en Jordanie et ailleurs. Ce fait constitue une grande menace pour la situation de sécurité, au moment où un clivage oppose les Libanais autour de la position adoptée à l'égard de l'opposition syrienne.

Un autre péril se pose. La transformation de ces lieux en camps permanents. D'ailleurs, les dernières déclarations faites par certaines parties et ambassadeurs, évoquant la possibilité de la normalisation des Syriens dans les pays où ils se sont réfugiés, suscitent l'inquiétude. Le Liban pourra-t-il le supporter !? Ceux qui évoquent ce projet pensent de cette manière. Cela dit, on pourrait croire à la présence d'un tel projet. A notre avis, le Liban est en mesure de supporter la présence temporaire des refugiés syriens. La majorité de ceux-là habitent dans des maisons qu'ils ont louées, ou que des parties ont louées pour les héberger. D'autres habitent dans des tentes. Le problème essentiel réside dans le financement, afin d'assurer des logements pour les réfugiés syriens dans les différentes régions libanaises et de leur assurer les besoins nécessaires en attendant d'autres solutions.

L'idée de la mise en place des camps a été au cœur des polémiques, vu les périls qui en résulteraient. Des périls que nous ne pouvons point ignorer. Il ne faut pas prendre la question à la légère.

A l'heure actuelle, plusieurs choix sont posés. Ils nécessitent la coopération entre le gouvernement libanais et syrien. Je crois que le dernier s'était dit prêt à coopérer dans cette affaire, à plusieurs reprises. L'ambassadeur syrien au Liban, Ali Abdel Karim Ali, avait informé plusieurs responsables libanais de la position syrienne. En Syrie, il y a plusieurs régions sécurisées, d'autres où il y a eu des réconciliations. Ces dernières ont permis de régler la situation de rebelles ayant combattu durant les trois dernières années. Ces combattants vivent avec leurs familles dans le rif de Damas, dans la ville de Homs, et dans d'autres villes comme Alep et ailleurs.

Nous pouvons supposer que la situation de familles refugiées au Liban est moins délicate que celle des combattants dont la situation a été réglementée. Par des efforts libano-syriens, et une coopération entre les deux pays, on peut régler la situation de plusieurs familles syriennes refugiées au Liban et leur assurer les garanties qui les rassurent pour rentrer dans leurs villages et villes. Si leurs domiciles ont été endommagés par la guerre, on pourrait édifier des camps sur le territoire syrien. C'est une solution logique. Certaines forces politiques pourraient dire : Ceux -là craignent de rentrer dans leur pays. Mais leur condition est-elle pire que celle de ceux qui ont combattu tout au long des dernières années, qui ont bénéficié des réconciliations dans une ville ou autre. C'est la solution logique à cette affaire.

                 Les conditions ne sont pas propices à la modernisation du système politique

-Que craignent tous ? l'accord de Taef s'est-il fait épuisé ?

Sayed : Tous reconnaissent le problème et agissent sur cette base, mais n'adoptent pas le dialogue. Les discussions se déroulent autour de la modernisation de l'accord de Taef. Ce fait mène parfois aux accusations de «takfir politique». C'est un problème provoqué par des forces pesantes dans le pays. Pour écarter l'accusation du blasphème politique, tu dois, en toute occasion, réitérer ton engagement à l'accord de Taef. La réalité politique libanaise, vu l'influence de la situation régionale, ne connait point de règlements radicaux. En effet, la tension, l'inquiétude et les conflits prévalent sur la région, qui se dirige vers des horizons obscurs. Les forces politiques libanaises en sont affectées. C'est un facteur supplémentaire qui éloigne tout règlement profond de la crise. Les conditions ne sont pas propices à de telles solutions.

-Le Hezbollah couvre-t-il des cas de corruption au Liban ?

Sayed : Le Hezbollah n'assure la couverture à aucun cas de corruption au Liban. Le parti exhorte la Justice à assumer ses entières responsabilités dans la poursuite et la lutte contre la corruption. Tout ce que pourraient dire certains sur un rôle du Hezbollah dans ce contexte est absolument incorrect.

-Qu'en est-il des médicaments périmés ?

Sayed : Le Hezbollah est un parti ayant au minimum des dizaines de milliers de partisans. Il date depuis 32 ans. Qu'ils nous avancent un dossier prouvant que l'un de nos frères est impliqué dans la corruption. Durant 32 ans, un seul cas a été enregistré dans l'affaire que vous évoquez. Un de nos frères, proche de la personne accusée, le ministre Mohammad Fneich, a publié un communiqué dans lequel il a assumé ses responsabilités. L'accusé est actuellement incarcéré, privé de toute couverture politique, au moment où de grands faussaires n'ont pas été poursuivis. Le partisan du Hezbollah qui a été accusé et dont l'erreur a été prouvée, est actuellement emprisonné. C'est un cas sans précédent au Liban. Y-a-t-il un ministre dans un gouvernement libanais, dont le frère ou un de ses proches a commis une transgression similaire de la loi, a publié un communiqué sur l'affaire ? Y-a-t-il un ministre qui a lui-même remis son frère aux autorités compétentes ? Je ne me rappelle d'aucun cas similaire. Ceci signifie que le Hezbollah ne couvre jamais la corruption. Il lui est impossible de le faire.

-On dit que le Hezbollah sera vaincu lorsque la corruption s'y infiltra ?

Sayed : Le Hezbollah tient énormément à interdire l'infiltration de la corruption dans ses rangs. Il est intransigeant dans le suivi de telles questions.

                       Nous avons brisé des slogans relatifs au conflit avec «Israël»

-Le Hezbollah a-t-il raté la chance de jouer un rôle au niveau du monde arabe suite à la libération de l'an 2000 et à la victoire de 2006 ?

Sayed : Des amis du parti m'ont dit, suite à la guerre de 2006, que le Hezbollah pourrait remplir le rôle d'Abdul Nasser. Ils nous ont dit, vous, le Hezbollah et la résistance au Liban, vous pourrez jouer un rôle d'une telle dimension sur la scène du monde arabe. D'autres amis l'estiment aussi.
Personnellement, je n'avais point des illusions à ce propos. Je leur ai répondu que ceci estInterview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) inexact et que leur proposition était émotionnelle. Abdul Nasser était le président du plus grand pays arabe. Un pays regroupant la moitié de la population arabe, doté de potentiel, d'une armée puissante et de ressources naturelles. Même si la résistance dirigeait le pouvoir au Liban, la comparaison n'aurait pas été convenable. Quel serait le cas si on évoquait un parti qui représente une tranche du peuple libanais ? Aucun facteur commun n'existe dans la comparaison entre le Liban et l'Egypte. Ni le Hezbollah n'est au pouvoir, ni le Liban n'est un grand pays régional. Il ne jouit ni d'importantes ressources humaines ni de potentiel. Il n'y a que la valeur morale du Hezbollah, acquise suite aux exploits de 2000 et de 2006, qui dépasse les frontières. Le Hezbollah a réussi à jouir du respect dans le monde arabe et le monde islamique, pour avoir brisé une constante et fourni un modèle. Le Hezbollah a brisé l'idée promue il y a quarante ou cinquante ans, sur l'invincibilité de l'armée israélienne et sur l'unique choix devant les arabes, consistant à négocier et à faire des concessions. Nous sommes respectés dans le monde arabe et islamique. C'est notamment la dimension de la question. Mais dire que le Hezbollah est en mesure de gérer les mutations dans le monde arabe, d'intervenir ici ou là afin de modifier les équations, est certainement impossible.
En effet, le potentiel humain, financier, la condition du Liban et de l'Etat ne le lui permettent pas.
De ce fait, je n'estime pas que le Hezbollah ait raté une opportunité, puisque cette dernière n'était pas présente. Oui, nous avons voulu exploiter le respect dont nous avons bénéficié dans le renforcement de la culture de la résistance dans le monde arabe et islamique. Nous n'intervenons pas dans la doctrine de l'autre, dans sa méthode et dans ses politiques. Seule son hostilité à l'égard d'«Israël» nous importe. Sur cette base, nous renforçons nos relations avec cet autre.
Par exemple, en l'an 2000, est née l'Intifada en Palestine. Elle s'est déclenchée trois mois après la libération, influencée par la victoire sur le front libanais.
Le Hezbollah était alors en mesure de créer une faction jihadiste palestinienne, de l'entrainer de l'armer et de la financer. Cette faction aurait été l'extension palestinienne du parti. Plusieurs personnes ont abordé cette idée avec moi. Pour notre part, nous avons catégoriquement refusé cette proposition, puisqu'elle n'était pas bénéfique pour la cause palestinienne et augmentait le clivage dans les rangs des Palestiniens. Ces derniers n'éprouvent pas le besoin de créer de nouvelles factions, mais celui de resserrer les rangs des factions islamiques et nationales. Celui qui veut aider, qu'il s'adresse à ces dernières, résistantes sur le terrain et dotées d'une longue histoire de lutte.
En effet, le Hezbollah et même sur la scène la plus proche, et dans laquelle il se sent le plus concerné, n'a pas voulu constituer un leadership sur la scène palestinienne. De ce fait, nous ne pensons guère à un projet similaire dans le monde arabe. Un tel projet est hors question. Oui, nous avons joui de respect. En ce moment, nos drapeaux et nos images ne sont plus dressés comme avant la prise de notre position à l'égard de la Syrie et non à partir de l'intervention dans ce pays.
La question syrienne était différente. Malgré ce fait, il ne nous était même pas permis de prendre une décision politique. En appelant à la solution politique, au dialogue entre le régime et l'opposition et aux réformes, nous avons été bannis pour s'être opposé au projet visant à éliminer la Syrie. Dans ce contexte, nous devons aborder les faits avec précision. J'affirme que ce n'est pas la population qui nous fustige dans le monde arabe, mais certaines élites et forces politiques, alors que l'ambiance populaire est en train de changer. A mon avis et selon mes informations et contacts ainsi que les visites de nos frères à certains pays arabes, l'ambiance populaire change significativement. Les critiques adressées au Hezbollah n'étaient pas à cause de notre intervention en Syrie, mais en raison de notre position, dès le début de la crise. Il fallait qu'on annonce une position contre le président Bachar Assad et contre le régime syrien. En faveur de qui ? De quel projet ? Peu importe.
Plus tard, l'intervention militaire a exacerbé les polémiques autour de notre position. Cette intervention était un détail, alors que le problème résidait dans notre position politique initiale.


-Quelles mesures à prendre au niveau de la Nation arabe ?

Sayed : A mon avis, la période en cours est inéluctable, même si la nation était dotée d'un leader glorifié. Cette période durera dans les prochaines années. La priorité est à la diminution des pertes dans le monde arabe et islamique. Pa exemple, si l'Irak est poussé vers la division, qui pourrait empêcher ce fait ? Ceux qui sont en mesure de le faire, doivent déployer des efforts dans ce sens. Si l'Iran était capable d'aider, et en était convaincu, il aiderait. Il faut aussi empêcher la division de la Syrie. La situation au Yémen, est aussi sérieuse. Nous ne sommes pas en faveur de la division du Yémen. A l'heure actuelle, les Yéménites pourraient convenir un État fédéral. C'est possible, en dépit de la dangerosité de ce choix. Alors que la division du pays en plusieurs Etats, serait périlleuse.
Donc la priorité consiste à endiguer l'effondrement. Comme est le cas dans l'équation militaire. Celui qui est agressé, doit résister, pour ne pas perdre d'avantage du terrain. Plus tard, il pense aux moyens de récupérer ce qu'il a perdu. De même en politique. Il faut limiter les pertes, dans le contexte de la division, du chaos et des discordes ambulantes. La priorité est à la stabilité, tout en appelant aux réformes, car la confrontation pourrait mener à la fragmentation des pays.
La seconde mesure consiste à régler les conflits. Il pourrait y avoir une mentalité de vengeance et de représailles ou un processus de règlement de comptes, des accusations échangées de commettre des erreurs et des polémiques. Ça englobe toutes les scènes arabes, au Liban, en Palestine... Partout, il faut prendre l'initiative de régler les conflits.
C'est dans ce même contexte que j'appuie un rapprochement irano-saoudien, en dépit de mes convictions sur le rôle très négatif joué par l'Arabie dans ce qui se déroule dans le monde arabe et islamique. Ce pays a joué un rôle constitutif dans ce qui a lieu, en raison de son adoption d'une certaine pensée. Mais avec tout ce passé et l'interprétation actuelle des faits, le rapprochement irano-saoudien aiderait à la sortie de la crise, tout comme le rapprochement iranien avec tous les pays du Golfe.
Nous ne pouvons prévoir l'avenir, puisque les mutations internationales sont énormes. Vous pourriez m'interroger sur ce qui pourrait se passer dans le monde arabe, dans les prochaines années et ce que nous pourrions faire. Mais la véritable question posée, c'est vers où se dirige le monde arabe, à la lumière de ce qui y a eu lieu ? Vers où se dirige l'Europe ? Et les États-Unis ? Toutes les éventualités sont posées et auront de grands impacts sur notre région.
Si chaque fidèle dans cette Nation, était-il dans un poste officiel, intellectuel, politique, partisan ou résistant, ferait son possible, nous pourrons limiter les pertes, et réduire les inimités. Je n'adopte pas un langage utopique. Chacun de nous est appelé à assumer son devoir, indépendamment de sa réussite ou de son échec.

                         Les deux périls, takfiri et israélien, sont parallèles

-Dans la culture de la Résistance et du Hezbollah, les deux dangers takfiri et israélien sont parallèles. Lorsque vous évoquez la Syrie, à l'ombre des complots israéliens, ça signifie que le danger takfiri est plus imminent que celui du danger israélien ?

Sayed : Pour moi, le premier ne prévaut pas sur le deuxième. Mais les deux dangers sont équivalents actuellement ou en d'autres termes en parallèle, puisqu'on ne peut pas dire que le danger takfiri est ajourné. C'était toujours un danger, mais il était ajourné en ce qui concerne la scène libanaise.
En Irak par exemple, c'était un véritable danger. Ayman el-Zawahiri précise avoir perpétré 4000 opérations martyres-selon ses propos- en Irak. Dans ces opérations, plus de 3900 n'étaient pas dirigées contre les Américains. Si nous déduisons qu'il y a eu cent opérations contre les Américains, le nombre restant est celui des opérations perpétrées contre les Chiites, les Sunnites, les Chrétiens, les Kurdes et les composantes du peuple irakien.
Posez la question à la «Jamaa Islamia» au Liban, cette branche libanaise des Frères Musulmans, sur leurs congénères en Irak, sur le parti islamique qui représente la branche irakienne des «Frères Musulmans». J'ai moi-même rencontré leurs leaders. Ils m'ont affirmé que la majorité de leurs responsables et cadres ont été tués par Al-Qaïda et les Salafistes dans des assassinats.
Al-Qaïda a aussi tué un certain nombre d'Oulémas sunnites et chiites, voire des Sunnites plus que ces derniers.
Le danger takfiri a mené à une catastrophe en Irak. Maintenant, quel est le problème dans ce pays ? Les attentats, les opérations suicides. Quel est le problème de l'Afghanistan ? Qui a tué les grands leaders du Jihad Afghan ? Ce dernier duquel se vantent les mouvements islamiques, se disant fiers de la défaite de l'Union Soviétique.
Ahmad Chah Massoud a été assassiné par Al-Qaïda lors d'une opération suicide, sous le prétexte qu'il était un commandant militaire. Qu'en est-il alors du président Rabbani, qui jouait le rôle de médiateur entre les Talibans et le régime afghan ? Ce sont eux qui l'ont aussi tué.
Les takfiris constituent une véritable menace au Pakistan et Somalie. Ils le sont partout. Mais au Liban, ils ne constituaient pas une menace directe au début. A l'heure actuelle, ils le sont. Lorsque j'évoque le Liban, je veux dire aussi la Syrie. Le dossier des deux pays est indissociable.
Sur ce, nous considérons que cette menace est vraie, réelle et quotidienne, comme la menace israélienne, vraie, réelle et quotidienne.
Le péril israélien est de nature existentielle. L'Israélien est maintenant dissuadé. Mais il aspirait à nous arracher notre terre et à nous y expulser. Ce projet israélien demeure toujours.
Les Takfiris représentent aussi un péril existentiel. Dans l'an 2006, nos données affirmaient que l'un des objectifs de la guerre était de provoquer un changement démographique sur le territoire libanais. Les takfiris pensent de la même manière. Celle de l'extermination de l'autre. Pour ces raisons je ne fais pas prévaloir la menace takfirie sur la menace israélienne. Mais je précise, que ce sont deux menaces vraies, majeures et existentielles. Elles doivent être affrontées sur cette base. «Israël» n'est pas un péril pour nous seulement. Comme cette entité est une menace pour toute la région, les courants takfiris sont aussi une menace pour toute la région.

                        Pas d'environnement propice au Liban pour les takfiris

-Quelle sont vos estimations concernant la taille de ce courant en Syrie et au Liban ?

Sayed : Nul ne dispose d'informations à ce propos. Certains pays régionaux pourraient détenir des données mais incomplètes, puisque chaque pays de ceux-là a facilité le passage de ses ressortissants ou de ceux d'autres pays.
Les Européens détiennent des nombres, concernant notamment leurs propres ressortissants, après les avoir comptés. Mais ceux qui sont sortis du monde arabe, qui les compte ? Pas de nombres précis. Ils peuvent être estimés à des dizaines de milliers d'étrangers, non syriens.

-Ceux-là jouissent-ils d'un environnement propice au Liban ?

Sayed : Même en Syrie, les faits montrent qu'il n'y a pas d'environnement propice aux takfiris. Dans tout le monde arabe et islamique, même lorsque vous évoquez les musulmans sunnites, ces derniers ne peuvent pas admettre un tel extrémisme. Il est étranger à l'humeur sunnite. Personnellement, je doute qu'il y ait d'environnement qui héberge ces takfiris. Oui, lorsque de tels groupes sont exploités dans un climat similaire à celui qui prévaut en Syrie, une certaine confusion peut régner. Lorsque des pays ont adopté ces groupes, leur souci était de trouver des groupes qui combattent contre le régime. Peu importe leurs identités, s'ils appartenaient à Al-Qaïda, des salafistes, des Frères Musulmans, des soufis, des nationaux ou des laïques.

-Peut-on dire que la nature du régime syrien a été déterminante dans la formation et l'enrôlement dans ces groupes ?

Sayed : Partout, il est facile de trouver des justifications. Selon la pensée takfirie, si l'autre était alaouite, ils disent qu'ils combattent les «nassériens», s'il était chiite, ils disent qu'ils combattent les «Rafida», si cet autre était sunnite, ils disent combattre un tyran infidèle. Les arrêts d'apostasie et d'impiété sont d'une extrême facilité chez eux. A l'heure actuelle, Daech a condamné le Front Al-Nosra d'apostasie et d'athéisme. Le front Al-Nosra a fait de même, au moment où les deux factions adoptent la même pensée, la même organisation mère, la même communauté sectaire et la même ligne politique.
Votre question renferme un prétexte facile à trouver sur toute scène de conflit.
Je souligne le rôle des régimes arabes dans ce contexte. J'estime que la dernière position saoudienne aiderait à grande échelle, puisque ce pays a été le berceau de cette pensée, sa source de financement et de fatwas. Donc, si le pays d'origine, a dernièrement pris une décision pour diverses raisons, de cesser le financement, de modifier les fatwas et le discours médiatique et religieux, on pourrait espérer de grands changements.
A mon avis, le climat sunnite n'assure pas un environnement propice aux forces takfiries, mais ces dernières ont été utilisées dans ce milieu, pour des fins politiques. Même au Liban, la taille de ces groupes dans le milieu sunnite est mineure. D'ailleurs les élections pourraient révéler leur véritable taille. Toutefois, ces groupes ont été des instruments. Certains les ont utilisés, financés, protégés et leur ont assuré la couverture médiatique. Bref ils ont été exploités pour des objectifs précis. C'est pour cela que ces groupes ressentent l'inquiétude en raison de l'attitude saoudienne et de ses répercussions sur la situation au Liban. Si ces groupes jouissaient d'un milieu populaire favorable, ils ne devraient pas être inquiets.
Ce courant takfiri n'a aucun avenir dans le monde arabe, puisqu'il est dénué de tout projet.

-Lorsque le changement d'un régime est posé dans un pays, le peuple de ce dernier, que réclame-t-il ?

Sayed : Ce peuple veut la justice, l'alphabétisation, la nourriture, le traitement du problème du chômage, ainsi que la sécurité. Au niveau national arabe, ce peuple demande une position correcte, pour ne pas dire une position avancée.
Le courant takfiri ne peut fournir de réponses à ces demandes. Il n'a aucun projet. Je vous assure que ce courant, indépendamment de l'exploitation politique régionale et internationale, n'a point de présence massive dans le monde arabe. Il n'a ni environnement populaire, ni avenir.

                             La Palestine, notre cause sans aucun fond confessionnel

-Votre discours évoquant les Chiites, adeptes de l'Imam Ali, comme étant toujours attachés à la Palestine, quel était son objectif ?

Sayed : Ce discours visait à délivrer deux messages : le premier, adressé aux Chiites, quiInterview du sayed Nasrallah avec le quotidien As-safir (2) subissent l'intimidation et la guerre d'usure dans plusieurs pays arabes et islamiques. Dans ces pays, cette communauté est prise pour cible par des explosifs et des attentats suicides afin de modifier l'identité de son ennemi. Et par la suite, de l'éloigner de la cause palestinienne, voire de poser des barrages psychologiques entre elle et la Palestine, le peuple palestinien et la cause palestinienne.
Le second message est adressé à toux ceux qui veulent éloigner cette communauté de la Nation arabe et islamique et de la cause palestinienne. En d'autres termes, à ceux qui veulent nous dire : vous n'avez rien à voir avec la Palestine. Cette cause est du ressort d'une communauté confessionnelle précise de la Nation islamique.
Par ce message, nous avons voulu leur affirmer que leurs accusations et meurtres seront vains. Toutes leurs accusations, injustices, meurtres, voitures piégées, opérations suicides et certains génocides perpétrés dans des régions du monde islamique, tous ces faits ne nous empêcheront pas de porter le flambeau de la cause palestinienne, de la projeter et de s'y engager.
Donc c'était un double message, adressé aux chiites et aux autres. Je crois qu'il est toujours nécessaire de livrer de tels messages.
Mes propos n'ont aucun fond confessionnel ou sectaire. En effet, la résistance au Liban n'a jamais agi sur un fond confessionnel.

Traduit par : Al-Ahednews

 

 

 

 



 

 





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