Comment Paris voit-elle l’évolution de la relation entre Joumblatt et la Syrie?

Paris – Nidal Hamadeh
(Traduit) 

Le député Walid Joumblatt est de retour en Syrie, après cinq années de rupture, au cours desquelles, il avait pris des positions qui dépassèrent les limites acceptables du dialogue politique et qu’il a qualifié d'un «moment d'abandon".

Joumblatt, qui était le fer de lance de ce qu'on appelait le groupe du 14 Mars, et qui avait hissé le drapeau français à "al-Moukhtara" en 2005, après sa célèbre visite à Paris à l'époque de Jacques Chirac, a commencé une période d'auto-révision peu après les évènements de 7 mai. En général, il est conscient d’une seule chose qu'il a exprimée franchement via la chaîne télévisée "Al-Jazeera", c’est qu’il est le leader d’une grande partie des druzes qui sont minoritaires dans le monde arabe et qu’il vit cette obsession à tout moment.    
Paris, qui était le principal bailleur de fonds de Joumblatt pendant les années de son ˝divorce˝ avec Damas, hésite à prendre une position officielle quant au rétablissement de sa relation avec Damas, surtout qu’elle provient d’une médiation du Secrétaire général de Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah.
Dans ce contexte, des sources parlementaires françaises ont déclaré au journal ˝Al-intiqad˝ que la France était au courant de ce changement d’attitude de Joumblatt et qu’elle le suivait de près sans interférer. Les sources françaises ont ajouté que Joumblatt avait avoué à des responsables français qu’il avait rencontrés, son intention d'ouvrir une nouvelle page avec Damas, en leur demandant de ne lui imposer aucune position susceptible d’entraver sa réconciliation avec la capitale syrienne.
Les sources parlementaires françaises ont également ajouté que Joumblatt était  convaincu de la nécessité de la réconciliation avec la Syrie depuis le premier mois de l’arrivée du président français Nicolas Sarkozy au pouvoir. Ce dernier avait en effet tardé à accueillir l'actuel Premier ministre libanais, Saad Hariri qui était à l'époque député au parlement libanais et chef du Mouvement du Futur.

Dans ce contexte, "la France ne pouvait qu’exprimer sa satisfaction de l’initiative de Joumblatt", affirment les sources, ajoutant que ceci aurait ses retombées positives sur le maintien de la stabilité au Liban et par la suite sur la sécurité de la FINUL, surtout que le contingent français est le plus grand en nombre parmi les forces internationales opérant au Sud Liban.
Les sources réitèrent leurs déclarations concernant la préoccupation de la France de maintenir la sécurité et la sûreté de ses troupes au Liban, en particulier après les régionales françaises qui ont démontré un net recul du parti au pouvoir (UMP) face à l'opposition socialiste (PS). En fait cette défaite porte un coup fatal aux aspirations du Président français à être élu pour un second mandat, et ce qui vient aggraver la situation le recul de la popularité de  Sarkozy dans les sondages qui ont prévu sa défaite dans les présidentielles de 2012.

Bref, le président français Nicolas Sarkozy est personnellement concerné par la sécurité des soldats français servant dans la FINUL au Liban. Donc tout incident de sécurité qui perturberait le calme et le rendrait responsable de la mort de soldats français au Liban, n’est pas dans son intérêt électoral, ni en faveur de son image en France. C’est ce qui fait que la France de Sarkozy n’est pas gênée du retour de Joumblatt à Damas parce que cela contribue au maintien de la sécurité et la stabilité au Liban.

Les sources parlementaires françaises affirment qu’il existe cependant, au sein du ministère des affaires étrangères françaises et dans l'entourage du ministre Bernard Kouchner, des personnes non satisfaites de cette initiative, et qui surveillent l’évolution de la relation entre Joumblatt et Damas. S’agit-t-il d’une relation normale? ou bien le leader du Palais de Moukhtara se jettera-t-il de nouveau dans les bras de la Syrie, se retournant ainsi à l'ancienne alliance dont Jumblatt était un de ses principaux piliers au cours des trois dernières décennies ?