Dix jeunes de Strasbourg ont rejoint Al-Qaïda en Syrie

Dix jeunes Strasbourgeois auraient quitté l'Alsace à la mi-décembre pour aller guerroyer en Syrie, dans les rangs d'Al-Qaïda. Un seul, intercepté au dernier moment par ses parents, n'aurait pas pris l'avion. Les autres ont passé la frontière pour s'envoler de Francfort en direction de la Turquie puis se seraient rendus en Syrie par la route, sans être inquiétés par les autorités d'Ankara. Selon la radio Europe 1, ils avaient dit à leurs parents qu'ils se rendaient à Dubaï. En fait, ils ont pris l'avion direction Antalya, au sud de la Turquie, où via un réseau, ils ont pu rejoindre un camp d'entraînement en Syrie.

Les services de renseignements français observent depuis plusieurs mois une accélération du nombre de départ d'extrémistes français partis combattre Bachar Al-Assad. Avec un «pic» constaté cet été, rappelait à 20 Minutes une source du renseignement. Les derniers chiffres communiqués par des sources à l'Intérieur faisaient état d'environ 220 Français partis combattre aux côtés des groupes armés terroristes en Syrie.

Selon lui, 70 à 80 en transit, une quinzaine aurait déjà trouvé la mort et une centaine d'autres auraient pris des contacts pour rejoindre le «djihad». Certaines estimations de spécialistes vont jusqu'à évoquer 400 Français ayant été à un moment donné sur le territoire syrien depuis le début du conflit. «Un certain nombre se trouve dans les prisons syriennes», souligne directeur du Centre français de recherche sur le renseignement Eric Denécé.

Un défi majeur

Le portrait-robot de ces apprentis extrémistes est difficile à brosser. Comme le montre l'exemple de Nicolas et Jean-Daniel Bons, ces deux frères toulousains de 30 et 22 ans, qui ont trouvé récemment la mort en Syrie. Issus de la classe moyenne, ils se sont convertis à l'islam puis se sont radicalisés. Avant de se faire sauter lors d'une attaque kamikaze, l'aîné des deux frères appelait l'ensemble des jeunes musulmans au «djihad» en Syrie, soulignant que cette guerre sainte était «obligatoire». Les parents sont désemparés et ne comprennent toujours pas.
De retour en France et dans d'autres pays européens, ces nouvelles recrues d'al-Qaida vont constituer des menaces pour les années à venir. Pour éviter qu'ils ne constituent des cellules terroristes dans leur pays d'origine, il faudra les surveiller étroitement. Al-Qaida, qui n'a plus les moyens de planifier de vastes opérations depuis ses bases afghano-pakistanaises, va pouvoir compter sur de petits noyaux potentiellement actifs en Occident. Un défi majeur pour les services antiterroristes. «On peut estimer que 150 Français seraient rentrés de Syrie. Ils sont potentiellement dangereux. En Syrie, ils ont croisé des Tchétchènes, des Daghestanais... Ce sont des connexions djihadistes combattantes qui peuvent servir... », alerte Eric Denécé. Pour limiter les risques, les autorités britanniques ont déjà déchu de leur nationalité plusieurs extrémistes qui possédaient une double nationalité. Une façon radicale de les empêcher de revenir.

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