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Discours à l’occasion de la nuit de Achoura

Discours à l’occasion de la nuit de Achoura
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Le 13-11-2013

Sayed Hassan Nasrallah est apparu en personne dans la salle du complexe du sayed des martyrs.
Je voudrais, ce soir, m'exprimer avec calme, et à la fin, nous nous emballerons un peu. Car notre sujet a besoin de calme et d'attention. Au cours des soirées précédentes de Achoura, nous avons évoqué des sujets culturels, éducatifs et historiques et nous avons remis les questions politiques à ce soir. Je vais évoquer certains sujets et en laisser d'autres pour demain. Je vais donc évoquer la situation régionale mais, à partir de l'ennemi israélien, puis je parlerai de la situation libanaise et si le temps le permet je parlerai de la sécurité avant de conclure.

Concernant la situation régionale, sous l'angle israélien, il est certain qu'«Israël» est heureux aujourd'hui de ce qui se passe dans notre région, dans le monde arabe et musulman. Surtout au niveau des guerres et des conflits internes, dans les Etats et entre eux et au sein de chaque société. «Israël» pousse aussi dans ce sens. J'ai lu certains articles et déclarations du Premier ministre de l'ennemi Benjamin Netanyahu. Il est devenu un spécialiste de la question chiite et sunnite. D'ailleurs le projet permanent de l'ennemi est celui-là : qu'il y autour de lui une région déchirée, divisée et effritée formée d'entités fragiles et faibles basées sur le confessionnalisme, la religion ou l'ethnie. De la sorte, «Israël» reste l'Etat fort, la plus importante puissance régionale qui impose ses conditions et son hégémonie sur l'ensemble de la région.

A travers cette réalité dans la région, «Israël» pourra imposer définitivement son existence enDiscours à l’occasion de la nuit de Achoura Palestine occupée, normaliser ses relations avec un certain environnement arabe et devenir l'allié de certains Etats arabes et de certains mouvements d'opposition dans certains pays arabes. A travers cela, il pourra imposer son hégémonie sur l'ensemble de la région, avec ou sans la conclusion d'un compromis. C'est une réalité qui ne fait aucun doute. Mais en même temps, «Israël» est inquiet pour l'avenir car celui-ci est encore incertain. La situation dans l'ensemble de la région pourrait échapper à tout contrôle et elle pourrait atteindre un stade dans lequel ni une puissance régionale ni une puissance internationale ne parviendrait à la contrôler. Dans ce cas, celui qui a préparé le poison serait en train d'être dévoré par lui.

«Israël» est donc inquiet parce que l'avenir est incertain. «Israël» pousse toujours vers la guerre dans la région. Il ne cherche ni la paix, ni le calme, ni la tranquillité. Il veut toujours la guerre. Oublions ce qui s'est passé avant 2000 et passons à un événement dont nous nous souvenons tous, les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. «Israël» et le lobby sioniste aux Etats-Unis ont aussitôt mobilisé tous leurs moyens pour pousser les Etats-Unis à envahir la région et à l'occuper. Je me souviens qu'à cette époque, les Américains faisaient assumer la responsabilité de l'attaque à Al Qaëda, alors qu'«Israël» pointait du doigt le Hezbollah. Pour pousser les Américains à venir dans la région. Les Israéliens ont incité les Américains à envahir et à occuper l'Irak. Ils ont eu une influence déterminante sur ce sujet. Au cours des derniers mois, «Israël» a poussé avec force les Etats-Unis à attaquer la Syrie. Il a échoué bien sûr. Mais aujourd'hui aussi, en voyant qu'il y a une possibilité d'accord entre l'Iran d'une part et ce qu'on appelle les 5 plus 1 (les 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne), Netanyahu ne cache pas sa colère. Il crie, menace, lance des critiques véhémentes et annonce qu'il utilisera tous les moyens disponibles en utilisant le lobby sioniste aux Etats-Unis pour empêcher la conclusion d'un tel accord. Il contacte la France et certains pays arabes «amis» et il le fait ouvertement. Que veut donc «Israël» ? Tout accord qui pourrait empêcher l'éclatement d'une guerre dans la région est rejeté par «Israël». «Israël» veut donc la guerre dans la région. Mais quelle guerre ? Celle qui le maintient fort, intact. Ecoutez-moi attentivement : «Israël» veut que les Etats-Unis envahissent l'Afghanistan et le détruisent, qu'ils envahissent l'Irak et le détruisent, qu'ils frappent la Syrie et la détruisent, qu'avec l'Otan, ils attaquent l'Iran et la détruisent, pour qu'il conserve sa force, sa stabilité et sa sécurité.

Qu'ont dit les Américains ? Le Département d'Etat américain a déclaré que s'il n'y a pas d'accord politique, ce sera la guerre. Voulez-vous y aller ? a-t-il demandé aux Américains et le peuple américain a répondu par la négative. Non parce qu'il est devenu sage, mais parce qu'il n'a pas les moyens de la mener, à cause de sa situation économique, financière et interne, à cause de son moral et des échecs subies dans la région et dans le monde. Malgré cela, Israël veut pousser les Etats-Unis à se lancer dans une nouvelle guerre dans la région.

En tout état de cause, ce que nous devons retenir est que le projet d'«Israël» pour la région est la guerre, les guerres, les destructions, la division, la discorde, les guerres internes et pousser les ennemis à l'étranger à mener les guerres à sa place.

Il est malheureux de constater que certains Etats arabes se tenaient, et continuent à le faire, aux côtés d'«Israël» dans ces options mortelles. Ces Etats refusent, comme «Israël», la solution politique en Syrie qui pourtant mettrait un terme au bain de sang et refusent aussi toute entente entre l'Iran et les Etats du monde. Nous ne dirons pas aujourd'hui, la première lettre de leurs noms...

Mais je voudrais demander à ces Etats qui sont connus, quelle est l'alternative à l'accord ? Je pose la question à tous les peuples de la région, du monde arabe et en particulier aux peuples des pays du Golfe, le peuple saoudien, koweitien, Qatari, Bahreini, émiratis et omanien : quelle est l'alternative à l'accord ? La guerre et à quoi aboutira-t-elle ?

Les Israéliens le savent bien et tous les comploteurs aussi : ils peuvent commencer une guerre, mais ils savent qu'ils ne peuvent pas la maintenir limitée à un lieu géographique. Donc, ceux qui veulent la guerre cherchent la destruction de l'ensemble de la région et le Liban, dans ce contexte, devient un détail dans les grands plans préparés contre la région.

Il est aussi malheureux de voir Netanyahu parler comme s'il était le porte-parole de certains Etats arabes et exprimer leurs craintes et leurs appréhensions. Il est aussi malheureux d'entente Mme Livni, ancienne ministre des AE et actuelle ministre dans le cabinet de Netanyahu, révéler avoir reçu des lettres provenant de certains gouvernements arabes pour demander à «Israël» de ne pas modifier sa position à l'égard du nucléaire iranien. N'est-ce pas honteux ? Ce n'est en tout cas pas nouveau.

Nous avions entendu ces mêmes propos pendant la guerre de 2006, lorsque les Israéliens menaient cette guerre et commençaient à se fatiguer, alors que la défaite commençait à se faire sentir. La même Livni ainsi qu'Olmert avaient alors affirmé que certains Etats arabes les contactaient pour leur demander de ne pas arrêter la guerre. Pourquoi ? Parce qu'une victoire du Hezbollah mettrait hélas ces dirigeants arabes au pied du mur. C'est la même logique qui se poursuit et que nous avions entendu pendant la guerre contre Gaza. Pendant cette guerre, les responsables israéliens ont déclaré que certains gouvernements arabes les ont contactés pour leur demander de ne pas s'arrêter, car ils ne voulaient pas que la résistance à Gaza puisse enregistrer une victoire.

Mais au final, les Etats-Unis ne travaillent pas chez «Israël», ni chez leurs alliés dans la région et encore moins chez leurs instruments. Les Etats-Unis travaillent chez les Américains et c'est «Israël» qui travaille pour leur compte, non l'inverse. Certes, «Israël» dispose d'une marge de manœuvre, mais celui qui décide, ce sont les Etats-Unis.

Nous avons vu ce qui s'est passé au cours des dernières semaines : «Israël» et certains Etats arabes poussaient jour et nuit en direction d'une attaque américaine contre la Syrie. Pourquoi les Etats-Unis n'ont-ils pas mené cette attaque? Parce qu'ils ont leurs propres intérêts et leurs calculs, leurs craintes et leurs appréhensions. En un mot, les Etats-Unis travaillent pour leurs propres intérêts.

Tous les peuples arabes et musulmans, le peuple libanais qui, depuis des décennies, vit au bord du gouffre et le long d'une ligne de feu, doivent savoir qui cherche la guerre et la destruction dans la région et qui veut les solutions et les compromis qui préservent les droits arabes et musulmans ainsi que l'avenir de la oumma.

La République islamique d'Iran ou les autres, qui veut les intérêts des arabes ?
Le second résultat à tirer de ce développement c'est que ceux qui poussent vers la guerre dans la région échoueront et ne parviendront pas à atteindre leurs objectifs. Tout comme ils ont échoué et été vaincus en 1982, ils continueront à échouer. C'est une réalité que nous devons tous garder en tête.

Toujours dans le dossier israélien, la tragédie vécue par le peuple palestinien se poursuit à Gaza et dans les territoires de 48, c'est-à-dire en Cisjordanie, dans les camps à l'étranger, dans les prisons, se poursuit. L'arrogance des Israéliens est claire ainsi que leur volonté de gagner du temps pour créer de nouvelles équations sur le terrain, face à une absence totale arabe. Cette réalité devrait pousser nos frères palestiniens à revoir leurs options, car ce dont il s'agit, c'est l'avenir d'un peuple, d'un pays et de ses symboles sacrés.
Le troisième résultat c'est que sous l'angle israélien, le Liban est toujours menacé, mais il y a de nouveaux éléments qui concernent le dossier de l'espionnage.

Certains, au Liban, ont dit que ce n'était pas nouveau. C'est vrai, mais ces derniers temps, il y a eu une évolution très important en qualité et en quantité. Je ne vais pas en parler maintenant, je laisse cela aux spécialistes. Mais les Libanais doivent savoir que tout ce qui passe sur les ondes, des communications téléphoniques cellulaires et fixes, jusqu'à l'internet, est intercepté par les dispositifs d'écoute israéliens. Que chacun prenne donc ses précautions car l'affaire ne concerne pas seulement le Hezbollah et la résistance. Il s'agit d'un dossier national qui concerne tous les Libanais, leur dignité, leurs vies privées et leurs vies en général.

Il faut faire face à cette menace. Comment ? Il faut aussi faire face à une autre menace qui porte sur la souveraineté du Liban sur l'ensemble de ses eaux territoriales et maritimes et sur sa zone économique exclusive, limitrophe de celle de la Palestine occupée. Le fait pour le Liban de profiter de ses ressources gazières et pétrolières pose un problème avec les Israéliens. Le fait de faire face à ces menaces relève de la responsabilité de l'Etat et tous les Libanais doivent se tenir à ses côtés. Le traitement de ces dossiers exige une solidarité et une coopération nationales, en dépit de nos divisions et de nos conflits. Ces dossiers nous concernent tous. Personne ne peut dire : l'espionnage israélien concerne le Hezbollah. Non, il constitue une menace pour tous les Libanais et le Hezbollah moins que les autres car nous avons notre propre réseau de communications, comme vous le savez. J'y reviendrai un peu plus tard. Même chose pour la zone économique exclusive (ZEE). Si nous parvenons à extraire notre pétrole et notre gaz et à le vendre, ce sera bénéfique pour tout le Liban, Etat et peuple, dans toutes les régions et de toutes les confessions. Il ne s'agit donc pas d'une affaire qui concerne un parti, une région ou une communauté. Nous devons donc chercher les moyens d'affronter ensemble ces menaces. Le débat est ouvert. En réalité, je n'ai pas de proposition précise ce soir et si j'en avais une je voudrais la discuter avec mes frères. Mais ce soir, je voudrais qu'on réfléchisse aux moyens d'affronter ensemble ces menaces d'une grande importance nationale, en dépit de nos divisions.

Je voudrais dire deux choses au sujet de l'espionnage avant de passer à la situation interne proprement dite. L'Etat doit bouger. C'est le président de la Chambre qui a commencé et la commission parlementaire des Télécommunications s'est ensuite réunie. Il y a aussi des réunions au niveau des responsables. Ils doivent voir ce qu'il faut faire.
Ce soir, je dis qu'en tant que résistance, nous sommes à votre service. Si l'Etat libanais voit qu'il y a quelque chose que nous pouvons faire, nous sommes prêts, parce que ce dossier concerne tous les Libanais et est dans l'intérêt du Liban.
Si l'Etat ne veut pas avoir recours à notre aide, soit, il n'y a pas de problème. Mais si l'Etat arrive à un stade où il se sent impuissant à agir, qu'il nous le dise, la résistance peut faire beaucoup de choses pour affronter l'espionnage israélien sur les plans techniques. Vous voyez, nous respectons l'atmosphère et les débats internes, pour qu'on ne dise pas ensuite : qui leur a demandé d'agir ?...

Que l'Etat assume donc ses responsabilités et fasse ce qu'il faut. Mais si nous constatons qu'il est impuissant, la résistance ne renoncera pas à ses responsabilités.
Le dernier point au sujet de l'espionnage israélien porte sur l'importance du réseau de communication de la résistance. Bien entendu au Liban, tout le monde parle de l'espionnage israélien. Mais nul ne parle de l'espionnage américain, de celui de l'ambassade américaine à Aoukar. Ce sont nos amis voyons, comment pourrions-nous parler de leur espionnage ! Cela créerait des divisions interlibanaises. Mettons-le donc de côté. Je reviens au réseau de la résistance. J'ai dit un jour que certains politiciens ne savent absolument pas de quoi il s'agit. Ils croient que c'est un dispositif d'écoutes téléphoniques. Or, c'est faux. C'est un dispositif qui ressemble à la Katioucha, c'est-à-dire qu'il date de la seconde guerre mondiale. Il relie un téléphone à un autre, comme l'interphone dans les immeubles ou les lignes internes dans une société. Il ne permet d'écouter personne et en même temps, nul ne peut l'écouter. Ce réseau est la garantie de la résistance et lui permet d'être prête et en état d'alerte face à «Israël». C'est pourquoi nous n'acceptons pas qu'on s'en prenne à notre réseau. Je le répète notre réseau est destiné à affronter Israël. Il n'a aucune fonction ni objectif interne. Je le répète pour ceux qui ont eu des craintes lorsque nous avons installé un câble, croyant que cela nous permettrait de contrôler le pays. Le réseau de communication par câble n'a aucune fonction interne et il fait partie des armes de la résistance. Avec les développements extraordinaires de la technologie, il devient de plus en plus nécessaire et précieux pour la résistance.

Je passe maintenant au dossier interne. Il y a deux volets, le premier politique et le second sécuritaire. Nous avons abordé le dossier régional à partir des Israéliens et je voudrais aborder le dossier interne à partir des Américains. Laissons ce soir le plafond haut. C'est mieux. Nous commencerons par le discours du secrétaire d'Etat américain John Kerry en Arabie saoudite. Il a dit : « nous nous sommes mis d'accord avec les Saoudiens pour que le Hezbollah ne soit pas autoriser à déterminer l'avenir du Liban ». Il est certain que des parties libanaises ont été heureuses de cette déclaration. Elles ont aussitôt dit : les Américains arrivent. C'est une grosse affaire. D'autres parties, qui ne dorment pas la nuit si les Américains parlent d'eux ont cru que le Hezbollah en a perdu le sommeil. Pour nous, que John Kerry ou Barack Obama ou n'importe qui d'autre dans le monde dise cela ne change rien à nos yeux. Nous avons entendu la déclaration et nous sommes passés à autre chose. Ensuite, en disant cela, John Kerry ne voulait pas viser le Hezbollah en tant que parti, mais plutôt la résistance dans son ensemble dont le Hezbollah est une partie. Il voulait dire que tout ce camp politique n'a pas le droit de déterminer l'avenir du Liban. Mais les autres peuvent le faire. Les Etats-Unis, certains pays arabes peuvent le faire, mais ce camp qui représente une partie importante des Libanais et dont le Hezbollah est une composante essentielle n'a pas le droit de le faire. Plus même, il lui est interdit de le faire. D'une certaine manière, c'est une reconnaissance de sa force (la vôtre), puisqu'il faut les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, ainsi qu'un axe régional et international dans son ensemble pour affirmer qu'il lui est interdit de déterminer l'avenir du Liban. Pourquoi faut-il toujours voir la partie vide du verre ? Voyons cette fois la partie pleine. Merci donc de reconnaître notre force et nos capacités. Troisièmement, cela a-t-il de la valeur ? En réalité, non. Est-ce la première fois que les Américains disent qu'ils veulent empêcher le Hezbollah et ce camp politique de déterminer l'avenir du Liban ? Non, entre eux et la résistance c'est une longue histoire. Depuis 1982, les Américains, les Israéliens et certains Etats arabes veulent décider l'avenir du Liban et celui de la région et ce camp, cette résistance a mis en échec leurs plans et c'est la carte voulue par la résistance qui a pris forme au Liban et dans la région.

Vous vous souvenez qu'en 1996, tous les dirigeants du monde se sont retrouvés à Charm el Cheikh en Egypte et ils ont publié le communiqué dénonçant les mouvements de résistance au Liban et en Palestine en les qualifiant d'organisations terroristes. Ils ont déclaré la guerre à ces organisations. Ils ont voulu dessiner l'avenir du Liban et celui de la région selon leur volonté. Il y a eu l'opération «les Raisins de la colère» en 1996, mais ils ont été vaincus et c'est la résistance qui l'a emporté, avec ses résistants son peuple, son armée et les martyrs de Cana. En 2000, ils ont voulu une chose et Dieu et ses hommes en ont voulu une autre. N'en est-il pas ainsi ?

En 2006, le monde entier ne s'est-il pas tenu aux côtés d'«Israël» dans sa guerre contre le Liban pendant 33 jours ? Mme Condoleezza Rice, si chère à certains Libanais avait même déclaré : Nous assistons à l'accouchement du Nouveau Moyen Orient ! Qui a mis en échec ce Nouveau Moyen Orient que les Etats-Unis et «Israël» ont voulu diriger et dont ils ont voulu dessiner les contours ? N'est ce pas la résistance, c'est-à-dire la résistance du Liban, son peuple et son armée ?

Je ne suis pas en train de lancer des slogans. Je parle de données réelles, de réalités que nous avons vécues et dont nous avons fait partie. C'est pourquoi, quelle que soit l'arrogance et la puissance des Américains, des Sionistes et de certains Etats arabes, ceux-ci ne changeront rien aux données nouvelles sur la scène libanaise. C'est aussi pourquoi je leur dis : nul ne peut éliminer ce camp. De même, nous ne voulons pas éliminer l'autre camp, dans toutes ses composantes politiques et dans toutes ses appartenances confessionnelles et communautaires. C'est cela l'équation libanaise. Le réalisme nous dicte de reconnaître cela et de miser sur la coopération, la participation et la communication. Parfois, nous nous sommes irrités par ce camp et il l'est aussi par nous, nous nous crions dessus. C'est le résultat des rivalités dans ce pays. Mais au final, il faut admettre qu'il existe deux camps dans ce pays et les Libanais n'ont d'autre choix que de rechercher les points communs entre eux pour dessiner ensemble les contours de leur avenir et de celui de leur pays. Ni John Kerry, ni les Américains, ni quiconque à l'étranger ne peut le faire. C'est aux Libanais de le faire.

Sur le plan politique, tout le monde est d'accord au Liban sur l'importance de former un nouveau gouvernement. Il y a actuellement un gouvernement qui expédie les affaires courantes. Il comble le vide mais ne peut pas résoudre les problèmes sécuritaires, sociaux, économiques et financiers. Il ne peut pas mettre un terme à l'effondrement lent des institutions et de l'Etat à travers la vacance dans les postes, l'absence des cadres... Tout cela ne peut pas être accompli par un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes. Il faudra bien donc former un nouveau gouvernement et la formule acceptable et juste qui préserve les droits de toutes les composantes et les rassure est celle de « 9,9,6 ». Elle est valable aujourd'hui et demain, dans un mois et dans un an ou deux, car elle est réaliste et équitable. Dans ce cas pourquoi tarder à l'accepter ? Cela fait sept mois que le pays attend. Pourquoi ?

Ce soit, je vais parler en toute franchise. Car il existe une injonction saoudienne au camp du 14 Mars : Soit vous formez un gouvernement sans l'autre camp, soit vous n'en formez pas. Comme ils ne peuvent pas former un gouvernement sans le Hezbollah et sans le 8 mars, alors les Saoudiens leur ont dit : attendez un peu. Je vais simplifier un peu la situation : ils leur ont donc dit : attendez un peu, la guerre syrienne va finir. J'ai déjà dit cela il y a quelques semaines, mais ces propos datent de quelques mois. En fait, cela fait sept mois. Ils avaient commencé par dire qu'il s'agit d'une question de semaines, puis d'un mois et puis de deux etc. Quand il a été question d'une agression américaine contre la Syrie, et alors qu'au Liban on se dirigeait vers la formation d'un gouvernement, ils leur ont dit : arrêtez tout. Les Américains arrivent en Syrie et la situation va changer. Il y a donc des parties qui empêchent la formation d'un gouvernement au Liban car elles attendaient les développements en Syrie.

Il y a quelques semaines, j'ai décrit une situation. Que je le dise calmement ou avec un ton enflammé, quelle différence cela fait-il ? De toute façon, quoique je dise, ils le prennent pour des menaces. J'avais dit calmement : en Syrie, la situation est la suivante, il y a l'EIIL (l'Etat islamique en Irak et au Levant), l'Armée libre de Syrie, les Kurdes, les divisions, la coalition nationale à l'étranger, l'opposition à l'intérieur, la situation régionale, l'Egypte, l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, les Etats-Unis, la France etc. Mettez donc vos paris sur des changements en Syrie de côté et dissociez la situation interne de celle en Syrie. A ce moment-là, certains n'ont pas démenti mes propos. Ils se sont contentés de dire : vous verrez, la situation sur le terrain va changer. Mais depuis des semaines, comment a évolué la situation sur le terrain en Syrie ? A Alep, dans le rif d'Alep, à Damas et dans son rif, à Ghouta ? Au contraire, les développements des dernières semaines ont montré que la situation sur le terrain ne va pas dans le sens de vos souhaits. C'est pourquoi si quelqu'un au Liban, dans la région et dans le monde attend pour accepter la formation d'un gouvernement au Liban de remporter une victoire en Syrie, je lui dis simplement : vous ne remporterez pas de victoire en Syrie.

Un élément nouveau est apparu récemment. Je ne fais pas d'analyse, ce sont des informationsDiscours à l’occasion de la nuit de Achoura récentes. On leur a dit, depuis quelques jours, attendez un peu pour former un gouvernement. Il y a actuellement des négociations au sujet du dossier nucléaire iranien. Ces négociations pourraient aboutir à la fin du Hezbollah. Attendez un peu. Si les négociations aboutissent et si un accord est conclu, il n'y aura plus de Hezbollah. Ne vous fatiguez donc pas à former un gouvernement maintenant. Vous n'aurez peut-être pas besoin d'y inclure le Hezbollah.

Je voudrais commenter ce sujet comme je l'ai fait pour la Syrie. Quelle que soit l'issue des négociations avec l'Iran, certains au Liban, dans la région et dans le monde peuvent-ils s'imaginer que l'Iran viendra dire au Hezbollah : abandonnez vos responsabilités et vos droits nationaux et cédez votre pays ? Qui connaît l'Iran et le Hezbollah sait que tout cela est impossible. Dans ce cas qu'attendent-ils ? Ce sur quoi ils misent ne se produira pas, ni maintenant ni jamais. Deuxièmement, dans les négociations sur le nucléaire iranien, il y a deux possibilités, soit il y a un accord soit il n'y en a pas. Dans ce dernier cas, ce sera la guerre. Ceux-là disent donc que le Hezbollah est inquiet des négociations et il a peur pour son sort. Mais si les négociations échouent, tout le monde devrait être inquiet et les autres plus que nous si la situation évolue vers une guerre dans la région. Mais si les négociations aboutissent à un accord, notez bien ce que je vais dire. D'ailleurs, il y a des chaînes de télévision qui enregistrent. S'il y a donc un accord sur le nucléaire iranien, notre camp sera en meilleure position, localement et régionalement. Dans ce cas, sur quoi misent-ils ? Qu'attendez-vous ? Enfin, lorsqu'il y a de grands compromis dans le monde, les alliés de l'un ou l'autre des deux camps sont inquiets. C'est ce qui se passe en général dans le monde. Mais nous ne sommes pas inquiets. Pourquoi ? Parce que nous n'avons pas peur de nos alliés.

En toute franchise et clarté, nous avons deux principaux alliés- Dieu merci, ils ne sont pas nombreux- l'Iran et la Syrie. Dites-moi, quand l'un d'eux nous a-t-il vendus ? Quand l'un d'eux nous a-t-il trahis, poignardé dans le dos ou a-t-il fait des concessions et conclu des compromis à nos dépens ? De 1993 à 2006, cela n'est jamais arrivé, même dans les pires circonstances, cela n'est pas arrivé. Nous sommes donc confiants dans nos alliés et nous sommes sûrs de nos relations.

Mais qu'en est-il de vous ? Voulez-vous que je compte combien de fois vos alliés vous ont laissé tomber ? Combien de fois ils vous ont vendus ? Combien de fois ils ont déçu vos attentes ? Ce qui s'est passé il y a quelques semaines au sujet des frappes américaines en Syrie en est une preuve. Cessez donc de perdre le temps des Libanais et le vôtre.

N'attendez pas les développements en Syrie ni les négociations sur le nucléaire iranien. N'attendez plus. Le Liban est notre responsabilité à tous. Chaque jour qui passe est perdu pour les Libanais et pour leur sécurité. Pour leur dignité aussi et pour leur quotidien, pour leur avenir. Pourquoi vous faites-nous perdre tout ce temps ? Je dis aussi aux Libanais : vous êtes aussi responsables. Vous ne devez pas accepter cette situation. Que quelqu'un vienne m'expliquer en quoi cette situation est-elle dans l'intérêt des musulmans ? Ou dans celui des chrétiens ? Ou encore dans celui du Liban ? Cette situation est-elle dans l'intérêt des sunnites ou des chiites, des druzes ? Non, elle n'est dans l'intérêt de personne. Elle est seulement dans l'intérêt de l'étranger, cet étranger qui impose sa volonté sur ce camp.

Les Libanais doivent prendre une décision et profiter du temps, au lieu de le perdre. Il ne faut plus attendre les changements régionaux et internationaux, mais assumer pleinement les responsabilités.

Je voulais encore parler de Tripoli, mais le temps presse. Je laisserai ce sujet à une autre fois. Il me reste un dernier paragraphe sur l'occasion, les cérémonies de commémoration de Achoura. Je m'adresse à tous ceux qui ont participé, préparé, assisté et organisé les cérémonies de commémoration cette année dans toutes les régions pour les remercier du fond du cœur, car ils sont venus et ont participé, en dépit de tous les dangers et de toutes les menaces qui pèsent actuellement sur notre quotidien.

Je voudrais ensuite remercier l'armée libanaise et toutes les forces de sécurité officielles sans exception pour leurs efforts soutenus, surtout ces jours-ci, dans toutes les régions. Nous savons tous l'ampleur de la responsabilité qui pèse sur leurs épaules et nous demandons à Dieu de les aider à accomplir leur mission nationale et morale et à faire de grandes réalisations. De même, je voudrais remercier tous les organisateurs, qui ont dressé les tribunes et les voisins qui ont subi tout cela.

Nous espérons que les choses continueront à se dérouler ainsi jusqu'à demain. Je voudrais juste encore dire que la participation des gens à la cérémonie de demain n'est pas un défi dirigé contre qui que ce soit. Comme l'année dernière et les années précédentes, nous marcherons demain dans la rue pour partager la douleur du Prophète et de sa famille et exprimer notre solidarité avec leur souffrance. Nous marcherons dans la rue avec cet esprit pour exprimer notre refus à ce qui est arrivé. Rien ne doit nous empêcher de participer à une telle marche, ni le mauvais temps, ni la chaleur. Mais cette année, il y a en plus un élément nouveau. Je veux être clair : il y a un risque sécuritaire. L'armée, les services de sécurité, Amal et le Hezbollah font de leur mieux et déploient de nombreux efforts. Jusqu'à présent, ces efforts ont abouti, mais ils se poursuivront et tous coopèrent, dans les villes et dans les villages.

Mais nous sortirons demain dans la rue dans des circonstances différentes. Avant je vous disais : rien ne doit vous empêcher d'être avec l'imam Hussein, ni la soif, ni la chaleur, ni la pluie. Aujourd'hui, je vous dis, rien, ni la peur d'une explosion, ni la menace sécuritaire, ni le sang ne doit vous empêcher d'être avec l'imam Hussein. C'est une expérience nouvelle au Liban. Mais en Irak, elle existe depuis des années. En Irak, les sunnites et les chiites participent aux convois funèbres depuis des années et ils sont blessés et tués par dizaines. Mais cela ne diminue pas leur détermination. Au contraire, chaque année, le nombre des participants augmente. C'est aussi arrivé au Pakistan et en Afghanistan. Même à Bahrein, cette année, les convois de Achoura ont été perturbés par des pressions. Mais cela n'a rien changé au niveau des participants, parce que l'amour de Hussein est le même, ainsi que le désir de le suivre dans le martyre.

Demian, si Dieu le veut, tous les convois funèbres auxquels ont appelé le Hezbollah, Amal, le Conseil supérieur Chiite et les associations, dans toutes les régions seront denses et les fidèles y viendront nombreux. Ils seront à la hauteur du sacrifice et à la mesure de l'occasion. Demain, nous marcherons avec notre cœur, nos émotions, notre fidélité et notre amour.

Ceux qui nous menacent veulent que notre Hussein soit seul. Le laisserons-nous seul ? Notre vie est à Lui et nous ne pouvons que marcher sur ses traces, avec les Siens. Il est notre chemin et depuis des siècles, nous avons écrit notre foi et notre engagement dans le sang et les larmes. Nous continuerons à le faire jusqu'à ce que nous retrouvions Hussein...

Traduit par l'équipe du site

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