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Ankara accroît encore la répression contre la presse

Ankara accroît encore la répression contre la presse
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Les organisations qui défendent la profession le rappellent chaque année : la Turquie détient le record mondial du nombre de journalistes emprisonnés. Depuis 2009, 183 professionnels des médias ont atterri en prison. Selon le décompte du syndicat turc des journalistes (TGS), 63 y sont toujours, la plupart dans l'attente d'un jugement. Mais en condamnant, mardi 5 novembre, trois journalistes à une peine de prison à vie, la justice turque a franchi un nouveau pas.

Après sept ans de procédure, la cour d'assises d'Istanbul a prononcé une peine de perpétuitéAnkara accroît encore la répression contre la presse contre Füsün Erdogan, fondatrice d'Özgür Radyo (radio libre), et contre deux journalistes de la revue Atilim, pour tentative de «renversement de l'ordre constitutionnel par la violence». Ils sont accusés d'être des cadres du Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP), interdit et considéré comme une «organisation terroriste» en Turquie.

Au total, 29 personnes étaient jugées pour appartenance à ce groupe d'extrême gauche. «Ces condamnations d'une extrême sévérité viennent clore un procès entaché par des violations des droits de la défense et le prolongement insupportable de la détention provisoire des principaux suspects», a déclaré Reporters sans frontières. Elles posent une nouvelle fois la question de l'utilisation de la très répressive loi antiterroriste contre les organes de presse les plus critiques de la politique du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.

Une loi répressive

«La cour n'a obtenu aucune preuve de l'appartenance de Füsün à ce parti. C'est une journaliste d'opposition qui a été condamnée pour cela», a commenté Zulfu Erdogan, l'avocate et sœur de la principale condamnée. La représentante de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) chargée des média, Dunja Mijatovic, s'est déclarée «alarmée» par la peine prononcée.

«La question est de savoir si les droits de l'homme en Turquie répondent aux standardsAnkara accroît encore la répression contre la presse européens ou moyen-orientaux. La Turquie est la plus grande prison pour les journalistes», a déclaré Erkan Ipekçi, président du TGS. Cette condamnation pourrait en appeler d'autres. Dans une affaire similaire, celle du Conseil des communautés du Kurdistan (KCK), supposé être l'organisation civile de soutien aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), 46 journalistes sont jugés, dont 22 sont toujours en détention préventive, pour «appartenance à une organisation terroriste».

Le gouvernement se défend de vouloir réduire la presse au silence et argue que les journalistes sont détenus pour des crimes graves, tel que le terrorisme. Mais Ankara se voit reprocher d'utiliser la loi antiterroriste votée en 2005, avec le soutien de l'Union européenne et des Etats-Unis afin de réprimer l'opposition. Son application dépasse très largement le cadre initial puisque, selon le ministère de la justice, 20 000 procédures judiciaires pour «terrorisme» ont été ouvertes durant les quatre dernières années.

Dans le même temps, la presse turque critique du pouvoir est sous pression. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés ou victimes de violences durant les manifestations de la place Taksim, au printemps. Mardi, le jour de la condamnation, le ministre des affaires européennes, Egemen Bagis, était à Bruxelles pour signer avec le commissaire européen à l'élargissement, Stefan Füle, l'ouverture d'un nouveau chapitre des négociations d'adhésion, relançant ainsi le processus après plus de trois années de blocage.

Source : Le Monde

 

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