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Discours à la 23ième cérémonie de remise de diplômes

Discours à la 23ième cérémonie de remise de diplômes
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Le 20-mars-2013

C'est une grande joie de se retrouver à cette occasion qui correspond par un de ses aspects à la réponse de la nouvelle génération à l'appel du Prophète, en souhaitant acquérir le savoir, en s'intéressant au savoir pour que nous devenions une oumma de savants dans tous les domaines et dans toutes les spécialités.

Cette cérémonie est la concrétisation d'une de vos réalisations qui nous rend tous heureux et dont les bienfaits rejailliront sur nous tous.

Pour commencer, je voudrais m'adresser à tous les frères et sœurs fraichement diplômés, pour saluer leurs efforts et leur réussite, ainsi que leurs performances pour certains d'entre eux dans de nombreux domaines. Je demande à Dieu de les aider à poursuivre sur cette voie du succès, en leur donnant une longue vie faite de savoir et de bonne action pour ce monde et pour l'autre.

Je voudrais aussi remercié les parents des diplômés qui ont trimé, souffert et fait des sacrifices pour pousser et permettre à leurs enfants de poursuivre leurs études et atteindre cette étape. Je voudrais dans ce cadre aller même jusqu'à supplier les parents à insister pour que leurs enfants poursuivent leurs études, quelles que soient les circonstances. Veillez à ne pas priver vos enfants des bancs de l'école. Cela mérite vos sacrifices et Dieu merci la volonté d'éduquer les enfants reste une des particularités des familles libanaises, en dépit de certains cas dont le nombre reste limité. Mais ce phénomène, s'il apparaît doit être combattu. Je voudrais encore remercier les institutions, les associations, les partis et les personnalités qui ont donné des bourses scolaires ou des crédits pour l'éducation. Enfin, il me reste à remercier les universités et les établissements scolaires qui ont inculqué le savoir aux élèves et aux étudiants et les ont suivis jusqu'aux diplômes.

Cette cérémonie donne en partie une image véritable de la résistance et de son identité au Liban. Cette image n'est pas nouvelle, puisqu'il s'agit de la 23ième cérémonie de remise de diplômes. Nous sommes un processus qui a trente ans d'âge. La première cérémonie de remise de diplômes a eu lieu en 1984. Notre résistance islamique dans sa forme actuelle a commencé après l'invasion israélienne de 1982. Et avec tous nos respects pours les organisations de résistance qui nous ont précédé ou ont agi en même temps que nous, nous avons donc trente ans. Ce qui veut dire aussi que les jeunes résistants poursuivaient leurs études tout en faisant de la résistance. Certains sont morts tout en étant étudiants et d'autres après avoir achevé leurs études. En tout cas, cette cérémonie confirme notre chemin jihadiste qui reste avant tout un chemin du savoir, un chemin spirituel de foi qui forme un mouvement de libération, de sacrifice, de défense et de dignité.

Tout au long de notre parcours, le savoir, la morale, l'engagement envers les valeurs religieuses, spirituelles et humaines ont été la particularité de notre action. Et cet engagement garantit l'utilisation du savoir au service des populations, des nations et des hommes. Nous sommes témoins en cette période comment le savoir et le développement technologique ont été utilisés loin du respect des valeurs humaines, pour élargir le champ de l'hégémonie, pour occuper, asservir et s'emparer des ressources et satisfaire le goût du pouvoir, alors qu'il aurait été possible de l'utiliser pour répandre le bien et la justice. Notre culture et notre pensée est d'utiliser les ressources que Dieu nous a données pour aider les gens et leur permettre d'avoir une vie digne. Mais d'autres sont mus par l'appétit du pouvoir et des biens et ils utilisent les moyens dont ils disposent loin de la trajectoire normale. Ce qui crée l'injustice et l'oppression. Ces ressources peuvent en effet être utilisées pour le bien ou pour le mal et cet usage dépend de la volonté de l'homme. C'est d'ailleurs pourquoi Jésus a dit : celui qui connaît Dieu et travaille pour Lui le royaume des cieux lui est ouvert.

Etre instruit et éduqué ne suffit donc pas. Il faut aussi être un être éduqué et sincère, soucieux de respecter les valeurs humaines et célestes. Car Dieu aime le plus ceux qui servent leur prochain. Nous autres, nous sommes engagés dans cette voie. Tous nos diplômés, dans n'importe quelle discipline cherchent à mettre leur savoir au service de leur patrie, pour améliorer son existence, sa protection et pour protéger la souveraineté de ses ressources, ainsi que sa stabilité et sa sécurité.

Je voudrais maintenant aborder certaines questions internes et régionales :

Je commencerai par évoquer le problème de l'Université libanaise. Cette université doit bénéficier, au moins maintenant et dans le proche avenir d'une attention particulière.

On dit qu'elle est « l'université des pauvres » et c'est vrai, sur le plan des frais universitaires des établissements privés. Qui peut y inscrire ses enfants, sauf ceux que Dieu a nantis ? Pourquoi ai-je dit aujourd'hui et dans le proche avenir ? Tout simplement parce que les Libanais vivant sous le seuil de la pauvreté augmentent chaque jour. Autrement dit, pour tous ceux-là, soit on entre à l'Université libanaise soit on laisse tomber les études universitaires. C'est là qu'intervient la responsabilité de l'Etat. Celui-ci doit accorder une attention exceptionnelle à cette université, la moderniser, développer ses capacités, améliorer ses équipements et surtout renforcer son cadre humain. Cela ouvre en résumé le problème des professeurs contractuels (aujourd'hui je ne parlerai donc pas beaucoup des armes de la résistance). Le problème des professeurs contractuels de l'Université libanaise se pose régulièrement tous les deux ou trois ans. Mais ce dossier entre dans la complexité libanaise sur laquelle il n'est pas besoin de revenir. Chaque fois, on impose un plafond et on demande à la direction de l'université, quelle qu'elle soit, de se conformer à ce plafond et les candidatures sont présentées dans ce cadre. Mais c'est là que tout se complique. Une partie des professeurs est certainement une nécessité pour l'université mais l'autre est tributaire des intérêts politiques. Les professeurs sont donc limités par le plafond et soumis aux forces politiques. Ce pays repose sur des équilibres et en même temps, il y a des professeurs auxquels il faut rendre justice. J'ai entendu dire que certains d'entre eux attendent d'être cadrés depuis 1995. Nous sommes en 2012. Pourquoi ? S'il n'est pas compétent, pourquoi le garder ? S'il est compétent et l'université a besoin de lui pourquoi ne pas le cadrer ?

J'invite aujourd'hui le gouvernement - et je sais qu'il discute activement de ce sujet- à adopter une nouvelle approche. Au lieu de fixer un plafond, qu'il laisse la question ouverte et que la direction de l'université présente sa propre liste et ses besoins, qui sera par la suite présentée au gouvernement. Ils disent qu'il y a un problème financier ? Nous évoquerons par la suite ce sujet. Il faut donc demander à l'université quels sont ses besoins et cadrer ensuite ceux qui sont nécessaires en donnant la priorité aux plus anciens et à ceux qui attendent depuis des années. A mon avis, c'est la bonne approche.

Je vais prendre un exemple, celui de la sécurité et là, je ne critique pas. Le gouvernement précédent avait affirmé qu'en raison de l'augmentation de la criminalité, nous avons besoin d'effectifs. Nous avons des contractuels et nous voulons les cadrer. En une seule réunion, la décision de cadrer 4000 contractuels pour les FSI a été prise. Ce n'est pas une erreur. Au contraire, c'est utile pour faire baisser le taux de criminalité. Plus tard, dans le gouvernement actuel, le ministre de l'Intérieur a réclamé 1000 membres de plus pour respecter l'équilibre confessionnel. Je ne critique pas non plus car il faut respecter les équilibres confessionnels au Liban. Ce dossier est à la table du Conseil des ministres et je sais aussi qu'ils ont besoin de 1000 ou 2000 éléments de plus pour 2013. Cela signifie qu'il existe des fonds pour payer à tous ceux-là. Chers frères et sœurs, quand on investit dans la sécurité, on traite les résultats, mais quand on investit dans l'éducation, on traite les causes. Et c'est ce que le sage fait. Je demande don au gouvernement de considérer les professeurs contractuels de l'Université libanaise comme des éléments des FSI. Le dossier sera clos et les gens ne descendront plus dans la rue tous les deux ou trois ans pour réclamer leur entrée au cadre. Ce qui nous amène à parler de l'échelle des salaires. Sous ce grand titre, tout le monde est d'accord, les forces politiques, les syndicats et je crois les instances économiques. Mais le problème réside dans le fait que le moment n'est pas propice. Pourtant, il faut traiter ce dossier de manière radicale mais le gouvernement veut le régler dans la mesure de ses moyens. Je crois que nul ne souhaite l'effondrement économique du pays, même les syndicats. Le conflit est donc sur l'application du grand titre et sur ses conséquences. A ce sujet, le gouvernement subit de graves pressions. Je parle ici en tant que partie membre du gouvernement ( une partie modeste, contrairement à ce qui avait été dit au début. Pensez donc que lorsque l'autre camp a décidé de faire chuter le gouvernement, les ambassadeurs des 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité se sont rendus chez le chef de l'Etat pour lui dire qu'ils veulent le maintien de ce gouvernement et refusent la vacance du pouvoir. Si c'était vraiment le gouvernement du Hezbollah, nous nous serions certainement dit qu'il y a une erreur quelque part... La preuve que ce gouvernement n'est pas celui du Hezbollah est la position de la communauté internationale à cet égard). Nous pensons qu'il y a des moyens de financement. Mais cela exige du courage et un esprit d'initiative. De grandes parties dans ce pays doivent faire des concessions et coopérer et de la sorte l'échelle des salaires pourra être financée. Je ne souhaite pas ouvrir un débat aujourd'hui, mais je pense que ce sujet a été assez discuté au gouvernement. Il faudrait donc le sortir du débat. J'appelle le gouvernement à tenir encore une ou deux réunions sérieuses, même si elles doivent se prolonger et même s'il y a des divergences dans les points de vue, de passer au vote. Ce n'est pas la fin du monde, puisqu'en définitive, le projet doit être transmis au Parlement, où tous les groupes politiques sont représentés. Dans ce lieu, les positions se clarifieront et l'on saura qui est véritablement avec les parties bénéficiaires de la nouvelle échelle des salaires et le débat sera national. En d'autres termes, ces décisions exigent la participation de toutes les parties, or certaines parties ne sont pas représentées au sein du gouvernement. Il est donc temps que le gouvernement mette un terme au débat à ce sujet et envoie son projet au Parlement.

Je reviens au grand titre social qui concerne la crise sociale et économique qui nous touche tous. Un grand nombre de Libanais affrontent une véritable crise économique, manque de moyens, de ressources, pas d'offres d'emplois, des salaires bas, des frais de scolarité élevés, des moyens de chauffage coûteux. Les conséquences de cette crise économique sont graves sur la situation sécuritaire, car la majorité de ceux qui volent le font par nécessité, même s'il est aussi possible de le faire par envie. Certes je ne cherche pas à justifier le vol, mais d'en expliquer la raison. De même, la crise sociale entraîne des maladies et des dépressions. Il y a donc des besoins et peu de moyens pour combler ces besoins. Les gens exercent des pressions les uns sur les autres. Il n'est pas besoin de s'étaler sur les conséquences sociales de cette crise. Il est certain aussi que certaines associations et même des personnalités cherchent à aider ceux qui sont dans le besoin, de plusieurs manières, dont les crédits, mais ces aides ne règlent pas le problème. Je l'ai déjà dit et je le répète : seul l'Etat et ses institutions est en mesure de régler une telle crise, notamment le chômage. D'autant que les taxes sont imposées par lui, de même que c'est lui décide pour l'Université libanaise et pour les écoles publiques. C'est lui aussi qui fixe les augmentations de salaires et qui propose un système social de santé. J'ouvre à ce sujet une parenthèse sur le fait que pour de nombreuses forces politiques, ce sujet n'est pas une priorité. Depuis 2004 et l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1559, si vous revoyez les archives vous constaterez que ces forces n'ont qu'un sujet en tête : les armes de la résistance. Les mêmes phrases sont répétées à l'infini. Je suis un cheikh et je suis donc habitué aux tribunes, et pourtant je vous le dis, lorsque je reprends le même sujet deux ou trois fois, je commence à sentir l'ennui. Pour ces forces, ce n'est pas le cas. Depuis 2004 à 2012, c'est le même enregistrement qui est diffusé. Ils ne font que presser le bouton «play». Où sont les priorités du pays ? Nulle part. Même le sang du martyr Rafic Hariri a été exploité pour prendre la résistance pour cible et cela continue. Pourtant, aujourd'hui, la pauvreté n'est pas limitée à une seule communauté. Elle est désormais « transconfessionnelle et transrégionale » au Liban. Depuis 2004, ce pays a été soumis à la même pression, sans discontinuer. Il faut aujourd'hui que les gens s'assoient et discutent de la crise économique et sociale qui touche toutes les parties, les régions et les confessions. Nous sommes en conflit sur le sujet israélo-palestinien, mais nous sommes tous d'accord pour constater que la crise économique touche tout le monde. Agissons donc dans ce but au lieu de parler jour et nuit de la résistance. Tout au long des années écoulées, tout a été utilisé contre la résistance : les manœuvres politiques, les appâts du pouvoir, les guerres militaires. Tout le monde sait que cette résistance a vaincu «Israël» en 2000 et en 2006. Elle est forte et enracinée au sein de son peuple. Elle est aussi présente dans la conscience de son peuple avant d'être forte grâce à ses armes. Elle est donc plus forte que tous les complots. Dans ce cas que reste-t-il ? La parole, les insultes, les accusations. D'ailleurs le Hezbollah est accusé de tout ce qui se passe dans le monde.

J'entends certains journalistes dire : nous avons publié tel article et le Hezbollah n'a pas démenti. Je leur réponds : si nous devions démentir toutes les accusations portées contre nous, nous aurions besoin de journaux entiers...Je ne vais pas nommer, mais vous le comprendrez. Des médias arabes nous ont insultés pendant des années. Ils ont voulu ternir notre image et de grandes forces dans le monde arabe les laissaient faire. Aujourd'hui, ces médias (surtout ceux qui sont financés par le Golfe) se retournent contre ces forces. Je m'adresse donc à elles : si vous considérez ce qui se dit sur vous dans ces médias comme des mensonges, pourquoi avez-vous cru ce qui se disait sur le Hezbollah ? Pourquoi ce qui vous concerne est faux et ce qui nous touche est vrai ? Il existe donc des médias politisés qui travaillent dans le cadre d'une bataille politique. Et c'est lui qui traite avec nous au Liban en entrant dans des détails ennuyeux. Je ferme la parenthèse.

Nous sommes en 2012 et il existe un conflit politique dans le pays, des divergences profondes sur des sujets internes et régionaux, mais nous sommes tous d'accord pour reconnaître la gravité de la crise économique. Toutes les autorités religieuses (Dar el Fatwa, le Conseil Supérieur Chiite, le Conseil des évêques maronites, les cheikhs druzes...) tirent la sonnette d'alarme à ce sujet. Nous sommes aussi tous d'accord que le fait que seul l'Etat peut résoudre cette crise. J'ai bien dit l'Etat et pas le gouvernement Car le gouvernement peut être le fruit d'une coalition, et faire face à une autre coalition dans l'opposition. Or, cette crise est réellement nationale et sa solution exige une participation de tous. J'appelle donc à la formation d'un groupe de travail national, qui planche sur la question tout en précisant que dans ce cadre, il est au-delà des divisions politiques et autres. Ce groupe de travail mettra un plan pour affronter la crise et éviter l'effondrement du pays. C'est un devoir moral, national et religieux. Nous sommes prêts à en faire partie même aux côtés de ceux qui nous accusent et nous insultent jour et nuit. Nous mettons tout cela de côté parce qu'il s'agit d'un problème national, lié à la vie des gens. Qu'un groupe de travail national soit donc formé, qu'il mette au point un plan d'action et quel que soit le gouvernement, nous lui demanderons tous de l'appliquer.

Je vais maintenant aborder la situation politique actuelle et je terminerai par un mot sur la situation régionale.

Au sujet de la situation politique, elle se résume ainsi : pour l'instant, il n'y a ni dialogue, ni réunions parlementaires, en raison de la décision de boycott prise par l'autre camp. L'objectif déclaré de ce boycott est la chute du gouvernement. Mais il est clair qu'après un mois et quarante jours de l'annonce officielle de cette décision, cette chute n' pas eu lieu. Non pas parce que nous sommes attachés au pouvoir, mais pour plusieurs autres facteurs locaux, régionaux et internationaux. La donnée actuelle dit que tout le monde a intérêt à ce que ce gouvernement reste en place. Le boycott visant à faire chuter le gouvernement n'atteindra pas son objectif. Tout ce qu'il peut faire, c'est causer des pertes au pays et paralyser officiellement le Parlement. Alors pourquoi continuer ? C'est que justement, le véritable objectif est en réalité de bloquer le Parlement pour mettre le pays devant un choix également difficile : soit organiser les élections législatives selon la loi de 1960 soit reporter cette échéance. Ces deux choix sont mauvais mais je ne veux pas dire aujourd'hui lequel l'est plus. Je le dirai plus tard.

Je ne parle pas en tant que centriste. En toute transparence, je le dis : nous ne sommes pas centristes et nous ne voulons pas jouer ce rôle, car nous sommes la partie prise pour cible. Dans ces conditions, nous ne pouvons évidemment pas être centristes. Nous sommes partie dans le conflit politique et nous en sommes fiers, mais cela ne nous empêche pas de donner des conseils, ou d'en recevoir. Même si certains au Liban considèrent la partie qui leur donne des conseils comme étant arrogante, parce qu'ils se considèrent supérieurs à ceux qui les conseillent. Ce n'est pas notre cas. Nous recevons et nous donnons des conseils parce que le monde est ainsi fait. Je voudrais donc attirer leur attention -pour ne pas dire que je les conseille- sur une mauvaise appréciation de la situation. Comme d'habitude depuis 2005, tous vos calculs sont faux. Vous boycottez, vous empêcher le gouvernement de faire des réalisations et tout cela pourquoi ? Parce que vous pensez que la chute du régime syrien est imminente. Une semaine ou deux, un mois ou deux et ce sera fini. Mais cette évaluation est-elle vérifiée ? Elle n'est pas nouvelle. Rappelez-vous il y a un an et 8 mois. Dès le premier jour des troubles en Syrie, des présidents, des émirs et des rois ont dit : le régime va chuter dans deux mois. Les deux mois ont été prolongés. On parlé d'un Ramadan puis d'un autre et cela fera bientôt deux ans que cela dure. De plus, si vous fondez votre opinion sur des informations qui vous parviennent, eh bien celles-ci sont fausses. Au cours des dernières semaines, les chaînes satellitaires arabes et les médias en général ont annoncé la chute de Damas. Certain médias savent bien sûr que ce sont des mensonges mais les autres suivent le mouvement. Mais ces informations sont fausses. Ne faites pas vos paris sur la base d'informations fausses. Quiconque, s'il est équitable, met devant lui la carte de la Syrie et il voit les surfaces, les villes et les lieux importants encore contrôlés par le régime et ceux tombés entre les mains de l'opposition. Devant ce tableau peut-on logiquement conclure que le régime va tomber en une semaine, un mois, un an ou deux ? Ne faites donc pas vos calculs sur de mauvaises évaluations. Depuis 2005, vous n'avez cessé de faire des paris perdants. Je ne vais pas vous les rappeler. Depuis deux ans, vous récidivez, alors que les vraies forces nationales restent celles qui agissent sur le plan national, indépendamment des développements régionaux. Mais vous êtes un groupe qui ne cesse de miser sur l'extérieur : que fait «Israël» ? Que se passe-t-il en Syrie ? Que veulent les Américains ? Venez donc que l'on parle entre Libanais. Je vous conseille donc de cesser de miser sur l'extérieur, de vérifier les informations qui vous sont remises et de revenir au Parlement, en cessant d'aggraver la division au sein du pays. Attendez quelques mois et il y aura des élections qui donneront lieu à la formation d'un nouveau gouvernement. Ce n'est pas trop long. Surtout quand on pense que nous avons attendons deux ans dans les tentes la chute du gouvernement (de Siniora).

Le processus normal consiste dans le fait que les forces politiques se retrouvent, s'entendent sur une nouvelle loi électorale pour permettre la tenue des élections qui seront suivies de la formation d'un nouveau gouvernement. C'est ce qui doit avoir lieu si l'on veut que le Liban traverse cette période d'une façon saine. Mais si certains continuent à vouloir revenir au Liban via l'aéroport de Damas c'est autre chose. Je leur dis en toute amitié, revenez par l'aéroport de Beyrouth et laissez celui de Damas...

Je vais conclure la partie consacrée à la situation libanaise en disant que ces paris sont faux. Si on veut vraiment sortir de cette confusion et de cette situation, il y a la conférence du dialogue si vous voulez y revenir. Il y a aussi le Parlement. Que l'on vote une nouvelle loi électorale et celui qui remportera les élections décidera de la forme du gouvernement qui sera ensuite formé.

Je vais parler en résumé de la Syrie puis je terminerai par la Palestine :

Concernant la Syrie, je dirais une seule chose : la situation y est devenue encore plus complexe et les divisions sont plus profondes. Ceux qui croient que l'opposition armée peut remporter la bataille militaire sont très suspects. La situation a changé. Ce qu'on disait au début (indépendamment de notre propre évaluation) sur le fait qu'il s'agit d'un conflit entre un peuple et son régime totalement faux. Il y a aujourd'hui en Syrie, une division populaire réelle. Il y a un régime appuyé par une grande partie de la population et il y a une autre partie de la population qui appuie les éléments armés et compte sur des forces régionales et internationales. La situation s'est ainsi transformée en une confrontation armée. Certains cherchent à placer le débat sur un plan moral et divisent les positions entre appuyant ou étant contre le peuple. Je voudrais poser une question, sans entrer dans les détails sur le terrain, ce que je n'ai pas fait depuis deux ans : Les habitants de Qatana et de Germana sont-ils ou non des Syriens ? Ceux qui mettent des explosifs à Qatana, à Germana et ailleurs sont-ils avec le peuple syrien ? Les voitures piégées qui explosent à 7h30 et 8h du matin et alors que les gens tentent de secourir les blessé, une autre explosion a lieu, sont-elles le fait de groupes qui sont avec le peuple syrien ? Ceux qui massacrent, qui tranchent les têtes et qui jettent par les fenêtres, qui tuent devant les caméras... sont-ils avec le peuple syrien ? C'est moi qui demande aujourd'hui à ceux qui nous ont demandé depuis près de deux ans si nous sommes contre le peuple syrien, sont-ils avec le peuple syrien tué par l'opposition armée ? Quelle est leur position morale face à ceux qui tuent le peuple syrien sur la base de son identité religieuse ou confessionnelle ?

Que personne ne vienne dire : il y a le régime et le peuple. Non. Le régime défend son existence et ses convictions et une partie du peuple syrien est avec lui. L'opposition armée veut faire chuter ce régime et une partie de la population est avec elle. La lutte est sanglante et la bataille longue. Mais en refusant tout dialogue, l'opposition prolonge la confrontation et le versement de sang. Pourquoi l'opposition refuse-t-elle la solution politique et le dialogue en sachant que cela signifie encore plus de sang et de destruction ? Je vous le dis franchement : Il existe de nombreux Etats qui ont beaucoup d'argent, qui financent ce conflit et qui souhaitent qu'il dure. Ils ne se soucient pas du fait que les gens meurent en Syrie depuis deux ans. Ils envoient l'argent et ils ne perdent rien. Les forces régionales sont donc celles à qui profite le conflit en Syrie. Je voudrais ici lancer un appel à Al Qaëda, même si nous n'avons pas de bonnes relations avec eux. Entre nous, il y a une polémique parfois une animosité de leur part à notre égard ; Je leur dis quand même : Les Etats-Unis et certains régimes européens arabes vous ont posé un piège en Syrie. Ils vous ont offert un champ de bataille et vous vous y êtes précipités, venant de tous les coins du monde, de Londres, de Paris, d'Arabie saoudite, des Emirats, du Yémen, du Pakistan d'Afghanistan etc pour vous entretuer. Et même si au final, un des groupes d'Al Qaeda devait réussir à remporter une victoire militaire, il en paiera le prix, comme cela a été le cas dans d'autres pays. C'est donc un piège.

Je vous le dis aujourd'hui et je souhaite que le 14 mars entende cela : Les Etats-Unis ne sont pas pressés de mettre un terme à ce conflit. Car plus les combats se prolongent, plus les soldats du régime et les combattants d'Al Qaëda meurent, ainsi que les civils, les membres des SR et les différents couches sociales et plus la Syrie est affaiblie et détruite, et plus elle devient absente de l'équation régionale. Ce qui sert les intérêts d'«Israël» et des Etats-Unis...

Dans les considérations stratégiques, nationales, politiques, logiques et même humaines, nous sommes tristes face à ce qui se passe en Syrie, face à chaque victime, quelle que soit son appartenance. Sur le plan humain, c'est la responsabilité de tous d'œuvrer en vue de faciliter le dialogue. Et celui qui entrave ce dialogue est un criminel qui assume la responsabilité des victimes qui tombent en Syrie, quels que soient ses objectifs et ses slogans.

Aujourd'hui, la situation est encore plus complexe en Syrie, à cause des courants takfiristes qui se sont introduits en force et qui inquiètent même leurs alliés. Et ceux-ci ont raison de s'inquiéter car quiconque a vu ce que ces courants ont fait dans d'autres pays ne peut que s'inquiéter pour l'avenir de la Syrie et pour la relève au pouvoir. Où ces gens-là prennent-ils la Syrie ? C'est pourquoi la responsabilité nationale, stratégique, humaine -appelez-la comme vous le voulez- est d'œuvrer en vue d'un dialogue qui aboutit à un compromis politique en Syrie.

Un dernier mot sur Gaza. J'y arrive par l'entrée libanaise :

Il y a quelques jours, une délégation du 14 mars s'y est rendue pour féliciter et bénir. Ils ont fait des déclarations à ce sujet. Certains de nos alliés au 8 mars ont critiqué. Mais où est le problème. Je vais donner mon avis personnel. Je suis de ceux qui ont été très heureux de cette visite. Que le 14 mars appuie la résistance à Gaza, appuie les armes de cette résistance à Gaza nous suffit, et je l'encourage dans ce sens. Nous ne demandons pas qu'il appuie les armes de la résistance au Liban et félicite celle-ci pour ses victoires contre «Israël». Nous nous considérons satisfaits lorsque la résistance à Gaza est bénie. Il y a même plus. J'ai lu dans un journal que l'un d'eux a déclaré qu'il ne renoncera pas à un grain de sable de la Palestine, cela aussi nous rend très heureux. Après tout, n'était-ce pas notre principal conflit avec eux ? S'ils arrivent à cette position, il n'y a donc plus de conflit. Si la visite à Gaza vous pousse à tenir ce langage et à avoir cette logique, allez-y donc à nos frais. Bien entendu, il s'agit d'une déclaration émotionnelle. Car le courant auquel appartient celui qui a fait cette déclaration ne dit pas cela. Il appuie l'initiative de paix arabe qui donne les deux tiers de la Palestine à «Israël». On est loin du grain de sable qu'il ne faut pas céder. Malgré cela, il s'agit d'une évolution positive, sur le plan émotionnel et sur le plan politique.

J'ai déjà évoqué la victoire de Gaza. Je voudrais seulement rappeler qu'après la guerre de 2006 qui a duré 33 jours, on avait dit qu' «Israël» n'a pas été vaincu et le Hezbollah n'a pas remporté une victoire. Ce qui s'est passé est la faute des commandements, Amir Peretz ne connaît rien à la stratégie militaire et même Olmert. Mais «Israël» reste puissant et ce qui s'est passé est un accident de parcours. Cela a été dit au Liban et dans le monde arabe, parce que certains ne veulent pas reconnaître la victoire du Hezbollah et ne veulent pas qu'il soit fort. Les Israéliens, de leur côté, ont formé des commissions d'enquête, ont multiplié les réunions, les plans et les manœuvres pour pallier aux lacunes apparues en 2006. Ils ont tiré les leçons, amélioré leurs équipements, intensifié leurs entraînements et affirmé que dans la prochaine confrontation, «Israël» balaiera ses ennemis. Il y a eu la première confrontation à Gaza en 2008 et 2009. Ce jour-là, ceux qui ont félicité aujourd'hui Gaza pour sa victoire ont déclaré que Gaza avait perdu. Pourtant, la situation était la même. L'armée israélienne a paru faible, même avec Barak comme ministre de la Défense et Ashkénaze comme chef d'Etat major (ce dernier a longtemps été le responsable du front nord). Aujourd'hui, en 2012, nouveaux préparatifs et nouvelles manœuvres. Et pourtant vous avez vu comment 3 missiles sur «Tel Aviv» et ses environs ont semé la terreur et ont contraint le Premier ministre et ses généraux à descendre aux abris. «Israël» a été vaincu et a supplié pour qu'on trouve une solution à ce conflit. Le mythe de l'«Israël» fort et invincible est tombé à jamais. Ce qui s'est passé en 2006 et en 2008 et 2009 n'était donc pas un accident de parcours, et encore moins ce qui s'est passé il y a quelques semaines à Gaza. Des gouvernements sont tombés en «Israël» à cause de ces échecs. La courbe stratégique israélienne est descendante et les premiers boulons de l'édifice sont tombés. La chute des autres suivra je l'espère.

Je voudrais encore évoquer les relations entre l'Iran, le Hezbollah et les organisations à Gaza notamment avec le Hamas. Il y a eu beaucoup d'articles écrits à ce sujet. Certains ont dit que la résistance palestinienne est revenue dans le giron arabe et elle s'est dégagée de l'influence iranienne. Nous savons par expérience que ce qui est écrit relève souvent des souhaits non des faits. Je vais quand même dire deux mots à ce sujet : Nos relations avec toutes les factions palestiniennes n'ont pas été ébranlée. Concernant l'Iran, elle n'a jamais réclamé une contrepartie aux aides données aux Palestiniens et à la résistance en général. Elle n'a fait que respecter son engagement idéologique. Qu'un responsable palestinien dise clairement que l'Iran lui a demandé la moindre contrepartie à l'aide fournie, ou même a voulu lui dicter sa conduite, lui imposer une trêve ou au contraire un combat. Depuis trente ans, l'Iran aide la résistance palestinienne sans condition. Elle n'attend même pas des remerciements. (L'histoire des remerciements a son contexte propre que j'évoquerai une autre fois). Je peux le dire en raison de ma relation étroite avec le Guide suprême : si les pays arabes aident la résistance en Palestine, lui donnent de l'argent et des armes, l'Iran les remerciera car cela lui permettra de faire des économies et nous sommes prêts à en bénéficier...Il n'y a donc aucun problème. Ceux qui croient arracher la résistance palestinienne à l'Iran se trompent. Il ne s'agit pas d'un jeu d'enfants. Tout ce que veut l'Iran de la résistance palestinienne c'est qu'elle soit forte, qu'elle puisse se protéger et reprendre sa terre. La partie la plus heureuse de la victoire de Gaza c'est bien l'Iran. Maintenant que ceux qui veulent brandir la bannière de la Palestine à la place de l'Iran le fassent. Ils sont les bienvenus. Pour l'Iran et pour nous. Nous n'avons aucune réserve à ce sujet et nous serons prêts à les suivre dans cette démarche.

Il me reste à souhaiter aux jeunes diplômés tout le succès dans ce monde et dans l'autre.

Traduit par French.alahednews

 

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