The Guardian : les pays du Golfe mis en garde contre l’armement des rebelles en Syrie
L'Arabie Saoudite et le Qatar sont exhortés à ne pas armer les rebelles syriens qui combattent le régime de Bachar El-Assad, de peur de miner les efforts déployés par les Nations-Unies pour trouver une fin politique à la crise, a estimé le journal The Guardian.
La peur de la décision de ces riches États du Golfe d'équiper l'opposition en armes a multiplié les menaces contre le danger d'attiser la violence qui a déjà coûté la vie à 10.000 personnes l'année dernière, selon le quotidien britannique.
The Guardian a considéré que les ennemis impitoyables du président syrien se dirigent vers un soutien plus direct, bien que couvert, à l'opposition syrienne. Cependant, leur action est entravée actuellement par des pressions internationales.
Le Qatar, qui a soutenu les rebelles libyens, a mis des plans pour un important programme de dons de dizaines de millions de dollars sous forme d'armes sophistiquées comme les antichars et les missiles antiaériens. "C'est un programme énorme. Ils ne veulent pas faire les choses par moitié", a déclaré une source basée à Doha décrivant les plans. "Leur mode de pensée est le suivant : si on attend six mois supplémentaires, la crise dérivera en une guerre civile qui serait impossible à contenir", a-t-elle ajouté.
Ces plans ont été reçus par un rejet à la fois publique et officiel de la part de la communauté internationale. Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a mis en garde le 4 avril "que les rebelles ne seront pas capables de vaincre le régime d'Al-Assad même s'ils sont armés jusqu'aux dents". L'Iraq a publiquement exprimé son opposition face à "tout armement des rebelles syriens". L'Egypte et l'Algérie sont aussi contre, estimant que l'armement pourrait conduire à une guerre civile sectaire. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, a averti récemment que si le plan de six points d'Annan échoue, alors la "pression augmentera" pour armer l'opposition. La déclaration de Hague est survenue après que le vétéran ministre saoudien des affaires étrangères a insisté que l'armement "est un devoir".
Financés par le Qatar, les rebelles libyens qui ont destitué Mouammar Kadhafi ont transposé leur expérience en Syrie, munis de tout genre d'armes. La décision du Golfe de financer le CNS pour payer des salaires aux forces de l'ASL est perçue comme une couverture pour les achats d'armes. "Les forces de l'ASL sont maintenant à Istanbul et ils attendent les livraisons", a révélé un membre de l'opposition à "The Guardian". "L'argent en cash a déjà été distribué par le président du CNS Burhan Ghalioun aux combattants à Deraa et à Damas", a ajouté la source.
De leur côté, les États-Unis qui sont inquiets de l'arrivée des armes aux mains des groupes extrémistes ont clarifié qu'ils ne fourniront que d'équipements "non-létaux". Ils ont surtout évoqué des équipements de communications sûres pour les combattants, qui sont actuellement obligés d'utiliser le réseau syrien de téléphones portables facilement détecté.
La difficulté logistique dans l'acheminement clandestin des armes vers les territoires syriens a été manifestée par une tentative d'un homme d'affaires d'envoyer des téléphones satellitaires aux régions les plus dominées par l'armée syrienne pour coordonner les aides humanitaires. L'homme d'affaires s'est rendu compte que la livraison des 200 récepteurs et émetteurs satellitaires à travers la Turquie ou la Jordanie serait affrontée à des obstacles bureaucratiques insurmontables. Il a alors décidé d'envoyer les équipements en Kurdistan et de les acheminer depuis là-bas, mais le fabriquant belge s'est retiré de la transaction sous le prétexte qu'ils ne peuvent rien envoyer en Syrie, à cause des sanctions de l'UE.
Les armes seules ne sont pas susceptibles de faire pencher la balance contre le régime. "Armés d'équipements modernes, de meilleures munitions et de meilleurs systèmes de communications, les rebelles peuvent sûrement pousser l'armée syrienne à régresser", a analysé Emile Hokayem, expert à l'Institut international des Études Stratégiques. "Pourtant, les batailles des mois derniers ont démontré qu'ils ne peuvent pas se tenir solidaires pour longtemps. Ils sont exposés au risque des contre-attaques des forces du régime, mettant en danger la vie des civils coincés au milieu, comme s'était le cas du quartier de Baba-Amro dans la ville de Homs", a-t-il ajouté.
Source : The Guardian , Gulf States warned against arming Syria rebels
Traduit par : moqawama.org