La «Coalition de l’opposition syrienne»: Partage du pouvoir entre les Frères Musulmans et l’Arabie Saoudite
A la suite des tiraillements et des ingérences étrangères, la «Coalition de l'opposition syrienne» réunie à Istanbul, est parvenue à élire un nouveau commandement qui reflète les changements en cours au sein de cette formation et les nouveaux équilibres régionaux.
La coalition a réussi de remplir le vide résultant de la démission de son dernier président, Ahmad Moaz el-Khatib. Un nouveau président fut élu à l'ombre d'une vive concurrence entre «le nouveau élu», Ahmad Assi Jarba el-Chamri (55 voix), aligné sur l'Arabie Saoudite et le secrétaire général de la Coalition, Moustapha Sabbagh (52 voix), aligné sur le Qatar. Ce dernier a définitivement quitté la Coalition... Quant aux Frères Musulmans, affectés par le coup subi par leurs homologues en Egypte, ils ont ouvert la voie à la représentation des forces libérales et laïques. Ils ont reçu en contrepartie un lot de consolation. La vice-présidence de la coalition.
On peut résumer l'importance de ce qui a eu lieu à Istanbul par plusieurs points :
1-Un rôle prépondérant de l'Arabie dans le parrainage des affaires de l'opposition. De ce fait, le dossier de l'opposition concernant notamment le financement et l'armement, est passé des mains du Qatar aux mains de l'Arabie.
2-Un recul patent du pouvoir des Frères musulmans sur la coalition et la poursuite de leur hégémonie au niveau de l'organisation et de la prise des décisions. En effet, si la Coalition représentait le commandement politique d'une partie de l'opposition, le commandement militaire sur le territoire syrien passe progressivement aux mains de l'Armée syrienne libre. Cette dernière est désormais la partie adoptée par la communauté internationale pour recevoir les fonds et les armes et contrôler l'acheminement de ces armes, afin de limiter l'hégémonie des courants «islamistes» sur l'opposition... Sachant que ce sont les forces extrémistes qui contrôlent le terrain.
Sur ce, l'opposition syrienne basée à Istanbul a dorénavant un commandement politique et militaire, assumé par Ahmad Jarba et Selim Idriss. Le premier dirige les affaires politiques et les relations internationales alors que le second dirige les affaires militaires...
Les réunions de la «Coalition nationale des forces de la révolution et de l'opposition syriennes» à Istanbul, ne constituent pas une extension de leurs précédentes, tenues par l'assemblée générale de cette coalition. Cette dernière semble entamer une nouvelle étape de sa vie. La raison essentielle de ce tournant réside dans l'adhésion de nouveaux membres qui représentent trois composantes politiques syriennes, financées par l'Arabie et admises par l'occident.
Ces trois composantes sont : Les groupes et les personnalités démocratiques, les représentants de l'ASL et les représentants des comités de coordination locaux des insurgés.
Ces nouveaux éléments de la Coalition ont amené des changements quantitatifs et qualitatifs à la Coalition syrienne. Un fait qui aboutirait à des mutations politiques et organisationnelles, relatives aux relations intérieures au sein de l'opposition et aux relations extérieures, régionales et internationales.
L'élection de Jarba au poste de président, comme successeur à Moaz el-Khatib, a reflété un changement dans les équilibres au sein de la Coalition, à l'issue de l'augmentation des membres de l'assemblée générale de cette dernière de 63 à 114 membres. Cette hausse avait pour but d'y réduire ostensiblement le pouvoir des Frères Musulmans et de consolider visiblement le rôle des laïques, car ces derniers sont alignés sur l'Arabie.
La liste des nouveaux membres a regroupé 14 représentants des «mouvements révolutionnaires», 15 de l'ASL et 22 représentants du «bloc démocratique», comprenant «l'Union des démocrates syriens», présidée par Michel Kilo.
La confrérie des Frères Musulmans de Syrie, qui a dominé la représentation politique de l'opposition à l'étranger, a reçu un coup. Elle fut contrainte d'élire un leader (Ahmad Jarba), non adhérant à ses rangs, dans une tentative de satisfaire l'occident.
Cette confrérie avait dirigé les négociations de la Coalition avec les forces étrangères pour obtenir les aides militaires et financières destinées aux rebelles. Mais elle n'a pas réussi à imposer sa présence sur le terrain. En effet, des groupes diverses, à majorité d'extrémistes et de takfiris, ainsi que des soldats déserteurs, supervisaient les affaires quotidiennes des régions contrôlées par l'opposition sur la scène syrienne.
Ahmad Jarba, non connu à large échelle par les activistes syriens ou par les medias internationaux, avait pourtant participé à la mise en place de la Coalition syrienne, fondée en novembre 2012. Il fut le représentant des clans syriens.
Cet homme est un des leaders du clan Al-Choummar, installé en Syrie, en Irak, en Arabie et en Jordanie. Il avait joué un rôle dans la communication entre les clans et l'opposition. Il est résident en Arabie Saoudite.
Dès qu'il fut élu, un certain nombre de membres de la Coalition ont démissionné, dont notamment, Ghassan Hitto, désigné comme premier ministre du gouvernement de l'opposition. Ces démissions ont reflété la crise en cours parmi les rangs des rebelles.
Les dernières élections ont mis en exergue les différends arabes-arabes sur le partage de la mainmise sur les opposants. Ces élections ont de même révélé le conflit sur le pouvoir escompté. Elles ont prouvé la confusion des Frères Musulmans entre deux choix : contrôler la Coalition ou la diriger par procuration.
Article paru dans le quotidien libanais As Safir le 10/7/2013, traduit par l'équipe du site
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La coalition a réussi de remplir le vide résultant de la démission de son dernier président, Ahmad Moaz el-Khatib. Un nouveau président fut élu à l'ombre d'une vive concurrence entre «le nouveau élu», Ahmad Assi Jarba el-Chamri (55 voix), aligné sur l'Arabie Saoudite et le secrétaire général de la Coalition, Moustapha Sabbagh (52 voix), aligné sur le Qatar. Ce dernier a définitivement quitté la Coalition... Quant aux Frères Musulmans, affectés par le coup subi par leurs homologues en Egypte, ils ont ouvert la voie à la représentation des forces libérales et laïques. Ils ont reçu en contrepartie un lot de consolation. La vice-présidence de la coalition.
On peut résumer l'importance de ce qui a eu lieu à Istanbul par plusieurs points :
1-Un rôle prépondérant de l'Arabie dans le parrainage des affaires de l'opposition. De ce fait, le dossier de l'opposition concernant notamment le financement et l'armement, est passé des mains du Qatar aux mains de l'Arabie.
2-Un recul patent du pouvoir des Frères musulmans sur la coalition et la poursuite de leur hégémonie au niveau de l'organisation et de la prise des décisions. En effet, si la Coalition représentait le commandement politique d'une partie de l'opposition, le commandement militaire sur le territoire syrien passe progressivement aux mains de l'Armée syrienne libre. Cette dernière est désormais la partie adoptée par la communauté internationale pour recevoir les fonds et les armes et contrôler l'acheminement de ces armes, afin de limiter l'hégémonie des courants «islamistes» sur l'opposition... Sachant que ce sont les forces extrémistes qui contrôlent le terrain.
Sur ce, l'opposition syrienne basée à Istanbul a dorénavant un commandement politique et militaire, assumé par Ahmad Jarba et Selim Idriss. Le premier dirige les affaires politiques et les relations internationales alors que le second dirige les affaires militaires...
Les réunions de la «Coalition nationale des forces de la révolution et de l'opposition syriennes» à Istanbul, ne constituent pas une extension de leurs précédentes, tenues par l'assemblée générale de cette coalition. Cette dernière semble entamer une nouvelle étape de sa vie. La raison essentielle de ce tournant réside dans l'adhésion de nouveaux membres qui représentent trois composantes politiques syriennes, financées par l'Arabie et admises par l'occident.
Ces trois composantes sont : Les groupes et les personnalités démocratiques, les représentants de l'ASL et les représentants des comités de coordination locaux des insurgés.
Ces nouveaux éléments de la Coalition ont amené des changements quantitatifs et qualitatifs à la Coalition syrienne. Un fait qui aboutirait à des mutations politiques et organisationnelles, relatives aux relations intérieures au sein de l'opposition et aux relations extérieures, régionales et internationales.
L'élection de Jarba au poste de président, comme successeur à Moaz el-Khatib, a reflété un changement dans les équilibres au sein de la Coalition, à l'issue de l'augmentation des membres de l'assemblée générale de cette dernière de 63 à 114 membres. Cette hausse avait pour but d'y réduire ostensiblement le pouvoir des Frères Musulmans et de consolider visiblement le rôle des laïques, car ces derniers sont alignés sur l'Arabie.
La liste des nouveaux membres a regroupé 14 représentants des «mouvements révolutionnaires», 15 de l'ASL et 22 représentants du «bloc démocratique», comprenant «l'Union des démocrates syriens», présidée par Michel Kilo.
La confrérie des Frères Musulmans de Syrie, qui a dominé la représentation politique de l'opposition à l'étranger, a reçu un coup. Elle fut contrainte d'élire un leader (Ahmad Jarba), non adhérant à ses rangs, dans une tentative de satisfaire l'occident.
Cette confrérie avait dirigé les négociations de la Coalition avec les forces étrangères pour obtenir les aides militaires et financières destinées aux rebelles. Mais elle n'a pas réussi à imposer sa présence sur le terrain. En effet, des groupes diverses, à majorité d'extrémistes et de takfiris, ainsi que des soldats déserteurs, supervisaient les affaires quotidiennes des régions contrôlées par l'opposition sur la scène syrienne.
Ahmad Jarba, non connu à large échelle par les activistes syriens ou par les medias internationaux, avait pourtant participé à la mise en place de la Coalition syrienne, fondée en novembre 2012. Il fut le représentant des clans syriens.
Cet homme est un des leaders du clan Al-Choummar, installé en Syrie, en Irak, en Arabie et en Jordanie. Il avait joué un rôle dans la communication entre les clans et l'opposition. Il est résident en Arabie Saoudite.
Dès qu'il fut élu, un certain nombre de membres de la Coalition ont démissionné, dont notamment, Ghassan Hitto, désigné comme premier ministre du gouvernement de l'opposition. Ces démissions ont reflété la crise en cours parmi les rangs des rebelles.
Les dernières élections ont mis en exergue les différends arabes-arabes sur le partage de la mainmise sur les opposants. Ces élections ont de même révélé le conflit sur le pouvoir escompté. Elles ont prouvé la confusion des Frères Musulmans entre deux choix : contrôler la Coalition ou la diriger par procuration.
Article paru dans le quotidien libanais As Safir le 10/7/2013, traduit par l'équipe du site
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