Damas et la plainte présidentielle : manifestation d’une irritation… requise
Par Nabil Haytham
Michel Sleiman a réussi à occuper les Libanais par les analyses sur le secret derrière l'escalade dans ses positions, dans tous les sens.
Dans les dernières années de son mandat présidentiel, Sleiman s'est présenté en tant que personnalité pacifique, symbole de centrisme et de neutralité. Un président qui respecte la Constitution, qui observe les équilibres et susceptibilités de la scène libanaise et régionale, sous deux angles. Il s'était même caractérisé par ses discours étoffés.
Durant ces années, Sleiman s'est montré soucieux pour la résistance. Il avait même déclaré qu'il protégeait cette dernière «par les cils des yeux». Quant à la Syrie, il se vantait devant ses visiteurs de sa relation privilégiée avec le président Bachar Assad. «Chaque samedi je le contacte», avait-il dit.
Mais Sleiman, dans un moment donné, a décidé de se démasquer. Ses positions à l'égard de la Syrie ont suivi une courbe ascendante, passant par la rupture avec le président syrien, arrivant récemment à la plainte, sans précédent, déposée auprès de l'ONU, contre la Syrie. Une plainte suivie par une deuxième, auprès de la Ligue arabe.
Sur le plan libanais, Sleiman a choisi de provoquer un accrochage politique avec tous : animosité à l'égard de Nabih Berri, qui abhorre la rupture avec ses adversaires; Il a exacerbé l'hostilité à l'égard de Michel Aoun; Il a semé le doute puis la séparation avec Sleiman Franjieh et toutes les composantes du 8 Mars. Concernant la résistance, il ne tient plus à la protéger «par les cils de ses yeux». Il a opté pour les diatribes médiatisées, contrairement à ses propos lors des entretiens privés avec les responsables du Hezbollah. Même en ce qui concerne l'intervention de ce dernier en Syrie, il avait émis des réserves sur la déclaration par le parti de cette intervention et non sur l'intervention en soi. C'est ce qu'il avait dit, littéralement, aux personnes concernées!
Damas s'est irritée de la plainte déposée par Sleiman dans un moment dangereux et décisif de son histoire, sachant qu'elle avait patienté depuis plus de deux ans, comme a rapporté l'une des sources proches de l'administration syrienne. Mais en dépit des plaies causées par le flanc libanais, Damas a décidé de comprendre l'impuissance, toutefois injustifiée, de l'État libanais, d'empêcher le passage des combattants et le trafic des armes via les frontières libanaises vers la Syrie.
Des personnes bien informées rapportent que pour Damas, la plainte de Sleiman ne revêt aucune valeur. Cette plainte n'est que la manifestation d'une colère «requise», par laquelle il illustre le lien entre son attaque contre la Syrie et les positions de l'occident, des pays du Golfe et de l'Égypte, à l'égard de la crise syrienne.
Selon l'interprétation syrienne, on doute que Sleiman ait bien lu les réalités syriennes.
Dans le même contexte, la résistance semble avoir décidé de prêter la sourde oreille aux déclarations faites par Sleiman, contre le Hezbollah ou la Syrie. Mais une source du 8 Mars a constaté que :
-Sleiman joue sa dernière carte politique, tout en ayant les yeux braqués sur la période qui suivra la fin de son mandat, après onze mois, surtout que le rêve de proroger son mandat présidentiel s'est dissipé.
-Si la question concernait la souveraineté, il fallait que Michel Sleiman dépose plus de 21 mille plaintes contre "Israël".
-Sa plainte contre la Syrie est provocante à plus de la moitié des Libanais. Sa teneur n'est guère convaincante puisque le président a tenu à la limiter à la protestation contre deux missiles lancés par un hélicoptère syrien sur des hommes armés à Ersal. Ces hommes avaient traversé les frontières syriennes, agressé l'armée loyaliste avant de revenir sur le territoire libanais. Il se peut qu'ils soient eux-mêmes derrière la récente agression contre l'armée libanaise à Ersal, sans que cela n'entraine une plainte présidentielle.
-Certains auraient convaincu Sleiman de la chute imminente du régime syrien et de l'ébranlement de ses alliés au Liban. Sur ce, il serait seul sur l'arène présidentielle. Son mandat serait alors prorogé ou renouvelé.
-Sleiman commet une grande erreur par la plainte déposée auprès de l'ONU au sujet de la violation des frontières. Par cette démarche, il fournit un document qui pourrait être utilisé pour promouvoir l'idée du déploiement de forces internationales aux frontières libano-syriennes. Cette idée évoquée dans quelques rapports internationaux sur la nature de la période transitoire.
Les sources bien informées du 8 Mars s'interrogent sur l'insistance de Sleiman d'imposer au Liban un tel niveau de partialité. Et si l'accrochage politique dégénère en risques plus avancés?
Qui pourrait garantir que Michel Sleiman ne couronne pas son escalade par la signature de décrets de la mise en place d'un gouvernement du fait accompli, lequel aurait été en cours d'élaboration à l'heure actuelle, si la garantie de Walid Joumblatt ne constituait pas un obstacle?
Article paru le 21 juin 2013 dans le quotidien Assafir, traduit par l'équipe du site
Michel Sleiman a réussi à occuper les Libanais par les analyses sur le secret derrière l'escalade dans ses positions, dans tous les sens.
Dans les dernières années de son mandat présidentiel, Sleiman s'est présenté en tant que personnalité pacifique, symbole de centrisme et de neutralité. Un président qui respecte la Constitution, qui observe les équilibres et susceptibilités de la scène libanaise et régionale, sous deux angles. Il s'était même caractérisé par ses discours étoffés.
Durant ces années, Sleiman s'est montré soucieux pour la résistance. Il avait même déclaré qu'il protégeait cette dernière «par les cils des yeux». Quant à la Syrie, il se vantait devant ses visiteurs de sa relation privilégiée avec le président Bachar Assad. «Chaque samedi je le contacte», avait-il dit.
Mais Sleiman, dans un moment donné, a décidé de se démasquer. Ses positions à l'égard de la Syrie ont suivi une courbe ascendante, passant par la rupture avec le président syrien, arrivant récemment à la plainte, sans précédent, déposée auprès de l'ONU, contre la Syrie. Une plainte suivie par une deuxième, auprès de la Ligue arabe.
Sur le plan libanais, Sleiman a choisi de provoquer un accrochage politique avec tous : animosité à l'égard de Nabih Berri, qui abhorre la rupture avec ses adversaires; Il a exacerbé l'hostilité à l'égard de Michel Aoun; Il a semé le doute puis la séparation avec Sleiman Franjieh et toutes les composantes du 8 Mars. Concernant la résistance, il ne tient plus à la protéger «par les cils de ses yeux». Il a opté pour les diatribes médiatisées, contrairement à ses propos lors des entretiens privés avec les responsables du Hezbollah. Même en ce qui concerne l'intervention de ce dernier en Syrie, il avait émis des réserves sur la déclaration par le parti de cette intervention et non sur l'intervention en soi. C'est ce qu'il avait dit, littéralement, aux personnes concernées!
Damas s'est irritée de la plainte déposée par Sleiman dans un moment dangereux et décisif de son histoire, sachant qu'elle avait patienté depuis plus de deux ans, comme a rapporté l'une des sources proches de l'administration syrienne. Mais en dépit des plaies causées par le flanc libanais, Damas a décidé de comprendre l'impuissance, toutefois injustifiée, de l'État libanais, d'empêcher le passage des combattants et le trafic des armes via les frontières libanaises vers la Syrie.
Des personnes bien informées rapportent que pour Damas, la plainte de Sleiman ne revêt aucune valeur. Cette plainte n'est que la manifestation d'une colère «requise», par laquelle il illustre le lien entre son attaque contre la Syrie et les positions de l'occident, des pays du Golfe et de l'Égypte, à l'égard de la crise syrienne.
Selon l'interprétation syrienne, on doute que Sleiman ait bien lu les réalités syriennes.
Dans le même contexte, la résistance semble avoir décidé de prêter la sourde oreille aux déclarations faites par Sleiman, contre le Hezbollah ou la Syrie. Mais une source du 8 Mars a constaté que :
-Sleiman joue sa dernière carte politique, tout en ayant les yeux braqués sur la période qui suivra la fin de son mandat, après onze mois, surtout que le rêve de proroger son mandat présidentiel s'est dissipé.
-Si la question concernait la souveraineté, il fallait que Michel Sleiman dépose plus de 21 mille plaintes contre "Israël".
-Sa plainte contre la Syrie est provocante à plus de la moitié des Libanais. Sa teneur n'est guère convaincante puisque le président a tenu à la limiter à la protestation contre deux missiles lancés par un hélicoptère syrien sur des hommes armés à Ersal. Ces hommes avaient traversé les frontières syriennes, agressé l'armée loyaliste avant de revenir sur le territoire libanais. Il se peut qu'ils soient eux-mêmes derrière la récente agression contre l'armée libanaise à Ersal, sans que cela n'entraine une plainte présidentielle.
-Certains auraient convaincu Sleiman de la chute imminente du régime syrien et de l'ébranlement de ses alliés au Liban. Sur ce, il serait seul sur l'arène présidentielle. Son mandat serait alors prorogé ou renouvelé.
-Sleiman commet une grande erreur par la plainte déposée auprès de l'ONU au sujet de la violation des frontières. Par cette démarche, il fournit un document qui pourrait être utilisé pour promouvoir l'idée du déploiement de forces internationales aux frontières libano-syriennes. Cette idée évoquée dans quelques rapports internationaux sur la nature de la période transitoire.
Les sources bien informées du 8 Mars s'interrogent sur l'insistance de Sleiman d'imposer au Liban un tel niveau de partialité. Et si l'accrochage politique dégénère en risques plus avancés?
Qui pourrait garantir que Michel Sleiman ne couronne pas son escalade par la signature de décrets de la mise en place d'un gouvernement du fait accompli, lequel aurait été en cours d'élaboration à l'heure actuelle, si la garantie de Walid Joumblatt ne constituait pas un obstacle?
Article paru le 21 juin 2013 dans le quotidien Assafir, traduit par l'équipe du site