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Trois pays européens ouvrent des canaux avec Damas... La position de Washington sera-t-elle modifiée?

Trois pays européens ouvrent des canaux avec Damas... La position de Washington sera-t-elle modifiée?
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Au moment où l'ambassadrice américaine Maura Connelly sermonnait «l'Association des Banques du Liban» sur la nécessité de respecter les sanctions contre la Syrie et l'Iran, son président, Barack Obama, cherchait auprès des Russes une issue honorable pour déclarer son approbation au maintien du président syrien au pouvoir jusqu'au terme de son mandat et d'une solution politique négociée avec les représentants d'Assad.

Ce qui se déroule dans les coulisses diffère des faits déclarés. Certains responsables de l'opposition syrienne expriment clairement leur inquiétude d'un changement de la position américaine.

«Il n'est pas étrange que les Américains nous trahissent. C'est leur habitude», commente un ancien diplomate français.

Il ajoute avec ironie : «Si Bachar Assad avait voulu créer une opposition qui lui convienne, il n'aurait trouvé une opposition meilleure de celle qui le combat à l'heure actuelle. Par sa division et son recours aux «jihadistes» d'Al-Qaïda et du front Al-Nosra, cette opposition a désappointé tous ceux qui comptaient sur elle. Et si Israël aurait prié devant le mur des Lamentations durant 20 siècles, il n'aurait obtenu un résultat meilleur en Syrie, où la guerre a détruit les infrastructures de l'Etat, épuisé l'armée et exacerbé la discorde confessionnelle».

Les récentes données :

Au moins trois pays européens, l'Allemagne, la Belgique et l'Italie, ont entamé des contacts en catimini avec Damas. Ces pays refusent fermement l'armement de l'opposition. Ils craignent le contrecoup des vagues de terrorisme sur leurs territoires. Ils estiment que le président socialiste français, François Hollande, doit mettre un terme rapide à l'aventure de son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Même en France, la contestation contre la coalition franco-qatarie monte en puissance.

Les suspicions augmentent autour du rôle de Doha dans le financement des extrémistes en Afrique, Lybie et Syrie.

Les bibliothèques regorgent de livres critiquant le Qatar. Les articles hostiles à cet émirat se multiplient dans les quotidiens de la droite et de la gauche. Les incidents provoqués par les supporteurs du club «Paris Saint-Germain», acheté par le Qatar, ont ajouté l'insulte à l'injure.
Lundi 13 mai, après 19 ans d'attente, les supporters du PSG voulaient célébrer son titre de champion de France. Mais la fête a tourné au cauchemar, place du Trocadéro à Paris. Les échauffourées ont fait 32 blessés et 42 interpellations. Les interrogations ont envahi les médias. Est-ce à cause du Qatar et de ses fonds?

Toujours selon les informations, les listes comprenant des noms de terroristes originaires de 28 pays arabes et occidentaux soumises par Damas à l'ONU, ont suscité l'inquiétude des capitales européennes. Plusieurs de ces noms sont inscrits aux listes européennes et américaines du terrorisme.

Les services de renseignements y planchent actuellement. Ce fait suppose une coordination avec les services de renseignements syriens, libanais, iraniens et russes.

Des visites sont échangées loin des medias. Les attentats en Turquie ont suscité des interrogations sur la contamination des pays du voisinage de la Syrie. Recep Tayyep Erdogan parait impuissant de poursuivre son engagement dans le renversement du régime syrien, par la force. Le régime turc est lui-même cible des interrogations et de la condamnation pour s'être aventuré en Syrie.

D'autres informations confirment que Washington, après avoir concédé le maintien d'Assad au pouvoir jusqu'à la fin de son mandat actuel, se trouve dans une situation embarrassante. Les responsables américains ont franchement signifié à leurs homologues russes, ne pas pouvoir opérer un revirement dramatique. Ils ont demandé un certain temps. Obama, attaqué par les Républicains et les Conservateurs à cause du meurtre de son ambassadeur à Benghazi, ne peut justifier à l'opinion publique américaine le revirement dans les positions de son administration. Ses émissaires ont indiqué que le président américain pourrait être confronté à un grand problème avec l'opposition syrienne, qui perçoit un certain compromis entre Moscou et Washington.

Sur ce, il fallait maintenir le discours public contre le président syrien, même si le ton des discussions confidentielles était différent. Ça ne fait rien si le premier ministre britannique, David Cameroun, affirme la poursuite des pressions. Ce dernier n'a pas eu honte d'annoncer qu'il offrira à l'opposition syrienne des générateurs d'électricité. La Russie annonçait au même moment son insistance à finaliser la livraison des missiles à la Syrie.

Des rumeurs circulent sur des scandales concernant des diplomates américains, qui auraient touché des sommes de pays du Golfe pour faire perdurer la crise.

On dit par ailleurs que le report du congrès de Genève II n'est guère par pur hasard. Ce report découle d'une entente américano-russe. Il fallait préparer l'opinion publique américaine au revirement. Les Etats-Unis et les Européens ont constaté que Vladimir Poutine tenait plus qu'ils ne le croyaient, à son alliance avec la Syrie.

Moscou a affirmé à ceux concernés, que les avions de l'Otan seront abattus au-dessus de la Syrie, en cas d'offensive.

Il s'est empressé de fustiger l'agression israélienne, avant même la réaction du Hezbollah. Il a affirmé que l'acheminement des armes russes à la Syrie se poursuit, même si «Israël» le craint.
Les informations font état de contacts directs entre la moitié des pays du Golfe et le commandement syrien. Seuls, le Qatar et l'Arabie Saoudite sont en pleine confusion. L'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa, réalise qu'il ne peut perdre la bataille, quel qu'en soit le prix. Mais il a dernièrement constaté que l'Iran a commencé à montrer ses griffes et que l'inquiétude occidentale des «jihadistes» armés est plus grande que leur inquiétude du régime. Il fallait donc communiquer avec Téhéran.

Les pays du Brics parlent d'une seule voie. Le président égyptien, Mohammad Morsi, a reçu un message lors de ses visites : Solution politique en Syrie et cessation de l'armement de l'opposition. Une attitude adoptée pareillement par l'armée et les services de renseignements égyptiens, selon des informations parvenues à Damas.

Là encore, une entente avec l'Iran est obligatoire. Aucun problème ne se pose si certains pays du Golfe s'indignent. Les medias saoudiens n'ont-ils pas lancé une campagne acerbe contre Morsi et les Frères Musulmans?

Le Qatar a tenté d'injecter des milliards de dollars dans le marché égyptien, dont l'achat de bons de trésors à une somme estimée à trois milliards de dollars. Ce fut vain. Le Caire a franchement annoncé que l'Iran fait partie de la solution en Syrie et non du problème. Les lignes aériennes entre l'Iran et l'Egypte sont actives, contrairement à ce que certains estiment.
L'armée syrienne profite de ce climat. Elle renforce le siège autour de la ville de Qousseir, avant de passer dans d'autres régions.

Un opposant syrien proche des rebelles armés déclare : «Tout le monde nous a abandonnés. Ils nous mentent tous. On nous donne des promesses au moment où les roquettes s'abattent sur nos têtes. Nous sentons qu'un compromis s'annonce. Nous n'avons que le choix de tomber en martyre ou de céder. Certains des commandants des rebelles ont entamé des contacts avec le pouvoir pour capituler. Ils nous ont tous trompés. On ne croit plus à personne».

Ce responsable a promis de se prononcer en public pour révéler ces faits, affirmant que de hauts responsables des rebelles partagent son point de vue.

Au sein de la Coalition syrienne, plusieurs personnalités s'expriment de même. Une aile considère que les Etats-Unis bluffent l'opposition syrienne. Cette aile refuse de participer au congrès de Genève par crainte d'un compromis à ses dépens.

Certaines parties régionales et internationales font redoubler ces craintes. Elles soulignent la nécessité d'une importante percée militaire réalisée par l'opposition, telle une opération d'envergure contre des postes militaires ou des figures syriennes. On rapporte que des pressions ont été exercées sur le mouvement Hamas pour hausser le ton contre le régime syrien. Ces pressions ont coïncidé avec une tentative d'une partie de Hamas de rétablir l'entente avec le Hezbollah et l'Iran et d'effectuer une lecture différente des évènements.
Aux yeux de l'occident, le Hamas n'est pas similaire aux Frères Musulmans, bien qu'il en fasse partie. L'opinion d'«Israël» est prise en compte, ce qui réduit l'horizon devant le mouvement islamique résistant, en dépit de toutes les promesses de ses nouveaux alliés.

Le panorama est désormais explicite. L'armée syrienne a décidé de poursuivre ses opérations décisives sur le terrain. Pas de négociations sérieuses avant que ne soit tranchée la situation sur plusieurs fronts.

Il se peut qu'Obama en personne soit favorable au changement des réalités sur le terrain afin de convaincre l'opinion publique d'une éventuelle transformation de sa position et de réduire son embarras devant l'opposition syrienne.

Par contre, certaines parties savent qu'elles ne peuvent perdre la bataille et s'emploieraient à entraver l'entente naissante entre la Russie et les États-Unis.

Qu'en est-il du Liban dans cet imbroglio?

Les responsables syriens résument la position syrienne en trois phrases : «Damas est aux côtés du Liban, de toutes ses composantes et ses communautés; mais n'admettra aucun complot ourdi par certains Libanais avec des pays arabes et la Turquie, dans le but de frapper la Résistance. L'alliance stratégique entre la Résistance et la Syrie et le baptême de sang ne permettent plus d'aventures ou de paris. Ce qui était admis dans le passé, ne l'est plus».
Est-ce un clin d'œil aux contacts effectués par certaines Libanais avec l'Arabie, le Qatar et la Turquie?

Le point de vue syrien à l'égard de l'émir Bandar Ben Sultan est connu. Mais la Syrie est plus flexible quant à l'Arabie Saoudite, surtout que les pourparlers iraniens avec Riyad sont en bonne voie.

Est-ce une allusion à Walid Joumblat, Saad Hariri et Samir Geagea?

En réponse à cette question, les responsables syriens rappellent une histoire connue par les Syriens, les Saoudiens, les Qataris et les Turcs. Selon cette histoire, la proposition de maintenir Saad Hariri au poste de premier ministre, depuis deux ans, provenait du Qatar et de la Turquie. Alors que l'Arabie avait informé les Syriens de son détachement. Une position similaire à celle de Damas.

Certains responsables syriens perçoivent des tentatives de parties saoudiennes et qataries, d'inciter des protagonistes libanais à l'escalade. Ils prévoient que ces tentatives se manifestent dans le processus de la formation du gouvernement et des législatives. Mais selon leurs propos, cette escalade ne sera pas de longue durée, puisque celui qui donne les ordres, peut les retirer d'après les circonstances.

La Syrie est-elle encore en mesure d'influer sur la scène libanaise?

Pas de réponse directe, mais un sourire narquois. «Notre alliance avec la résistance, le Hezbollah et certains leaders libanais, n'a jamais été aussi ferme. Ceux qui croient au contraire doivent réviser leurs calculs».

En plus, tout large consensus dans la région, n'aura pas lieu sans la participation des Etats-Unis, la Russie, l'Arabie, l'Egypte et l'Iran. La candidature de l'ancien président iranien aux présidentielles est-elle par pure coïncidence? Et ce qu'on dit sur les tractations en cours entre Washington et Téhéran, reflète-t-il la réalité?

Source : Assafir, traduit par : moqawama.org




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