Syrie: une résolution onusienne soutenant la rébellion... Des condamnations
Comme d’habitude, la communauté internationale pratique à son gré la politique de la carotte et du bâton. L’Assemblée générale de l’ONU a condamné mercredi «l’escalade des attaques menées par le régime syrien» et a reconnu l’opposition comme «un interlocuteur représentatif»!
Dans une résolution adoptée par 107 voix pour, 12 contre, dont la Russie, et 59 abstentions, incluant le Liban, sur les 193 membres de l’ONU, l’Assemblée «se félicite de la création de la Coalition nationale de l’opposition» et la qualifie «d’interlocuteur effectif et représentatif nécessaire à une transition politique».
Elle «note» que la Coalition bénéficie d’une «large reconnaissance internationale» mais ne va pas jusqu’à la présenter comme seul représentant légitime, comme l’ont fait les pays de la Ligue arabe.
Cette résolution non contraignante, préparée notamment par le Qatar, principal soutien de la rébellion syrienne, «condamne l’escalade continue des attaques de l’armée syrienne» et ses «violations flagrantes et systématiques» des droits de l’homme, ignorant les actes terroristes des rebelles.
Dimanche dernier, une vidéo violente a été postée sur Internet montrant un rebelle en train de manger le cœur d'un soldat syrien. Une barbarie choquante qui n’était pas même mentionnée dans ce texte!
Cette résolution de sept pages appelle à participer à une «transition politique» basée sur la déclaration de Genève du 30 juin 2012, qui prévoit un gouvernement de transition.
Concernant les voix, la Russie a voté contre, de même que la Chine, l’Iran, Cuba, la Corée du Nord et le Nicaragua. Le Liban, l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay, l’Inde, l’Indonésie et plusieurs pays africains (Afrique du Sud, Togo, Guinée) se sont abstenus.
Selon l’ambassadeur libanais auprès des Nations Unies, Nawaf Salam, l'abstention du Liban vient «conformément à la politique de dissociation», adoptée par le Liban depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans, «pour préserver l'unité et la stabilité de notre pays».
La Russie: une résolution «partiale»
Le représentant russe Alexander Pankin a vivement critiqué une résolution «partiale», affirmant qu’elle allait «encourager l’opposition à continuer de se battre» et compromettre les efforts américano-russes pour organiser une conférence internationale.
«Cette résolution sur la Syrie est irresponsable et non constructive. Elle aggrave la situation en Syrie et entrave les efforts internationaux pour mettre en œuvre la déclaration de Genève», a-t-il martelé, dans une allocution devant l'Assemblée générale des Nations Unies.
Pankin a ajouté que les auteurs de cette résolution n'avaient pas tenté d’examiner les moyens de résoudre politiquement le conflit en Syrie et ont ignoré non seulement la situation intérieure dans ce pays mais celle dans les pays voisins.
«Nous n'acceptons point l'adoption de la Coalition nationale des forces de l'opposition comme seule représentante légitime du peuple syrien», a-t-il souligné.
Il a indiqué que l'acceptation des résolutions adoptées par le sommet arabe à Doha en mai dernier «signifie la légalisation de l'armement des opposants».
Jaafari: une résolution qui aggrave la situation en Syrie
Pour sa part, l’ambassadeur syrien, Bachar Jaafari, a accusé «certains promoteurs du texte de ne pas vouloir un règlement du conflit mais un changement de régime» à Damas.
Il a affirmé que ce texte «vise à attiser la situation en Syrie et se contredit avec l'objectif noble représenté par l'interdiction de la provocation des conflits armés».
Dans une allocution devant l'Assemblée générale des Nations Unies lors d'une séance consacrée au débat sur le projet de résolution relatif à la Syrie, M. Jaafari a estimé que ce projet est un «antécédent très grave dans les relations internationales» et vise à «légaliser l'octroi d'armes aux groupes terroristes» en Syrie et à «reconnaitre une partie donnée de l'opposition extérieure» sous prétexte qu'elle est «la représentante légitime du peuple syrien», soulignant que cette partie «qui est en divergence et n'a aucun président, ne représente même pas les courants de l'opposition ni à l'intérieur ni ailleurs».
Le représentant syrien a évoqué le rôle dévastateur de la Ligue arabe, conduite par le Qatar, l'Arabie Saoudite et le nouveau membre, la Turquie, contre la Syrie, ajoutant que cette Ligue avait «accordé la légalité à la fourniture d'armes aux terroristes».
M. Jaafari a indiqué que ce projet de résolution n'avait pas «mentionné le mot de terrorisme».
«Les crimes barbares et les actes d'enlèvement, d'assassinat et de sabotage des lieux saints par les terroristes sont un exemple de ce qu'affronte la Syrie», a-t-il précisé.
Et de souligner: «Le gouvernement est sérieux et sincère dans la question du dialogue national global sous une direction syrienne avec les différentes composantes de la société syrienne et les forces politiques, y compris toutes les forces de l'opposition nationale intérieure et extérieure et les hommes armés qui reviennent à la raison et déposent l’arme».
«La vraie solution de la crise en Syrie ne sera que syrienne par excellence et sous la direction des Syriens eux-mêmes», a-t-il poursuivi.
M. Jaafari a abordé la profondeur de la corruption dans certains bureaux de cette organisation onusienne, soulignant qu'il y avait un courriel qui a été envoyé par l'ambassadeur de la Coalition au Qatar aux hauts responsables de ce secrétariat général. «Cet ambassadeur a donné les instructions au groupe terroriste surnommé "la Brigade des martyrs d'al-Yarmouk" pour kidnapper les éléments de la brigade philippine opérant dans le cadre de la FNUOD au Golan occupé», a-t-il révélé.
Il a précisé que l'ambassadeur de la Coalition à Doha avait géré le processus de négociation avec les ravisseurs des éléments de la brigade philippine au Golan occupé.
Source: Agences, édité par: moqawama.org