Un nouveau livre français sur le «printemps arabe» et les chambres noires
C'est une histoire de relation étroite entamée entre «Israël» et le Qatar depuis les années 90 du siècle dernier, sous le patronage des Etats-Unis et la France. Selon le livre français, «Doha, gouverné par l'émir Hamad qui a décidé en 1993 de vendre le gaz à l'entité sioniste, ne pouvait faire partie du cercle des amis de Washington, que par le biais de la relation directe avec Tel-Aviv».
Le bateau Loutfallah
Le livre renferme une série de renseignements, de secrets et d'interviews, dont une relative au bateau «Loutfallah» chargé d'armes destinées aux rebelles syriens et saisi par l'armée libanaise depuis un an.
«Avec le début du printemps syrien, la communauté internationale a fermé les yeux sur les bateaux chargés d'armes à partir du Qatar et de la Lybie et passant via le Liban vers la Syrie. Cependant, le trafic a augmenté de manière à inquiéter le Mossad israélien. Ce dernier s'est empressé d'y renseigner la Finul et l'armée libanaise. De ce fait, le bateau Loutfallah fut intercepté le 27 avril 2012, au large des côtes libanaises. Ce fut un avertissement à Doha pour mener ses opérations en secret et réduire son soutien aux «jihadistes». Tout le monde a découvert que le Qatar avait aidé ces «jihadistes» par des conseillers, dont Abdel Karim Belhaj, ancien leader d'Al-Qaïda, devenu plus tard un des responsables politiques en Libye».
Le livre écrit par deux célèbres journalistes d'enquête français, Jacques-Marie Bourget et Nicolas Beau, a révélé que «depuis l'ouverture à Doha d'un bureau de représentation diplomatique israélien, la capitale qatarie s'était habituée à recevoir Shimon Peres et Tzipi Livni, présidente du parti de droite, Kadima. Cette dernière trouvait du plaisir à faire du shopping dans les grands magasins climatisés et à visiter le palais du prince».
Selon le livre, le premier ministre qatari, cheikh Hamad Ben Jassem, en pleine concurrence avec le prince héritier cheikh Tamim, n'est guère un sympathisant des Palestiniens. Les deux auteurs rapportent les propos d'un homme d'affaires proche de Ben Jassem, selon lesquels ce dernier avait un jour crié en regardant des responsables palestiniens à la télévision : «Ces imbéciles nous agaceront-ils longtemps?»
«Al-Jazeera» une idée juive
Les deux auteurs évoquent les raisons qui furent derrière la fondation de la chaine satellitaire Al-Jazeera, ou «la télévision qui possède un Etat», comme ils la nomment.
«Contrairement à ce qu'on dit, le lancement de la chaine Al-Jazeera n'était pas l'idée ingénieuse de l'émir Hamad, bien qu'il soit un homme intelligent. La chaine fut le résultat naturel de l'assassinat du premier ministre israélien Isaac Rabine en 1995. En effet, au lendemain de l'assassinat, les deux frères juifs français, David et Jean Freedman, ont déployé des efforts pour relancer le processus de la paix entre «Israël» et la Palestine... Ils ont contacté leurs amis américains membres de l'AIPAC, qui avaient aidé l'émir du Qatar à renverser son père. Ils lui ont proposé la fondation de la chaine télévisée et de soutenir leurs efforts.
Cheikh Hamad fut enthousiaste à l'idée, qui sert ses parrains d'une part et ouvre les portes du monde arabe à «Israël» de l'autre... ».
Les deux auteurs précisent que l'émir a été convaincu par l'idée des deux juifs, avant de les écarter, à la suite des accusations de Riyad à son encontre de vouloir fonder une chaine télévisée juive.
Parmi les importantes informations citées par les deux auteurs, la nomination du libyen Mahmoud Jibril comme conseiller et puis important responsable du projet. À rappeler que Jibril est devenu après 15 ans, le président du Conseil transitoire en Lybie. Ce fait prouve que l'objectif de la chaine était de changer la donne au Moyen Orient.
«Le printemps» une fabrication occidentale-qatarie
Mahmoud Jibril n'est pas le seul pion américain sur la scène du «printemps arabe», évoqué par les deux auteurs français. Les informations publiées dans le livre sont tellement dangereuses, qu'elles suscitent le doute autour de tous les évènements des deux dernières années.
L'histoire a commencé depuis des années. Les Etats-Unis avaient décidé de transformer le monde arabe par le biais des révolutions douces, via les médias sociaux.
En septembre 2010, la compagnie Google a organisé «le forum de la liberté de l'internet» à Budapest. Au lendemain de ce forum, la secrétaire d'état américaine Madeleine Albright a lancé «le réseau des bloggeurs du Maghreb et du Moyen Orient». Une série de forums se suivirent au Qatar, sous le thème des «nouvelles démocraties». Bill Clinton, sa fille et Condolizza Rice avaient pris part à un de ces forums, tenu en 2006. C'est alors qu'un document secret intitulé «les projets pour le changement dans le monde arabe», fut convenu. A la base de ce document, le gendre de cheikh Youssef Qaradaoui, l'Egytien Hicham Morsi, a fondé «l'Académie du changement». Cette fondation regroupe un nombre de bloggeurs et de Hackers.
En décembre 2012, fut lancée l'opération «Tunisie», dirigée directement à partir des Etats-Unis.
Dans le contexte du «printemps arabe», les deux auteurs citent le nom de «Gene Sharpe», initiateur de l'idée de «la révolution sans violence». Une révolution basée sur l'internet et «la vidéo de l'insurrection», laquelle retransmet des séquences, même fabriquées, dans le but de susciter la sympathie du public. Sharpe est le fondateur de «l'institut Einstein», supervisé par les Services de renseignements américains. Il est assisté par le Serbe Bobovitch, activiste dans le contexte des révolutions de Géorgie et d'Ukraine.
Sharp recevait dans son institut les apprentis envoyés par le Qatar et les Etats-Unis. Dans cet institut, fut entrainé Mohammad Adel, membre de «l'Académie du changement» de Qatar et principal héros du printemps arabe en Egypte.
Les deux auteurs expliquent les méthodes de la fabrication dans les médias. Ils donnent des exemples concrets, dont, les images des cormorans, tués selon les medias américains en 1991 par le mazout du président irakien. Alors qu'en vérité, ces images étaient relatives au naufrage du pétrolier Torrey Canyon, au large des côtes britanniques.
Le livre fait état d'informations dangereuses sur l'occupation de la Lybie et le meurtre de Mouammar Kadhafi. Il pose des interrogations et des doutes autour du meurtre de trois des personnalités au courant de «la générosité excessive de Kadhafi» à l'égard de l'ancien président français Nicolas Sarkozy. Parmi ces figures l'ex-ministre du Pétrole, Chukri Ghanem, mort noyé en Suisse.
Des énormes intérêts financiers étaient derrière la guerre en Lybie, dont les dépôts financiers de Kadhafi au Qatar et le désir de cet émirat de se substituer à Kadhafi en Afrique, nouvelle scène des opérations financières, politiques et sécuritaires qataries, sous des prétextes humanitaires.
Les deux auteurs n'omettent pas de relater, avec quelque moquerie, la fureur de Sarkozy contre Kadhafi, pour avoir tenté de séduire sa première épouse Cecilia, lors de sa visite en Lybie pour libérer les infirmières bulgares, accusées par les autorités d'avoir sciemment transmis le virus du Sida à 426 des enfants libyens. Ils signalent un incident similaire avec l'épouse de l'émir du Qatar.
Bien que Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget aient détaillé l'ampleur des investissements qataris en France, expliquant comment les responsables qataris avaient soudoyé la majorité des politiciens, les deux auteurs signalent un début d'irritation française à cause de la découverte des réseaux de financement qatari aux «jihadistes» et terroristes au Mali et ailleurs.
En effet, les énormes intérêts financiers du Qatar en France ont permis à cet émirat de contrôler la décision française. L'épouse de l'émir du Qatar, Mozah, avait même sauvé de la faillite une célèbre usine française, située dans la circonscription électorale du président français François Hollande. Toutefois, des changements dans l'attitude française pointent dans l'horizon. Hollande, a évité de se rendre à Qatar, lors de sa première visite à l'étranger, durant laquelle il s'est rendu en Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis.
Le livre évoque un exemple qui illustre les transactions politico-financières. Il relate que la compagne du président français avait offert à l'épouse du président américain un sac de la marque «Le tanneur», produite par l'usine sauvée par l'épouse de l'émir qatari ; Ce qui a provoqué une hausse des ventes de cette usine.
Qaradaoui s'était-il rendu en «Israël»?
Les deux auteurs ont rencontré durant la rédaction du livre, des dizaines de figures françaises, américaines et arabes, dont l'ancienne épouse de cheikh Youssef Qaradaoui. Cette dame algérienne, devenue membre du Parlement algérien, a déclaré : «Je considère que Qaradaoui est un moyen de pression. Il avait secrètement visité Israël en 2010 et puis il a reçu un certificat d'appréciation du Congrès américain. Ce qui me confirme qu'il est un collaborateur, c'est que son nom ne figure pas à la liste des «persona non grata» aux Etats-Unis».
On prévoit que le livre suscite un tollé en France et à l'étranger. C'est l'un des livres disponibles dans les librairies françaises, écrits dans le but de révéler les dessous de plusieurs décisions politiques prises par le Qatar et la France, sur fond de grands intérêts financiers. Ces livres exposent, en outre, le projet dangereux derrière le printemps arabe.
L'argent a prévalu sur les éthiques politiques en France durant les dernières années. N'est-ce pas une infortune pour le pays de la liberté, de la fraternité et de l'égalité ?
Source : Assafir, traduit par : moqawama.org