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La disparition forcée dans les prisons de l’Arabie Saoudite

La disparition forcée dans les prisons de l’Arabie Saoudite
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Plusieurs informations circulent sur de jeunes détenus dans les prisons saoudiennes, à cause de leurs avis ou activités politiques. Certains sont libérés après plusieurs ans, alors que d'autres disparaissent dans les ténèbres des cellules des prisons. Ceux-là demeurent des inconnus et rares sont ceux qui peuvent raconter comment un homme est arrêté dès son arrivée dans un pays «frère», juste pour avoir exprimé un point de vue opposé à la politique de ce pays.

Khaled Natour, jordanien d'origine palestinienne, fait partie de cette catégorie. Il a été détenu durant trois mois, par les services de renseignements saoudiens, dans une conjoncture mystérieuse. Il a été enfin libéré, sans qu'il ne sache la cause de son arrestation. Il estime que selon les questions posées durant les interrogatoires, ce serait à cause de sa participation aux mouvements de protestation contre la participation des gendarmes jordaniens au «Bouclier de la péninsule», à Bahreïn et au Koweït.

Depuis trois semaines, Khaled Natour est rentré en Jordanie, au terme de trois mois de détention en Arabie, à laquelle il s'était dirigé en visite de travail.

Khaled, dont les proches avaient exercé des pressions sur les autorités jordaniennes, et via des organisations internationales de droit, telle Amnesty international et Human Rights Watch, n'a pas encore fait de déclarations publiques sur les raisons de son arrestation.

Le quotidien libanais Al-Akhbar l'a contacté pour tenter de faire lumière sur l'affaire.
Il a raconté : «je suis arrivé à l'aéroport du Roi Khaled à Riyad, le 6 janvier dernier, en compagnie de quelques collègues. J'étais envoyé en visite de travail par la compagnie au compte de laquelle je travaille et ayant des branches à Amman et à Riyad. Dès mon arrivée, on m'a arrêté, sans préciser les causes».

«Au second jour, j'ai compris que j'étais détenu par les services de renseignements saoudiens, toujours sans savoir la cause, qui demeure inconnue jusqu'à l'heure actuelle. Durant ma détention, je n'ai pas été déféré devant un procureur général ou une autorité judiciaire».

«On m'a interdit de communiquer avec mes parents ou avec le personnel de l'ambassade jordanienne, voire avec quiconque hors de la prison. Je suis resté longtemps sans savoir le lieu où je me trouvais. J'ai été isolé durant un mois, avant que l'on me transporte à des cellules collectives. Lors des interrogatoires que je subissais on citait mes activités en Jordanie, dans le contexte des manifestations réclamant le retrait des gendarmes jordaniens du Koweït et de Bahreïn. Ce fut probablement la cause de mon arrestation. C'était inconcevable. Même mes compagnons de prison le pensait aussi».

Interrogé s'il avait subi la torture physique, Natour l'a nié, précisant toutefois avoir été insulté par quelques militaires.
«Mais le fait d'être interdit de communiquer avec le monde extérieur durant 90 jours, constitue une torture morale, surtout que mes parents ignoraient si j'étais vivant ou mort, au moment où les autorités compétentes ne répondaient pas à leurs questions. En fin de compte j'ai cru que je ne serais jamais libéré».
«J'ai par la suite compris que les pressions populaires ayant attiré l'attention sur mon affaire les ont poussés à me libérer».

Natour a affirmé avoir assisté à trois séances d'interrogatoire et rencontré après un mois et demi de détention, une délégation représentant le comité saoudien pour les droits de l'homme, relevant du ministère de l'intérieur. Ce comité s'était enquis des conditions de sa détention ou s'il avait des demandes à avancer. Elle lui a permis de contacter ses proches, l'ambassade de son pays et d'accélérer la procédure judiciaire. Cependant, rien de tel n'a eu lieu jusqu'au moment de sa libération.

«Lorsque je me rappelle de la période de ma détention, relativement courte en comparaison avec celle d'autres détenus jordaniens, saoudiens ou arabes, je déplore la situation de ceux-là qui subissent une grande injustice, sans faire l'objet d'actes d'accusation ou de procès. Les étrangers y sont délaissés par leurs pays d'origine, ce qui encourage les exactions commises à leur encontre. Personnellement, je n'ai ressenti aucun effort diplomatique déployé en ma faveur. Par contre, les pressions populaires ont abouti à ma libération au terme de trois mois de détention», a conclu Khaled Natour.

Source : Al Akhbar, traduit par : moqawama.org

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