Le Liban prendra-t-il part au sommet de Doha en présence de Hitto ?
Le gouvernement en place est confronté à plusieurs crises qui s’ajoutent aux tensions de sécurité. Parmi ces crises, la question de la grille des salaires, la mise en place du comité de supervision des législatives, la situation aux frontières libano-syriennes dans un contexte d’accusations réciproques et enfin, le sommet arabe prévu le 27 et 28 mars.
La participation du Liban au sommet arabe de Doha est une question délicate, en raison des indices parvenus à un haut responsable libanais, sur une orientation arabe sérieuse pour accorder le siège de la Syrie au sommet à Ghassan Hitto, élu par l’opposition syrienne comme chef du gouvernement transitoire syrien, par un soutien turco-qatari.
Ce haut responsable libanais estime que, le gouvernement qui tentait depuis le début de la crise syrienne, de prouver son engagement dans la politique de dissociation, sera placé entre le marteau et l’enclume, si l’opposition syrienne occupe le siège de la Syrie au sommet arabe.
En cas de la participation du Liban au sommet, comme affirme le haut responsable, la scène libanaise interne en souffrira des répercussions tout comme ses relations avec la Syrie, surtout qu’une telle participation représentera une reconnaissance libanaise de la légitimité de celui qui occupe le siège de la Syrie et donc, la déclaration d’une position hostile à la Syrie, ce qui torpillerait la politique de dissociation.
D’une autre part, la non-participation au sommet de Doha, signifie, selon le responsable politique, saper la relation du Liban avec les pays arabes, notamment avec ceux qui sont enthousiastes à la guerre contre la Syrie, et surtout les pays du Golfe. Ces derniers ne comprendront pas la démarche libanaise, et la considèreront comme une sortie de l’unanimité arabe. Ce fait pourrait entrainer des suites politiques, financières et économiques contre le Liban, lesquelles complèteront la mise en garde des pays du Golfe, sur la prise des mesures contre 600 mille Libanais expatriés dans le Golfe.
Devant le défi de la participation ou non, plusieurs questions se posent :
-Le Liban officiel sera-t-il exposé, de nouveau, au test d’enfreindre la politique de dissociation et donc de prendre parti dans la crise syrienne, au moment où sa neutralité est louée par les parties arabes internationales, l’encourageant à tenir à cette politique ? Dans ce contexte, le prince héritier de l’Arabie Saoudite, Salmane Ben Abdel Aziz, avait indiqué au Premier ministre que « nous comprenons le génie des Libanais qui conçoivent des termes, telle la dissociation, qui vous prémunit de la polarisation ».
Comment serait-il possible de coïncider entre la dissociation et l’éventualité de la participation au sommet ou de s’excuser ?
-Le Liban pourra-t-il participer à un sommet qui consacre l’opposition syrienne, à l’ombre du clivage politique interne ? Et que restera-t-il de la politique de dissociation si la participation libanaise assure la couverture à une transgression, sans précédent, de la charte de la Ligue arabe ?
-Le Liban pourra-t-il assumer les retombées d’une telle démarche, au niveau de la situation aux frontières libano-syriennes, à l’ombre notamment de l’avertissement syrien et de l’échange de réponses entre les deux gouvernements libanais et syriens ?
-Le Liban est-il en mesure de participer au sommet et d’ignorer la présence de Ghassan Hitto ? Et si cela aurait lieu, la participation du Liban ne serait-elle pas une reconnaissance indirecte du gouvernement transitoire et de son chef ?
-Le Liban pourra-t-il prendre part au sommet et y annoncer son refus de la suspension de la Syrie de la Ligue arabe, sachant qu’une querelle avait eu lieu avec le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, depuis quelques jours au Caire, lorsqu’il avait appelé les ministres arabes des AE à restituer à la Syrie son siège au sein de la Ligue ?
-Le président de la République, Michel Sleiman, est-il conscient de la position délicate du Liban face aux décisions qui seront prises dans le sommet ? Et prendra-t-il en compte la scène libanaise interne et les relations libano-syriennes qui traversent une période difficile ? Ou tiendra-t-il compte des positions de certains pays arabes qui contrôlent la décision arabe à l’heure actuelle ?
Le haut responsable libanais estime que le Liban est placé devant deux choix amers. Le premier consiste à créer une formule magique qui prémunit le Liban de toute réaction arabe, syrienne ou des composantes essentielles du Liban. Alors que selon le second choix, la meilleure solution pour éviter les dangers, serait de ne pas participer au sommet.
Source : Assafir, traduit par : moqawama.org