Assad à ses visiteurs : Nous menons le dialogue selon nos propres conditions
Lorsque l’opposant syrien Haytham Mannaa avait haussé le ton contre les combats militaires absurdes, affirmant que ce qui se déroule en Syrie était une guerre et non une révolution, ces déclarations furent des indices sur le désespoir face à la situation. Elles confirment aussi ce à quoi appelait cet opposant depuis le début de la crise syrienne. «La solution politique pacifique et le dialogue sont le seul choix en Syrie».
Le moment du dialogue est-il venu?
Selon les informations, la chute de la région Rekkah dans les mains de l’opposition, n’a guère affecté le morale du régime. Le président Bachar Assad affirme toujours à ses visiteurs que «le combat est de longue durée, puisque nous combattons contre le terrorisme, face auquel toutes les forces du monde ont échoué. Mais la situation est désormais meilleure sur le plan politique et militaire».
Dans les détails, les expertises de l’armée ont avancé face aux mouvements des rebelles. L’armée adopte actuellement une nouvelle stratégie, consistant à choisir le lieu et le timing de la bataille, sans y être entrainé. Ce fait a empêché la dispersion des forces militaires, contribué à cerner un certain nombre de zones chaudes et a limité le mouvement des groupes armés dans des régions qu’ils projetaient agresser. Les méthodes de brouillage des télécommunications ont changé. Les dispositifs de surveillance se sont développés. Les opérations militaires sont devenues plus efficaces. Des changements essentiels sont survenus dans la structure des services de renseignements et militaires. La coordination avec certains alliés, lesquels ont fourni des expertises dans plusieurs domaines, a été approfondie. Les comités populaires qui se transforment progressivement en force paramilitaires, ont contribué à la protection des zones desquelles se retire l’armée syrienne.
La Russie est prête à combler tout manque dans les équipements militaires.
Le Hezbollah et l’Iran ont fourni les expertises qui ont contribué à la protection des sites religieux, tel le mausolée Sayyeda Zeinab et les villages lesquels étaient cibles d’agressions. A Damas, on parle de coopération en matière d’expertises et non de combattants.
Sur le plan militaire, des changements significatifs ont lieu aux frontières. La Jordanie est engagée dans la coopération sécuritaire. Le roi Abdallah II considère qu’une partie de la bataille en Syrie contre Al-Qaïda et le front Al-Nosra, constitue une bataille jordanienne. Un échange de renseignements a eu lieu récemment, ce qui a permis de tuer un certain nombre des leaders et des membres de ces deux organisations. Dans la dernière opération, fut tué le chef du front Al-Nosra à Homs, Abou Ali Joulani.
La Jordanie tente d’avancer sur un terrain miné; ce pays combat d’une manière indirecte auprès de l’armée syrienne pour battre Al-Qaïda, d’une part, et coopère avec les Renseignements occidentaux et américains d’une autre, dans le contexte des plans prévoyant toutes les éventualités de la situation syrienne.
Encore plus d’une mise en garde
Avec le Liban, la question semble plus compliquée. Des mesures ont été prises dans les derniers mois, en vue de limiter le mouvement des groupes armés. Certaines de ces mesures ont réussi, d’autres ont échoué. Il est apparu que des parties politiques et sécuritaires libanaises avaient d’autres projets. Des informations à la disposition de Damas font état d’une dangereuse opération via les frontières. Les responsables syriens ont concordé ces renseignements avec des visites effectuées par des responsables libanais en Arabie Saoudite et au Qatar. Il fallait renforcer la surveillance. Les autorités syriennes détiennent des comptes rendus précis sur des réunions tenues dans les pays du Golfe. Ils connaissent parfaitement ce qui a été dit durant les entretiens de six heures, ayant eu lieu entre le député Walid Joumblat et l’émir Bandar Ben Sultan. Ils connaissent la teneur des pourparlers entre les responsables qataris et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. Ils savent les détails du contact téléphonique entre Wi‘am Wahhab et le député Joumblat, durant lequel ce dernier avait exprimé son ressentiment face à la position de certains Druzes de Soueida à l’égard de Deraa et comment, au paroxysme de la colère, il a menacé de condamner à mort, l’officier Issam Zahreddine, un des plus importants officiers druzes hostiles aux rebelles.
Certaines de ces informations concernent les rencontres entre les hauts responsables libanais et les dernières délégations américaines venues au Liban. Le mot de passe a été donné pour l’escalade. Un des pôles des forces du 14 Mars a fait parvenir cette information.
Tous ces faits ont poussé le commandement syrien à agir à deux niveaux: Publier, en premier lieu, la teneur du message diplomatique de mise en garde, annoncée par l’ambassadeur Ali Abdul Karim Ali et transmis au ministère des AE, et puis lancer un avertissement plus clair, envoyé via d’autres canaux, n’excluant pas la possibilité de frappes menées par l’armée syrienne contre des combattants ou des «djihadistes» qui pourraient menacer le territoire syrien. Le Liban nord et la Bekaa en seraient notamment la scène, ainsi que d’autres régions.
Des Libanais, dont des personnalités hostiles au régime, ont repris leur contact avec les responsables syriens. Ils tentent de sonder leur attitude à la veille des prochaines législatives. Des signes positifs sont parvenus à Damas de la part de ces parties, notamment à la suite de la visite du patriarche maronite le cardinal Béchara Boutros Raï.
Avec l’Irak, la situation est meilleure
La coopération sécuritaire avec l’Irak est en bon état. Le climat a radicalement changé avec les attaques lancées contre le Premier ministre Nouri Maleki. Ce dernier a pressenti que la bataille entre deux axes dans la région, l’a placé dans le tandem Iran-Syrie-Hezbollah. En début de la crise syrienne, des voix irakiennes affirmaient que la Syrie méritait sa crise à cause de son rôle dans le passage d’Al-Qaïda en Irak. A l’heure actuelle, on renforce le contrôle des frontières. Les patrouilles se multiplient. La coopération entre les services de renseignement est active. Le climat international la favorise, puisque le spectre d’Al-Nosra prévaut, surtout que l’organisation Al-Qaïda frappe avec force dans la profondeur de l’Irak.
La Grande bataille
D’autres informations affirment que l’armée syrienne a préparé des plans précis pour faire face à de grandes batailles qu’elle subirait ou qu’elle lancerait. Rares sont les détails connus sur ces préparatifs. Mais il est indéniable que Damas est immunisée plus que jamais. Des attentats à l’explosif peuvent y avoir lieu, à tout moment. Des kamikazes pourraient attaquer des sites militaires ou gouvernementaux, en dépit des remparts cimentés qui entourent les bâtiments publics. Mais la grande bataille de Damas est dorénavant quasi impossible. Un plan minutieux de confrontation a été élaboré, alors que la chute de Homs dans les mains de l’armée est prévue, après la prise de la décision politique à ce titre. Homs est une ville charnière dans la stratégie du régime. Il est impossible qu’une seule parcelle de cette région demeure entre les mains des rebelles.
Alep est aussi dans la ligne de mire du régime. La grande bataille y attend l’éclaircissement de l’horizon politique entre les Américains et les Russes. Le prix de cette bataille serait cher, mais le commandement syrien répète toujours ce qu’il avait dit à propos de Baba Amro: «Lorsque nous voulons entrer dans une région, nous le faisons. Nous attendons toutefois la décision politique. Et Puis nous ne voulons pas contrôler une région et la laisser ensuite en proie aux groupes armés. La nature des combats a changé».
On parle d’une bataille décisive. Des rumeurs circulent sur des surprises militaires. Pas de confirmation. Les visiteurs d’Assad rapportent que: «Nous menons une bataille féroce contre le terrorisme et une autre face à ceux qui soutiennent les rebelles. Nous sommes conscients du fait que la fin de la guerre n’est pas imminente. Mais nous sommes déterminés à aller de l’avant, afin de mettre fin à ce phénomène étranger à notre société».
Le dialogue politique est important, mais…
Les visiteurs du président Assad ajoutent en rapportant ses propos : «Nous n’avons jamais fermé la porte au dialogue et nous ne le ferons pas. Mais nous devons savoir avec qui dialoguer? Et quelles en sont les bases? Quelle est la partie avec laquelle nous dialoguerons ? Nous observons chaque jour que l’opposition se divise en raison des différends. Chaque partie se dit en faveur d’un fait et puis s’y oppose. Qu’ils se mettent d’accord et puis on verra. Pour notre part, nous avons entamé un dialogue avec des opposants de l’intérieur, ce qui a abouti à des résultats positifs. Nous avons avancé un projet global pour les réformes et sommes prêts à le discuter. Nous avons affirmé que les portes de la Syrie sont ouvertes à tous, sauf aux terroristes que nous combattrons jusqu’au bout».
Certains, non nécessairement alliés au régime, approuvent cette orientation.
Le président Assad réitère ces propos devant plusieurs visiteurs: «Nous dialoguerons avec ceux qui le veulent, à l’exception des terroristes, mais à partir de nos constantes. Nous ne tolèrerons pas des conditions imposées. Nous l’avons affirmé depuis le début de la crise et les faits montrent que nous avions raison. Même les autres sont conscients que notre position était sérieuse».
D’après ses propos, Assad semble dire que l’ouverture de Damas au dialogue, ne doit être comprise comme étant un signe de faiblesse. Le président considère toujours que l’État est le plus fort et que l’armée est la plus consistante. Il explique même que selon la situation régionale, la condition de la Syrie serait meilleure, en dépit de la guerre.
Voilà l’Égypte qui traverse une période difficile et est censée plonger dans un conflit qui l’éloignera de tout rôle régional central. Et voici la Tunisie, submergée par ses différends, le Golfe qui se débat contre les Frères Musulmans, l’Arabie qui se dirige vers l’inconnu et le Qatar qui traverse une période d’interrogations intérieures autour de la succession au pouvoir et qui fait face à une opposition grandissante, à l’issue des informations divulguées sur ses relations avec les «djihadistes» de Mali, de Lybie et de la Syrie. Alors que la Turquie, cherche à sauver la face après son implication aveugle en Syrie. Elle est prête à toutes les concessions possibles, voire en faveur du PKK et de son leader Abdallah Ocelan, en vue d’améliorer son image. Selon le point de vue syrien, cette image ne pourra guère s’améliorer.
Poutine, un allié inflexible
Assad, cité par ses visiteurs, affirme que l’alliance avec la Russie est désormais dans sa meilleure étape. «Tous appuient à l’heure actuelle le rôle russe», a-t-il dit. Il a souligné que la position de Moscou était constante depuis le début de la crise. La Russie avait souligné dès le premier jour, la nécessité de cesser le flux des armes à partir des pays du Golfe, de la Turquie et de certains pays occidentaux. Elle a appelé au dialogue politique et affirmé qu’Assad ne sera guère renversé. Deux ans se sont écoulés, pour que toutes les parties arrivent au même constat. Certains estiment que la position de Moscou était provisoire et pouvait être influencée. Le président russe, Vladimir Poutine, a subi plusieurs tentations. Il les a tous refusées. Il est déterminé à jouer un rôle international et à rétablir l’équilibre dans un monde unipolaire.
Durant la prochaine période, la position russe sera plus nette. L’envoi des navires militaires à la Méditerranée s’est accéléré. Les signes militaires russes sont clairs. Toute opération militaire pour renverser Bachar Assad par la force sera confrontée par une riposte militaire. Il se peut que ces propos soient un genre d’exagération, mais la politique de dissuasion activée par Moscou, laquelle a transformé l’est de la Méditerranée en siège pour ses navires de guerre, les confirme.
Certains Syriens rappellent la période du déploiement des missiles russes à Cuba, en 1961, puis la crise des missiles syriens dans la Bekaa en 1981 et la position des soviétiques en 1983, pour dire, que Moscou n’hésitera pas devant la prise de mesures diplomatiques ou militaires, car elle considère que la bataille de Damas est la sienne, sur la scène internationale.
Le rapprochement américano-russe
Le rapprochement américano-russe est de bonne augure. Les premiers entretiens entre les deux parties ont rassuré le régime syrien. Selon les analyses, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui avait visité Damas à sept reprises et était proche au président syrien et à son épouse Asma, n’est pas un amateur en politique. Lorsqu’il déclare en public la nécessité de la participation d’Assad à la conférence du dialogue avec l’opposition, cela signifie qu’il reconnait le rôle d’Assad. Cette reconnaissance est importante parce qu’elle contredit les propos de Obama depuis un an et huit mois, sur la nécessité du départ d’Assad, comme condition préalable à la solution. Peu importe ce qu’a précisé la porte-parole des AE Victoria Noland, sur la signification des déclarations de Kerry, «voulant plutôt parler de représentants du régime et non d’Assad en personne». Kerry n’est pas du genre qui ferait un lapsus. C’était une des conditions posées par la Russie, en contrepartie aux déclarations du ministre syrien des Affaires Étrangères, qui avait affirmé depuis Moscou, que les portes de Damas sont ouvertes à tous, y compris aux rebelles armés, pour participer au dialogue.
Assad n’a point confiance en le rôle américain. Il comprend que les plans américains et occidentaux ne diffèrent pas de la position de principe selon laquelle il est nécessaire d’affaiblir les pays de la confrontation et renforcer les pays alignés sur les États-Unis, en vue de protéger «Israël» et de cerner l’Iran.
En outre, le président syrien a la conviction que les Américains ont compris, à la suite de deux ans de conflit, que l’armée syrienne est désormais plus puissante et qu’ils ont échoué à convaincre aucun fonctionnaire du corps diplomatique, de faire défection.
Les Américains se sont trouvés devant une vague de terrorisme, contre laquelle Assad avait personnellement mis en garde, depuis les premiers mois de la crise.
Une solution comprenant des ententes préliminaires entre l’opposition, regroupant toutes les factions (pour réduire l’emprise des Frères Musulmans), et les représentants du pouvoir, serait acceptable, mais il faut que la position soit claire à l’égard du terrorisme.
Un accord autour d’une période transitoire et d’un gouvernement élargi serait aussi toléré, mais à condition que la politique du gouvernement et sa stratégie soient claires à l’égard du conflit avec «Israël» et de la laïcité de l’État.
Il serait de même admis que le peuple syrien décide s’il voulait Assad comme président ou pas. Mais ce choix doit se faire par le biais des élections. Quand? À l’issue du mandat du président.
Ce fait semble être une ligne rouge pour le commandement syrien.
Ce dernier envoie des signes positifs à des opposants syriens à l’étranger, dont, pour exemple, Haytham Mannaa, président du comité de coordination syrienne à l’étranger. L’homme est patriotique, fidèle à son pays et veut faire cesser l’effusion de sang. Il croit à l’État laïque. Mais l’opposition modérée serait-elle influente sur le terrain, si les négociations sont menées avec elle?
Il faudrait mettre en place une formation opposante, ayant une politique claire. Puis le dialogue sera envisagé. Haytham Mannaa joue un excellent rôle dans ce contexte. Le courant de l’Édification de l’État le fait aussi. Les Russes fournissent des efforts à ce titre, en coopération avec les Américains et les Iraniens. Rien n’empêche que l’Arabie Saoudite joue un rôle à ce propos. Mais jusqu’à ce moment, le Qatar est encore impliqué dans l’envoi des armes. Des informations prédisent que l’émir Mokren serait le prochain monarque. Cet homme entretient des relations avec Damas. Le général Ali Mamlouk, président du bureau de la Sécurité nationale l’avait rencontré à l’apogée de la crise syrienne en Arabie Saoudite, lors de son passage au Golfe.
Alors que le Qatar, demeure le véritable ennemi, selon le commandement syrien. Ce pays fait partie d’un grand jeu. Pourquoi il n’y a aucune riposte à son encontre? La réponse syrienne est constante: «Nous savons que toux ceux-là sont annexés à la décision américaine. Lorsque cette dernière sera modifiée, la leur le sera».
L’Iran et le Hezbollah sont au cœur des propos positifs syriens: Ce sont des alliés fidèles. Téhéran dont les pourparlers avec l’occident paraissent avancer, inscrit le dossier syrien à l’agenda de toutes ses activités.
Il est conscient que sa propre bataille, tout comme Moscou, se déroule actuellement à Damas. Cet axe qui s’étend de Beyrouth jusqu’aux pays du Brics, est essentiel dans le changement des équations internationales.
En parlant des alliés, des amis et des positions constantes, les Syriens évoquent plusieurs personnalités libanaises, dont, Emil Lahhoud, Sleiman Franjieh, Talal Erslan, Michel Aoun. Mais Sayed Hassan Nasrallah est toujours la base. Son soutien ne se limite guère aux déclarations.
Ce panorama est-il réaliste?
Les rebelles armés sont partout, le front Al-Nosra a réussi plusieurs percées, l’État a été atteint en son cœur, et la situation économique est mauvaise…
«Ces faits sont vrais, mais notre situation est meilleure et ne peut être assimilée à celle de ceux qui combattent l’État sur sa scène ou à l’étranger, ou à celle de leurs alliés». C’est ce que souligne Assad selon ses visiteurs. Il dit aussi que plusieurs parties ayant soutenu les rebelles, appellent ces-jours-ci au retour de l’État, au milieu d’émirats islamistes déclarés en Syrie.
Les analyses abordent les divergences européennes et les positions françaises et britanniques «suspectes». De ce fait, le régime syrien n’écarte aucune possibilité, y compris «certains aventures militaires qui aboliront les contraintes imposées au conflit, puisque ce dernier débordera sur le voisinage, pour que plusieurs autres y prennent part». La position de la France et de la Grande Bretagne ne peut être interprétée qu’en étant une «faillite politique», due à l’incapacité de faire chuter le régime par la force. La Syrie, n’est guère la Lybie.
La lecture syrienne du conflit est très confiante. Mais au moment où l’armée syrienne est confrontée au front Al-Nosra, le sort de tout ce qui a été dit devient tributaire de l’équilibre de la force sur le terrain. Certains jugent qu’il faut à tout prix, affaiblir le régime dans une bataille décisive, pour en récolter des concessions. Les yeux sont braqués sur Damas. Chaque partie se renforce, puisque la réussite d’une solution politique quelconque nécessite toujours une opération militaire de grande envergure…C’est là où réside la tragédie actuelle de ce pays, à l’ombre des propos sur l’augmentation de l’armement de l’Armée syrienne Libre, en vue de récupérer l’initiative, de la main du front Al-Nosra et de changer les règles du jeu…Un fait extrêmement compliqué, à la lumière de la montée en puissance du bras de fer de l’armée et des forces paramilitaires.
Rien ne reflète une fin imminente de la bataille…
La rencontre Obama-Poutine prévue prochainement renforcera un des deux choix: Négociations politiques ou escalade dangeureuse.
Source : Assafir, traduit par : moqawama.org