Les chefs des groupes armés de Tripoli s’insurgent contre le Futur : Nous voulons le calme!
La situation s’est renversée à Tripoli. Les chefs des groupes armés de Bab-Tebbené se sont unis, mais non en face de Jabal-Mohsen, cette fois-ci. Ils ont annoncé une insurrection contre «la classe politique et la provocation confessionnelle», lesquelles détruisent Tripoli. Ils en ont ras le bol. La première victime fut la principale personnalité de la branche armée du courant du Futur au Liban et au nord : le général à la retraite Amid Hammoud. Les chefs des groupes armés ont réclamé son expulsion de la ville. Les doigts ont de même pointé «les religieux sunnites profitant de la situation».
Le calme ne prévaut pas à Tripoli. La capitale du nord témoigne de graves tensions. Ses habitants guettent «la bataille prévue», qu’ils sentent pointer dans l’horizon. En dépit de la confusion dans la détermination de l’ennemi, à l’heure actuelle, certains parlent du timing du nouveau round de violence, mais aussi d’une journée précise, dans la mi-mars.
Cependant, ces derniers jours, un fait inattendu est survenu. La ville s’est enflammée de nouveau. Ce ne fut pas un accrochage entre Jabal-Mohsen et Bab-Tebbené, ni une confrontation entre les partisans du 8 et du 14 Mars. La tension a revêtu un nouvel aspect. Les commandants des fronts de Bab-Tebbané ont déclaré une révolte contre les hommes de politique et de religion.
Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion dans le bureau de «Amer Arich», signé par «les comités populaires de Tripoli», plusieurs constantes ont été annoncées : «Nous refusons que nos concitoyens de Tripoli, payent le prix des tensions politiques, liées à des projets étrangers et que notre ville soit prise en otage sous une rubrique qui ne reflète pas sa réalité sociale».
Selon le communiqué, «les responsables politiques sunnites ne représentent pas les fils de la communauté. Ce dernier a appelé l’Etat et les services de sécurité à assumer leur rôle dans la protection du peuple, notamment des habitants du Nord et de Tripoli, face aux agressions des gangs du régime syrien».
Le communiqué a abordé «les conditions de vie, puisque Tripoli et son entourage sont désormais des cimetières de vivants, en raison de la pauvreté, du chômage et de la récession économique, ce qui est un prélude à une explosion sociale».
Un des chefs des groupes armés à Bab-Tebbané, Ziad Saleh (connu sous le nom de Ziad Allouki), a indiqué dans ce contexte au quotidien Al-Akhbar : « On a assez. Nous refusons désormais d’être exploités par les politiciens». Il a affirmé que le communiqué précité a résulté d’une série de réunions et de concertations, datant depuis un mois et demi. Il a estimé que «le peuple s’est lassé de l’exploitation exercée par les politiciens et les religieux». «Nous refusons dorénavant qu’ils nous incitent contre nos frères chiites ou alaouites», exprimant son ennui de la guerre absurde.
Des sources informées sur la situation de Tripoli, indiquent que ce qui a eu lieu était une tentative d’affaiblir l’emprise de l’un des religieux salafistes, accusé par certains chefs des milices de «dissimuler les fonds qui lui proviennent de l’étranger, ne leur donnant que des sommes de misère».
Le problème ne concerne pas uniquement ledit cheikh. Un différend a opposé les insurgés au général à la retraite, Amid Hammoud, un des principaux responsables militaires du courant du Futur au Liban, non uniquement à Tripoli. Les chefs des milices lui attribuent la responsabilité de la tension sécuritaire qui prévaut actuellement dans la ville, affirmant que Hammoud est derrière le lancement des bombes durant les dernières semaines, dans différents quartiers de Tripoli. Ils disent qu’il avait protégé celui qui lançait ces bombes, bien connu par les forces de l’ordre.
Les sources bien informées précisent que l’insurrection des chefs des milices a été soutenue par un responsable de sécurité éminent au Liban nord, et par le responsable du bureau du Premier ministre Najib Mikati. «Cette mobilisation a été précédée par des réunions tenues dans la demeure de l’un des chefs des groupes armés, durant les dernières semaines, en vue de réduire les tensions dans la capitale du nord. Des réunions qui ont soulevé l’ire de Hammoud et d’autres figures du courant du Futur, lesquels ont tenté d’intervenir, ce qui a poussé les miliciens à divulguer les différends aux médias».
Des messages transmis par les portables des tripolitains ont fait état d’un discours prononcé par Amid Hammoud lors d’une réunion dans la salle publique «Chazlieh». Ce dernier avait attaqué le Premier ministre Mikati en disant : «Mikati est attaché à la présidence du gouvernement et refuse de démissionner dans le but de bloquer les législatives». Selon les textos, Hammoud a évoqué le directeur du bureau du Premier ministre, l’accusant de «saboter la sécurité du pays, d’y provoquer des problèmes de sécurité et de l’entrainer dans une discorde confessionnell».
Dans les messages véhiculés par les chefs des groupes armés, Hammoud fut accusé de distribuer les armes à ses partisans en vue de semer la discorde. «Hammoud est le propriétaire des dépôts d’armes à Tripoli, à l’instar de celui qui a explosé récemment dans le quartier Abi-Samra, où deux personnes ont été tuées», dit-on dans les SMS.
D’autres, adressés à Hammoud disent : «Nous vous affirmons, Hammoud, originaire du Batroun et étranger à Tripoli, que ton complot sera voué à l’échec» ou «Tous les incidents de sécurité à Tripoli sont provoqués par Amid Hammoud, qui finance les fauteurs de trouble dans le but de déstabiliser la région».
Ces messages transmis par téléphonie mobile ont été un prélude à la tenue d’une conférence de presse, qui était prévue lundi dernier, en présence des chefs des groupes armés, en vue de divulguer le rôle de Hammoud et d’autres voulant la discorde à Tripoli et au nord. Mais la conférence de presse a été annulée à la suite de «l’intervention de notables et de religieux de tripoli, afin de prévenir la dissension au sein de la communauté sunnite de la ville». «Cette dissension qui servirait les intérêts du régime syrien et de ses subalternes au Liban».
Un communiqué publié au nom des chefs des groupes armés s’est adressé «à la partie adverse» (Hammoud) en disant : «Ce sont nous qui défendons Tripoli et ses habitants, alors que vous, êtes derrière la discorde dans la ville».
Source : Al-Akhbar, traduit par : moqawama.org