La France tente de rallier le Qatar à sa politique au Sahel
Par Isabelle Lasserre
Le ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, s'est rendu au Qatar le week-end dernier pour convaincre du bien-fondé de l'opération au Mali.
Un très large accord de l'opinion française après un mois de guerre, c'est bien. Un solide soutien au niveau international, c'est encore mieux. Le ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, s'est donc rendu au Qatar le week-end dernier pour convaincre ce pays aussi petit qu'immensément riche du bien-fondé de l'opération au Mali. Doha, un client privilégié de la France dans le domaine de l'armement, avait publiquement émis des doutes sur l'intervention française. "Beaucoup considèrent qu'en attaquant les groupes terroristes au Mali, la France attaque l'islam", résume le directeur du quotidien Peninsula. Le malentendu a apparemment été dissipé: "Nous avons le sentiment d'avoir été compris", a affirmé Jean-Yves Le Drian.
Officiellement, le ministre n'a pas abordé la délicate question du soutien apporté par le Qatar aux islamistes les plus radicaux de la région. Depuis le début des révolutions arabes, la chaîne télévisée qatarie Al-Jazeera n'a pas caché sa préférence envers les extrémistes. L'émir et ses proches ont par ailleurs été accusés d'avoir soutenu les djihadistes en Syrie et au Mali. Dans l'entourage du ministre français, on considère qu'il s'agit surtout de "fantasmes". Mais Harlem Désir, le premier secrétaire du Parti socialiste, a récemment dénoncé "une forme d'indulgence du Qatar à l'égard des groupes terroristes qui occupaient le nord Mali".
À Doha, les soupçons formulés par la France irritent. "Tout le monde accuse le Qatar! Si demain il y a un nouveau tremblement de terre ou un kidnapping sur la Lune, ce sera encore de notre faute!", s'insurge Abdallah al Atiya, un intime de l'émir.
Ce minuscule pays de 1,8 million habitants, pris en sandwich entre l'immense Arabie saoudite et l'Iran, a développé depuis quelques années une diplomatie aussi active que diversifiée. Ses amis - États-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Chine - sont nombreux et puissants. "On dit souvent qu'à chaque fois qu'il y a un vide, le Qatar tente de le combler. Les dirigeants veulent composer avec tout le monde", poursuit le patron du journal Peninsula.
Le tuteur des "Frères"
Mais dans la région, la préférence du Qatar va clairement aux Frères musulmans. "Au lieu de vous demander pourquoi nous les soutenons, vous feriez mieux de vous demander pourquoi les Frères musulmans gagnent partout le pouvoir", commente Abdallah al-Atiya. La volonté de miser sur le cheval gagnant, la certitude que les courants islamistes vont s'emparer du pouvoir dans l'ensemble du monde musulman… Autant de raisons de favoriser, de la Libye à la Syrie, les islamistes contre les opposants laïques ou modérés. Mais ce ne sont pas les seules. "Si les Qataris aident les islamistes, c'est aussi parce qu'ils les connaissent, car la plupart d'entre eux ont été en exil politique à Doha pendant de longues années", explique un expert américain de la Brookings Institution.(...)
Source: Le Figaro
Le ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, s'est rendu au Qatar le week-end dernier pour convaincre du bien-fondé de l'opération au Mali.
Un très large accord de l'opinion française après un mois de guerre, c'est bien. Un solide soutien au niveau international, c'est encore mieux. Le ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, s'est donc rendu au Qatar le week-end dernier pour convaincre ce pays aussi petit qu'immensément riche du bien-fondé de l'opération au Mali. Doha, un client privilégié de la France dans le domaine de l'armement, avait publiquement émis des doutes sur l'intervention française. "Beaucoup considèrent qu'en attaquant les groupes terroristes au Mali, la France attaque l'islam", résume le directeur du quotidien Peninsula. Le malentendu a apparemment été dissipé: "Nous avons le sentiment d'avoir été compris", a affirmé Jean-Yves Le Drian.
Officiellement, le ministre n'a pas abordé la délicate question du soutien apporté par le Qatar aux islamistes les plus radicaux de la région. Depuis le début des révolutions arabes, la chaîne télévisée qatarie Al-Jazeera n'a pas caché sa préférence envers les extrémistes. L'émir et ses proches ont par ailleurs été accusés d'avoir soutenu les djihadistes en Syrie et au Mali. Dans l'entourage du ministre français, on considère qu'il s'agit surtout de "fantasmes". Mais Harlem Désir, le premier secrétaire du Parti socialiste, a récemment dénoncé "une forme d'indulgence du Qatar à l'égard des groupes terroristes qui occupaient le nord Mali".
À Doha, les soupçons formulés par la France irritent. "Tout le monde accuse le Qatar! Si demain il y a un nouveau tremblement de terre ou un kidnapping sur la Lune, ce sera encore de notre faute!", s'insurge Abdallah al Atiya, un intime de l'émir.
Ce minuscule pays de 1,8 million habitants, pris en sandwich entre l'immense Arabie saoudite et l'Iran, a développé depuis quelques années une diplomatie aussi active que diversifiée. Ses amis - États-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Chine - sont nombreux et puissants. "On dit souvent qu'à chaque fois qu'il y a un vide, le Qatar tente de le combler. Les dirigeants veulent composer avec tout le monde", poursuit le patron du journal Peninsula.
Le tuteur des "Frères"
Mais dans la région, la préférence du Qatar va clairement aux Frères musulmans. "Au lieu de vous demander pourquoi nous les soutenons, vous feriez mieux de vous demander pourquoi les Frères musulmans gagnent partout le pouvoir", commente Abdallah al-Atiya. La volonté de miser sur le cheval gagnant, la certitude que les courants islamistes vont s'emparer du pouvoir dans l'ensemble du monde musulman… Autant de raisons de favoriser, de la Libye à la Syrie, les islamistes contre les opposants laïques ou modérés. Mais ce ne sont pas les seules. "Si les Qataris aident les islamistes, c'est aussi parce qu'ils les connaissent, car la plupart d'entre eux ont été en exil politique à Doha pendant de longues années", explique un expert américain de la Brookings Institution.(...)
Source: Le Figaro