Prise d’otages: Trente-sept étrangers et un Algérien tués à In Amenas
Trente-sept étrangers et un Algérien ont été tués lors de la prise d’otages et de l’attaque menées sur le gigantesque complexe gazier d’In Amenas, dans le sud-est de l’Algérie, a annoncé lundi le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, lors d’une conférence de presse à Alger.
«Trente-sept étrangers de huit nationalités différentes» ont péri lors de cet épisode sanglant de quatre jours auquel ont mis fin samedi les forces spéciales algériennes, a-t-il ainsi déclaré.
Il a précisé que plusieurs corps n’avaient toujours pas été identifiés parmi les 37 dépouilles étrangères.
«Ce bilan est encore provisoire, cinq étrangers étant toujours portés disparus», a-t-il encore indiqué.
De nombreux otages étrangers ont été exécutés «d’une balle dans la tête» par leurs ravisseurs, a-t-il ajouté.
M. Sellal n’a pas donné de précision quant à la nationalité des victimes.
Outre l’Algérien tué, sept Japonais, six Philippins, trois Britanniques, trois Américains, deux Roumains, un Français et un Colombien figurent parmi les étrangers confirmés morts par leurs pays. La Norvège, la Malaisie et Manille ont aussi indiqué être sans nouvelles de plusieurs de leurs ressortissants.
Les étrangers utilisés comme «boucliers humains»
Selon M. Sellal, le commando extrémiste est venu du nord du Mali, «d’où il est parti il y a près de deux mois», soit bien avant le début de l’intervention militaire française dans ce pays.
«Ils ont longé la frontière algéro-malienne puis la frontière algéro-nigérienne, avant de remonter le long de la frontière avec la Libye », a-t-il expliqué.
«Onze Tunisiens, trois Algériens, un Mauritanien, deux Nigériens, deux Canadiens, des Égyptiens et des Maliens» composaient le groupe de 32 hommes, dont 29 ont été tués et trois ont été arrêtés, selon le Premier ministre. Ils étaient dirigés par l’Algérien Mohammad el-Amine Benchenab, très connu des services de renseignements et qui a été tué durant l’assaut de l’armée, débuté jeudi, a-t-il précisé.
«Au départ, les forces de sécurité, avec des civils, ont eu recours à la négociation (...) mais ces terroristes étaient déterminés. Leurs revendications étaient claires: libérer tous les prisonniers (extrémistes), des demandes qui n’étaient pas raisonnables et inacceptables. La négociation était dès lors devenue impossible», a déclaré M. Sellal.
Évoquant la fin sanglante de la prise d’otages, il a confirmé que les ravisseurs avaient utilisé des étrangers comme «boucliers humains».
Plusieurs otages étrangers doivent la vie à leurs collègues algériens. «Nous étions tous dans la même galère, nous étions près de 300 Algériens regroupés par les terroristes. Et nous avions caché des expatriés au milieu de notre groupe», qui a pu s’échapper jeudi, a raconté Iba El Haza, un employé du britannique BP, qui exploite le site gazier avec le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach.
L’armée algérienne, elle, a libéré 685 employés algériens et 107 étrangers lors de son raid sur le site gazier.
Des Tunisiens dans le commando extrémiste
Interrogé sur le grand nombre de Tunisiens présents dans le commando, le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur, Khaled Tarrouche, a déclaré: «Pour le moment, je n’ai pas d’informations sur ce sujet. Mais on a une coopération sécuritaire très étroite avec l’Algérie. On a une véritable tradition (de travail avec Alger) et s’ils ont des informations et des noms, cela pourrait être échangé (avec la Tunisie) dans le cadre de la coopération et de lutte contre le terrorisme».
Enfin, sur le site d’In Amenas, que le chef des ravisseurs avait menacé de faire exploser, des opérations de déminage étaient en cours hier, alors que le redémarrage de l’unité de production pourrait se faire cette semaine.
Source: Agences