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Affaire Merah: le ministre français de la Défense refuse de voir les familles des victimes

Affaire Merah: le ministre français de la Défense refuse de voir les familles des victimes
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Par Delphine de Mallevoüe

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annulé les rendez-vous prévus avec les familles de Chennouf, Ibn Ziaten et Legouad, victimes de Mohamed Merah. 

Ils attendaient ce rendez-vous comme un baume sur leur plaie. Parce que la douleur est toujours vive, parce que les décorations posthumes ne sont pas encore venues anoblir la mort absurde de leur fils, parce que l'aide juridictionnelle censée payer leurs frais d'avocat n'est jamais venue. Les familles des soldats tués par Mohamed Merah sont en colère. Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, a annulé les rendez-vous prévus les 12 et 24 octobre avec les familles Chennouf, Ibn Ziaten et Legouad, parents des jeunes parachutistes assassinés à Toulouse et Montauban. Ces entretiens devaient permettre de reconsidérer le préjudice moral des familles, tant sur le plan financier que symbolique avec l'attribution de titres et médailles honorifiques.

Affaire Merah: le ministre français de la Défense refuse de voir les familles des victimes

Il y a quelques mois déjà, l'annulation d'un rendez-vous - 48 heures avant - avec la famille Legouad, spécialement venue de Lyon, avait suscité l'incompréhension. Les parents de Mohamed Legouad avaient alors dénoncé «un manque de considération».

«Un festival de loupés»

Ce nouveau «faux pas», que le ministre justifie par «un problème d'agenda», dit un de ses conseillers, «enfonce le clou» de ce qui s'apparente à «un festival de loupés», critique Me Frédéric Picard, avocat de Caroline, la jeune veuve d'Abel Chennouf. Au cabinet de Jean-Yves Le Drian, on se veut rassurant: «Le ministre veut les voir, il s'est engagé à remettre à plat le dossier d'indemnisation, il le fera. Nous comprenons la fébrilité des familles et leur attente, des réponses leur seront apportées», dit un fonctionnaire. Avant de promettre: «Nous ferons plus que ce que prévoit la réglementation.»

Les familles avaient été reçues une première fois, en juillet, au ministère et s'étaient vu proposer une compensation qui, à ce jour, n'a été signée par aucune d'entre elles. Si certaines la jugent «dérisoire» et d'autres «insuffisante», elles revendiquent surtout «des priorités plus urgentes pour accompagner leur douleur», expliquait Me Mehana Mohou, avocat des parents d'Imad Ibn Ziaten, au lendemain de ce «protocole transactionnel».

«Mort pour la France»


À commencer par la reconnaissance. Militaire, mais aussi juridique. C'est ce que les rendez-vous annulés devaient aborder, outre le versement du capital décès qui n'a pas encore été touché pour la plupart. L'attribution de titres et médailles honorifiques est demandée par tous. La famille d'Imad Ibn Ziaten réclame depuis toujours la Légion d'honneur à titre posthume. Quant à Caroline Chennouf, elle vient d'envoyer une lettre recommandée au chef d'état-major de l'armée de terre pour demander l'admission d'Abel au grade supérieur et la médaille militaire.

Tous demandent enfin la mention «mort pour la France», écartée semble-t-il par le ministère de la Défense qui propose «mort en service». «Ils sont morts en raison de leur uniforme et de leur qualité de militaire», justifie Me Frédéric Picard, avocat de Caroline Chennouf. «On ne peut pas mourir pour la France en France, sauf si elle est occupée», répond un technicien du ministère de la Défense. Me Laure Bergès-Kuntz, avocate du seul soldat survivant, Loïc Liber, propose, elle, la reconnaissance comme «victime de crime de guerre», le terrorisme étant considéré comme un acte de guerre.

L'autre priorité, «de plus en plus urgente les mois passant», s'angoisse une famille, est l'aide juridictionnelle. Depuis le décès de leurs soldats, les familles y vont de leur poche pour payer les déplacements, honoraires d'avocats et frais afférents au dossier. «C'est très lourd, déplore Anne-Véronique, la mère de Caroline, surtout si on paye des déplacements pour des rendez-vous qui s'annulent. Nous avions déjà acheté nos billets». Albert Chennouf aussi, non échangeables. Chaque mois, défendre les intérêts de son fils lui coûte 1 200 euros.

Source: lefigaro.fr


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