L’affaire Merah révèle les failles du renseignement
Le ministre français de l'Intérieur a demandé une étude sur les dysfonctionnements de l'affaire Merah
Mohamed Merah était connu des services de renseignements bien avant les tragédies de Toulouse et Montauban. L'examen des documents «secret défense» récemment déclassifiés a permis de mieux comprendre comment le tueur au scooter a pu se faufiler entre les mailles du filet.
Merah était dans le collimateur, mais ses voyages n'ont pas éveillé les soupçons.
Considéré comme un «délinquant au lourd passé délinquant en phase de radicalisation» un an avant les tueries, Mohamed Merah était épinglé depuis octobre 2006 par une «fiche de mise en attention» des ex-renseignements généraux. Ce qui n'a pas empêché le «djihadiste autoproclamé» de se rendre à deux reprises dans des camps d'entraînement de la zone pakistano-afghane. Mais aussi et surtout, comme l'ont relevé Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut dans L'Affaire Merah. L'enquête, à Miransha, fief de la nébuleuse al-Qaida où il aurait suivi «un entraînement ultrarapide de deux jours». Deux connexions Internet, interceptées par la National Security Agency, attestent de sa présence en septembre 2011. De précieuses informations qui n'auraient été transmises qu'après la tuerie.
Le tueur au scooter a manipulé, à l'échelon local,
son agent traitant.
Le contre-espionnage, qui avait intercepté entre le 17 août et le 17 octobre 2011 une quinzaine de connexions à Islamabad, Lahore ou encore Abbottabad, n'ignorait rien des incursions pakistanaises du salafiste. De retour en France, Merah est «débriefé» le 14 novembre 2011 par un brigadier de l'antenne locale de la DCRI. Le rendez-vous vire au fiasco. Endoctriné et déjà animé par la ferme intention de faire couler le sang, il affirme être parti au Pakistan pour chercher une épouse. Quand le djihadiste exhibe des photos de sites touristiques prises lors de son périple, le sous-officier ne voit que du feu. Visé par une simple «mise en attention», Merah a les coudées franches pour «mettre la France à genoux».
Les insuffisants échanges d'informations entre les services
Dès le meurtre des militaires de Montauban le 15 mars dernier, faisant suite à un premier assassinat de soldat, la DCRI demande à être associée aux réunions opérationnelles. Ce qui lui a été refusé par le parquet de Montauban qui ne croyait pas à une «piste politique». Comme l'a révélé Libération, le service de renseignements de Toulouse aurait cependant transmis dès le 16 mars à sa «centrale» la liste d'une dizaine de cibles, prioritairement liées à «l'extrême droite radicale qui est la piste privilégiée de la PJ», mais aussi «des profils liés à l'islam radical» dont la famille Merah. Mais la communication serait restée étanche entre les services. Sur PV, aussi relaté par Libération, Bernard Squarcini soutient au juge que, dans la matinée du samedi 17 mars, «la sous-direction antiterroriste (Sdat) nous avertit qu'elle allait procéder à des passages de fichiers chez nous». Mais elle ne leur livre les «cinq fichiers informatiques» que «le dimanche 18 mars à partir de 14 heures». La base de données Cristina «mouline» alors 24 000 données sur des propriétaires de scooters V-max, de calibre 11.43 et d'adresses IP suspectes. Vers 20 heures, une liste d'une quinzaine de suspects est isolée, dans laquelle figurent Mohamed Merah et son frère Abdelkader. Le lendemain matin, l'école juive Ozar Hatorah est la cible d'une équipée sanglante.
source: lefigaro.fr
Mohamed Merah était connu des services de renseignements bien avant les tragédies de Toulouse et Montauban. L'examen des documents «secret défense» récemment déclassifiés a permis de mieux comprendre comment le tueur au scooter a pu se faufiler entre les mailles du filet.
Merah était dans le collimateur, mais ses voyages n'ont pas éveillé les soupçons.
Considéré comme un «délinquant au lourd passé délinquant en phase de radicalisation» un an avant les tueries, Mohamed Merah était épinglé depuis octobre 2006 par une «fiche de mise en attention» des ex-renseignements généraux. Ce qui n'a pas empêché le «djihadiste autoproclamé» de se rendre à deux reprises dans des camps d'entraînement de la zone pakistano-afghane. Mais aussi et surtout, comme l'ont relevé Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut dans L'Affaire Merah. L'enquête, à Miransha, fief de la nébuleuse al-Qaida où il aurait suivi «un entraînement ultrarapide de deux jours». Deux connexions Internet, interceptées par la National Security Agency, attestent de sa présence en septembre 2011. De précieuses informations qui n'auraient été transmises qu'après la tuerie.
Le tueur au scooter a manipulé, à l'échelon local,
son agent traitant.
Le contre-espionnage, qui avait intercepté entre le 17 août et le 17 octobre 2011 une quinzaine de connexions à Islamabad, Lahore ou encore Abbottabad, n'ignorait rien des incursions pakistanaises du salafiste. De retour en France, Merah est «débriefé» le 14 novembre 2011 par un brigadier de l'antenne locale de la DCRI. Le rendez-vous vire au fiasco. Endoctriné et déjà animé par la ferme intention de faire couler le sang, il affirme être parti au Pakistan pour chercher une épouse. Quand le djihadiste exhibe des photos de sites touristiques prises lors de son périple, le sous-officier ne voit que du feu. Visé par une simple «mise en attention», Merah a les coudées franches pour «mettre la France à genoux».
Les insuffisants échanges d'informations entre les services
Dès le meurtre des militaires de Montauban le 15 mars dernier, faisant suite à un premier assassinat de soldat, la DCRI demande à être associée aux réunions opérationnelles. Ce qui lui a été refusé par le parquet de Montauban qui ne croyait pas à une «piste politique». Comme l'a révélé Libération, le service de renseignements de Toulouse aurait cependant transmis dès le 16 mars à sa «centrale» la liste d'une dizaine de cibles, prioritairement liées à «l'extrême droite radicale qui est la piste privilégiée de la PJ», mais aussi «des profils liés à l'islam radical» dont la famille Merah. Mais la communication serait restée étanche entre les services. Sur PV, aussi relaté par Libération, Bernard Squarcini soutient au juge que, dans la matinée du samedi 17 mars, «la sous-direction antiterroriste (Sdat) nous avertit qu'elle allait procéder à des passages de fichiers chez nous». Mais elle ne leur livre les «cinq fichiers informatiques» que «le dimanche 18 mars à partir de 14 heures». La base de données Cristina «mouline» alors 24 000 données sur des propriétaires de scooters V-max, de calibre 11.43 et d'adresses IP suspectes. Vers 20 heures, une liste d'une quinzaine de suspects est isolée, dans laquelle figurent Mohamed Merah et son frère Abdelkader. Le lendemain matin, l'école juive Ozar Hatorah est la cible d'une équipée sanglante.
source: lefigaro.fr