Assad : Le dialogue intérieur est la seule solution, le Qatar et la Turquie assument la responsabilité de la crise
Le président syrien Bachar al-Assad a adressé de vives critiques à l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, leur imputant la responsabilité de la crise syrienne et a affirmé que les groupes armés ne vont pas remporter la victoire en Syrie.
Lors d'un entretien exclusif dont les extraits ont été hier publiés par le magazine égyptien « al-Ahram al-Arabi », le président syrien a déclaré depuis son bureau dans la région de Rawda que le dialogue avec l'opposition serait la solution unique pour la crise en Syrie. Le président a affirmé que le changement ne peut pas être imposé en ignorant les symboles du régime, ni en menant une intervention étrangère. « Nous sommes en train d'entreprendre un vrai changement au moyen des réformes. Le pays connaît une série de réformes, même au niveau de la constitution », a-t-il martelé. M. Assad a ajouté que la tâche n’est pas encore finie, et qu’il est conscient que la corruption existe toujours et qu'il faut la combattre.
Concernant les relations tendues entre son pays, le Qatar et l'Arabie Saoudite, le président Assad a dit que les dirigeants de ces pays se sont enrichis brusquement après une longue période de pauvreté, et ils pensent être capables, par cet argent, de s'accaparer la géographie, l'histoire et le rôle régional. Lors de l’entretien, M. Assad a estimé que le leitmotiv des gens sur « le trio de la stabilité régionale au Moyen-Orient, représenté par l'Egypte, la Syrie et l'Arabie Saoudite » est erroné. « Le trio de l'équilibre stratégique au Moyen Orient était et serait toujours l'Egypte, la Syrie et l'Iraq », a-t-il martelé. « Quant aux Saoudiens, ils étaient derrière l'offensive contre l'Egypte en 1967, et ils se vantaient d’avoir mis Abd el-Nasser dans leur poche. Mais les documents historiques ont dévoilé leur vrai rôle après le décès du grand leader », a-t-il expliqué.
M. Assad a affirmé que même avant la crise syrienne, la relation avec les Saoudiens était limitée à la médiation avec les Occidentaux, opposés à l’axe de la résistance antisioniste. Il a signalé que le prince du Qatar se rendait de Paris en Syrie, apportant avec lui des idées et des suggestions que la Syrie n’acceptera jamais de négocier. « Aujourd'hui, ils tournent dans le cercle du pouvoir arabe avec leurs fonds, et fournissent les armes et l'argent aux terroristes, espérant de répéter le modèle libyen », a précisé M. Assad. Il a ajouté qu’au lieu de soutenir la stabilité régionale, ils arment, entrainent les groupes armés et les aident à fuir, afin de saboter les efforts de l'État syrien, d'influencer ses décisions et d'affecter sa souveraineté.
Commentant le rôle turc, M. Assad a dit que les Turcs ont beaucoup perdu à cause de la position qu'ils ont prise à l'égard de la crise syrienne. « Ils s’intéressent à leurs ambitions de réaliser le projet d’une soi-disant « nouvel empire Ottoman », plutôt que des intérêts du peuple turc et de la sécurité nationale turque », a dénoncé Assad. « Leur partialité n'est pas liée aux intérêts de la Turquie, mais aux intérêts d'autres groupes », a-t-il poursuivi. Il a expliqué qu’au début de la crise la Turquie était favorable à la solution politique, et défavorable à la violence qui, selon elle, portait atteinte à ses intérêts régionaux et même économiques. Le changment de la position turque a consacré une partialité qui ne sert que les intérêts politiques du parti au pouvoir. Ce dernier est confronté actuellement à des problèmes avec l'opposition qui estime que la Turquie paie cher pour des politiques qui ne rendent du bien qu’au parti politique au pouvoir. « Le gouvernement des Frères musulmans a ignoré tout cela, et les Qataris étaient les plus rapides à alimenter les violences », a-t-il martelé.
M. Assad a affirmé que les groupes armés pratiquent la violence contre toutes les composantes de l'État, et ne sont pas populaires au sein de la société syrienne. « Ils ont porté atteinte aux intérêts des citoyens, visé l’infrastructure mise au service du peuple, versé le sang des Syriens, et après tout, ils ne vaincront pas », a-t-il expliqué. Finalement le président syrien a affirmé que la solution décisive prendra un peu de temps, que la porte du dialogue est toujours ouverte et que l’amnistie est accordée par l’État pour quiconque se rend et dépose ses armes afin d'encourager le dialogue.
Source: Alintiqad, traduit par moqawama.org