Téhéran brise le mythe de l’isolement mondial
Fatima Ali
La République Islamique de l’Iran a réussi à accueillir le sommet des Non-alignés (organisation fondée lors de la période de la guerre froide, visant à permettre aux Etats du monde de se protéger contre l’influence des Etats-Unis et l’Union-Soviétique, et la bipolarisation qui régnait le monde à l’époque).
Le sommet est, sans doute, une victoire pour l’Iran. Le nombre des Etats participants (120 Etats) a inquiété les Etats-Unis et l’entité sioniste, qui redoutent une influence iranienne accrue. Dans ce contexte, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor avait mis en garde le secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-moon, et plusieurs dirigeants internationaux, les appelant à ne pas tomber dans le «piège» de la propagande iranienne et participer au sommet des Non-alignés. Mais, ces avertissements lancés par le ministère des Affaires étrangères israélien n’ont pas empêché la participation du secrétaire général de l’ONU au sommet.
Le sommet de Téhéran fût, sans doute, le plus important depuis le début de la crise syrienne. Cette importance a été marquée par la présence de dirigeants du premier rang (dont 30 chefs d’Etats), et une large couverture médiatique (plus que 2000 journalistes ) qui couvraient ce sommet. L’Iran a donc pu briser le mythe de l’isolement mondial, longtemps défendu et prétendu par l’entité sioniste, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux.
A travers cette réunion, l’Iran a réussi à tracer une nouvelle étape vers la restructuration d'un nouveau bloc international comprenant deux tiers des membres de l'Organisation des Nations Unies. Cela pourra rendre un certain équilibre dans les équations régionales et internationales.
« Les membres des Non-alignés ont insisté sur leur attachement aux principes du mouvement plus que jamais et la nécessité de restructurer le régime international », a souligné le président iranien Ahmadinejad dans une allocution prononcée au cours de la séance finale du sommet. Il a insisté sur « l'importance d'affronter l'unilatéralisme et l'hégémonie, d'éviter la violence et le conflit et de régler les conflits et les défis internationaux via le dialogue. »
Le Mouvement des Non-alignés a appelé à la démocratisation du Conseil de sécurité de l'ONU pour réduire l'influence des grandes puissances, rejeter toute ingérence dans les affaires intérieures de ses membres, a soutenu la création d'un Etat palestinien, et a revendiqué le désarmement nucléaire. De même, « le droit de tous les peuples à produire de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques » a été soutenu.
L’analyste politique libanais, Faisal Abdel-Sater a souligné que « la République Islamique de l’Iran a pu briser la décision politique américaine. Cette décision qui visait à isoler l’Iran et empêcher plusieurs Etats de participer à cette réunion, à travers des pressions exercées. »
« L’Iran a réussi aussi à redonner vie au Mouvement des Non-alignés, considéré comme la deuxième organisation mondiale après l’ONU, pour achever l’arrogance des Etats- Unis », précise Abdel Sater.
Le dossier syrien fût le plus discuté lors du sommet et lors des réunions tenues entre les responsables iraniens et les dirigeants des pays non-alignés.
Selon Abdel-Sater « l’initiative iranienne, présentée pour résoudre la question syrienne, ne peut parvenir à ses objectifs sans la volonté de tous les pays mondiaux et régionaux impliqués dans la crise ». « La réussite de l’initiative iranienne dépend des éléments qui alimentent les troubles et le conflit en Syrie - comme les pays de l’Ouest et certains pays du Golfe tel que le Qatar », indique-t-il.
Faisal Abdel-Sater s’est demandé si « les pays qui soutiennent les groupes armés syriens sont prêts à cesser l’armement de ces groupes et leurs interventions dans les affaires syriennes, comme l’indique l’initiative de l’Iran ». Tout en excluant cette idée, Abdel-Sater dit que « l’initiative du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie Kofi Annan, n’était pas loin de l’initiative iranienne qui appelle au dialogue entre les différentes parties du conflit syrien ».