France : Hollande obtient une majorité absolue aux législatives
Le Parti Socialiste (PS) du président François Hollande a obtenu dimanche une majorité absolue au second tour des élections législatives en France, lui assurant des conditions favorables pour appliquer son programme. Le parti conservateur Union pour un mouvement populaire (UMP) a subi un gros revers, et l'extrême droite a retourné à l'Assemblée nationale avec deux députés, mais pas de la dirigeante du Front national (FN) Marine Le Pen.
Une confortable majorité pour la gauche
Selon les dernières estimations des instituts de sondages, le Parti socialiste (PS) et ses alliés de gauche raflent entre 308 et 320 sièges sur 577, soit largement plus que la majorité absolue (289). Le PS pourra donc se dispenser du soutien des Verts (20 sièges) et de la gauche radicale (entre 9 et 11 sièges).
L’UMP et ses alliés ont obtenu entre 221 et 231 sièges, lors de ce scrutin au taux d'abstention record (autour de 44%).
Après avoir battu Nicolas Sarkozy et ramené la gauche à l'Elysée après 17 ans d'absence, François Hollande aura donc les mains libres pour appliquer son programme, de la réforme fiscale à la promesse d'un redressement industriel, mais aussi affronter l'aggravation de la crise de l'euro dès lundi, où il participera à un sommet du G20 au Mexique.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a salué le choix de « la cohérence » fait par les Français. « Cela nous confère de grandes responsabilités en France et en Europe », a affirmé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Les ministres du gouvernement tous réélus
Ayrault qui avait prévenu que « tout ministre battu aux législatives devrait quitter son poste », n’était pas obligé de demander la démission de l’un de ses ministres : les vingt-cinq membres du gouvernement qui étaient candidats ont été élus ou réélus. Six d'entre eux avaient été élus au premier tour. Quant aux 19 autres, la tâche était plus ou moins ardue.
Le gros revers de la droite
A droite, l’UMP a subi un gros revers. De nombreuses personnalités de ce parti sont battues, notamment ceux qui se sont engagés dans la campagne de Nicolas Sarkozy. Parmi eux, l'ancien ministre de l'intérieur, Claude Guéant, l'ancienne ministre, Nadine Morano, l'ancienne ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, et encore le secrétaire général adjoint de l'UMP, Hervé Novelli.
Une des seules bonnes nouvelles de la soirée vient du côté d'Henri Guaino, l'ex-plume de Nicolas Sarkozy, qui gagne son siège à l'Assemblée.
Pour sa part, le dirigeant de l'UMP Jean-François Copé a pris « acte de la victoire de la gauche » en s'engageant à ce que son parti mène une « opposition responsable mais vigilante ».
Alors que les socialistes disposaient déjà de la majorité au Sénat, dans la plupart des régions et des grandes villes, M. Copé avait exhorté en vain les électeurs à ne pas mettre tous les pouvoirs entre leurs mains estimant que « le coût à payer serait tragique pour le pays ».
Depuis des mois, la droite agite le spectre d'une faillite de l'Etat comme en Grèce où, coïncidence de calendrier, les électeurs ont aussi voté dimanche pour décider de leur avenir dans l'euro. Les résultats y donnaient la victoire de la droite pro-européenne.
Le FN envoie deux élus à l'Assemblée
Fort de son score historique à la présidentielle (17,9%) et de ses 13,6% au premier tour des législatives, l'extrême droite française fait aussi son retour à l'Assemblée nationale, dont elle était absente depuis 1998, avec une poignée d'élus.
Mais la dirigeante du Front national Marine Le Pen a été battue de « quelques voix » par un socialiste dans sa place forte de Hénin-Beaumont (nord). Elle a demandé le recomptage des bulletins de vote et salué un « énorme succès » de son parti.
En revanche, sa nièce Marion Maréchal Le Pen devrait, à 22 ans, devenir la benjamine de l'Assemblée ; et l'avocat Gilbert Collard, tous les deux ont été élus dans le sud.
Les grands battus de ces législatives
Ces législatives ont été marquées par la défaite de plusieurs personnalités politiques. Une défaite a été particulièrement médiatisée: celle à La Rochelle (ouest) de Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle de 2007 et ex-compagne de François Hollande, sévèrement battue par un dissident du PS (58/42). Visiblement atteinte, elle a dénoncé une « trahison ».
Le centriste François Bayrou, ex-troisième homme de la présidentielle en 2007, a également été battu à Pau (sud-ouest), après 15 années à l'Assemblée. L'échec de Bayrou signe celui de son mouvement, le MoDem.
Chez les Français de l'étranger, la victoire est aussi pour la gauche
Malgré un découpage réalisé et présenté par l'opposition comme favorable à la droite, la gauche l'emporte dans les circonscriptions des députés représentant les Français de l'étranger, selon des résultats partiels. 8 députés sont élus, dont un écologiste contre 3 seulement pour l'UMP. La gauche améliore son score du premier tour où elle était en tête dans 7 circonscriptions.
155 femmes élues à l'Assemblée
Cent cinquante-cinq femmes siègeront dans la nouvelle Assemblée nationale, chiffre sans précédent en France mais encore très éloigné de la parité puisque 422 hommes ont été élus. Le taux de femmes au Palais-Bourbon s'élève désormais à 26,86%. Quelque 107 femmes avaient été élues il y a cinq ans dans la précédente Assemblée, soit 18,5 %.
Le PS est le parti qui a envoyé le plus gros contingent de femmes à l'Assemblée: 106 sur un total de 280 élus. L'UMP arrive très loin derrière, avec 27 sur 194 députés. Parmi les 17 élus EELV, 9 sont des femmes. Quatre femmes figurent dans les divers gauche, trois au PRG, deux au Front de gauche, deux dans les divers droite, une au MRC et une au Front national.
A peine élue, l'Assemblée sera convoquée en session extraordinaire dès début juillet pour lancer les premières réformes. Un ajustement dans la composition du gouvernement de Jean-Marc Ayrault devrait aussi intervenir dans le courant de la semaine qui s'ouvre.
Source : Agences