France: une salle de prière transformée en poste de police
Dans une manipulation politique qui sans aucun doute ravit l’électorat d’extrême droite, le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a fait part de son intention de transformer une salle de prière musulmane... en poste de police.
"Je proposerai au prochain conseil municipal de solliciter auprès du préfet une déclaration d'utilité publique afin de créer à la salle de prière logée dans un ancien garage un poste de police municipale", a annoncé Christian Estrosi dans un communiqué.
La mairie de Nice reproche à l'association gestionnaire de la salle de prière d'avoir transformé le garage en lieu de culte "sans autorisation et d'accueillir trop de fidèles".
Selon le député, candidat à sa réélection dimanche, l'ancien garage de 140 m2, qui abrite la salle de prière musulmane, n'a pas été transformé en lieu de culte "dans des conditions réglementaires" et cette "occupation constante" a conduit les riverains à se plaindre.
Selon lui, les musulmans représentent 10 % des habitants des Alpes-Maritimes, or "on ne peut pas négliger les besoins de 10 % de la population, c'est une nécessité "civique".
De fait, ce n'est pas la première fois que Christian Estrosi se lance dans la guerre contre l'Islam. En 2011, il a interdit à la communauté musulmane d’achater une salle de prière au centre de la ville.
Estrosi avait décidé d’exercer son droit de préemption urbain sur les locaux d’une salle de prière en phase d’être acquise par une association islamique.
En réponse au maire, le vice-président du conseil régional du culte musulman de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Boubekeur Bekri, a affirmé comprend que la mairie puisse intervenir "s'il y a des dangers".
"Toutefois, pour que la prière puisse être digne, il faut qu'il y ait des salles de prière. Il est urgent de résoudre ce besoin à Nice", a-t-il pointé.
Depuis onze ans, les musulmans de Nice accomplissent leurs prières dans cette salle aménagée à cet effet. Après accord conclu avec le propriétaire, ils ont décidé, via une association, Al Baraka, d’acheter le local, pour un montant de 161 000 euros. La somme réunie, il était question de finaliser l’acte d’achat et d’entrer enfin en possession des locaux de cette salle de prière. Mais c’est à ce moment que le maire de la ville est intervenu pour exercer son droit de préemption sur les locaux. Autrement dit, il a fait valoir la priorité que lui confère la loi, de pouvoir se substituer à l’acquéreur (l’association Al Baraka), pour acheter le bien mis en vente (les locaux de la salle de prière).
Source: Divers