Gouvernement Hollande : promesses tenues ?
Le secrétaire général de l'Elysée Pierre-René Lemas a annoncé hier soir le nom de l'ensemble des ministres du gouvernement Jean-Marc Ayrault. Avec 17 femmes sur 34 ministres, le nouveau chef de la République française a tenu son engagement de former, en cas de victoire, un gouvernement composé à égalité de femmes et d'hommes.
• Un gouvernement resserré
D'autres détracteurs affirment qu'avec 34 ministères (sans compter d'éventuels secrétaires d'Etat), il sera difficile à François Hollande de parler de gouvernement resserré.
• De nouveaux ministères
Dans une interview à Acteurs Publics, Hollande s'était également dit favorable à la création d'un ministère des Droits des femmes.
Question exemplarité, le président s'est engagé à ce que personne "autour de lui à l'Elysée", et donc a fortiori au gouvernement, n'ait été "jugé et condamné". Toutefois, certains des opposants de Jean-Marc Ayrault ont rappelé qu'il avait été condamné en décembre 1997 à six mois de prison avec sursis et 30.000 francs (4.600 euros) d'amende pour favoritisme dans l'attribution d'un marché public. Une affaire dans laquelle sa "probité personnelle" n'a "jamais été mise en cause", selon l'intéressé. En outre, cette condamnation a été "anéantie par une réhabilitation intervenue en 2007" et "l'invoquer" revient à se mettre "en infraction avec la loi pénale", rappelle à l'envi son avocat.
« C'est la première fois dans l'histoire que nous avons un gouvernement paritaire », commente Jean-Marc Ayrault, mercredi soir, sur France 2.
Autres promesses tenues: la représentation de tous les courants socialistes et la diversité raciale et culturelle, en désignant trois ministres d'origine arabe et une ministre issue des îles françaises des Antilles.
En outre, sur 34 ministres et ministres délégués, seulement quatre ont déjà exercé une fonction ministérielle.
Cependant, les opposants de Hollande lui reprochent de ne pas tenir d'autres engagements comme l'exemplarité, le non cumul.... En revanche, ils ne manqueront pas de souligner le manque d'expérience du nouveau gouvernement.
Pour le député UMP de Paris, Bernard Debré, ce gouvernement, c'est "le mélange de l'eau et du feu !"
Debré doute que le nouveau gouvernement, composé, selon lui, de "personnalités antagonistes", tienne au-delà des législatives.
« Déjà, dans ce gouvernement, il y a beaucoup de monde: 34 ministres. Ce qui fait beaucoup. D'autre part, il y a le mélange de l'eau et du feu. Il y a un Pierre Moscovici, plutôt libéral. Et il y a un Arnaud Montebourg plutôt à gauche. Cécile Duflot n'est évidemment pas à l'Ecologie mais à l'Egalité des territoires et au Logement, une dénomination un peu baroque. Ce gouvernement est nombreux, à parité, bien sûr, mais avec un alliage de personnalités antagonistes. Il n'y a pas de ministre Front de gauche. C'est un gouvernement qui sera remanié après les législatives. D'ailleurs, c'est un gouvernement fait pour les législatives », a-t-il déclaré sur Francesoir.
« Son gouvernement est plus fourni que l'équipe de François Fillon, qui comptait 31 membres, y compris les secrétaires d'Etat. En période de crise, la large équipe de Jean-Marc Ayrault peut s'avérer difficile à gérer », soulignent-ils.
D'anciens ministres considèrent, en effet, que gérer une armée de « ministres délégués » ou de secrétaires d'Etat est peu satisfaisant.
"Il y aura un grand ministère qui regroupera l'éducation, la jeunesse, les sports, la diversité. De la même manière, la priorité donnée à l'industrie, à la production, nous conduira à avoir un ministère regroupant toutes ces fonctions", avait-il promis. Cependant, Najat Vallaud-Belkacem est bien ministre des Droits des femmes, mais également porte-parole du gouvernement. En revanche, il n'y a pas de grand ministère qui regroupera l'éducation, la jeunesse, les Sports, la diversité. Vincent Peillon est ministre de l'Education nationale, Valérie Fourneyron, nouvelle ministre de la Jeunesse et des sports.
• Exemplarité
Voici la composition complète du gouvernement Ayrault:
Laurent Fabius (Affaires étrangères), Vincent Peillon (Education nationale), Christiane Taubira (Justice)
Pierre Moscovici (Economie, Finances et commerce extérieur), Marisol Touraine (Affaires sociales et santé), Cécile Duflot (Egalité des territoires et logement), Manuel Valls (Intérieur), Nicole Bricq (Ecologie, développement durable et énergie), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Michel Sapin (Travail, emploi et dialogue social), Jean-Yves Le Drian (Défense), Aurélie Filippetti (Culture et communication), Geneviève Fioraso (Enseignement supérieur et recherche), Najat Vallaud-Belkacem (Droits des femmes et porte-parole du gouvernement), Stéphane Le Foll (Agriculture et agroalimentaire), Marylise Lebranchu (Réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique), Victorin Lurel (Outremer), Valérie Fourneyron (Sports, jeunesse, éducation populaire et vie associative).