noscript

Please Wait...

Quand Sarkozy se prend pour un héros du film Avatar!

Quand Sarkozy se prend pour un héros du film Avatar!
folder_openPresse occidentale access_time depuis 14 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Source: le post.fr

Comme d'habitude, la presse classique n'a pas jugé bon de commenter le principal aspect des vœux prononcés par l'actuel président de la république au soir du 31 décembre. C'est bien dommage, car tout le drame de l'acteur principal y était exposé.
Pour la première fois, un président de la république française a présenté ses vœux au peuple français dans un décor virtuel, décor réalisé à base d'effets numériques dignes d'Avatar. Pas de pendule, pas de bureau, pas de bibliothèque.
Terrible erreur de communication.

1/ Dans ce décor virtuel, le président apparaît comme coupé de son lieu de pouvoir. Rien n'y est réel. Pas de vie. Le bureau élyséen, la bibliothèque ou la salle des fêtes donnant sur le parc, sont des lieux familiers pour tous les Français depuis de Gaulle. Tous les présidents de la Ve se sont exprimés dans ces cadres (parfois il s'agissait d'un décor certes, mais réel, reconstituant le bureau présidentiel). Que chacun d'entre eux, de Pompidou à Chirac, en passant par Giscard et Mitterrand ait respecté ce décorum, exposant son corps dans le même décor, participait à l'idée que les présidents ont beau se succéder, le pouvoir reste et les objets du décor en font témoignage. Ces lieux sont imprégnés de l'esprit de ceux qui les ont occupés précédemment. Celui qui y paraît est le continuateur d'une histoire. Un héritier qui tire sa légitimité de sa présence en ces lieux autrefois fréquentés par les souverains qui l'y ont précédé.
Subtil prolongement médiatique de la théorie des deux corps du roi, la présence d'un individu dans un décor quasi identique, familier, que l'on sait être celui du titulaire du pouvoir suprême, cette présence dans un décor permanent l'identifie de facto comme le seul titulaire du pouvoir suprême: le président, le souverain. Ce qu'il dit compte alors. Sa parole est sacrée. Ses mots pèsent. A votre avis, pourquoi, depuis Roosevelt, les présidents américains s'adressent-ils toujours au peuple dans le cadre connu et reconnu du bureau ovale de la Maison Blanche ?

2/ Mais dans un décor virtuel, donc irréel, le corps du souverain est à son tour perçu comme virtuel. Et par conséquent, ce qu'il dit relève nécessairement de la fiction. Qu'est-ce qui peut être réel dans le virtuel? Rien. Ainsi, la phrase clé du discours présidentiel, « Je ne suis pas homme qui renonce à la première difficulté » ne peut être perçue que comme une déclaration tout aussi virtuelle que le décor au sein duquel elle est prononcée. Tout ça, c'est du cinéma. De la fiction. Du virtuel. Du show. Et comme le personnage de ce show est de plus en plus perçu comme un histrion, un capitan de la politique, déconnecté de la vraie vie des vraies gens, qui ne se comporte pas en président, ne vit pas en président, n'est pas président, l'effet en est décuplé. La preuve qu'il n'est pas président, c'est qu'il n'occupe même plus les lieux de la présidence.

En sacrifiant au vertige de la technique au détriment du symbole, le personnage unique du show présidentiel virtuel s'est, une fois de plus, dépouillé du corps du roi. Il est le héros d'une aventure irréelle, à côté du vrai monde, s'inventant une histoire, palpitante certes, mais qui n'est pas celle des présidents de la république. Dans son décor imaginaire, il joue au président, mais il ne l'est pas réellement. Aux yeux du peuple français, et au sens propre du terme, c'est un avatar (le Héros d'un film de science fiction, c'est une personnalité virtuelle).

//