Syrie: À l’approche de Noël, les chrétiens s’inquiètent de l’administration Jolani
Par AlAhed avec agences
Les dirigeants de l’Église chrétienne syrienne ont conseillé lundi de réduire les célébrations de Noël cette année, malgré les assurances de la nouvelle administration syrienne, dirigée par Ahmed al-Charaa, chef du département des opérations militaires en Syrie, après avoir pris le pouvoir, qu’ils sont «libres de pratiquer leurs rituels religieux».
Les nouvelles restrictions imposées mettent en évidence l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les nouvelles autorités syriennes, emmenées par le groupe «Hayat Tahrir al-Cham» («HTC», ex-«front al-Nosra» branche armée d’«al-Qaïda»).
Connu sous son nom de guerre Abu Mohammed al-Jolani, al-Charaa a déclaré aux responsables qui lui ont rendu visite que «Hayat Tahrir al-Cham ne cherchera pas à se venger de l’ancien régime de Bachar al-Assad et ne supprimera aucune autre minorité religieuse», mais beaucoup de chrétiens ne sont pas encore convaincus.
L’église a affirmé dans un communiqué que «des hommes armés non identifiés avaient ouvert le feu sur une église grecque orthodoxe de la ville de Hama, le 18 décembre». «Ils sont entrés dans le complexe et ont tenté de détruire une croix et de briser des pierres tombales dans un cimetière».
L’évêque Andrew Bahi, de l’Église syriaque orthodoxe de Saint-Georges, a déclaré: «L’incident est très inquiétant».
«La société regarde si les groupes actuellement au pouvoir sont véritablement engagés à créer une société civile qui offre des chances égales pour tous», a-t-il ajouté.
Des centaines de chrétiens manifestent à Damas après l'incendie d'un sapin de Noël
Mardi, plusieurs manifestations ont éclaté dans des quartiers chrétiens de Damas pour protester contre l'incendie d'un sapin de Noël près de Hama, dans le centre de la Syrie, a indiqué un journaliste de l'AFP.
«On réclame les droits des chrétiens», scandaient en chœur les manifestants en marchant dans les rues de Damas, vers le siège du patriarcat orthodoxe, à Bab Charqi.
Affluant spontanément de différents quartiers, ils se sont rassemblés pour exprimer leur mécontentement et leurs craintes plus de deux semaines après la prise du pouvoir par une coalition de groupes armée menés.
L’ancien président Bachar el-Assad se posait en protecteur des minorités dans un pays à majorité sunnite.
«On descend car il y a beaucoup de sectarisme, d'injustice contre les chrétiens, sous couvert de “cas isolés”», a déclaré Georges à l'AFP. «Si on ne nous laisse pas vivre notre foi chrétienne dans notre pays, comme c'était le cas, alors on n'a plus notre place ici», a-t-il ajouté.
Certains d'entre eux portaient des croix en bois, d'autres hissaient le drapeau syrien de l'indépendance à trois étoiles, adopté par les nouvelles autorités.
Ces manifestations ont éclaté après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo où des combattants cagoulés incendiaient le sapin de Noël de la ville à majorité chrétienne orthodoxe de Souqaylabiya, près de Hama.
Selon «l'Observatoire syrien des droits de l'homme» (OSDH), les combattants étaient des étrangers issus du groupe terroriste «Ansar al-tawhid».
Dans une autre vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, on voit un responsable religieux du HTC au pouvoir s'adresser aux habitants de la localité, estimant que les auteurs de cet acte n'étaient «pas syriens» et leur promettant qu'ils seraient punis.
«L'arbre sera rétabli et éclairé d'ici demain matin», a-t-il ajouté, aux côtés de prêtres et sous l'acclamation des habitants qui scandaient des slogans chrétiens.
HTC se trouve néanmoins confronté à la présence de nombreux combattants étrangers, pour la plupart originaires d'Asie centrale, qui avaient rejoint ses rangs ou ceux d'autres factions armées et terroristes durant le conflit après 2011 et continuent de poser un défi majeur pour l'organisation.