Pezeshkian: L’Iran est prêt à négocier et ne cédera jamais à l’intimidation
Par AlAhed avec agences
Lors de sa première conférence de presse, le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, qui a opté pour un ton de fermeté sur le plan extérieur, a assuré que son pays est prêt à négocier, mais ne cédera jamais à l'intimidation.
En présence de dizaines de journalistes iraniens et étrangers, le président iranien a affirmé que Téhéran était opposé aux sanctions et qu’il restait attaché à toutes les règles internationales.
«Nous ne sommes en conflit avec personne», a-t-il déclaré.
Il a indiqué que son administration négocierait avec l’Occident sur les questions litigieuses et développerait les relations avec les pays voisins pour améliorer l’économie et atteindre des objectifs à long terme.
M. Pezeshkian a néanmoins souligné que les États-Unis devaient d’abord prouver leur bonne foi dans les négociations et leur engagement à respecter leurs obligations internationales.
«Les Américains doivent montrer qu’ils ne sont pas hostiles à notre égard. Nous n’avons pas établi de bases autour de leur pays et nous ne leur avons pas imposé de sanctions», a-t-il affirmé.
Renforcer les relations avec la Chine et la Russie
M. Pezeshkian a salué les relations entre l’Iran et la Chine et a déclaré que Téhéran était déterminé à mettre en œuvre l’accord de partenariat de 25 ans conclu avec Pékin.
«Nous avons de très bonnes relations avec la Chine et la plupart de nos relations se font avec la Chine, la Russie et les pays voisins», a-t-il ajouté.
L’Iran et la Chine ont signé un accord de partenariat historique de 25 ans en mars 2021 afin de renforcer leur alliance économique et politique de longue date.
L’accord, qui avait été annoncé lors de la visite du président chinois Xi Jinping à Téhéran en 2016, définit les grandes lignes de la coopération sino-iranienne dans les domaines politique, culturel, sécuritaire, de défense régionale et internationale pour la période en question.
En outre, M. Pezeshkian a souligné que la Chine avait fait un «pas important» en servant de médiateur entre l’Iran et l’Arabie saoudite pour rétablir les relations mutuelles et créer une coordination dans la région.
Il a noté que la coopération de l’Iran avec les pays de la région via des corridors de connexion peut améliorer l’accès de l’Iran et de la Chine aux marchés réciproques via la Route de la Soie.
Des voies de communication entre les pays de la région ont été créées et peuvent contribuer à l’objectif de l’Iran et de la Chine d’accéder aux marchés réciproques et de renforcer les relations bilatérales, a indiqué le président iranien, avant de souligner: «Nous voulons créer les voies qui existaient sur la Route de la Soie».
Le président iranien a qualifié la Chine de «partenaire stratégique» et s’est engagé à développer davantage les liens entre les deux pays.
Massoud Pezeshkian a ajouté que l'Iran comptait renforcer également ses relations avec la Russie, qu'il a qualifié de «pays amis» qui est resté aux côtés de l'Iran confronté aux sanctions américaines et occidentales.
Les États-Unis doivent prouver leur sincérité dans la pratique
Le président iranien a déclaré que sa participation à la session 2024 de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York sera «pour défendre les droits de notre peuple parce que nous sommes en faveur de la paix et non de la guerre».
Interrogé sur la possibilité de rencontrer le président américain, M. Pezeshkian a déclaré que les États-Unis devaient prouver leur sincérité dans la pratique.
«Ce sont les Américains qui nous ont imposé des sanctions, crée des bases militaires autour de l'Iran. Ils doivent d'abord monter qu'ils ne sont pas nos ennemis», a-t-il dit.
L’Occident sait que l’Iran n’a pas envoyé de missiles au Yémen
Il a par ailleurs indiqué que l’Occident savait que l’Iran n’a pas envoyé de missiles au Yémen.
«Il faudrait une semaine pour qu’une personne puisse se rendre au Yémen. Comment le missile a-t-il pu arriver là [au Yémen] sans que personne ne l’ait vu ? En Iran, nous ne disposons pas de missiles hypersoniques du type de ceux utilisés par Ansarullah au Yémen contre Israël», s’est-il interrogé.
La Résistance yéménite s’est consolidée progressivement et les Yéménites ne sont pas arrivés là où ils sont aujourd’hui en ces quelques mois de la campagne de génocide menée par «Israël» à Gaza, a affirmé M. Pezeshkian.
Et de poursuivre: «Nous disposons d’une puissance de missiles, mais nous n’en fournissons pas au Yémen. Avant la guerre [de Gaza], le Yémen avait déjà acquis la technologie nécessaire à la fabrication de missiles et en produisait lui-même».
«L’Iran et le Yémen ont une position commune dans la lutte contre l’entité israélienne», a-t-il ajouté.
Le président iranien a dénoncé l’inaction de l’Occident face à la barbarie «israélienne» à Gaza et a exhorté la communauté internationale à ne pas permettre à un groupe, soutenu par des superpuissances, de tuer des innocents.
Renforcer les capacités militaires
Il a également affirmé que l'Iran se réservait le droit de répondre à «Israël» pour l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, le chef du mouvement de résistance palestinien Hamas, tué à Téhéran fin juillet.
Il a ajouté que l'Iran avait besoin de renforcer ses capacités militaires face à l’entité «israélienne»: «Ils nous disent que nous ne devons pas avoir de missiles. D'accord, mais vous devez désarmer Israël. Si nous n'avons pas de missiles, ce sera comme à Gaza, ils nous verseront des bombes sur nos têtes quand ils le voudront. Et si à ce moment, nous protestons, ils nous diront de la fermer».
«Nous avons besoin de renforcer nos capacités militaires pour assurer la sécurité de notre pays», a encore affirmé le président iranien.
L'Iran se félicite de l'amélioration des liens avec l'Égypte
Interrogé sur la politique de l'Iran en matière de relations avec l'Égypte, M. Pezeshkian a déclaré que son administration entamerait des contacts avec de hauts responsables égyptiens dès que possible.
«Nous accueillerons favorablement les relations avec ce pays ami et frère qu'est l'Égypte», a-t-il dit.
M. Pezeshkian a souligné combien il était important de permettre aux habitants des pays musulmans de voyager plus facilement, ce qui, selon lui, favorisera le partage de la langue et des opinions, ainsi que la mise en place de marchés communs.
Le renforcement de l'unité entre les musulmans contribuera à la défense de leurs droits, a fait remarquer le président iranien.
Le président iranien a également réaffirmé la nécessité de régler les différends entre l'Iran et l'Arabie saoudite et a déclaré qu'il accueillait favorablement toute mesure visant à rapprocher les deux pays musulmans. «Si nous nous donnons la main, Israël n'osera plus agir de la sorte».