noscript

Please Wait...

Sabotage de Nord Stream: La piste ukrainienne se confirme, un mandat d’arrêt émis par l’Allemagne

Sabotage de Nord Stream: La piste ukrainienne se confirme, un mandat d’arrêt émis par l’Allemagne
folder_openEurope access_timedepuis un mois
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par AlAhed avec AFP

Le mystère du sabotage du gazoduc russe Nord Stream bientôt levé? Plusieurs médias allemands ont révélé mercredi 14 août qu'un mandat d'arrêt de la justice allemande avait été émis en juin contre un plongeur ukrainien installé en Pologne. Présenté comme Volodymyr Z, ce moniteur de plongée est soupçonné d'être impliqué dans l'explosion du gazoduc avec deux autres de ses compatriotes.

Dévoilé par la chaîne de télévision publique ARD et les prestigieux journaux Die Zeit et Süddeutsche Zeitung, ce nouvel élément crucial a été confirmé auprès de l'AFP par le parquet polonais.

En vertu des règles de l'entraide judiciaire européenne, les autorités polonaises avaient 60 jours pour réagir à la demande allemande et interpeller ce suspect. Mais selon l’enquête publiée par les médias allemands, Berlin n’a reçu aucune réponse à sa demande. Entre temps, le suspect a quitté la Pologne début juillet pour rentrer en Ukraine.

De son côté, le parquet polonais rejette la faute sur les autorités allemandes, assurant qu'elles n'ont pas inscrit le suspect dans le registre des personnes recherchées, ce qui a permis à l'intéressé de quitter le pays.

Le 26 septembre 2022, quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines avaient eu lieu à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe. Les gazoducs n'étaient pas en opération lors des fuites.

La piste de «l'Andromède»

À Berlin, le porte-parole adjoint du gouvernement, Wolfgang Büchner, ne s'est pas prononcé sur ce dernier rebondissement, mais a laissé entendre devant la presse que la justice allemande était déterminée à poursuivre les investigations sur le sabotage, quels qu'en soient les auteurs.

«L'enquête est menée (...) sans distinction de personne et peu importe le résultat», a-t-il dit, ajoutant que cela ne changeait rien au fait que la Russie menait une guerre d'agression contraire au droit international contre l'Ukraine.

Selon les médias allemands, le moniteur de plongée ukrainien Volodymyr Z., vivait non loin de Varsovie.

Il est soupçonné par la justice allemande d'avoir été impliqué, avec deux autres plongeurs ukrainiens, présentés par les médias allemands comme Jevhen U. et Svitlana U., dans le sabotage du gazoduc dans les profondeurs de la mer Baltique.

Le trio aurait transporté sur place les explosifs à bord d'un voilier, «l'Andromède», à propos duquel le parquet allemand avait révélé en 2023 avoir ouvert une enquête. Selon les enquêteurs, ce voilier est parti de Rostock en Allemagne sur la mer Baltique, puis a fait escale sur une île danoise, avant d'aller en Suède et en Pologne.

Brièvement joints au téléphone par différents médias allemands, Volodymyr Z. et Svitlana U. ont réfuté toute implication dans l'attentat.

Un manque de coopération qui surprend à Berlin

Les autorités allemandes s'étonnent en interne du manque de coopération de la Pologne dans cette enquête, selon les médias allemands, qui évoquent de possibles complicités dont aurait pu bénéficier le trio ukrainien dans ce pays.

«Dans les milieux du renseignement, on estime que celui-ci aurait pu être prévenu», affirme l’hebdomadaire allemand Der Spiegel qui publie également une enquête sur l'affaire.

La Pologne, qui cherche ces dernières années à réduire sa dépendance au gaz russe, s’oppose depuis longtemps à Nord Stream 2, estimant qu’il renforcerait la position dominante de Moscou sur le marché européen.

À plusieurs reprises, les autorités polonaises ont appelé l'Allemagne à abandonner le projet. «Sous le couvert de la coopération économique, la Russie pourrait influencer les actions de l’un des plus importants partenaires économiques et politiques de l’UE et de l’OTAN: l’Allemagne», faisait notamment valoir en 2020 le Premier ministre polonais de l'époque, Mateusz Morawiecki, dans les colonnes du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.

L'implication de Kiev en question

Alors que la Suède et le Danemark avaient déjà cessé d'enquêter sur cette affaire au début de l'année, les enquêteurs allemands ont poursuivi leur travail.

Selon les médias allemands, aucun élément à ce stade n'indique toutefois que les suspects ukrainiens aient agi sur ordre des autorités de leur pays, service secret ou armée.

Après des accusations visant la Russie et les États-Unis, les yeux se sont rapidement tournés vers l'Ukraine qui nie toute responsabilité dans ce sabotage.

«Je ne ferais jamais cela», a affirmé en juin 2023 le président ukrainien Volodymyr Zelensky au quotidien allemand Bild.

En mars 2023, le New York Times avait déjà affirmé, sur la base d'informations consultées par le renseignement américain, qu'un «groupe pro-ukrainien» serait à l'origine du sabotage, mais sans implication du chef de l'État.

Quelques mois plus tard, une autre enquête journalistique avait pointé du doigt la responsabilité d'un agent secret ukrainien controversé.

Présenté comme le cerveau de l'opération, Roman Chervinsky, aurait «coordonné» l’équipe de saboteurs ukrainiens, sans que l'on sache si ce dernier a agi sur les ordres de Kiev.

Comments

//