Gaza: «100%» de la population subit une «insécurité alimentaire grave», selon Blinken
Par AlAhed avec AFP
L'ensemble de la population de Gaza subit une «situation d'insécurité alimentaire grave», a déclaré mardi le secrétaire d'État américain Antony Blinken, citant des données de l'ONU, lors d'une conférence de presse aux Philippines où il est en visite officielle.
«Selon la mesure la plus respectée en la matière, 100% de la population de Gaza est dans une situation d'insécurité alimentaire grave. C'est la première fois qu'une population entière est ainsi classée», plus qu'au Soudan ou en Afghanistan, a déclaré Blinken, soulignant l'urgence d'acheminer plus d'aide humanitaire dans le territoire palestinien et y dénonçant une situation «épouvantable».
«On a besoin de davantage d'aide, cette aide doit être davantage soutenue et nous avons besoin que ce soit une priorité si on veut efficacement répondre aux besoins des gens», a-t-il dit.
Le chef de la diplomatie américaine a indiqué lors d'une conférence de presse qu'il se rendrait à nouveau cette semaine au Proche-Orient, en Arabie saoudite puis en Égypte.
À Jeddah mercredi, Blinken aura des entretiens avec les dirigeants saoudiens avant de se rendre au Caire jeudi pour des discussions avec les plus hautes autorités égyptiennes, selon le porte-parole du département d'État Matthew Miller.
Il s'agira de son sixième déplacement au Proche-Orient depuis le début de la guerre israélienne contre la bande de Gaza, le 7 octobre.
Obtenir «un accord de cessez-le-feu immédiat»
Le chef de la diplomatie américaine a dit qu'il abordera les «efforts déployés pour parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat garantissant la libération de tous les otages restants», ainsi que «l'intensification des efforts internationaux visant à accroître l'aide humanitaire à Gaza et la coordination de l'après-conflit à Gaza».
La nouvelle tournée de Blinken au Proche-Orient intervient au moment où les pourparlers en vue d'une trêve entre «Israël» et le Hamas, assortie de la libération d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens, donnent des signes de progrès, sur fond de crainte d'une famine dans la bande de Gaza.
Les États-Unis pressent dans le même temps leur allié israélien d'éviter un assaut généralisé dans la ville de Rafah, dans le Sud de Gaza, qui risquerait selon la Maison-Blanche de faire encore plus de victimes civiles, «aggraverait la situation humanitaire déjà grave, renforcerait l'anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël» sur la scène internationale.
«Situation de faim catastrophique»
Les agences spécialisées de l'ONU ont averti lundi que plus de 1,1 million des habitants de Gaza, soit la moitié, sont déjà confrontés à «une situation de faim catastrophique» , proche de la famine, «le nombre le plus élevé jamais enregistré» par l'institution.
«Sans changements dans l'accès à l'aide humanitaire, la famine arrive» dans le Nord, avait confirmé à l'AFP la directrice générale adjointe de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Beth Bechdol.
«Il est possible qu'elle sévisse déjà dans le Nord, mais nous n'avons toujours pas été en mesure de le vérifier», faute d'accès aux territoires concernés, avait-elle précisé.
La guerre israélienne génocidaire a fait jusqu'à présent 31.726 martyrs à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère local de la Santé.
Les destructions sont massives dans la bande de Gaza et l'aide humanitaire n'y entre qu'au compte-gouttes.
Les critères de l'IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), sur lesquels se fondent la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) pour déclarer une famine, ne sont pas techniquement remplis mais d'ores et déjà «des habitants de Gaza meurent de faim», a déclaré lundi la directrice exécutive du PAM, Cindy McCain.