Les Soudanais vivent dans un climat de «pure terreur», selon l’ONU
Par AlAhed avec AFP
Les civils soudanais vivent dans un climat de «pure terreur» en raison du «conflit impitoyable et insensé» qui bouleverse leur pays et constitue un risque pour la paix régionale, a déclaré vendredi le Haut-commissaire des Nations unies aux droits humains Volker Turk.
«La crise au Soudan est une tragédie qui semble s'être glissée dans le brouillard de l'amnésie mondiale», a déclaré Volker Turk devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Il a qualifié ce conflit d'«impitoyable et insensé», avec des milliers de personnes tuées, «apparemment sans remords». Et les belligérants «ont créé un climat de pure terreur, forçant des millions de personnes à fuir».
La guerre fait rage depuis le 15 avril 2023 entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir militaire.
Le Haut-commissaire a ajouté que les deux parties avaient toujours agi en toute impunité, alors que les pourparlers en faveur de la paix stagnent. «Le Soudan est devenu un véritable cauchemar».
Ce conflit a fait des milliers de morts et déclenché une catastrophe humanitaire.
Environ 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d'aide, dont près de 18 millions confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, selon des chiffres de l'ONU.
Un rapport soumis au Conseil des droits de l'homme de l'ONU met en lumière des violations flagrantes du droit international sur les droits de l'homme commises par les belligérants entre avril et décembre.
Le document détaille également de graves violations du droit international humanitaire, dont beaucoup peuvent constituer des crimes de guerre.
M. Turk a déclaré qu'au moins 14.600 personnes avaient été tuées et 26.000 blessées, même si le bilan réel risque d'être bien plus élevé.
Outre l'artillerie lourde, «la violence sexuelle comme arme de guerre, y compris le viol, a été une caractéristique déterminante – et méprisable – de cette crise», a souligné M. Turk, qui s'est également dit profondément inquiet pour les milliers de civils détenus arbitrairement.
M. Turk a souligné que 80% des établissements hospitaliers étaient hors service, ajoutant que la destruction des hôpitaux et des écoles aurait des effets durables sur l'accès à la santé et à l'éducation.
«Avec plus de huit millions de personnes contraintes de fuir à l'intérieur du Soudan et vers les pays voisins, cette crise bouleverse le pays et menace profondément la paix, la sécurité et les conditions humanitaires dans toute la région», a-t-il ajouté.
M. Turk, qui a exhorté les pays à augmenter leurs dons en faveur du Soudan, a appelé la communauté internationale à «recentrer son attention sur cette crise déplorable avant qu'elle ne sombre encore plus dans le chaos».