Pékin accuse Washington d’avoir «sali» la Chine en critiquant la rupture des liens Taïwan-Nauru
Par AlAhed avec AFP
L’île de Nauru, située dans le Pacifique, a annoncé qu’elle renonçait à la reconnaissance diplomatique de Taïwan au profit de la Chine. Une décision «décevante», selon les Etats-Unis.
«Bien que l’action du gouvernement de Nauru de rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan est une décision souveraine, elle n’en est pas moins décevante», a estimé mardi 16 janvier le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller.
Le gouvernement de Nauru, petit pays insulaire du Pacifique (12 500 habitants), a déclaré lundi qu’il ne reconnaîtrait plus Taïwan «comme un pays distinct» mais «plutôt comme une partie inaliénable du territoire chinois».
Cette décision est intervenue deux jours après la victoire à l’élection présidentielle de Lai Ching-te, qui a promis de protéger Taïwan des «menaces et intimidations» de Pékin.
Invitée à réagir, la porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, a vivement condamné la déclaration américaine.
«Les Etats-Unis ont fait une remarque irresponsable à propos d’une décision prise indépendamment par un pays souverain, et sali les efforts de la diplomatie chinoise», a affirmé Mao Ning.
«Cela constitue une grave violation du principe d’“une seule Chine”», a-t-elle fustigé.
La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise, en 1949.
Elle dit privilégier une réunification «pacifique» avec l’île, où les quelque 23 millions d’habitants sont gouvernés par un système démocratique. Mais elle n’a jamais renoncé à employer la force militaire.
La Chine voit d’un mauvais œil la multiplication, ces dernières années, des contacts entre responsables politiques américains et taïwanais, qu’elle considère comme des entorses à l’engagement des Etats-Unis de ne pas avoir de relations officielles avec l’île.
Lundi, une délégation américaine, présentée comme non officielle, a rencontré à Taïwan la présidente sortante, Tsai Ing-wen, et le président élu, Lai Ching-te, qui a promis de protéger Taïwan des «menaces et intimidations» de Pékin.
«Ne pas jouer avec le feu»
Mardi, la Chine a par ailleurs annoncé convoquer l’ambassadeur des Philippines, après une déclaration du président philippin Ferdinand Marcos.
Ce dernier a félicité lundi, sur les réseaux sociaux, le président élu taïwanais pour son élection, et a déclaré qu’il avait hâte d’entamer une «collaboration étroite» avec lui.
«La partie chinoise est fortement mécontente et s’y oppose résolument (…). Ce matin, le ministre adjoint Nong Rong a convoqué l’ambassadeur des Philippines en Chine pour (…) exhorter la partie philippine à donner à la partie chinoise une explication responsable», a déclaré Mme Mao lors d’une conférence de presse.
Ces remarques «constituent une violation grave du principe d’une seule Chine», a par la suite de nouveau fustigé la porte-parole.
«Une violation grave des engagements politiques pris par les Philippines envers la partie chinoise, et une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Chine», a-t-elle poursuivi.
«Nous disons à la partie philippine de ne pas jouer avec le feu sur la question de Taïwan (…) et de mettre fin immédiatement à ses paroles et ses actes injustifiés sur les questions liées à Taïwan et de ne plus envoyer de mauvais signaux aux forces séparatistes en faveur de l’indépendance de Taïwan», a-t-elle ajouté. «Nous conseillons au président Marcos de lire davantage pour bien comprendre l’histoire de la question de Taïwan afin de pouvoir tirer les bonnes conclusions.»
Les Philippines et la Chine ont par ailleurs des revendications concurrentes en mer de Chine méridionale, qui ont donné lieu à de fréquents incidents en mer ces derniers mois.