France: Elisabeth Borne démissionne, Gabriel Attal attendu à Matignon
Par AlAhed avec AFP
Au lendemain de la démission d'Elisabeth Borne, les tractations pour former la future équipe gouvernementale vont s'intensifier mardi avec le jeune et populaire ministre de l'Education Gabriel Attal favori pour Matignon et tenter d'insuffler une nouvelle dynamique au quinquennat.
La nomination du nouveau Premier ministre a été retardée de lundi soir à mardi matin, alimentant les spéculations sur de possibles résistances internes - notamment des ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, démenties par les intéressés.
Figurant parmi les personnalités politiques préférées des Français depuis sa nomination il y a moins de six mois au ministère de l'Education nationale, Gabriel Attal, 34 ans, peut-il offrir enfin à Emmanuel Macron l'élan que son second quinquennat n'a jamais trouvé ?
Sa première tâche sera de former un nouveau gouvernement sous le signe du «réarmement» vanté par le chef de l'Etat lors de ses vœux du Nouvel An: «réarmement industriel, économique, européen» mais aussi «civique», autour notamment du vaste chantier de l'école que Gabriel Attal a porté depuis l'été en initiant de nombreuses réformes d'ampleur.
Il «incarne un élan, une dynamique, une audace dont on a sûrement besoin», résume un cadre de la majorité.
Reste à savoir si le remaniement sera d'ampleur ou si les sortants seront nombreux.
Plusieurs proches du président, dont François Bayrou, appellent à resserrer l'équipe gouvernementale qui compte aujourd'hui 39 membres.
Offensive pour les européennes
Pour le constitutionnaliste Benjamin Morel, Gabriel Attal incarne une «stratégie très offensive en vue des élections européennes» de juin, où l'extrême droite est donnée gagnante en France.
Mais le deuxième quinquennat Macron est englué dans les difficultés: sans majorité à l'Assemblée depuis 2022, confronté à la montée du Rassemblement national, le président peine à donner du souffle à son mandat.
L'adoption dans la douleur de l'impopulaire réforme des retraites, et plus récemment d'une loi immigration soutenue par l'extrême droite qui a divisé la majorité présidentielle, ont aussi laissé des traces.
La nomination de Gabriel Attal, macroniste de la première heure, offrirait des garanties aux tenants du «dépassement» du traditionnel clivage droite-gauche.
Mais, elle «ne réglera pas le problème de la majorité, ni le problème principal qui est "où est le cap principal du mandat"», souligne le politologue Bruno Cautrès même si le jeune ministre peut faire penser au «Macron du départ, un briseur de code».
Son nom est remonté en haut de la liste lundi dans les pronostics de la macronie pour Matignon.
Deux favoris tenaient jusque-là la corde: le discret ministre des Armées Sébastien Lecornu, 37 ans, un proche d'Emmanuel Macron venu de la droite, et l'ancien ministre de l'Agriculture, parti dans le privé Julien Denormandie, 43 ans, un macroniste historique.
Et, si sa jeunesse et sa nomination récente à l'Education nationale, où il a lancé de vastes chantiers à concrétiser, étaient invoquées ces derniers jours par plusieurs conseillers pour écarter l'hypothèse de sa nomination, les mêmes arguments justifient désormais sa promotion.
«La jeunesse, la cote dans l'opinion et la capacité réelle ou supposée à conduire la campagne gouvernementale des européennes ont fait la différence», croit savoir la source proche de l'exécutif.
«Il est populaire, jeune, et c'est quelqu'un créé de toutes pièces par Macron», abonde une ministre.
Issu de la mouvance des jeunes soutiens de Dominique Strauss Kahn, ancien poids lourd de la gauche tombé en disgrâce après avoir été arrêté pour agression sexuelle en 2012 à New York, Gabriel Attal avait fait partie des premiers socialistes à suivre Emmanuel Macron lors de la création en 2016 de son parti En Marche!, tremplin vers l'Elysée.
L'ascension de M. Attal, entré par la petite porte au secrétariat à la Jeunesse, a été fulgurante: porte-parole du gouvernement, ministre du Budget, il hérite de l'Education nationale en juillet, où il interdit l'abaya à l'école au nom de la «laïcité» et se dit prêt à expérimenter le port de l'uniforme.