Gaza: Au moins 800 000 Palestiniens sans couverture sanitaire, «l’heure la plus sombre de l’humanité» s’approche
Par AlAhed avec agences
«Au total, au moins 800 000 Palestiniens vivant dans la partie nord de la bande de Gaza sont actuellement sans couverture sanitaire», a déclaré mercredi le ministère de la Santé basé à Gaza.
Le ministère a mis en garde contre ce qu'il a qualifié «d'actes de génocide commis par Israël dans le nord de la bande de Gaza».
«L'occupation israélienne vise délibérément à saper les infrastructures de santé dans le nord de Gaza», a fait savoir Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère, dans un post sur X.
La capacité de l'hôpital Al-Ahli dans la ville de Gaza a été dépassée en raison du grand nombre de blessés transférés vers l'établissement, a ajouté mercredi M. Qudra dans un autre communiqué, appelant à un soutien international et à une protection contre l'intensification des bombardements israéliens.
«Israël» a repris vendredi dernier, son offensive militaire sur la bande de Gaza après la fin d'une pause humanitaire qui a duré une semaine avec le mouvement de résistance palestinien Hamas.
Au moins 16 248 Palestiniens ont été tués et plus de 43 616 autres blessés lors d'attaques aériennes et terrestres incessantes contre l'enclave assiégée depuis le 7 octobre à la suite d'une attaque transfrontalière surprise du Hamas.
«L’heure la plus sombre de l'humanité»
La situation à Gaza est «proche de l'heure la plus sombre de l'humanité», a averti l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mardi.
S'exprimant en visioconférence depuis Rafah, le responsable de l'OMS dans les territoires palestiniens occupés, le Dr Richard Peeperkorn, a indiqué aux journalistes à Genève que le nombre de personnes quittant le centre et le sud de la bande de Gaza «augmentait considérablement».
«La situation empire d'heure en heure. Les bombardements s'intensifient partout, y compris ici dans les zones du sud», a déclaré M. Peeperkorn. «Beaucoup de gens sont désespérés et presque en état de choc permanent».
«Nous sommes proches de l'heure la plus sombre de l'humanité», a-t-il assuré. «Ces bombardements et les pertes insensées de vies humaines doivent cesser maintenant, et nous avons besoin d'un cessez-le-feu durable».
«Guerre contre les enfants»
Un porte-parole de l'Unicef, James Elder, a pour sa part déclaré, depuis Le Caire, que «cette guerre contre les enfants a repris avec une férocité à une échelle dépassant tout ce que nous avions vu dans le sud, et qui est certainement à la hauteur de tout ce que nous avons vu dans le nord».
L'OMS a mis sur pied au début du conflit deux entrepôts médicaux à Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza.
Mais elle a dû vider lundi ses entrepôts en 24 heures après qu'«Israël» lui ai recommandé de le faire.
«Lorsqu'une armée vous demande ou vous recommande quelque chose, que vous disposez de 24 heures pour le faire et qu'après cela il sera très peu probable que vous puissiez atteindre votre entrepôt, il est évident que vous vous y conformez», a pourtant assuré le Dr Peeperkorn.
L'OMS a depuis réussi à déplacer environ 90% du matériel dans un autre site plus petit à Rafah.
Le Dr Peeperkorn a par ailleurs souligné que l'assistance que l'OMS avait pu acheminer à Gaza était «bien trop faible», et a plaidé en faveur d'un passage régulier de l'aide.
Lits et maladies
Selon l'OMS, le nombre d'hôpitaux opérationnels à Gaza est passé de 36 à 18 en moins de 60 jours.
Trois d'entre eux n'assurent que les premiers soins de base, tandis que les autres ne fournissent que des services partiels.
Douze des dix-huit hôpitaux opérationnels se trouvent dans le sud de la bande de Gaza.
Il reste 1.400 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien, mais l'OMS estime qu'il en faudrait 5.000.
Méningite, jaunisse, gale, poux, varicelle... les humanitaires font état d'une forte augmentation des maladies.
Selon l'OMS, 120.000 cas d'infections respiratoires aiguës ont par exemple été recensés, 86.000 cas de diarrhée, dont 44.000 chez les enfants de moins de cinq ans.
L'absence de toilettes et d'eau potable ne fait qu'accroître les risques de maladies.
Il y avait parfois une toilette pour quelque 400 personnes, a indiqué le porte-parole de l'Unicef, de retour de Gaza.