Sommet de Riyad: condamnation timide de l’agression israélienne, le discours de Raïssi est le point culminant
Par AlAhed avec PressTV
Le président iranien était l'un des 57 dirigeants musulmans qui ont participé samedi au sommet extraordinaire dans la capitale saoudienne de Riyad pour discuter des attaques israéliennes contre les territoires palestiniens occupés, notamment la bande de Gaza.
Ebrahim Raïssi qui effectuait sa première visite officielle dans le royaume arabe, a exposé la position de la République islamique d'Iran sur la question palestinienne et les moyens de mettre fin à l'agression militaire en cours de l’Entité israélienne sur le territoire côtier.
Initialement, les 22 membres de la Ligue arabe devaient assister au sommet de Riyad, mais celui-ci a ensuite été élargi pour inclure l'Organisation de la coopération islamique (OCI).
Cette organisation intergouvernementale regroupe 57 pays à majorité musulmane, venant de quatre continents et tous membres de la Ligue arabe.
La réunion a pris une importance particulière car elle a réuni les dirigeants de nombreux pays de la région malgré leurs divergences politiques sur une multitude de questions.
En marge de ce sommet de haut niveau, le président Raïssi a rencontré le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, première rencontre de haut niveau entre les deux pays du Golfe depuis le rétablissement de leurs relations diplomatiques en mars.
Il s’est également entretenu d'autres dirigeants musulmans dont le président égyptien Abdel Fatteh al-Sissi, ce qui constituait la première rencontre entre les présidents des deux pays depuis 10 ans.
Les dirigeants musulmans ont présenté plusieurs propositions lors du sommet et, dans un communiqué final, ils ont condamné «l'agression israélienne contre la bande de Gaza et les crimes de guerre».
Ils ont dénoncé aussi les «massacres barbares, inhumains et brutaux» perpétrés par l’entité occupante contre le peuple palestinien, appelant le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre «une mesure décisive et contraignante» qui mette fin au carnage à Gaza.
L’assemblée a exhorté la Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, à achever l'enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par «Tel-Aviv» contre les Palestiniens.
Plus de 11 000 Palestiniens ont été tués dans l'agression israélienne depuis le 7 octobre, dont plus de 4 300 enfants. On estime qu'environ 3 000 civils sont également coincés sous les décombres, avec des chances d'être sauvés très minces.
Le discours de Raïssi, point culminant du sommet
Contrairement aux autres dirigeants musulmans du monde qui ont assisté à la réunion, le président iranien n'a pas mâché ses mots pour condamner sans équivoque le génocide de Gaza et a exhorté la communauté mondiale à boycotter et à poursuivre en justice l’entité assassin d'enfants, qui, selon lui, est un «enfant illégitime des États-Unis».
D’emblée, il a fermement dénoncé l’agression brutale d’«Israël» contre la population de Gaza, une zone densément peuplée, déclarant que l’entité sioniste commet actuellement l’un des crimes les plus odieux de l’histoire de l’humanité.
«Ce qui s'est produit au cours des cinq dernières semaines à Gaza et dans certaines parties de la Cisjordanie occupée est une source historique de honte pour l'éthique, le droit et l'humanité», a affirmé le président iranien.
Il a exhorté l'OCI à agir comme une force unificatrice afin d'aider le peuple palestinien et de prendre des mesures contre l’entité israélienne ; tout en rappelant l'urgence des actions à engager.
«Consciente de ce fait important, la République islamique d'Iran a décidé d'accueillir chaleureusement les nations islamiques sur la base d'une politique de bon voisinage et d'unité régionale», a affirmé Raïssi.
«Aujourd'hui, c’est le jour de l'action», a-t-il souligné, ajoutant que les pays de la région doivent rassembler tout ce dont ils disposent pour défendre la sainte mosquée Al-Aqsa en Palestine occupée.
Il a fait l'éloge de l'héroïque nation palestinienne qui s'est levée à mains nues contre les politiques oppressives israéliennes pendant deux décennies ; politiques incluant un blocus total terrestre, maritime et aérien, faisant de Gaza la plus grande prison à ciel ouvert du monde.
Le président Raïssi a également souligné que la campagne de bombardement en cours constitue une violation du droit international, rappelant l’utilisation par l’entité sioniste des bombes au phosphore blanc et d'autres armes interdites pour cibler délibérément des zones civiles.
Il a évoqué le grand nombre de victimes civiles résultant des monstrueuses frappes aériennes israéliennes, notant que la plus grande tragédie est que davantage de personnes perdent la vie en raison du manque de médicaments et de la propagation des maladies au milieu d'un siège paralysant.
Les États-Unis sont le principal partenaire criminel d'«Israël», a-t-il souligné, critiquant l'incitation américaine aux crimes israéliens contre la population sans défense de Gaza, sous couvert du «droit à l'auto-défense».
«La revendication de légitime défense par les forces d'occupation qui violent toujours les droits des Palestiniens est l'une des amères ironies de l'histoire, incompatible avec les règles juridiques établies et les normes internationales», a-t-il rappelé.
Il a également énuméré les mesures américaines de soutien à «Tel-Aviv», notamment l'envoi de troupes et d'équipements militaires en Méditerranée et dans le Golfe, le transport aérien de bombes et d'armes meurtrières vers le régime israélien et le blocage des efforts de cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l'ONU.
«Le rôle le plus destructeur est celui des États-Unis. Tous les maux sont initiés et dirigés par eux. Le massacre de millions de personnes dans le monde, notamment en Afghanistan, en Irak, en Syrie et dans d'autres pays islamiques, se fait sous le contrôle et le suivi des Américains», a-t-il affirmé.
«Les Etats-Unis ont déclenché ce conflit en désactivant toutes les organisations internationales du monde», a-t-il ajouté.
Il a réitéré la position officielle de longue date de l'Iran sur la tenue d'un référendum auquel participeraient tous les musulmans, juifs et chrétiens palestiniens, de la mer au fleuve, y compris ceux exilés de ces régions.
Selon lui, la tenue d’un tel référendum permettrait de résoudre une crise qui dure depuis plusieurs décennies.
Proposition en dix points
Lors de son discours, le président Raïssi a également proposé une série de mesures à prendre contre l’entité israélienne et en soutien à la Palestine, résumées en dix points clés.
Les trois premiers points font référence à la crise actuelle à Gaza. Le premier point appelle à la fin du massacre de la population de Gaza et des attaques aveugles contre les civils.
Le deuxième point appelle à la levée complète du blocus humanitaire de Gaza et à la réouverture immédiate et inconditionnelle du poste frontière de Rafah, en coopération avec l’Égypte. Le troisième point appelle au retrait immédiat de l'armée du régime sioniste de Gaza.
Les trois points suivants traitent de l'attitude des membres de l'OCI à l'égard du régime sioniste et appellent à la suspension des relations politiques et économiques avec le régime occupant, à la désignation de l'armée israélienne comme organisation terroriste et à la création d'un tribunal international pour punir les crimes israéliens.
Les quatre derniers points concernent la bande de Gaza d'après-guerre et incluent la reconstruction des infrastructures dans le territoire assiégé grâce à un fonds, ainsi que grâce à l'aide humanitaire à fournir aux Palestiniens.
Le neuvième point propose d'inclure la date du bombardement de l'hôpital Al-Ahli au nord de Gaza comme jour de génocide dans les calendriers officiels des pays islamiques ; ce bombardement d’un hôpital par Israël qui a été largement condamné à travers le monde entier.
Le dixième point propose d’armer la population de Gaza si les crimes incessants du régime israélien et le soutien américain continuent.
La plupart des points de discussion découlent des remarques faites ces dernières semaines par le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, qui a souligné à plusieurs reprises le boycott et la poursuite du régime pour ses crimes de guerre à Gaza, tout en exhortant les nations musulmanes à s’unir pour la Palestine.