Un an après, le sabotage des gazoducs Nord Stream reste une énigme
Par AlAhed avec AFP
Événement géopolitique majeur, le sabotage des gazoducs Nord Stream, il y a an, reste une énigme. Plusieurs enquêtes tentent de reconstituer le puzzle de ce polar en mer Baltique, dans un contexte hautement sensible en raison de la guerre en Ukraine.
Lorsque le 26 septembre 2022 quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines se produisent à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe, c'est la stupéfaction.
A cette époque, Moscou a cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1, sur fond de bras de fer énergétique avec les pays européens qui soutiennent l'Ukraine. Quant au gazoduc jumeau Nord Stream 2, pomme de discorde entre Berlin et Washington depuis de nombreuses années, sa construction s'est achevée fin 2021. Il n'est jamais entré en service. Une infrastructure valant des milliards d'euros gît au fond de la mer. Les fuites étaient toutes dans les eaux internationales, au large de l'île danoise de Bornholm et des côtes du sud de la Suède.
Aucune des trois enquêtes judiciaires lancées séparément par l'Allemagne, la Suède et le Danemark n'a encore abouti. A l'AFP, le parquet général allemand assure qu'il «n'est actuellement pas possible de faire des déclarations fiables» sur l'identité et les motivations des auteurs, ni «sur la question d'un soutien étatique».
Un feuilleton médiatique
Des expéditions de reconstitution, certaines avec des drones sous-marins, des experts, d'anciens agents secrets et des pistes qui mènent de Varsovie à la Crimée en passant par la Moldavie: des médias d'investigation tentent d'élucider les ressorts d'une opération techniquement ultra complexe.
Tant l'Ukraine que la Russie ou les Etats-Unis ont vigoureusement démenti toute implication. En juin, plusieurs médias ont affirmé que les services de renseignements militaires néerlandais avaient averti la CIA d'un projet ukrainien de faire sauter le gazoduc. Une implication de l'Ukraine serait très délicate à gérer pour les alliés occidentaux de Kiev.
Fortement dépendant du gaz russe avant le conflit, Berlin a dû le remplacer au pas de course par d'autres fournisseurs, au prix d'une envolée des coûts de l'énergie dans la première économie européenne.