Accord entre Tunisie et Libye pour accueillir les migrants bloqués à la frontière
Par AlAhed avec agences
La Tunisie et la Libye ont annoncé, ce jeudi 10 août 2023, s’être entendus pour se répartir l’accueil des migrants africains bloqués pour certains depuis un mois près du poste frontière de Ras Jedir, rapporte l’Agence France-Presse. Ils y avaient été conduits par la police tunisienne, selon de multiples témoignages, des ONG et des agences de l’Onu.
Depuis plus d’un mois, la situation migratoire en Tunisie est dénoncée par les ONG, comme Human Rights Watch et Amnesty International, qui parlent de «rafles» et «d’expulsions racistes». Ces derniers jours, Big Flo & Oli et Gims ont décidé d’annuler leurs concerts prévus dans le pays.
Environ 300 migrants présents à la frontière
Lors d’une rencontre entre les ministres de l’Intérieur des deux pays à Tunis mercredi, «on s’est mis d’accord pour se partager les groupes de migrants présents sur la frontière», a indiqué à l’AFP Faker Bouzghaya, un porte-parole du ministère tunisien. «La Tunisie va prendre en charge un groupe de 76 hommes, 42 femmes et 8 enfants», a-t-il précisé.
Ces derniers jours, il y avait encore trois groupes d’un total d’environ 300 migrants originaires d’Afrique subsaharienne, bloqués dans des conditions très précaires sur une langue de terre au bord de la mer, dans la zone tampon de Ras Jedir, selon des sources humanitaires citées par l’AFP.
Un transfert vers des centres d’accueil
C’est le ministère de l’Intérieur libyen qui a le premier annoncé la conclusion d’un accord bilatéral «pour une solution consensuelle, afin de mettre fin à la crise des migrants irréguliers, bloqués dans la zone frontalière». Côté tunisien, un communiqué officiel s’est borné à annoncer que le ministre tunisien Kamel Feki avait reçu son homologue libyen Imed Trabelsi, soulignant le besoin d’une «coordination des efforts pour trouver des solutions qui tiennent compte des intérêts des deux pays».
L’accord prévoit que les Libyens prendront en charge le reste des migrants bloqués, environ 150, selon le porte-parole officiel tunisien. «Le transfert du groupe a eu lieu hier (mercredi) dans des centres d’accueil à Tataouine et Médénine avec la participation du Croissant rouge » tunisien, a-t-il ajouté.
Aide humanitaire
Jusqu’à 350 personnes ont été bloquées à Ras Jedir, parmi lesquelles 12 femmes enceintes et 65 enfants et mineurs, selon des sources humanitaires qui ont indiqué à l’AFP que l’essentiel des aides (nourriture, eau, soins médicaux) leur avait été apportée depuis le 20 juillet par le Croissant rouge libyen, soutenu par les agences onusiennes.
Après la mort le 3 juillet à Sfax, dans le centre-est du pays, d’un Tunisien lors d’une rixe avec des migrants, «au moins 2 000 ressortissants subsahariens» ont été «expulsés» par les forces de sécurité tunisiennes et déposés dans des zones inhospitalières aux frontières libyenne et algérienne, selon d’autres sources humanitaires à l’AFP.